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Genèse
Fiat commença à s'occuper du nouveau véhicule de combat en 1916 sur ordre des chefs militaires, qui avaient défini grossièrement la technique, à travers quelques photos et un article journalistique sur le prototype du char d'assaut anglais Little Willie. Le projet, qui devait être achevé dans les plus brefs délais, fut confié au pragmatique Carlo Cavalli et à l'imaginatif Giulio Cesare Cappa.
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Fiat 2000 (dernier prototype). -
Le prototype fut présenté aux autorités militaires le 21 juin 1917 : la mécanique était définitive, tandis que le blindage et l'armement furent mis au point dans les mois suivants, ainsi qu'une série d'essais sur le terrain près de Turin. Ce premier prototype était équipé d'un canon en tourelle tronconique à ciel ouvert et de 4 mitrailleuses en poursuite, 3 de chaque côté mais aucune en retraite ; il était également équipé de grandes meurtrières non blindées. En raison des nombreuses armes installées, un grand ventilateur fut prévu pour l'aspiration des gaz de tir, qui auraient autrement intoxiqué l'équipage. Par la suite cette configuration fut améliorée avec une répartition plus rationnelle (et définitive) des mitrailleuses et avec le déplacement de la porte d'accès de gauche à droite.
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Premier prototype (inachevé) du Fiat 2000, utilisé pour les tester le train de roulement. -
Prototype complet sans armement et avec canon factice. -
Design
Le Fiat 2000 pesait presque 40 t, ce qui était considérable pour l'époque. Ce poids énorme découlait du blindage du char qui atteignait 20mm sur les endroits les plus sensibles et sur la tourelle et 15mm ailleurs. Le blindage du Fiat 2000 lui assurait une protection quasi totale (même pour le train de roulement) sans pour autant compromettre ses capacités de franchissement comme c'était le cas pour l'A7V allemand. L'armement principal était constitué du canon 65/17 de 65mm monté sur une tourelle en forme de cloche à fromage pouvant tourner sur 360° et offrant au canon un vaste secteur de tir vertical (-10° à +75°). Le Fiat 2000 était le premier char de l'époque à être équipé d'une tourelle pivotante (avant même le FT français). La tourelle hémisphérique était constituée de 4 tôles embouties boulonnées entre-elles (comme le reste de la caisse). En plus de la fente du canon, elle comprenait une ouverture rectangulaire pour le système de pointage. L'armement secondaire comme précité était constitué de 7 mitrailleuses Fiat 14 de 6,5mm. Quatre d'entre-elles étaient placés aux coins de la caisse et pouvaient pivoter sur 110°. Deux autres mitrailleuses étaient placées au milieu des parois latérales et la dernière était placée au centre de la partie arrière. Deux mitrailleuses pouvaient faire feu vers l'avant, 3 depuis chacun des côtés et 3 autres depuis l'arrière du char. Les mitrailleuses cependant ne pouvaient faire feu en site négatif que de quelques degrés laissant ainsi un angle mort important sur le pourtour du véhicule.
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L'équipage de 10 hommes dont le chef de char, occupait la partie supérieure du véhicule, qui était totalement séparée du compartiment moteur et de transmission (autre innovation). Les 3 mitrailleurs arrière devaient manipuler leurs armes à genoux ce qui n'était pas confortable, alors que les 4 autres pouvaient le faire soit debout ou assis. Le tireur et le chargeur du canon prenaient place à l'arrière de la tourelle. Le pilote était assis dans une cabine blindée qui faisait saillie à l'avant du char. Le Fiat 2000 était propulsé par un moteur très évolué, le Fiat A12 à 6 cylindres verticaux (moteur d’avion), qui était situé à l'arrière du char. Chaque cylindre était doté de 2 soupapes d'admission et de 2 échappements. Les échappements étaient dépourvus de silencieux et partaient à l'air libre grâce à des trous situés dans le blindage latéral. Le refroidissement du moteur était liquide, avec ventilateur et radiateur. Le système électrique comprenait en plus des magnétos, 2 dynamos et un démarreur. Le moteur actionnait avec l'embrayage principal, une boîte de vitesses avec réducteur. Depuis la boîte de vitesses, le mouvement était transmis à l'essieu transversalement. Sur cet essieu étaient montés les disques d'embrayage et des barbotins. La direction était obtenue de façon classique en retirant toute puissance sur une des chenilles et en freinant la chenille au moyen du frein latéral. L'excellente suspension du Fiat 2000 était constitué de 4 bogies oscillants dotés chacun de 2 galets avec ressorts à lames. Les chenilles en acier large de 45 cm seulement, offraient au char une surface de contact avec le sol assez limite par rapport au poids du véhicule. La pression au sol était donc en toute logique considérable.
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Moteur Fiat SPA A12. -
Le blindage incliné de la partie supérieur du char offrait une protection supplémentaire en plus de son épaisseur. En effet, un blindage incliné offre une meilleure protection qu'un blindage vertical, car il peut dans de nombreux cas faire dévier les projectiles ennemis, alors que ce dernier ne peut que les encaissés le plus souvent. Cependant, la hauteur du char était un peu trop excessive, ce qui pouvait en faire une cible facile.
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Spécimen qui participa le 1er avril 1919, au stade de Rome, à une série de manifestations organisées par le commandant Bennicelli devant la famille royale. -
Premier exemplaire modifié et armé de 2 canons de 37mm à la place de la mitrailleuse avant. Défilé du Duce à Parioli, 1934. -
En Action
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2ème Guerre Italo-Sanoussi (1923-1932)
En 1918, le deuxième char fut construit. La fin de la Première Guerre Mondiale affaiblit l'intérêt pour les véhicules blindés et ralentit le projet. La même année, les deux chars furent réunis au sein de la 1ère Batterie Autonome de Chars d'Assaut de Turin, composée de 2 sections équipées chacune d'un Fiat 2000 et de 3 Renault FT. En février 1919, la batterie fut envoyée en Libye pour opérer dans le cadre d'activités de contre-guérilla. L'unité participa à des opérations dans la région de Misrata avec un seul char, tandis que l'autre spécimen resta à Rome pour des expériences. La même année, à la fin du cycle opérationnel, la batterie rentra chez elle, mais la Fiat 2000 fut laissée à Tripoli, à la section locale d'artillerie détachée. Dans le théâtre colonial, caractérisé par les très longues distances du désert, le char s'avéra trop lent pour contrer efficacement les raids de la guérilla d'Omar al-Mukhtar. Avec le char resté à la maison, la batterie, le 1er avril 1919, fit une démonstration spectaculaire devant le roi.
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Représentation quelque peu fantaisiste du Fiat 2000 en action à la Bataille de Bir Tagreft (1928) et d'El-Tangi (1913) respectivement. Pour des raisons évidentes, la date de 1913 est clairement erronée pour tout ce qui concerne le Fiat 2000. -
Cependant, les expériences acquises avec le véhicule conduisirent à la conclusion que ce modèle de char, trop encombrant et lent, bien que doté d'une mécanique fiable, n'était pas adapté au terrain montagneux typique des éventuels fronts italiens. La course automobile italienne était donc orientée vers les Fiat 3000 plus petits et maniables. Les traces du Fiat 2000 de Tripoli furent perdues, tandis que l'exemplaire qui restait au 8ème Régiment d'Artillerie Lourde de Rome en 1924 fut transféré au nouveau département des chars du colonel Enrico Maltese à Pietralata d'abord puis au Fort Tiburtina. Le 3 septembre 1934, il fut exposé, à l'occasion du Campo Dux à Parioli, dans une livrée gris-vert avec les deux mitrailleuses avant remplacées par des canons Vickers-Terni 37/40 de 37mm. Les dernières nouvelles concernant l'existence d'un Fiat 2000 remontent à 1936 lorsqu'il apparaît qu'il était utilisé comme monument dans la caserne Corrado Mazzoni (Bologne), QG du 3ème Régiment d'Infanterie Blindée.
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Fiat 2000