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Genèse
Après les essais des Renault FT, l’Armée Royale Italienne décida le 2 août 1918 de produire ces chars sous licence en Italie. Cela fut confiée à un consortium formé par les sociétés Ansaldo, Armstrong Vickers, Breda, FIAT et Terni dans leurs usines de la péninsule italienne. Après la fin de la Première Guerre Mondiale, une commande de 1 400 Renault FT, qui devaient être construits sous licence par Ansaldo de Gênes, fut annulée. En avril 1919, 100 chars furent commandés à FIAT de Turin. Ces véhicules devaient être construits sous licence française, mais avaient été modifiés par le Bureau des Chars d’Assaut et par le la Commissaire aux Armes & Munitions d’Ansaldo. Le nouveau modèle coûtait 120 000 lires par véhicule et différait du modèle français en termes d'armement et de moteur. Le prototype fut construit en juin 1919 et achevé en juin de l'année suivante. Les premiers essais commencèrent en août 1920, mais furent bientôt suspendus, probablement pour des raisons bureaucratiques et de la fin de la guerre, qui ralentissait la production.
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Fiat 3000 M.21 dans la cour de l'usine FIAT, prêt à être livré. -
En novembre 1921, les essais reprirent et durèrent jusqu'en 1923, date à laquelle ils furent finalement couronnés de succès et le nouveau modèle fut officiellement adopté sous le nom de Fiat 3000. La commission d'essais, quoique satisfaite du véhicule, jugea qu'il lui fallait un armement plus puissant et demanda l'installation d'un canon dans la tourelle. Le prototype était très similaire au Renault FT, même si son armement différait, composé de 2 mitrailleuses S.I.A. de 6,5mm, et le moteur de fabrication italienne était plus puissant et monté transversalement, avec également une transmission plus facile à entretenir. La première formation des équipages avec les nouveaux chars eut lieu en 1923 dans la ville de Belluno, dans le nord de l'Italie. La version de série se différenciait du prototype par l'absence des deux portes d'accès avant copiées sur le Renault FT d'origine. Peu de temps après, le véhicule fut de nouveau modifié. Les chenilles furent améliorées, un peu allongées et de nouveaux galets furent adoptés. Entre 1928 & 1929, un nouveau modèle fut développé, appelé Fiat 3000B, puis rebaptisé Fiat 3000 M.30. Il était équipé d'un moteur plus puissant et d'un canon dans la tourelle à la place des deux mitrailleuses. Ce nouveau véhicule fut testé pour la première fois lors de manœuvres dans le Val Varaita (Piémont) en 1929.
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Ligne d’assemblage de Fiat 3000 à Turin. -
Design
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Caisse & Tourelle
La caisse était divisée en 2 compartiments séparés par une cloison. Le frontal était le compartiment de combat et l'arrière était le compartiment moteur. Les chauffeurs étaient assis dans la partie avant du compartiment de combat et, à leur arrière, étaient assis les commandants. Dans le compartiment moteur se trouvaient le moteur, le radiateur, le ventilateur de refroidissement, les réservoirs de carburant et la pompe de cale utilisée pour évacuer l'eau qui pénétrait dans le véhicule après le passage à gué.
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Avant & arrière du M.21. -
Avant du M.30. -
Dans la partie arrière de la caisse se trouvait la queue construite à partir de barres de fer, inclinées vers le haut. Il avait pour but d'allonger la longueur du véhicule pour le franchissement de tranchées ou de fossés, empêchant le char de se renverser ou de s'enliser.
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Vue en coupe du M.21. -
La tourelle était capable de tourner à 360°. Les armes étaient installées dans la partie avant, tandis qu'à l'arrière se trouvait une ouverture pouvant être fermée par 2 portes. Cela permettait aux équipages d'entrer et de sortir du char et de retirer facilement les armes pour l'entretien. Dans la partie supérieure de la tourelle se trouvait la coupole ouvrable du commandant avec 3 fentes, destinée à permettre au commandant d'inspecter le champ de bataille. Au sommet de l'écoutille se trouvait un trou qui permettait l'utilisation de drapeaux utilisés par les commandants d'unité pour donner des ordres. Cela était utilisé en raison de l'absence d'équipement radio.
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Flanc & toit du M.21. -
Flanc du M.30. -
Armement
L'armement était placé dans la tourelle. Dans le Fiat 3000 M.21, il se composait de 2 mitrailleuses légères Società Italiana Aviazione M.18 de 6,5mm, plus simplement appelées SIA M.18. Cette mitrailleuse fut développée par le colonel Abiel Bethel Revelli (1864-1929), l'un des concepteurs d'armes les plus brillants d'Italie, entre 1910 et le milieu des années 20. Les projets les plus célèbres du colonel Revelli étaient la mitrailleuse moyenne FIAT-Revelli M.14, la mitraillette Villar Perosa M.15 et la SIA M.18. Les mitrailleuses SIA étaient jumelées et placées sur un support dans la tourelle. Entre les deux mitrailleuses se trouvait une fente servant à viser. Les armes avaient une élévation de +24° et une dépression de -17°. Leur support avait également une traversée limitée supplémentaire de 20° de chaque côté de la tourelle.
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Mitrailleuse SIA M.18. -
Après avril 1936, le Fiat 3000 M.21 fut réarmé avec 2 mitrailleuses FIAT-Revelli M.14/35 de 8mm. Cela offrait un feu de soutien plus lourd et de meilleures capacités de perforation de blindage. En fait, l’AP de 8x59mm pouvait pénétrer 11mm de blindage à 100 m.
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Mitrailleuse Fiat-Revelli M.14. -
Certains Fiat 3000 furent armées après 1937 de 2 mitrailleuses FIAT M.29 de 6,5mm alimentées par des chargeurs de 40 cartouches. Étant des mitrailleuses d'avion, elles étaient privées du synchroniseur pour tirer à travers l'hélice. Les armes avaient une élévation de +28° et une dépression de -18°.
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Affut Fiat M.29. -
Le Fiat 3000 M.30 était armée d'un canon Vickers-Terni 37/40 de 37mm à culasse semi-automatique. Ce canon fut développé en 1918, dérivé d'un modèle Hotchkiss utilisé dans le rôle AA sur les navires et sur les aérodromes. Un autre char italien équipé de ce canon était le M11/39 développé à la fin des années 30. Le canon était dans la tourelle, déplacé vers la droite par rapport à l'axe central du véhicule afin de laisser plus d'espace au commandant/mitrailleur, qui était assis à gauche.
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Schéma du canon Vickers-Terni de 37mm monté en tourelle. -
La visée s'effectuait à l'aide d'un viseur et de 2 manivelles : une pour l'élévation et l'autre pour la traverse. L'élévation du canon était de +20°, la dépression de -10°, tandis que la deuxième manivelle permettait la rotation de la tourelle. Dans les années 30, certains Fiat 3000 M.21 furent réarmés avec des mitrailleuses moyennes Lewis de 7,7mm qui étaient plus fiables que les SIA M.18 et donnèrent au char une cadence de tir plus élevée grâce aux chargeurs plus grands de 47 ou 97 coups.
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Mitrailleuse Lewis. -
Les munitions étaient conservées dans des casiers dans les deux parois latérales du compartiment de combat. Le M.21 pouvait transporter 96 chargeurs de 40 coups (3 840 cartouches au total) pour les mitrailleuses légères SIA et FIAT M.29 et 72 chargeurs de 80 coups (5 760 coups) pour les mitrailleuses moyennes FIAT-Revelli M.14/35. Le M.30 avait des racks pour un total de 68 obus de 37mm. Les APHE du canon de 37mm pouvaient pénétrer 12mm de blindage à 1,5 km. Le véhicule transportait à la fois des APHE et semi-perforants mais on ne sait pas en quelle quantité
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Groupe Motopropulseur
Le char était propulsé par un moteur essence 4 cylindres en ligne FIAT Tipo 304 de 6,236 L. Dans le M.21, il avait une puissance de 50 ch à 1 500 tr/min, tandis que dans le M.30, il était porté à 63 ch à 1 700 tr/min. La boîte de vitesses avait 3 vitesses avant et 1 arrière. Le réservoir de carburant du M.21 avait une capacité de 90 L + 5 L dans le réservoir de carburant de réserve, tandis que le M.30 avait une capacité de 85 L + 4,5 L de réserve.
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Moteur Fiat 304. -
La vitesse max du véhicule était comprise entre 21 km/h sur route pour le M.21 et 22 km/h pour le M.30. En tout-terrain, la vitesse max était de 8 à 12 km/h. L'autonomie était de 95 km sur route pour le M.21 et de 88 km pour le M.30.
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Suspension
Le train de roulement comprenait 2 barbotins situés à l'arrière et 2 poulies de tension de grand diamètre placées à l'avant. Les longerons métalliques longitudinaux reposaient sur 8 galets jumelés sur 4 bogies. Ceux-ci étaient reliés par des broches terminales à des ressorts à lames pour la suspension. Au-dessus des longerons longitudinaux, il y avait 5 rouleaux porteur soutenus par une lisse qui était soutenue par un ressort vertical qui maintenait la chenille en tension constante. Les chenilles étaient composées de 52 maillons par côté.
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Train de roulement. -
Blindage
La caisse du Fiat 3000 était protégée par un blindage en acier boulonné à une structure interne en acier. L'avant du char était protégé par des plaques blindées de 16mm bien inclinées. Les flancs et l'arrière de la caisse étaient protégés par des plaques blindées de 8mm d'épaisseur, toutes verticales. Comme pour la caisse, l'avant de la tourelle avait une épaisseur de 16mm, tandis que les flancs restants avaient une épaisseur de 8mm. Le toit de la tourelle avait une épaisseur de 8mm, tandis que le toit et le plancher de la caisse avaient une épaisseur de 6mm. Selon les manuels italiens, le blindage offrait une protection contre les tirs de mitrailleuses et les éclats d'obus ; il pouvait résister à l'impact d'AP français APX de 8mm et allemands de 7,92mm jusqu'à 50 m.
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Équipage
Le Fiat 3000 avait un équipage de 2 personnes : le commandant, qui opérait également l'armement, et le chauffeur. Comme pour le Renault FT sur lequel était basé le Fiat 3000, les commandants étaient surchargés de multiples tâches, ce qui limitait leurs performances.
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Radios
Les chars communiquaient à l'aide de drapeaux de signalisation colorés, composés de 2 drapeaux, un rouge et un blanc, placés à 15 cm de l'extérieur d'un mât de 65 cm de long. Les drapeaux sortaient d'un trou spécial placé au sommet de la tourelle. Seuls les chars de commandement de la compagnie ou du bataillon étaient équipés de radios Magneti Marelli RF CR. La radio était utilisée pour les communications entre les chars et les autres véhicules blindés. Il avait une fréquence comprise entre 27,2 et 33,4 MHz. Les Fiat 3000 équipés de cette radio avaient une antenne inhabituelle sur la tourelle, qui lui permettait de tourner à 360°. Cependant, la portée des communications était limitée à quelques kilomètres, ce qui permettait la communication entre les véhicules, mais était insuffisante pour la collaboration avec l'artillerie et l'infanterie, un élément clé de la guerre moderne.
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Modèles
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Fiat 3000 M.21 (L5/21) (Fiat 3000A) (1921)
Modèle initial armée de 2 mitrailleuses.
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Modèle avec 2 mitrailleuses Lewis de 7,7mm. Escadron 1A d’Automitrailleuses de Tripolitaine, 1925. -
Corse, mars 1941. -
Modèle précoce munit de 2 mitrailleuses FIAT-Revelli M.14/35 de 8mm, Sicile, 1943. -
Modèle de la série IIa avec 2 mitrailleuses SIA de 6,5mm, Sicile, 1943. -
Fiat 3000 M.30 (L5/30) (Fiat 3000B) (1930)
Version canon équipée d'un canon Vickers-Terni 37/40 de 37mm. Certains étaient équipés d'un poste radio dont le cadre-support était facilement reconnaissable sur la tourelle.
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1er Bataillon de Chars, 2ème Char de Commandement, Bologne, Italie, 1933. -
Avec radio.
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Conversions
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Fiat 3000 Lanciafiamme (1932)
La version lance-flammes du véhicule fut étudiée en 1932 par le major Rodolfo Foronato et le capitaine Enrico Riccardi, du Régiment de Chars de Bologne. Un Fiat 3000 M.21 fut modifiée car, comme le montra l'étude des deux officiers, la modification n’entrainait pas de transformations de la caisse ou de l'armement (utilisable indépendamment du lance-flammes). Un réservoir pour le liquide inflammable fut placé derrière le compartiment moteur, au lieu de la queue de franchissement. De la tourelle, un long canon dépassait à partir duquel le liquide inflammable était pulvérisé à haute pression. Le réservoir de liquide inflammable avait une capacité de 270 L tandis que le lance-flammes avait une autonomie moyenne de 6 heures et une portée de 100 m.
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Fiat 3000 Nebbiogeno (1925)
Au fil des ans, d'autres versions furent testées, comme le générateur d'écran de fumée testé en 1925 lors d'un exercice d'entraînement majeur impliquant de nombreuses unités italiennes. Il était équipé de 2 réservoirs cylindriques contenant de l'acide sulfurique, dans lesquels étaient acheminés les gaz d'échappement générés par le moteur. L'acide sulfurique et le CO2 du moteur réagissaient, formant un épais écran de fumée blanche. Plus tard, lors de la journée de l'armée chimique à Rome (1935), certains Fiat 3000 M.21 furent modifiées avec 2 diffuseurs d'écran de fumée placés dans la partie arrière de la caisse. Aucune des deux variantes ne fut jamais construite en série.
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Fiat 4000
Le Fiat 4000 fut conçu à la fin des années 20 pour le transport d'artillerie de moyen calibre, mais resta au stade de la conception. Le véhicule aurait pesé 3 t et aurait utilisé le même moteur que la Fiat 3000.
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Fiat 3000 Tipo 2 (1925)
Le rapport du 25 mai 1925 du Bureau de Commandement du Département des Chars mit en évidence les principaux défauts du Fiat 3000 M.21 ainsi que la conception d'un nouveau char qui devait le remplacer, appelé Tipo 2. La conception de ce nouveau véhicule avait déjà été montrée au chef d'état-major de l'armée le 12 janvier 1925. La conception prévoyait un véhicule plus grand que le Fiat 3000, armé d'un canon à tir rapide de 37mm, avec 270 obus, et d'un mitrailleuse FIAT M.24, avec 4 500 cartouches, dans la tourelle. Le blindage fut également augmenté, porté à 20mm dans les zones les plus sensibles aux coups ennemis. Le moteur à essence devait avoir une puissance d'au moins 75 ch.
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En Action
Le Fiat 3000 resta en service dans l'Armée Royale Italienne pendant environ 20 ans, de 1923 à 1943. Ils devinrent les premiers chars dont l'Armée Italienne était équipée et permirent aux officiers d'apprendre et de développer la doctrine d'utilisation des chars qui serait encore utilisée pendant la Seconde Guerre Mondiale. Les premiers Fiat 3000 équipaient la Compagnie de Chars Autonome basée à Rome. Dans les années suivantes, cette unité s'agrandit et augmenta son effectif, devenant le Bataillon de Chars composé d'un groupe de commandement et de 2 Groupes de Chars, chacun composé de 3 escadrons, pour un total de 24 chars pour chaque bataillon. En 1926, l'unité devint un Centre d’Entrainement de Chars composé de l'unité de commandement, de l'unité logistique, des groupes d’entrainements et des unités de chars. En 1927, le Centre fut transformé en Régiment de Chars, composé d'une unité de commandement et de 5 bataillons de 2 compagnies chacun. Chaque compagnie était équipée de 8 à 16 chars + le char de commandement du commandant de compagnie. En 1931, le nouveau règlement d'entraînement stipulait que les Fiat neutraliseraient les défenses ennemies en aplanissant les obstacles matériels et les centres de résistance. Les chars à mitrailleuses devaient tirer sur le personnel ennemi et neutraliser les nids de mitrailleuses ou les positions antichars, tandis que les chars à canon devaient contrer les chars et les bunkers ennemis. Le nombre de chars armés de canons et de mitrailleuses par unité est inconnu.
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Fiat 3000B lors d’une démonstration publique à Asiago, 12 août 1931. -
En 1933, selon la Circulaire n°1399 de l'État-Major de l'Armée Royale Italienne du 7 mars 1932, 4 bataillons Fiat 3000 étaient prévus pour la mobilisation : le 2ème Bataillon avec 2 compagnies de 7 chars chacun, les 3, 4 et 5èmes bataillons avec 3 compagnies de 10 chars chacun et 4 chars à canon qui étaient gardés en réserve. Cependant, le Fiat 3000 montrait son âge et était clairement considérée par beaucoup comme obsolète. Les Fiat 3000 italiens ne participèrent pas à la Seconde Guerre d’Éthiopie ni à la Guerre Civile Espagnole. Avec la création des brigades blindées en 1937, 2 régiments furent nés. Il s'agissait du 31ème Régiment de Chars d’Infanterie, qui commandait les 1er et 2ème bataillons, et du 32ème Régiment de Chars d’Infanterie, qui commandait les 3 et 4èmes bataillons. Six Fiat 3000, armés de mitrailleuses Lewis de 7,7 mm, étaient présents à Macallè (dans l'actuelle Érythrée) en 1937 pour la défense de l'aérodrome de la même ville. Avec l'apparition du nouveau « char de percée », le M11/39, en 1939, les Fiat 3000 furent reléguées à l'équipement des unités de seconde ligne. Sur 127 véhicules, 90 étaient encore utilisés dans la 131ème Division Blindée Centauro et la 132ème Blindée Ariete, dans le Bataillon d’Instruction de Bologne et la Compagnie Motorisée à Zara en Croatie. En septembre 1939, il fut décidé d'utiliser 50 Fiat 3000 pour composer les compagnies frontalières de chars. Bien qu'il soit plus avancé que le Renault FT dont il dérive à plusieurs égards, le Fiat 3000 n'eut pas autant de succès à l'exportation. La raison en est en partie parce qu'il devint obsolète très rapidement et avait de faibles chiffres de production par rapport au Renault FT, qui était disponible en beaucoup plus grand nombre depuis le début. Une vingtaine de Fiat 3000 furent vendues ou transférées dans d'autres pays. Les véhicules achetés servaient à des essais mais ne répondaient pas aux exigences de l'armée à laquelle le véhicule était destiné. La Garde-Frontière (GaF), l'unité chargée de la défense des frontières italiennes, était équipée de véhicules blindés pour contrer l'action d'éventuels chars « alpins » ennemis. Leur homologue était l'Armée des Alpes française, qui avait des unités équipées de Renault FT. Les compagnies italiennes furent constituées le 31 janvier 1940. Ceux-ci étaient organisés en une escouade de commandement et 3 pelotons de chars avec un total de 4 officiers, 5 sous-officiers, 36 soldats, 10 chars, 2 camions lourds, 2 remorques à plateau, un camion léger et 2 motos biplaces. Cinq compagnies frontalières de chars furent créées. Il existe des informations disponibles sur la 1ère Compagnie de Chars. En juin 1942, la compagnie fut intégrée au 3ème Bataillon de Chars Légers du 31ème Régiment de Chars d’Infanterie affecté à la 131ème Division Blindée Centauro.
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Équipage posant avec leur Fiat 3000B. -
La 2ème Compagnie de Chars était située à Borgo San Dalmazzo au début de 1940, affectée au 2ème Corps. Là, il opère pendant la campagne des Alpes occidentales (juin 1940) contre la France. Après la campagne, il fut transféré à la frontière orientale avec la Yougoslavie, où il fut affecté au 22ème Secteur des Gardes-Frontières affecté à la 13ème Division d’Infanterie Re. La 3ème Compagnie de Chars fut créée à Caserte en mars 1940 et placée sous le commandement du lieutenant Pasquale Mele. Il était destiné aux îles italiennes de la mer Egée. L'unité se composait d'un peloton de commandement (avec un Fiat 3000 de commandement, un Fiat 3000 M.30 armé d'un canon 37/40, une équipe de réparation et de récupération), le 1er Peloton de Chars Légers avec des Fiat 3000 M.1930 à Calitea, le 2ème munit du même équipement à Chioccola, et le 3ème Peloton de Chars Mixte avec des Fiat 3000 M.21 & M.30. Le peloton de commandement était composé de 4 officiers, 3 sous-officiers et 25 soldats. L'unité était alors équipée d'une voiture d'état-major, de 2 motos et d'une remorque à plateau. Pour transporter les chars, 5 camions légers et 2 camions lourds appartenant au 50ème Unité Motorisé Mixte de la Mer Égée furent mis à la disposition de la compagnie. En juillet 1942, le lieutenant Mele fut remplacé par le lieutenant Giovanni Furetti. L'unité (également appelée 1ère Compagnie de Chars Légers L5) disposait de 10 à 12 Fiat 3000 opérationnels. Au fil du temps, certains des anciens Fiat 3000, faute de pièces détachées, devinrent inutilisables. La 4ème Compagnie de Chars était située dans la région de Césane au début de 1940, affectée au 7ème Secteur des Gardes-Frontières du 4ème Corps. Après l'entrée en guerre de l'Italie le 10 juin 1940, la première action de l'Armée Royale fut la Campagne des Alpes contre les forces françaises, qui dura du 21 au 25 juin. Au cours de cette campagne, quelques Fiat 3000 M.21 de la compagnie soutinrent l'action d'un peloton de carabiniers contre les troupes françaises lors de l'occupation du Mont Genèvre. Après la Campagne dans les Alpes, la 4ème Compagnie fut transférée à la frontière yougoslave et placée sous le contrôle du 22ème Secteur des Gardes-Frontières, affecté à la 13ème Division d’Infanterie Re. La dernière compagnie était la 5ème Compagnie de Chars. Au début de 1940, il était situé à Vintimille, affecté au 1er Secteur des Gardes-Frontières. Aucune action de cette unité n'est connue durant la Campagne des Alpes. Il fut ensuite transféré à la frontière avec la Yougoslavie, devenant d'abord une partie de la 15ème Division d’Infanterie Bergamo puis, le 5 septembre 1940, il fut affecté au 27ème Secteur des Gardes-Frontières, rapportant directement au 5ème Corps. Avec la fin des hostilités avec la Yougoslavie, les trois compagnies placées dans la péninsule italienne (2, 4 et 5èmes compagnies) furent dissoutes. Les Fiat 3000 encore opérationnels étaient divisés en 2 compagnies de 9 chars situées en Sicile, avec les 12 & 14èmes corps. Tous deux furent perdus lors d'opérations en Sicile en juillet 1943.
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Seconde Guerre Italo-Senussi (1922-1932)
Après la fin de la guerre italo-turque en Libye en 1912, la population locale Senussi se révolta contre la domination italienne et occupa tout le territoire libyen à l'exception des villes côtières, qui restèrent aux mains des Italiens. Après la fin de la Première Guerre Mondiale, le Royaume d'Italie décida de regagner le territoire perdu depuis 1914. La guerre commença en janvier 1922 et se termina 10 ans plus tard avec l'occupation italienne de toutes les régions libyennes. En 1926, le Fiat 3000 reçut son baptême du feu. La Compagnie de Chars faisait partie de la colonne rapide du colonel Ronchetti qui occupa Giarabub le 7 février 1926.
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Tableau de Plinio Nomellini intitulé In Libia, 1930. Ce tableau s’inscrit dans l’adhésion de l’auteur au fascisme et la justification de la pacification de la Libye par le régime de Mussolini. -
Seconde Guerre Mondiale (1939-1945)
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Campagne des Balkans (1940-1941)
En 1939, la 1ère Compagnie Frontalière de Chars fut transférée à Scutari en Albanie, lors de l'invasion de la Yougoslavie par l'Axe en avril 1941, l'unité fut regroupée dans le 3ème Bataillon des Gardes-Frontières et transféré entre Tarabosh et Bojana pour défendre les positions antichars situées à Kurt Alai. La Compagnie repoussa une attaque yougoslave le 11 avril, restant à Kurt Alai jusqu'au 15. Ensuite, elle avança avec d'autres unités italiennes au Monténégro, puis retourna à Scutari et y resta en garnison. En juillet 1941, l'unité fut déployée au Monténégro en soutien de la 18ème Division d’Infanterie, où elle intervient pour soutenir les actions antiguérilla italiennes. Le 13 juillet, il commença le transfert à Podgorica avec le 2ème Bataillon de la Gardes des Finances. En raison du manque de remorques à plateau nécessaires pour transporter les 8 Fiat 3000, l'unité dut procéder sur des pistes et atteignit sa destination, parcourant 70 km en plus de 18 heures. Immédiatement après, l'unité reçut l'ordre de se diriger vers Cettinge, alors capitale du Monténégro, mais la commande fut annulée en raison du mauvais état des chars de la compagnie. Ceux-ci restèrent stationnés à Podgorica jusqu'à l'armistice. La Compagnie Mécanisée de Zadar avait des chars L, des voitures blindées Lancia 1ZM et quelques Fiat 3000 étaient stationnés à Zadar, sur la côte adriatique de la Croatie moderne. En avril 1941, cette unité, avec le 11ème Bataillon de Bersagliers, occupa Benkovac, Knin, Šibenik et Split.
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Des mitrailleurs italiens en action sur le front gréco-albanais, hiver 1940-41. -
Les forces d'occupation italiennes en Yougoslavie furent assez surprises par le soulèvement soudain des partisans. Le 13 juillet 1941, au Monténégro, les partisans lancèrent une attaque contre les forces italiennes. Afin de réprimer ce mouvement de résistance au Monténégro, le 14ème Corps Italien fut mobilisé. Les Italiens ne pouvaient déployer qu'un soutien blindé limité pour leur opération. Une unité blindée, une compagnie de Fiat 3000 vieillissants, était présente dans la zone et se déploya rapidement. Ceux-ci furent probablement utilisés contre les partisans à partir du 15 juillet. Le 17 juillet, les partisans parviennent à détruire un char italien, probablement un Fiat 3000. L'utilisation de ces chars après cet incident n'est pas claire.
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Campagne de Sicile (1943)
La dernière utilisation des Fiat 3000 italiens remonte à juillet 1943, contre les forces alliées lors de l'Invasion de la Sicile. Deux compagnies, composées de 9 chars chacun, avaient été affectées à la 6ème Armée. La 1ère Compagnie était stationnée à Scordia, tandis que la 2ème était à Licata. La 1ère Compagnie fut utilisée par le 12ème Corps d'Armé pour créer des nids de mitrailleuses, enterrant les chars, pour la 207ème Division Côtière. La 2ème Compagnie, sous le commandement du capitaine de réserve Angelotti Francesco, faisait partie du Groupe Mobile H affecté au 16ème Corps d'Armé. Le groupe mobile était stationné à Caltagirone et devait défendre l'aérodrome de San Pietro. Le 10 juillet 1943, l'unité fut utilisée pour éliminer les parachutistes du 504ème Régiment d’Infanterie Parachutistes Américains autour de l'aérodrome. Les chars, en raison de leur extrême lenteur, étaient transportés à proximité de l'aérodrome sur les camions du 23ème Groupe de Transport. À 12h35, le 3ème Bataillon de Parachutistes Américains, commandé par le premier lieutenant Peter J. Eaton, affronte une colonne d'infanterie italienne appuyée par des Fiat 3000. Les Américains forcèrent l'unité ennemie à battre en retraite, éliminant un Fiat 3000 avec le feu de 2 canons italiens 47/32 qui avaient été précédemment capturés. À 19h30, le commandant de l'aérodrome de San Pietro déclare que 50 parachutistes furent capturés dans les combats près de l'aérodrome grâce à l'appui de 2 Fiat 3000.
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Des avions italiens détruits et endommagés, dont un Fiat C.R.42 au premier plan, à l'extérieur de hangars détruits par des bombes, Catane, Sicile, 1943. -
Le 12 juillet, la 9ème Compagnie de Fusiliers Italiens, appuyée par une escouade de mitrailleuses et 2 Fiat 3000, fut transférée à Ficuzza. Là, ils affrontent les parachutistes américains jusqu'à 17 heures, en en capturant 4 et en en tuant 6. Le 13 juillet, afin de défendre l'aérodrome de l'attaque du 180ème Régiment d’Infanterie Américains, le commandant du Groupe Mobile H, le lieutenant-colonel Luigi Cixi, ordonne les Fiat 3000 à se positionner sur le périmètre de l'aérodrome. L'attaque américaine commença à 22 heures. Les unités italiennes résistèrent pendant une heure mais durent ensuite battre en retraite et la 2ème Compagnie perdit 5 Fiat. Six des 9 Fiat 3000 avaient été perdues, mais le sort des 3 autres est inconnu, et ils furent probablement abandonnées ou détruits par le feu ennemi. Les Italiens essayaient essentiellement de repousser une invasion impliquant des chars modernes, tels que les Sherman, avec un char à peine différent de ceux utilisés sur les champs de bataille de la Première Guerre Mondiale une génération plus tôt.
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Conclusion
À ses débuts, le fiat 3000 était un bon véhicule, apprécié pour ses aptitudes en montée, le moteur particulièrement puissant, qui lui permettait une vitesse élevée pour l'époque, et un blindage respectable. Précisément, cela convainquit les chefs militaires italiens d'étudier une version armée d'un canon, sans se rendre compte qu'à la fin des années 20, il s'agissait déjà d'un véhicule obsolète. Dans les années 30 & 40, son obsolescence se fit sentir dans les quelques affrontements auxquels il participa et les quelques véhicules restants furent utilisés en deuxième ligne ou comme entraîneurs jusqu'en 1943.
Fiat 3000