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Genèse
Comme la plupart des pays neutres au début de la Seconde Guerre Mondiale, le Royaume de Hongrie suivit de près les événements politiques et militaires, en accordant une attention particulière aux tactiques et aux équipements utilisés dans les batailles modernes, notamment du côté allemand. On dit que les premières idées d'utilisation d'un canon d'assaut apparurent lors de la Campagne de France de 1940. Les membres de la direction militaire hongroise notèrent particulièrement l'utilisation de canons d'artillerie montés sur des châssis de chars, soit les premiers StuG III, utilisés pour soutenir l'infanterie. Sur la base du succès de ces véhicules, la direction du 8e Corps d'Armée, probablement le général de division Géza Lakatos, dont le QG se trouvait dans la ville de Kassa, soumit un rapport au haut commandement à Budapest le 25 février 1941 suggérant d'utiliser des canons d'assaut pour soutenir l'infanterie. Il semblerait que son raisonnement incluait le fait qu’une seule batterie de canons d’assaut pouvait fournir un meilleur soutien à l’infanterie l’accompagnant que l’artillerie tractée conventionnelle en raison de sa capacité à localiser et détruire rapidement les points forts ennemis. Les véhicules blindés dont disposait l’Armée Hongroise au moment de la rédaction de ce rapport étaient les CV-33 & 35, le 38M Toldi et la 39M Csaba (qui n’avait jusqu’alors connu qu’une action limitée). Au cours des escarmouches dans l’ancien territoire tchécoslovaque d’Ukraine subcarpathique et du sud de la Slovaquie, ainsi que dans les régions occupées ultérieurement de la Yougoslavie, il devint évident que l’Armée Hongroise aurait besoin de véhicules plus lourdement armés et blindés. Cela devint de plus en plus évident en 1941, lorsque le Groupe des Carpates (comprenant le 1er Corps Mobile) fut envoyé en URSS peu après le début de l’opération Barbarossa, et subit de lourdes pertes en termes d’attrition, d’hommes et d’équipement, y compris l’approvisionnement limité de la Hongrie en véhicules blindés. Plus tard, en juin 1942, un officier de l'époque, du nom de József Barankay, prépara et soumit un rapport similaire au Quartier-maître général de l'État-Major, s'inspirant probablement à la fois du rapport précédent et de sa propre expérience en tant qu'officier d'artillerie. En juillet 1942, les combats menés par l’Armée Royale Hongroise, les améliorations apportées aux capacités de fabrication de chars en Hongrie depuis le début de la guerre et le rapport soumis par Barankay, la section B du 3e Département du Ministère de la Défense, soulevèrent l’idée d’équiper l’armée d’artillerie automotrice. Ils soulignèrent bon nombre des avantages mentionnés dans le rapport précédent de 1941 (capacité tout-terrain supérieure, état de préparation plus élevé, capacité à mieux soutenir l’infanterie, etc.). Les véhicules blindés utilisés par l’Armée Hongroise à cette époque (CV-35, Toldi, Nimród & Turán) n’étaient pas à la hauteur et devenaient rapidement obsolètes. La Hongrie avait déjà coopéré avec l'Allemagne et l'Italie, tant sur le plan militaire qu'industriel, et sur la base des informations qu’ils avaient partagés avec les Hongrois, le 3e Département suggéra le développement et l'utilisation d'un canon automoteur d'un calibre supérieur à 75mm afin de mettre en œuvre une forme d'artillerie capable de soutenir correctement l'infanterie avec une puissance de feu efficace. Il se trouve qu’en 1940, alors que l’Institut de Technologie Militaire (HTI) modernisait l’équipement d’artillerie obsolète de l’armée, il développa l’obusier 40M de 105mm pour l’utiliser comme artillerie tractée. Il s’avéra plus tard que le support de remorquage conçu par Antal Eperjessy, un ingénieur mécanicien et expert en artillerie hongrois, était équipé d’une suspension incapable de supporter des vitesses élevées. Ce défaut de conception ne fut découvert qu’après la production d’un stock de canons, ce qui eut pour résultat d’avoir pas moins de 60 obusiers qui ne purent être utilisés dans l’effort de guerre. Le Turán étant déjà en production en 1942 et les suggestions d’un canon d’assaut étant toujours évoquées, il fut convenu entre certains membres du Ministère de la Défense et de l’État-Major qu’il fallait étudier la faisabilité de combiner le Turán et le 105mm.
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Caisse du Turán et obusier 40M de 105mm devant être fusionnés. -
Une maquette en bois de ce qui allait devenir le Zrínyi fut achevée en septembre 1942 par la Weiss Manfréd Steel and Metal Works (WM), qui était le principal contractant du Turán, situé sur l’île de Csepel à Budapest. Le chef de ce nouveau projet était le major-général Árpád Denk-Doroszlay (qui était en charge de l'aspect financier), avec János Korbuly, directeur technique de WM. Le major estima que le coût de développement du projet serait d'environ 50 000 P (Pengő). Sur la base de la maquette en bois, il apparut que le montage et le fonctionnement de l'obusier 40M dans le Turán seraient relativement simples. Le châssis resterait en grande partie inchangé, à l'exception qu'il devrait être élargi d'un peu plus de 40 cm afin d'intégrer l'armement considérable. Plus tard en septembre, un prototype fut commandé à WM, qui fut fabriqué à partir du prototype Turán en acier doux afin de raccourcir le temps de production et de minimiser les coûts. Les plans définitifs du prototype furent élaborés par le concepteur en chef de la division des chars de WM, Ernő Kovácsházy. Le Zrínyi lui-même fut nommé d'après le chef militaire et poète croato-hongrois, Nicolas de Zrin (Miklós Zrínyi), surtout connu pour avoir combattu les Turcs au XVIIe siècle.
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Portrait de Nicolas de Zrin (1620-1664), alors vice-roi du Ban de Croatie. -
Le prototype en acier doux fut terminé en décembre 1942, conservant le numéro d'immatriculation H-801 du prototype du Turán, et subit des essais avec les troupes pendant environ un mois entre le 12 décembre 1942 et le 28 janvier 1943. Au cours de ces essais relativement brefs, le prototype aurait parcouru une distance d'environ 2 500 km. Malgré le faible coût estimé du développement, le processus de conception et de construction du prototype avait cependant gonflé à environ 150 000 P. Les commentaires sur le Zrínyi lui-même au cours des essais furent quelque peu mitigés, le Ministère de la Défense recevant des critiques du commandant en chef de la 2e Armée, le général de division Gyula Kovács, qui déclara que le canon de 105mm était approprié pour soutenir l'infanterie, mais que l'adéquation du blindage frontal de 75mm et les capacités antichars du canon étaient discutables. Un autre commentaire négatif fut que le Zrínyi partageait avec le Turán le système de transmission pneumatique trop sensible. Certains officiers demandèrent que la dépression verticale max du canon soit augmentée de -5 à -15°. Dans l’ensemble, cependant, l’armée trouva le véhicule satisfaisant. Il fut également demandé que le mécanisme de tir pneumatique du canon soit remplacé par un système mécanique à pédale plus fiable. Cela était dû au fait que le système pneumatique ne pouvait fonctionner qu’à pleine pression. En raison du danger de perte de pression du système pendant le fonctionnement du Zrínyi, le canon pouvait ne pas être entièrement fonctionnel à tout moment ; une situation très dangereuse en combat.
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Prototype du Zrínyi II en phase de test. L'historien militaire Atilla Bonhardt nous donne les noms des officiers hongrois sur cette photo. De gauche à droite, il s'agit du premier lieutenant Gábor Becsey & Ernő Gömbös, du capitaine József Barankay, du premier lieutenant Fedor Wáczek & Béla Guthy. Malheureusement, l'identité de l'officier allemand qui se tient parmi eux est inconnue. -
Avant même que l’évaluation complète des tests ne soit terminée, soit l’Armée Hongroise elle-même, soit le Ministère de la Défense passa une commande de 40 unités du Zrínyi à WM le 3 février 1943 (les sources se contredisent sur l’organisme exact qui avait passé la commande initiale). Une source affirme que le contrat signé pour les 40 Zrínyi était de 440 000 P par unité, un prix ahurissant si l'on considère que le prix officiel d'un Turán I n'était que d'environ 225 000 P. La caisse, la transmission et le moteur devaient être fournis par WM, les plaques de blindage par Ózd Steel & Danube Ironworks, les obusiers et les berceaux de canons par MAVAG (Usines Royales Hongroises de Fer, d'Acier et de Machines), l'équipement radio par Standard Villamossági Rt., et enfin, l'optique et les périscopes par Gamma Engineering. Alors que les essais du prototype étaient toujours en cours, il n'avait pas encore été complètement décidé quel rôle le Zrínyi remplirait, celui de canon d'assaut ou de canon automoteur. Cependant, après quelques débats, il fut décidé de remettre toutes les questions concernant son application entre les mains du superviseur de l'artillerie, le lieutenant-général Kálmán Ternegg. Cela contrariait le superviseur des troupes blindées, le général de division Jeno Major, car le programme Zrínyi lui avait été initialement attribué. La raison exacte de cette décision n'est pas claire, il est possible que le commandement de l'Armée Hongroise se soit inspiré de la façon dont les Allemands désignaient leurs canons d'assaut comme des équipements d'artillerie, les entraînant et les équipant ainsi avec du personnel d'artillerie. Cependant, cela n'est probablement dû qu'au fait que le Zrínyi reçut officiellement la désignation de « canon d'assaut » après de longues délibérations, même alors que le prototype terminé était en cours de test.
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Prototype du Zrinyi II, 1943. -
Design
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Généralités
Comme le Turán dont il fut développé, l'arrière du Zrínyi était équipé d'une boîte à outils, de galets de secours et de grenades fumigènes. Les flancs contenaient des outils de pointe et des câbles de remorquage au-dessus des prises d'air du moteur, ainsi qu'un tuyau d'échappement de chaque côté. Le toit du compartiment moteur était également doté de grilles d'admission d'air supplémentaires et de trappes d'accès pour l'entretien de la transmission. De même que le Turán, il y avait de nombreux périscopes à l'usage des membres de l'équipage, dont 2 à l'avant droit pour le conducteur (l'un d'eux étant fixe), 1 à l'arrière pour le commandant et 2 à l'avant gauche pour le mitrailleur. Le toit du véhicule était également doté de plusieurs trappes permettant d'entrer et de sortir du véhicule, ou même de regarder dehors lorsqu'il n'était pas sous le feu.
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Il y avait 3 configurations de blindage frontal distinctes pour le Zrínyi II (et une 4e pour le Zrínyi I) : -Le premier croquis montre le prototype original en acier doux du Zrínyi II, qui comportait notamment des hublots circulaires blindés ouvrants pour le conducteur et le tireur. Il convient également de noter le deuxième périscope rotatif 43M pour le conducteur et l'absence de périscope fixe. -Le deuxième montre le modèle de production précoce du Zrínyi II utilisé pour compléter le prototype original dans la formation des nouveaux équipages. Notez que cette version comportait toujours le hublot circulaire pour le tireur, mais utilisait cette fois un périscope fixe pour le conducteur dans le toit et un hublot pour le conducteur. Les trois premiers véhicules produits, qui étaient également en acier doux, avaient le bloc de vision du Turán avec un bouclier blindé mobile. Il était placé 10 cm plus haut par rapport au hublot circulaire. -Le troisième montre la version de série ou de production tardive du Zrínyi II avec le nouveau style de hublot rectangulaire pour le conducteur et la suppression définitive de celui du tireur. Il s'agit du modèle qui fut produit en plus grand nombre, car toutes les modifications avaient déjà été élaborées et testées sur le prototype original avant le début de la production à grande échelle. -Le dernier montre le prototype du Zrínyi I basé sur celui produit en série. Les seules différences visibles concernent le canon principal et son support. Comme ce véhicule était destiné à un rôle de chasseur de chars plutôt qu'à un rôle d'artillerie, l'élévation du canon de 75mm était limitée à de faibles angles pour le tir direct. -
Ainsi, pour distinguer les différents modèles, il suffit d'observer l'avant du véhicule si possible. Si le Zrínyi en question n'a pas une série de 21 boulons au-dessus et en dessous des crochets de remorquage montés sur la plaque avant inférieure, alors il s'agit du prototype. La raison en est que seul le prototype parmi tous les autres Zrínyi II construits n’avait pas de plaque de blindage supplémentaire de 25mm montée sur la plaque avant inférieure. La raison exacte est inconnue, mais c'est le seul moyen sûr de faire la différence entre le prototype et tous les autres Zrínyi construits car les différentes dispositions de hublot et de périscope qui furent toutes testées en premier sur lui, il peut donc être difficile de savoir exactement quel modèle de Zrínyi II on peut observer sans ce détail à l'esprit. Si le véhicule en question possède effectivement cette série de 21 boulons sur le glacis avant inférieur mais est équipé du hublot du Turán pour le conducteur, alors il s'agit d'un modèle de production précoce. En effet, seuls les trois premiers Zrínyi II produits après le prototype original avaient cette configuration unique car ils n'étaient utilisés que comme véhicules d'entraînement et n'avaient pas le hublot de style ultérieur et le périscope extensible dont disposaient tous les modèles de production tardive. Encore une fois, c'est la meilleure façon de différencier les différents modèles, car seuls ceux de fin de production arboraient le périscope extensible et le grand hublot rectangulaire pour le conducteur.
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Vue en coupe. -
Blindage
Comme mentionné précédemment, le prototype du Turán fut élargi d'environ 40 cm pour accueillir le canon de gros calibre et l'équipage supplémentaire stationné dans la caisse, car il serait monté dans ce qui était à l'origine le compartiment du conducteur dans une casemate similaire au célèbre StuG III. La plaque frontale, à travers laquelle sortait le canon, était une plaque durcie de 75mm inclinée à 20° par rapport à la verticale. Les flancs et le toit de la casemate étaient constitués de plaques polygonales, celles faisant office de toit ayant une épaisseur de 13mm et celles des flancs ayant une épaisseur de 25mm. Le toit était également légèrement incliné à 5° par rapport à l'horizontale, l'arrière de la casemate étant plus haut que l'avant. Les parois latérales qui rejoignaient la casemate étaient inclinées vers l'intérieur à 10° par rapport à la verticale. Le glacis directement sous la plaque frontale avait également une épaisseur de 13mm, mais était très légèrement incliné à 75° par rapport à la verticale, ce qui faisait de la plaque une cible relativement petite.
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Schéma du blindage. -
La plaque de glacis inférieure en dessous avait à l'origine une épaisseur de 50mm, mais elle fut augmentée par l'ajout d'une autre plaque de blindage de 25mm. Cette plaque était inclinée à 60° par rapport à l'horizontale, avec une plaque de 50mm constituant le bas du glacis à 40° par rapport à l'horizontale. Le plancher et le pont moteur principal du Zrínyi avaient tous deux une épaisseur de 13mm. Il y avait également une trappe d'évacuation dans le plancher en cas d’urgence. Les flancs de la caisse avaient 25mm, comme sur le Turán. Il est également important de mentionner que le blindage était principalement riveté, ce qui était une technique obsolète à ce stade de la guerre, car elle était inférieure aux techniques de soudage et de moulage plus coûteuses. Des expériences menées par l'Institut Hongrois des Sciences Militaires en 1943 conclurent qu'il serait avantageux de renforcer le blindage des flancs des Turán & Zrínyi avec des jupes blindées espacées pour protéger les flancs des fusils antichars soviétiques, s'inspirant probablement fortement des Allemands, qui avaient appris cette leçon en 1941, lors des dernières étapes de l'opération Barbarossa. Ces plaques avaient une épaisseur de 8mm et étaient densément perforées pour économiser autant de poids que possible. Les expériences avaient montré que la perforation ne diminuait pas sensiblement la protection fournie par les jupes, bien qu'ils n'aient pas choisi d'utiliser des jupes blindées espacées en treillis métallique, comme celles que l'on trouve sur certains véhicules, comme le Panzer IV Ausf. J. Tout comme les Schürzen allemands, les jupes du Zrínyi II étaient maintenues en place par des crochets fixés à la caisse du véhicule par gravité plutôt que par des attaches, de sorte que les jupes tombaient si elles s'accrochaient à un arbre ou au sol plutôt que de maintenir le véhicule en place ou de creuser une tranchée dans le sol. C'est pourquoi certains véhicules sont représentés sans toutes leurs jupes sur les photographies d'époque. Au total, le Zrínyi pesait environ 21,6 t sans les jupes latérales et environ 22,6 avec, car chaque jupe (dont il y en avait 4 de chaque côté) pesait environ 125 kg chacune. Cependant, en raison de retards de production, les jupes blindées ne seront pas installées sur les Zrínyi pas avant le printemps/été 1944.
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Armement
Le Zrínyi II était armé d'un obusier 40/43M de 105mm, un canon court et à faible vélocité d'une longueur de seulement 20 calibres (L/20). Les obusiers subirent quelques modifications pour s'adapter au montage dans un véhicule blindé plutôt que dans un affût tracté, bien qu'ils soient en grande partie les mêmes que lorsqu'ils étaient produits à l'origine pour une utilisation tractée. Lors du tir, il avait une portée max de 10,5 km. Le berceau et le blindage environnant permettaient au canon de s'enfoncer de 8° et de s'élever de 25° (permettant un tir indirect) et de se déplacer de 11° de chaque côté. Lorsque le canon était tiré, il avait un long recul de près d'un mètre. Le Zrínyi II avait une allocation de munitions d'un total de 52 obus : 30 HE 38/33M, 16 HEAT 42M et 6 fumigènes 39/33M étaient alloués à chaque véhicule. Le canon utilisait des munitions en 2 parties, l'obus étant chargé en premier par la brèche, suivi d'un boîtier en laiton plus petit qui contenait les charges de poudre. Chaque boîtier pouvait être chargé avec jusqu'à 5 charges, en fonction de la puissance de chaque tir que l'équipage souhaitait obtenir. Des sources indiquent que la vitesse initiale de la HE était de 448 m/s, de 492 m/s pour la HEAT et de 431 m/s pour le fumigène. Chaque Zrínyi II aurait souvent pu transporter 30 obus supplémentaires à l'intérieur du véhicule si l'équipage en était capable. Toutes ces munitions supplémentaires furent probablement achetées au détriment de l'équipement individuel, y compris les armes de service de l'équipage. Des sources affirment également qu'un équipage bien entraîné était censé être capable de tirer un total de 5 à 6 obus/min, bien que cela ait probablement eu lieu pendant l'entraînement sans le stress d'une vraie bataille.
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Groupe Motopropulseur
Le Zrínyi était propulsé par le même moteur à essence 4 temps, V8, refroidi par eau que le Turán, qui développait 260 ch à 2 200 tr/min. Cela signifiait que le moteur pouvait fournir une puissance massique d'environ 11,6 ch/t. Ce moteur était capable de propulser le Zrínyi II de 21,6 t à une vitesse de pointe de 43 km/h sur route et une vitesse approximative d'environ 15 km/h en tout-terrain. Son autonomie max était de 280 km sur route et de 170 km en tout-terrain, le Zrínyi II étant capable de parcourir plus de distance que le Turán en raison du réservoir de carburant sensiblement plus grand à l'intérieur de la caisse plus large, contenant 445 L contre seulement 265 pour le Turán.
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Moteur : De face : 1. Contrôleur de vitesse. 2. Carburateur. 3. Pompes à carburant Solex. 4. Bobines d'allumage. 5. Compresseur d'air. 6. Démarreur manuel. 7. Pompe à eau. 8. Dynamos d’éclairage. 9. Galet tendeur de courroie. 10. Poulie d'entraînement du ventilateur. 11. Hublot de témoin du niveau d’huile. 12. Évaporateur. 13. Filtres à huile. De dos : 1. Pompe à carburant. 2. Carburateur. 3. Allumage. 4. Compresseur d'air. 5. Pompe à huile. 6. Dynamos d’éclairage. 7. Pompe à eau. 8. Bobines d'allumage. -
Arrière & Pont arrière. -
Tout comme les autres spécifications du Zrínyi II, il avait la même configuration de boîte de vitesses/transmission que le Turán. Les différents rapports de vitesse étaient commutés entre eux par une série de leviers et de charnières mécaniques. Le conducteur pouvait choisir entre 6 vitesses avant ou 6 arrières. Les freins étaient similaires à ceux d'une voiture de l'époque en raison du fait que le Zrínyi utilisait des freins à tambour, bien qu’ils étaient peut-être actionnés pneumatiquement plutôt qu'hydrauliquement. On sait que le Turán et le Zrínyi fonctionnaient avec un mélange d'air comprimé et d'action hydraulique/mécanique normale, mais aucune source n'indique dans quelle mesure exactement. Dans l'ensemble, les points communs entre les véhicules simplifiaient l'entretien et réduisaient quelque peu les temps de formation. Cependant, les composants partagés signifiaient également que le Zrínyi héritait de nombreux défauts trouvés sur le Turán, en particulier la boîte de vitesses et l'embrayage difficiles à utiliser, qui étaient également plus sujets aux pannes mécaniques que leurs contemporains.
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Ensemble du vilebrequin : 1. Vilebrequin. 2. Piston. 3, 4. Bielles. 5. Volant moteur. 6. Roulements à rouleaux. -
Boîte de vitesses/transmission planétaire. -
Suspension
La suspension était composée de 2 ensembles de bogies reliés entre eux par une barre de chaque côté du véhicule. Chacun de ces bogies utilisait 2 ressorts à lames de 15 feuilles pour soutenir les bras qui tenaient chacun un demi-bogie. Chacun de ces demi-bogies tenait 2 paires de galets à jantes en caoutchouc. Cela représentait 16 galets par côté. Le Zrínyi avait également un galet légèrement plus petit et surélevé devant l'ensemble du train de roulement, qui aidait à tendre la chenille et à franchir des obstacles abrupts. Il est intéressant de noter que ce galet était en fait cerclé d'aluminium plutôt que de caoutchouc, bien que la raison en soit inconnue. Au-dessus et en avant de la poulie de tension se trouvait le galet de renvoi. La plupart des chars utilisent un galet au lieu d'un pignon pour le ralenti. Cependant, les dents d'un barbotin aident à empêcher les chenilles de quitter le train de roulement lors du déplacement, en particulier à des vitesses plus élevées ou sans tension adéquate. Derrière le barbotin se trouvait une rangée de 5 rouleaux de renvoi. Juste derrière le 5e et dernier et juste devant le barbotin se trouvait une pelle destinée à empêcher la boue de s'accumuler et de boucher le barbotin. Au total, il y avait 106 à 107 maillons de chenille de 42 cm de large de chaque côté. Cela permettait au Zrínyi II d'avoir une pression au sol d'environ 0,79 kg/cm².
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Train de roulement. -
Équipage
Le compartiment de combat était séparé du compartiment moteur par une cloison de 8mm ainsi que par un réservoir de carburant auxiliaire. Le Zrínyi II étant un obusier d'assaut et n'ayant donc pas de tourelle, les quatre membres de l'équipage se trouvaient dans le compartiment de combat. Le conducteur était assis sur le côté droit du compartiment de combat, avec le chargeur/opérateur radio directement derrière lui. Sur le prototype, la fente de vision du conducteur avait une ouverture circulaire, mais un hublot rectangulaire fut installé sur les modèles de production. Les quatre premiers véhicules de production utilisaient le même périscope 41M que celui utilisé sur les Turán, cependant, les véhicules ultérieurs étaient équipés du 43M. Également sur le prototype, le conducteur avait accès à 2 périscopes rotatifs 43M, l'un placé juste à côté de la tête du conducteur et l'autre un peu à droite. Plus tard, le périscope principal du conducteur fut remplacé par une visière qui pouvait être étendue vers le haut, mais seulement lorsque le conducteur fermait cette dernière et ne la pivotait pas.
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Poste du conducteur. -
Le chargeur, qui était assis juste derrière le conducteur, avait facilement accès à la radio R5/a ainsi qu'à la culasse du canon. Le chargeur avait également accès à 2 boutons électroniques sur le cadre de la culasse, qu'il pouvait appuyer avec ses pouces afin d'indiquer que le canon était chargé et que la culasse était verrouillée. Lorsqu'il appuyait sur les boutons, une lumière rouge montée à l'intérieur du Zrínyi sur la plaque avant s'allumait, pour indiquer au tireur que le canon était prêt à tirer. Apparemment, le canon ne pouvait pas être tiré à moins que les deux boutons situés à l'emplacement du chargeur ne soient enfoncés, bien que cela semble peu probable, car cela augmenterait inutilement la complexité et introduirait de nouveaux points de défaillance dans la conception. Au centre de la paroi arrière du compartiment de combat était assis le commandant, qui pouvait également accéder à la radio si nécessaire tout en observant le champ de bataille avec un périscope placé juste à sa droite. Il avait 2 places assises à sa disposition. Il pouvait s’asseoir soit entièrement à l’intérieur du compartiment de combat, sur le bord d’un petit siège qui contenait le réservoir de carburant auxiliaire, soit dans sa position principale, partiellement à l’extérieur du véhicule, la tête exposée et la trappe ouverte. Son cou et le haut du torse étaient protégés des éclats d’obus et des tirs d’armes légères en raison de l’inclinaison progressive du toit du compartiment de combat. À gauche du compartiment de combat se trouvait le mitrailleur, qui, sur le prototype, disposait du même hublot circulaire pour voir à l’extérieur ainsi que du viseur intégré à la rotule du canon. Le hublot circulaire du mitrailleur serait entièrement supprimé sur les derniers véhicules de production. Il disposait de 2 viseurs : le 42M pour le tir direct et le 40/43M pour l’indirect, qui pouvait être couplé au 8/14M qui faisait office de périscope qui dépassait du véhicule. Le plus souvent, les équipages se retrouvaient à tirer avec des « viseurs ouverts » lors de leurs engagements, car leur rôle de plateformes d’artillerie indirecte était jugé moins important que celui de fournir un appui-feu direct. Le viseur indirect était un petit dispositif semblable à un périscope qui dépassait du haut du Zrinyi II devant la trappe du tireur et qui était probablement rangé dans le véhicule lorsqu’il n’était pas utilisé.
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Compartiment de combat. -
Le tireur avait également accès à 2 périscopes rotatifs qu’il pouvait utiliser. De plus, si le tireur était occupé ou empêché de parler au conducteur en raison d’une panne d’interphone ou d’un bruit extrêmement fort, il pouvait donner des ordres au conducteur à l’aide de 2 boutons électriques situés au niveau de ses genoux : l’un sur le côté gauche de la paroi de la caisse et l’autre sur le côté droit de la moitié inférieure de l’affût du canon. Lorsqu’il appuyait sur les boutons, une lumière rouge ou verte s’allumait au-dessus de la tête du conducteur, les signaux plus longs signifiant des ajustements plus importants et les signaux intermédiaires signifiant des ajustements plus petits. Il est intéressant de noter que le conducteur et le tireur disposaient tous deux d’indicateurs d’azimut situés au-dessus de leur tête et reliés mécaniquement au périscope du commandant. Les indicateurs indiquaient la position 12 heures lorsque le périscope du commandant regardait parallèlement aux chars, mais lorsque le commandant tournait le périscope dans un sens ou dans l’autre, les aiguilles de l’indicateur devant les têtes du conducteur et du tireur se déplaçaient en conséquence. L’équipage portait des casques de protection 39M de style italien avec interphones intégrés, leur permettant de communiquer entre eux. Les équipages avaient une variété d’uniformes, notamment la veste de tankiste en cuir hongrois standard avec pantalon assorti, ou des vestes et des salopettes plus proches de l’équivalent allemand en gris fumé. Chaque membre d’équipage avait également sa propre arme de poing en plus de 3 à 4 mitraillettes, 6 à 8 grenades à main et 1 pistolet lance-fusées.
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Modèles
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40/43M Zrinyi II (1942)
Modèle de base.
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1er ou 10e Bataillon de Canons d’Assaut. -
1er Bataillon de Canons d'Assaut, retraite de Galicie, fin printemps-début été 1944. -
3e Batterie du 1er Bataillon de Canons d'Assaut, Transylvanie, été 1944. -
10e Bataillon de Canons d'Assaut, Bataille de Turda, septembre-octobre 1944. -
Groupe Billnitzer, Bataille de Budapest, fin 1944-début 1945.
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Conversions
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44M Zrinyi I (1944)
Le Zrínyi II était destiné à compléter le Zrínyi I, un chasseur de chars équipé d'un canon de 75mm à haute vélocité fabriqué par MÁVAG et basé sur le plus célèbre KwK 40 allemand. Par mesure d'économie, le moins de changements possibles furent apportés entre les deux véhicules, le seul substantiel, autre que le canon, étant une augmentation de l'épaisseur du blindage frontal de 75 à 100mm sur le Zrínyi I. Le véhicule manquait toujours d'armement secondaire, avait 4 membres d’équipage et la même transmission du Turán que le Zrínyi II. Le canon 43M de 75mm (le même prévu pour le Turán III) et le blindage frontal plus épais rendaient le véhicule légèrement plus lourd que le Zrínyi II, de sorte que la mobilité en aurait légèrement souffert, bien que la différence aurait été négligeable.
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La plupart des sources ne citent qu'un seul prototype du Zrínyi I jamais produit (bien que certains affirment que jusqu'à 4 auraient pu l’être) en raison du nombre extrêmement limité de canons 43M que MÁVAG ait jamais produits. Le développement du canon fut retardé par la complexité technique de l'entreprise, mais aussi en partie par un accord conclu avec le gouvernement allemand selon lequel 9 canons allemands de 75mm seraient livrés à l'Armée Hongroise chaque mois si l'industrie hongroise ne produisait pas sa propre version de ces canons. Sans surprise à ce stade avancé de la guerre, cette promesse ne se concrétisa jamais. Le clou final du cercueil du Zrínyi I fut la destruction de l'usine WM, où il était développé, lors d'une campagne de bombardement alliée. Il existe également une photo du Zrínyi I armé de 6 tubes lance-roquettes de 15 cm montés à l'extérieur, probablement les nombreux Nebelwerfer 41 qui étaient également utilisés par l'Armée Royale Hongroise. Apparemment, les roquettes devaient être utilisées pour supprimer ou détruire une position ennemie identifiée avant un assaut de Zrínyi.
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Grue Zrinyi II (1945)
Dans la Hongrie d'après-guerre, l'usine Ganz d'origine où le dernier lot de Zrínyi II avait assemblé fut reconstruite sous la supervision soviétique et remise en service pour fabriquer des machines et d'autres équipements. Parmi les stocks de l'usine se trouvait une grue unique qui aurait été combiné à un châssis de Zrínyi II. Des sources affirment qu'elle fut en service tout au long des années 50, mais comme pour la plupart des véhicules qui survécurent à l'après-guerre, son histoire reste nulle au-delà de cette période. Malheureusement, elle fut probablement démantelée pour être mise à la ferraille après qu'elle soit devenue impossible à réparer en raison du manque de pièces de rechange.
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En Action
Pendant la période relativement courte où la branche d'artillerie d'assaut exista, elle participa à de violents combats contre les forces soviétiques, des Carpates aux rues de Budapest. Cependant, en raison du fait que si peu de Zrínyi II furent construits, seuls 3 des 8 bataillons de canons d'assaut eurent réellement des Zrínyi dans leur ordre de bataille pendant une certaine période. Il s'agissait du 1er et du 10e, en plus du 20e, qui a un moment donné conserva environ 8 Zrínyi II qu'ils utilisaient pour l'entraînement. Une source indique également que le 20e Bataillon de Canons d'Assaut avait quelques Zrínyi II en sa possession à la fin de la guerre, le dernier d'entre eux ayant été prétendument détruit par son équipage à Bratislava, en Slovaquie, en mai 1945. C'est malheureusement à peu près la seule chose qui soit dite sur ce bataillon dans les sources actuellement accessibles. Malgré cela, l'histoire des 1er & 10e bataillons d'artillerie d'assaut résume bien l'expérience de l'Axe pendant la seconde moitié de la guerre. Ces petites unités, constituées à la hâte et composées d'officiers expérimentés, dirigeaient de jeunes volontaires et participèrent à de violents combats au cours des 16 derniers mois du conflit, sans que leurs sous-unités ne soient jamais entièrement équipées. Après la guerre, une grande partie de l’Europe était jonchée d’épaves de chars et de véhicules de toutes sortes et de toutes origines, en particulier en Europe de l’Est & Centrale. Ce qui restait de l’Armée Hongroise qui n’avait pas encore capitulé ou été détruit s’enfuit vers l’ouest aussi vite et aussi loin qu’il le pouvait. Parmi eux, une poignée de Zrínyi qui avaient été détachés de leur unité principale ou avaient réussi à éviter la destruction plus au sud. Un certain nombre de ces Zrínyi finirent en Tchécoslovaquie et furent récupérés par les forces tchécoslovaques nouvellement rétablies. Parmi ceux-ci, un Zrínyi II immatriculé 3H-050 fut réparé par des représentants de l’administration militaire de Skoda. En 1950, ce Zrínyi fut remis à une école de formation de chars non définie et reçut le numéro d’immatriculation 67495. Cependant, on ne sait pas précisément comment le Zrínyi fut utilisé comme véhicule d’entraînement et pendant combien de temps il resta opérationnel. En fin de compte, le Zrínyi fut probablement mis au rebut peu de temps après que son histoire ait cessé d'être relevée.
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Front de l’Est (1941-1945)
Le 12 avril 1944, le 1er Bataillon d'Artillerie d'Assaut fut mobilisé et envoyé au front pour aider la 1re Armée Hongroise en Galicie, qui était engagée depuis quelques semaines contre les forces soviétiques en progression. Au moment de la mobilisation du 1er Bataillon, seules les 2 & 3es batteries et la section d'état-major du bataillon étaient entièrement équipées, elles partirent donc au front peu de temps après. Le capitaine József Barankay s’y rendit également avec son état-major et 2 batteries plutôt que d'attendre avec la 1re. La 2e Batterie arriverait à Stanisławów (aujourd'hui Ivano-Frankivsk, Ukraine) par transport ferroviaire le 16 avril et serait la première unité de la branche d'artillerie d'assaut à participer aux combats. Pour renforcer les forces hongroises engagées contre les Soviétiques en Galicie, le 1er Bataillon de Canons d'Assaut fut rattaché au 7e Corps en sous-effectif dans la région de Stanisławów, qui faisait lui-même partie de la 1re Armée Hongroise. Ils devaient renforcer la 16e Division d'Infanterie et la 18e de Réserve pour les aider à reprendre les villes d'Ottynia et d'Obertyn afin de créer une position plus défendable et de retirer autant d'unités soviétiques que possible du front germano-roumain. Le 7e Corps fut également chargé de protéger le flanc nord du 11e, composé de la 2e Division Blindée Hongroise, de la 24e Division d'Infanterie, ainsi que des 1re & 2es brigades de montagne.
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Zone d’opération en Galicie, avril-août 1944. -
La 2e Batterie, composée de 10 Zrínyi II, fit son baptême du feu le 21 avril à Bohorodtchany, où les Hongrois avaient repéré une batterie antichar soviétique et un régiment d’infanterie en train de se rassembler. L’un des pelotons de canons d’assaut, composé de 3 ou 4 Zrínyi II, aurait chargé la batterie antichar à pleine vitesse en terrain découvert, ce qui aurait pris les Soviétiques par surprise et aurait entraîné la neutralisation de la batterie antichar en quelques minutes après un échange intense. Pendant ce temps, un autre peloton de canons d’assaut engagea le régiment d’infanterie à distance, utilisant des HE pendant un barrage de 5 min qui eut pour résultat soit la destruction de la majeure partie du régiment d’infanterie, soit la dispersion du régiment de sa position. La zone boisée où se déroula cette première action des Zrínyi aurait été surnommée « forêt de la mort » par les soldats hongrois en raison du nombre de cadavres qui jonchaient la zone. Le lendemain, le 22 avril, la 2e Batterie fut envoyée en renfort à l’aile nord de la 16e Division d’Infanterie, qui avait été forcée de se retirer de ses positions avancées en raison d’une contre-attaque de la 27e Brigade Blindée Soviétique nouvellement arrivée. Selon Leo Niehorster dans son ouvrage The Royal Hungarian Army 1920-1945, cette action fut menée par l’ensemble du 1er Bataillon de Canons d’Assaut, avec un effectif prêt de 26 Zrínyi II. Cela est toutefois peu probable, car les batteries individuelles arrivèrent au front de manière fragmentaire, la 3e Batterie n’arrivant que quelques jours plus tard et la 1re n’étant pleinement mobilisée qu’en juin. La 2e Batterie parvint à freiner l’avancée de la 27e Brigade et même à la renvoyer à ses positions de départ, les Hongrois s’emparant de 17 T-34. Cela permit à la 16e Division d'Infanterie de reprendre ses positions et même de prendre le village de Lisnyi Khlibychyn. Après cela, l'offensive de la 1re Armée Hongroise, y compris du 7e Corps, perdit de son élan. Après les actions menées par la 27e Division Légère dans les régions de Kuty & Kosov le 28 avril, les combats s'apaisèrent largement sur le front jusqu'à la fin du mois de juin 1944, avec seulement de petites attaques locales menées par les deux camps. Pendant cette courte période, les Hongrois et les Allemands déployèrent de grands efforts pour construire une série de lignes défensives comprenant les lignes Hunyadi, St. László & Árpád. Pendant cette accalmie, la 2e Batterie aurait fait une petite présentation à un groupe de journalistes et de correspondants de guerre le 17 juin. Moins d'une semaine plus tard, les Soviétiques lancèrent une offensive de grande envergure en Galicie le 22, alors que les trois batteries du 1er Bataillon de Canons d'Assaut étaient arrivées au front et impliquées dans les combats.
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Zrínyi II camouflés, appartenant probablement à la 2e Batterie, opérant avec l'infanterie armée d'une mitrailleuse Schwarzlose 07/31M, Sud de la Transylvanie, septembre 1944. -
Le 1er Bataillon de Canons d'Assaut passa le reste du mois de juin et juillet en retraite, tandis que la 1re Armée Hongroise se retirait vers la ligne Hunyadi. Des combats particulièrement intenses eurent lieu à Halytch entre le 13 & 14 juillet, au cours desquels 4 hommes de la 2e Batterie furent tués et 3 autres blessés, dont le commandant du bataillon, le capitaine József Barankay. Peu de temps après, le 21 juillet 1944, la 2e Batterie ne combattit que vaguement en tant qu'unité organisée. Parfois, seuls des pelotons individuels de 3 ou 4 Zrínyi combattirent dans des actions qui auraient nécessité la force de toute la batterie. De ce fait, la 2e Batterie subit de lourdes pertes non seulement en raison des combats contre les forces soviétiques, mais aussi du manque de carburant et des pannes mécaniques, ce qui entraîna souvent l'abandon des Zrínyi par leurs équipages. Dans certains cas, certains équipages se perdirent dans l'obscurité parce qu'ils étaient séparés de leur unité et durent retrouver leur chemin en évitant les unités russes. Les combats acharnés qu'ils endurèrent sont probablement un facteur important pour lequel il y a peu de photos de la 2e Batterie ou de celles qui y sont étiquetées comme telles. La dernière action majeure de la 2e Batterie eut lieu le 29 juillet, après que les restes de l'unité se soient réunis au village de Vyhoda, avec seulement 3 Zrínyi encore quelque peu opérationnels. Cependant, à l'insu des équipages hongrois, ils avaient été partiellement encerclés par une unité soviétique et avaient dû se déplacer rapidement pour s'en sortir. Au cours de l'opération, ils auraient détruit 3 T-34. Le lendemain, le 30 juillet, ce qui restait de la 2e Batterie du 1er Bataillon de Canons d'Assaut arriva au village de Velyka Kopanya, en sécurité derrière la ligne de front. Le statut exact de la 2e Batterie est inconnu après ce moment-là, mais il peut être déterminé que cette dernière resta à proximité des deux autres batteries lors de leur déplacement de la Galicie vers la Transylvanie, et les suivies lors de leur retour à Hajmáskér à la fin du mois d'août 1944. La 3e Batterie, qui partit également par train à la même date que la 2e, fut retardée en raison de plusieurs problèmes de réseau ferroviaire et arriva alors que la 2e Batterie était déjà au combat. De ce fait, la première action majeure de la 3e Batterie eut lieu le 25 avril 1944, lorsqu'elle reçut l'ordre de soutenir un bataillon d'infanterie à environ 20 km au sud-ouest d'Ivano-Frankivsk. Là, elle aurait détruit 2 des 8 T-34 qui attaquaient, ce qui força ensuite les 6 autres à reculer. Quelques jours plus tard, le 28 avril, les 2 & 3es batteries furent engagées dans une contre-attaque contre une importante force soviétique à Delatyne, où elles auraient causé de lourdes pertes soviétiques. Cependant, au cours de l'attaque, 2 officiers d'artillerie d'assaut furent blessés, dont le commandant de la 3e Batterie, le premier lieutenant Fedor Wáczek, qui fut remplacé par le premier lieutenant Tibor Rátz.
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Zrínyi II et son équipage appartenant à la 3e Batterie se baignant dans la rivière Bystrytsia près de ce qui est aujourd'hui Ivano-Frankivsk, été 1944. -
L'action en question vit Wáczek aligner sa batterie juste derrière la crête d'une colline, après avoir appris que des reconnaissances avaient repéré une force soviétique importante se déplaçant pour attaquer en direction de Delatyne. Lorsqu'il donna l'ordre d'attaquer, il fit en sorte qu'un peloton fournisse un tir de couverture pendant qu'un autre avançait, ce qui eut pour effet de disperser l'infanterie russe. Cependant, la 3e Batterie entière subit un feu nourri environ 5 min après le début de l'attaque, provenant de ce qui s'avéra être un certain nombre de chars russes contre-attaquant depuis le flanc droit, l'un d'eux touchant le Zrínyi du premier lieutenant. Voyant cela, le capitaine József Barankay se précipita pour poursuivre l'attaque et finit par repousser les chars soviétiques qui avançaient. Après la bataille, le premier lieutenant Tibor Rátz fut « remplacé » comme commandant de la batterie pour le reste de la guerre jusqu'à la fin du siège de Budapest. La 3e Batterie continua à combattre en Transylvanie lorsque, début juillet 1944, le 1er Bataillon d'Artillerie d'Assaut reçut la visite d'une équipe de l'Institut de Technologie Militaire (HTI) afin de montrer aux équipages comment appliquer les nouvelles jupes latérales perforées qui venaient de commencer à être produites. Cela signifie que toutes les photos représentant des Zrínyi avec des jupes blindées furent probablement prises après cette date. À ce stade, l'ensemble du 1er Bataillon de Canons d'Assaut avait subi de sérieux revers en termes d'effectifs et d'équipements. Ce fut le 28 août 1944 que la poignée de Zrínyi restants devaient être remis à la 3e Batterie du 10e Bataillon de Canons d'Assaut fraîchement arrivée, car ils remplaçaient le 1er Bataillon désormais très usé. Cela était dû au fait que seules les deux premières batteries du 10e Bataillon pouvaient être pleinement mobilisées et ne disposaient donc pas des Zrínyi nécessaires pour compléter la 3e. Il est intéressant de noter que le nouveau commandant du bataillon, le capitaine Sándor Hanák, qui était arrivé au front avec son unité, supervisa le transfert des Zrínyi à la 3e Batterie. Plus tard dans l'année, il commandait toujours les restes du 10e Bataillon à Budapest. Avant d'être mobilisée en avril, la 1re Batterie participa à un entraînement avec une unité d'infanterie et d'artillerie de campagne. Ce n'est qu'au début du mois de juin que la 1re Batterie fut pleinement mobilisée, partant pour le front le 13 et arrivant à Ivano-Frankivsk le 16 juin 1944. Peu après son arrivée, la batterie participa à un autre exercice avec l'infanterie, car aucune unité du front n'avait été familiarisée avec le nouveau véhicule et ses capacités. Un peu plus tard (les sources ne précisent pas combien de temps après), la 1re Batterie soutint un bataillon d’infanterie dans la région d’Otyniya (appelée à tort Grabitz dans certaines sources), où la batterie se retrouva de manière inattendue dans un champ de mines ami dont elle n’avait pas été informée. Deux Zrínyi roulèrent sur des mines et devinrent inutilisables, ce qui signifia l’arrêt de l’attaque que la batterie était censée soutenir. Les équipages des véhicules endommagés retirèrent les culasses de leurs véhicules et se retirèrent.
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Zrínyi II et son équipage appartenant à la 1re Batterie, Transylvanie, été 1944. -
L'action en question vit Wáczek aligner sa batterie juste derrière la crête d'une colline, après avoir appris que des reconnaissances avaient repéré une force soviétique importante se déplaçant pour attaquer en direction de Delatyne. Lorsqu'il donna l'ordre d'attaquer, il fit en sorte qu'un peloton fournisse un tir de couverture pendant qu'un autre avançait, ce qui eut pour effet de disperser l'infanterie russe. Cependant, la 3e Batterie entière subit un feu nourri environ 5 min après le début de l'attaque, provenant de ce qui s'avéra être un certain nombre de chars russes contre-attaquant depuis le flanc droit, l'un d'eux touchant le Zrínyi du premier lieutenant. Voyant cela, le capitaine József Barankay se précipita pour poursuivre l'attaque et finit par repousser les chars soviétiques qui avançaient. Après la bataille, le premier lieutenant Tibor Rátz fut « remplacé » comme commandant de la batterie pour le reste de la guerre jusqu'à la fin du siège de Budapest. Les trois batteries du 1er Bataillon de Canons d’Assaut continuèrent à être utilisées de manière intensive au début et à la mi-juillet, avec des pertes en hommes et en matériel chaque semaine. Cependant, le 13 juillet, une tragédie frappa le bataillon lorsque son commandant, le capitaine József Barankay, fut tué à son poste de commandement lors d’une frappe aérienne sur sa position. Sa mort eut un impact considérable sur le moral de toute la branche d’artillerie d’assaut, en particulier celui du 1er Bataillon. Le commandement du bataillon passa entre plusieurs mains. Le capitaine Bela Guthy prit le commandement, mais il fut grièvement blessé. Son remplaçant, le major Nándor Doóry, fut victime d'une dépression nerveuse peu de temps après. Le capitaine Dénes Sándor fut ensuite nommé à ce poste.
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Cortège funèbre du capitaine József Barankay mené par son propre Zrínyi II portant son cercueil. Il fut enterré dans ce qui est aujourd'hui Ivano-Frankivsk en Ukraine jusqu'en 2012, date à laquelle ses restes furent localisés et réinhumés au cimetière de la route de Fiumei à Budapest. -
Le 22 juillet, le 1er Bataillon d'Artillerie d'Assaut fut retiré du front alors qu'une nouvelle offensive soviétique en Galicie repoussait les forces allemandes et hongroises de la région. Au cours de sa retraite, le 1er Bataillon avait perdu les deux tiers de ses canons d'assaut, et le 10e fut mobilisé début août 1944 pour permettre au 1er de se reposer et de se rééquiper. Comme si la situation de la branche d'artillerie d'assaut n'était pas déjà assez mauvaise, l'usine WM fut presque entièrement détruite lors d'un raid aérien le 27 juillet 1944. Cela stoppa immédiatement la production du Zrínyi et signifiait qu'aucun des bataillons de canons d'assaut ne pouvait espérer recevoir de renforts dans un avenir proche. Au moment du bombardement, seuls 66 Zrínyi environ avaient été achevés et livrés. Cela inclut le 1er lot de 40 unités commandé après la fin des tests du prototype, le 2e lot de 50 unités étant en production au moment du bombardement. Il est toutefois intéressant de noter que dans le Harckocsik 1916-tól napjainkig, il est indiqué que, dans le dernier document existant relatif au Zrinyi, WM informa le Ministère de la Défense le 4 juillet 1944 qu'il ne pouvait pas continuer la production de Zrinyi II en raison de l’absence de livraison des plaques de blindage. Il est donc possible que la production de Zrínyi ait ralenti plutôt que de s'arrêter avant le bombardement de l'usine. Il est également probable que les plaques de blindage aient simplement été retardées et que la production aurait repris peu de temps après s'il n'y avait pas eu de bombardement. En raison de la dégradation rapide de la situation des puissances de l'Axe à l'Est, le 10e Bataillon de Canons d'Assaut devait initialement être envoyé dans le nord de la Hongrie une fois pleinement mobilisé. Cependant, après le renversement du gouvernement pro-Axe en Roumanie le 26 août 1944, le bataillon fut immédiatement mobilisé et envoyé en Transylvanie afin de renforcer les unités de gardes-frontières de cette région. Seuls les deux tiers environ du 10e Bataillon purent être immédiatement mobilisés, de sorte que seul le personnel du bataillon et 2 batteries furent déployés par train depuis Dombóvár. Les hommes des 1re et 2es batteries débarquèrent à Sânsimion le 28 août, avec pour premier ordre de soutenir les forces des gardes-frontières sicules. À cette époque, le haut commandement hongrois décida de lancer une offensive vers le sud des Carpates afin de s'emparer des cols de montagne d'une importance vitale qui permettraient à un grand nombre de forces soviétiques et roumaines de se déverser dans le sud et l'ouest de la Hongrie. Cette tâche est confiée au 2e Corps Hongrois de la 2e Armée, qui ne comprend initialement que des bataillons d'entraînement et de remplacement, mais qui fut ensuite renforcé par des unités plus expérimentées, notamment la 25e Division d'Infanterie et la 2e Division Blindée. Le 10e Bataillon combattra aux côtés de ces divisions lors de ce qui deviendra la Bataille de Turda. Bien que cette attaque ne soit lancée que le 5 septembre, l'objectif de l'offensive était de sécuriser une ligne plus défendable en Transylvanie le long de la rivière Mureş, plutôt que de se fixer et de tenir plusieurs cols de montagne avec des troupes mal préparées. L'attaque hongroise fut d'abord un succès, Turda et les autres villes environnantes ayant été prises. Cependant, avec l'arrivée constante d'unités soviétiques, ce n'était qu'une question de temps avant qu'une grande offensive ne perça les lignes. Cela eut lieu le 22 septembre, lorsqu'une grande attaque de la 4e Division de Fusiliers de la Garde Soviétique réussit à percer les lignes de la 25e Division d'Infanterie Hongroise autour de Sosfurdo. Ils étaient soutenus par une cinquantaine de chars qui provenaient probablement du 5e Corps Blindé de la Garde Soviétique, qui avait pour objectif d'encercler les forces hongroises dans et autour de Turda. C'est ici que se déroulera sans doute l'action la plus célèbre de la branche d'artillerie d'assaut hongroise, lorsque le commandant de troupe de la 2e Batterie du 10e Bataillon, l'enseigne (officier cadet) János Bozsoki, se distinguera au combat. Le 22 septembre, János et sa batterie furent chargés de stopper l’avancée des blindés soviétiques près du côté nord-est de Turda, alors qu’ils se dirigeaient vers Sosfurdo. Sa batterie, qui était appuyée par le 1er Bataillon d’Infanterie Hongrois, parvint à trouver une position de tir bien dissimulée d’où ils pouvaient surveiller la route principale menant à Turda. Lorsque les chars soviétiques s’approchèrent de la position de la 2e Batterie alors qu’ils progressaient sur la route, János aurait donné l’ordre d’attendre que les chars soient à 50 m avant d’ouvrir le feu. Après environ 3 à 4 min de tirs nourris, la 2e Batterie avait apparemment détruit 18 chars soviétiques, qui bloquaient désormais la route. S’attendant à une nouvelle attaque prochainement, János et sa batterie attendirent sur leur position jusqu’à ce qu’un lieutenant du 2e Bataillon de Reconnaissance s’approchât d’eux, qui l’informa que son unité était partiellement encerclée par l’infanterie soviétique depuis le petit matin. János partit lui-même aider le bataillon de reconnaissance avec ses Zrínyi et, après avoir repoussé l’infanterie soviétique qui avait encerclé l’unité, on lui demanda de rester avec ce bataillon jusqu’au soir. Cependant, peu de temps après, il entendit le bruit d’une bataille venant de la zone où le reste de la batterie était toujours stationné, il partit donc pour aller enquêter sur ce qui se passait. Ce que János trouva n’était pas un beau spectacle. Les six Zrínyi de son unité avaient été débordés, avec ses hommes morts ou blessés, à l’intérieur et à l’extérieur des véhicules. Il réussit à ramener 3 Zrínyi encore opérationnels vers ses lignes, transportant les hommes blessés sur le toit des véhicules. János et le commandant du 10e Bataillon de Canons d’Assaut organisèrent plus tard une opération de sauvetage réussie pour récupérer les trois canons d’assaut restants. Pour ses actions, János Bozsoki recevra la Médaille d'or de la bravoure des officiers, dont seulement 23 exemplaires au total auraient été décernés pendant toute la guerre.
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János Bozsoki survécut à la guerre et s'installa en Suisse vers 1950, où il vécut le reste de sa vie. -
Il existe peu d'informations disponibles sur les actions des 1re & 3es batteries du 10e Bataillon de Canons d'Assaut, qui participèrent également à la Bataille de Turda. Il est intéressant de noter que la 3e Batterie, qui n'avait pas été mobilisée en même temps que les deux autres, dut prendre en charge les Zrínyi qui étaient utilisés pour l'entraînement des autres bataillons de canons d'assaut. En outre, la 3e Batterie dut également prendre en charge les canons d'assaut restants de la 3e du 1er Bataillon de Canons d'Assaut. Au début du mois d'octobre 1944, lorsque la Bataille de Turda se termina, le 10e Bataillon de Canons d'Assaut fut retiré du front avec les véhicules restants de la 2e Division Blindée. Ce qui est remarquable à propos de la 3e Batterie, c'est qu'en raison de son retard dans son déploiement, elle ne put participer aux combats qu'autour de la ville d'Oradea pendant la Bataille de Turda. Une fois cette bataille terminée, la 2e Armée Hongroise fut forcée de se retirer le long de la rivière Szamos au début du mois d'octobre 1944. En novembre, alors que les forces soviétiques et roumaines se trouvaient déjà à l'intérieur des frontières hongroises, les 1re et 3es batteries du 10e Bataillon de Canons d'Assaut se retrouvèrent impliquées dans les combats près du village de Poroszló. En conséquence, il n'y aurait plus eu de Zrínyi opérationnels dans tout le bataillon et le personnel et l'équipement restants furent retirés à Budapest. Si les Allemands sont bien connus pour leur utilisation de véhicules capturés ou réquisitionnés pendant la Seconde Guerre Mondiale, les Soviétiques firent également un usage intensif du matériel de l'Axe, car leurs offensives en profondeur nécessitaient souvent l'utilisation de tout véhicule opérationnel disponible. Alors que des éléments de la 4e Armée Ukrainienne avançaient de plus en plus près de la frontière hongroise, la 18e Armée en particulier se serait retrouvée en possession de plusieurs modèles de chars hongrois après de violents combats près d'Ivano-Frankivsk (anciennement Stanislavov) en août 1944. Au total, ils rassemblèrent 15 véhicules hongrois, dont 8 Turán, 2 Toldi, 2 Nimrod et 3 Zrínyi II, qui furent regroupés aux côtés de 17 autres véhicules de l'Axe pour former un bataillon de chars spécial. Après avoir brièvement participé à l'action le 15 septembre 1944 à Oujhorod, ce bataillon spécial fut transféré à la 5e Brigade de Chars de la Garde le 13 novembre. En raison d'une utilisation intensive et d'un manque de pièces de rechange et de connaissances mécaniques sur les chars hongrois, seuls 13 des véhicules d'origine étaient encore opérationnels. Cette tendance aux problèmes mécaniques se poursuivit au cours des semaines suivantes, avec seulement 5 Turán et 2 Zrínyi II signalés en action, 3 Turán et 1 Toldi étant les seuls opérationnels le 20. Le 1er janvier 1945, cependant, il ne restait que 3 Turán, 1 Toldi et un seul Zrínyi II en état de fonctionnement, tous les autres étant perdus ou en mauvais état. Il est mentionné que les Soviétiques trouvaient que les chars hongrois avaient des capacités inférieures aux leurs, mais que les Zrínyi avaient au moins un certain intérêt grâce à leur vitesse. Les Roumains purent également capturer un certain nombre de chars hongrois, dont des Toldi et des Turán de variante inconnue, quelques Jägdpanzer 38(t) et même un Zrínyi II en septembre ou octobre. Il semblerait que le Zrínyi ait été capturé dans la région de Cluj-Napoca et appartenait probablement au 10e Bataillon de Canons d'Assaut qui était à l'époque rattaché à la 2e Armée Hongroise, qui se retira de la région plus tard en octobre 1944. On ne sait pas exactement à quelles fins les Roumains utilisèrent les véhicules hongrois. Cependant, on peut supposer qu'ils les utilisèrent comme véhicules de remorquage ou simplement pour des tâches générales de service à l'arrière, car ils étaient probablement déjà dans un état de délabrement avancé et ne pouvaient pas être utilisés au combat. Peu de temps après que les Roumains aient rejoint les Alliés, les Soviétiques mirent en place une règle selon laquelle tout le matériel de l'Axe capturé devait être remis à l'Armée Rouge. On ne sait pas combien de temps les Roumains détinrent des Zrínyi, et malheureusement, la piste fut perdue après leur remise au rebut. Comme la plupart des autres véhicules de l'Axe, il fut probablement testé, évalué et mis à la ferraille peu après la guerre.
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Bataille de Budapest (1944-1945)
Ce siège, souvent oublié dans le contexte plus large de la Seconde Guerre Mondiale, dura du 3 novembre 1944, lorsque les premières unités soviétiques approchèrent les abords de la ville, jusqu'à la prise de la colline du château de Buda le 13 février 1945. Sur les 102 jours de combats, 51 furent consacrés aux combats dans la ville même. C'est ici, pendant le siège, que la plupart des restes des bataillons d'artillerie d'assaut vécurent leurs derniers jours au combat contre les forces soviétiques et roumaines, y compris les 1er & 10e bataillons qui utilisaient encore les quelques Zrínyi encore fonctionnels. C'est également pendant ce siège que les six à 10 derniers Zrínyi furent construits à partir des restes de 15 à 20 caisses qui furent extraites des décombres de l'usine WM. Le dernier Zrínyi fut achevé début novembre à l'usine Ganz située du côté de Buda de la ville et sortit d'usine pour être envoyé immédiatement sur la ligne de front. Au total, cela signifie que jusqu'à 76 Zrínyi furent construits pendant la guerre, y compris le prototype original qui était lui-même construit sur le prototype du Turán et qui servit à son tour de base au Zrínyi I.
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Lieutenant-général Ernő Billnitzer, qui avait initialement été responsable des bataillons d’entraînement de l’artillerie d’assaut après l’envoi de Barankay au front, fut promu du grade de colonel au poste de commandant de l’ensemble de l’artillerie après la mort de Barankay. Billnitzer lui-même a survécu à la guerre et vécut jusqu’en 1976. -
Le Groupe Billnitzer doit son nom au commandant de l’artillerie d’assaut de l’époque, le lieutenant-général Ernő Billnitzer (affectueusement surnommé Oncle Bill par ses subordonnés), qui commandait à l’origine les forces d’entraînement de l’artillerie d’assaut. On ne sait pas exactement quand le groupe fut organisé pour la première fois sous ce nom. Cependant, ce que l'on sait, c'est que le groupe était composé des unités suivantes en décembre 1944 : -1er Bataillon de Canons d'Assaut : 7 Zrínyi II, 8 Turán et 7 PaK 43 de 88mm. -7e Bataillon de Canons d'Assaut : 4 à 5 StuG III. -7e Bataillon de Remplacement de Canons d'Assaut : infanterie. -1re Batterie du 10e Bataillon de Canons d'Assaut : 7 à 11 Zrínyi II. -13e Bataillon de Canons d'Assaut : infanterie. -16e Bataillon de Canons d'Assaut : 3 Turán et une quantité inconnue de Jägdpanzer 38(t). -24e Bataillon de Canons d'Assaut : 5 Turán et une quantité inconnue de Jägdpanzer 38(t). -4e Batterie AA de Remplacement : 4 canons antiaériens de 40mm. -Batterie de Debrecen : 4 obusiers de 105mm. -10e Batterie Antichar : 7 PaK 43 de 88mm. Ce groupe était composé d’unités d’artillerie rassemblées et organisées à la hâte et semblait assez impressionnant sur le papier, mais contenait en réalité très peu de véhicules blindés. Il est également important de noter que cette liste (tirée du livre de Kamen Nevenkin, Fortress Budapest) ne précise pas si cette composition comprend à la fois des véhicules opérationnels et ceux en réparation, ou seulement les premiers. Bien que le Groupe Billnitzer soit entièrement composé d’unités hongroises, la plupart d’entre elles étaient subordonnées à différentes unités allemandes tout au long du siège, une pratique qui n’était pas rare, surtout à cette époque tardive de la guerre. Billnitzer lui-même installa son QG du côté de la ville de Buda pendant toute la durée du siège, l’atelier de maintenance étant situé dans la salle de danse Vigadó, le long de la rive du Danube vers Pest. Au total, cette formation bricolée était composée d'environ 2 000 hommes de tous grades au début du siège et son nombre fluctuait en fonction des pertes subies et de l'arrivée de nouvelles recrues.
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Façade ornée du Vigadó (à droite) en 1945, après la prise de la ville par l'Armée Rouge. L'obélisque surmonté d'un avion sur la place est un monument érigé en l'honneur des aviateurs soviétiques. -
D'après les sources disponibles, la 1re Batterie était composée d'infanterie équipée de mitrailleuses légères et lourdes, ainsi que de PaK 43. La 2e Batterie était probablement équipée de 8 Turán. La 3e était la seule du bataillon à disposer de 7 Zrínyi. Avec les autres bataillons de canons d'assaut, le 1er fut déployé dans la banlieue est-nord-est de Budapest, avec les restes de la 1re Division Blindée Hongroise, dans les régions de Pécel et de Rákoscsaba. Ils furent souvent déployés de manière fragmentaire pendant le siège, aux côtés de diverses unités allemandes et hongroises, là où ils étaient le plus nécessaires. La première action majeure du 1er Bataillon eut lieu lors de l'ouverture du siège le 4 novembre 1944, et vit la 3e Batterie sous les ordres de Tibor Rátz lancer une attaque sur l'aéroport de Ferihegy (aujourd'hui l'aéroport international Ferenc Liszt de Budapest), avec de lourdes pertes signalées du côté soviétique, avec 4 T-34 revendiqués. Plus tard, le 5 novembre, les 1er & 10es bataillons de canons d’assaut devaient soutenir une attaque conjointe germano-hongroise contre Vecsés (une petite localité située juste à côté de l’aéroport), avec des éléments de la 8e Division SS de Cavalerie. L’attaque se déroula relativement bien pour les assaillants, les Soviétiques étant pris au dépourvu et contraints de se retirer de leurs positions. Un peu plus tard, le 20 novembre, le commandant du 1er Bataillon, le lieutenant Fedor Waczek, fut grièvement blessé lorsqu’un obus de mortier toucha sa position et lui arracha une jambe. Sándor Denes prit le commandement pour le reste du siège. Le lieutenant Tibor Rátz devint un commandant quelque peu rebelle pendant le siège, sa 3e Batterie rejoignant le 10e Bataillon de Canons d’Assaut dans les batailles autour de la région de Baracska le 6 décembre sans ordre. Plus tard, la 3e Batterie aida à reprendre et à tenir la gare de Kelenföld entre le 25 & 28 décembre avec l'aide de l'infanterie allemande et hongroise. Le commandant de la 2e Batterie, le lieutenant Andras Kulifray, fut tué le 31 novembre 1944, lorsque son Turán fut touché alors qu'il menait son unité pour aider la 3e Batterie. Le commandement de cette batterie fut repris par László Vértesy.
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Premier lieutenant Tibor Rátz commandant la 3e Batterie du 1er Bataillon de Canons d'Assaut. -
En raison des pertes importantes subies au cours des combats, le personnel des batteries changeait presque quotidiennement. Dans les 2 & 3es batteries en particulier, les membres de l'équipage des Zrínyi devaient changer de position au sein des véhicules, car ils étaient reconstitués pour remplacer le matériel et le personnel perdus. Les Zrínyi ne revenaient que pour l'entretien ou le réapprovisionnement en carburant et en munitions, avant d'être renvoyés. Un officier aurait même comparé les actions constantes quotidiennes des Zrínyi à celles des taxis, car on leur remettait une adresse indiquant où ils étaient nécessaires et ils se précipitaient vers l'adresse suivante une fois leur travail terminé. Le 20 janvier 1945, une partie de la 3e Batterie soutint une attaque menée par le bataillon de volontaires Vanny dans la région de Városmajor, qui s'apparentait davantage à un raid dont le seul objectif était de reprendre la gare terminale d'un chemin de fer à crémaillère. Le raid se déroula sans problème jusqu'à ce que le canon d'un Zrínyi soit endommagé, ce qui conduisit le commandant du véhicule, Péter Városy, à tirer avec une mitrailleuse légère et à lancer des grenades à main depuis son véhicule. Jusqu'à la défaite du côté de Pest, les trois batteries du 1er Bataillon de Canons d'Assaut combattirent ensemble, mais la situation à Budapest devenant de plus en plus désespérée pour les Hongrois et les Allemands, une série de 3 attaques fut lancée en Hongrie par le 4e Corps Blindé SS pour tenter de libérer la capitale, connues sous le nom d'opérations Konrad I, II & III. En coordination avec cela, la 3e Batterie devait soutenir une tentative de percée menée par le Groupe de Combat Kundiger le long de la route de Budaörs le 21 janvier 1945. Cependant, après l'échec de Konrad III, cette percée fut annulée. Les trois batteries continuèrent à être en action jusqu'à la reddition de la garnison de Budapest, les munitions des Zrínyi de la 3e Batterie étant épuisées le 9 février. Avant la reddition, le premier lieutenant Tibor Rátz ordonna la destruction de tous les registres de l'unité, ainsi que des Zrínyi eux-mêmes, la plupart étant détruits ou rendus inutilisables. Rátz lui-même aurait été capturé plus tard et, alors qu'il tentait d'échapper à la captivité soviétique, il aurait été abattu et serait décédé des suites de ses blessures en février 1945.
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Zrínyi II détruit de la 3e Batterie du 1er Bataillon de Canons d'Assaut dans le quartier d'Albertfalva à Budapest, peu après la guerre, avec des enfants à son sommet. -
Contrairement au 1er Bataillon, le 10e devait principalement combattre en dehors de Budapest, le reste du bataillon étant transféré à Székesfehérvár afin d'aider à bloquer l'avancée soviétique depuis la tête de pont d'Ercsi qui s'était formée à proximité au début du siège. Une contre-attaque relativement importante fut menée le 7 décembre 1944, avec les 2 & 3es batteries accompagnées par l'infanterie hongroise et la 271e Division Allemande du Volkssturm parvenant à repousser un contingent d'infanterie soviétique dans la région de Martonvásár-Ráckeresztúr. Un grand nombre de pièces d'artillerie auraient été abandonnées par les Soviétiques en retraite, qui auraient ensuite été remorquées par le Zrínyi plus tard dans la soirée. Le 20 décembre, le commandant du 10e Bataillon, le capitaine Sándor Hanák, décida d'envoyer la 1re Batterie avec les 11 Zrínyi restants du bataillon à Budapest pour combattre dans le Groupe Billnitzer. Les deux autres batteries, désormais privées de leurs canons d'assaut, formèrent une compagnie composée de soldats qui s'étaient séparés de leur unité principale. Ils furent envoyés pour défendre l'Université des Sciences Appliquées et allaient plus tard participer à de lourdes actions à Pest. Bien qu'il soit probable que ces mêmes Zrínyi aient réussi à atteindre Budapest et à rejoindre le Groupe Billnitzer, cela ne peut être confirmé uniquement sur la base de la composition de l'unité car les véhicules auraient probablement été repliés dans les restes de l'un ou l'autre des 1er ou 10es bataillons de canons d'assaut. Il s'agit notamment d'une action célèbre lorsque le 10e Bataillon (soutenu par la 3e Batterie du 1er Bataillon) et une équipe de combat de 150 à 200 hommes attaquèrent une unité soviétique en repos au stade Hungária Körúti. Selon certaines sources, un grand nombre de soldats soviétiques étaient prétendument ivres au moment de l'attaque, ce qui aurait entraîné 800 morts avant que l'attaque ne soit stoppée. Au cours des combats de rue à Budapest, le 10e Bataillon de Canons d'Assaut aurait subi un taux de pertes de 95%, dont 80% blessés et 15% tués au combat. Vers la fin du siège, alors que la situation était désespérée pour les forces allemandes et hongroises, les derniers membres du 10e Bataillon de Canons d'Assaut détruisirent les Zrínyi restants et se divisèrent en 3 groupes pour éviter d'être capturés par les forces soviétiques. L'un d’eux aurait réussi à atteindre la ville de Passau, dans le sud de l'Allemagne, avant de se rendre aux forces américaines, tandis que les deux autres furent capturés respectivement en Tchécoslovaquie et en Autriche. L'histoire des autres bataillons d'artillerie d'assaut n'étant pas abordée dans cet article, l'histoire du Zrínyi en service en Hongrie s'arrête ici pour l'essentiel. Bien qu'il soit fait mention de la possession par les autres bataillons de certains Zrínyi qui réussirent à éviter l’épuration de Budapest, tous ces véhicules et leurs équipages furent probablement intégrés à l'unité la plus proche. Ainsi, l'histoire du Zrínyi est mieux racontée à travers la branche d'artillerie d'assaut en tant qu'organisation intacte, les autres bataillons, outre le 1er et le 10e, méritant une observation séparée.
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L'épave du Zrínyi du lieutenant Tibor Rátz, avec la photo prise entre l'avenue Krisztina et la Vermezo, devant la gare du sud. Elle fut identifiée comme étant le véhicule de Rátz grâce au marquage sur le pare-soleil du conducteur, portant le nom Sárika, l'équivalent hongrois du nom Sarah.
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Conclusion
En fin de compte, le Zrínyi fut un exemple de véhicule arrivé trop tard. Envoyé sans ménagement dans les combats les plus durs que le Royaume de Hongrie ait connus dans les dernières étapes de la Seconde Guerre Mondiale, le Zrínyi ne renversa pas le cours de la guerre pour les Hongrois, et ce n’était pas ce qu’on attendait de lui. Conçu comme un véhicule d’appui d’artillerie, le Zrínyi remplit ce rôle avec brio et servit bien au-delà de son objectif initial, étant contraint d’agir comme véhicule antichar. Employé dans ce sens, la puissance de feu du Zrínyi était quelque peu insuffisante en raison de son canon à faible vélocité, mais les obus de gros calibre signifiaient qu’il surpassait ses pairs hongrois. Cependant, en raison de son faible nombre de production, les bataillons de canons d’assaut durent être envoyés au front de manière fragmentaire plutôt que comme une force concentrée, dégradant ainsi leur efficacité globale sur le champ de bataille. Bien que non exempt de défauts, le Zrínyi était le sommet atteint par les véhicules blindés hongrois de production pendant la Seconde Guerre Mondiale, malgré le fait que moins de 100 exemplaires aient été construits.
40/43M Zrinyi II [Hongrie]