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Genèse & Production
Pendant la Première Guerre Mondiale, l’Armée Royale Italienne combattit l’Empire Austro-Hongrois à la frontière nord-est de l’Italie. Ce territoire étant montagneux, il amena les combats de tranchées typiques de ce conflit à plus de 2 000 m d'altitude. Suite à l'expérience des combats de montagne, entre les années 20 & 30, l’Armée Royale et les deux sociétés impliquées dans la production de chars, Ansaldo et FIAT, chacune demanda ou conçut seuls les véhicules blindés adaptés au combat en montagne. La série L3 de 3 t, le L6/40 lui-même et le M11/39 étaient des véhicules petits et légers adaptés à cet environnement.
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L6/40. -
Pour donner une idée, l'Armée Royale était tellement obsédée par le combat en haute montagne que même l’AB 40 fut développé avec des caractéristiques similaires. Il devait pouvoir traverser facilement les routes de montagne étroites et escarpées et franchir les ponts en bois caractéristiques, qui pouvaient supporter peu de poids. Les L3 & M11/39 étaient équipés d'un armement placé dans la casemate, non pas parce que l'industrie italienne n'était pas en mesure de produire et de construire des tourelles rotatives, mais parce qu'en montagne, lors d'opérations sur des chemins de terre étroits ou dans des hautes montagnes et villages, il était physiquement impossible d'être débordé par l'ennemi. Par conséquent, l'armement principal n'était nécessaire que pour l'avant, et le fait de ne pas avoir de tourelle permettait de gagner du poids. Le L6/40 suivait ces spécifications de combat en montagne, avec une largeur max de 1,8 m qui lui permettait de circuler sur toutes les routes de montagne et sentiers muletiers que les autres véhicules auraient du mal à emprunter. Son poids était également très faible, 6,84 t, prêt au combat avec l'équipage à bord. Cela permettait de franchir de petits ponts sur les routes de montagne et de dépasser facilement même sur des terrains meubles. Lors de la Seconde Guerre Italo-Éthiopienne (1935-1936), le haut commandement de l'Armée Royale Italienne ne fut pas impressionné par les performances des L3, mal blindés et mal armés. L’Armée Royale émit une demande pour un nouveau char léger équipé d'une tourelle et armé d'un canon. FIAT de Turin et Ansaldo de Gênes lancèrent un projet commun pour le nouveau char utilisant le châssis du L3/35, la dernière évolution de la série L3. En novembre 1935, ils dévoilèrent le Carro d'Assalto Modello 1936 avec le même châssis et le même compartiment moteur que le L3/35 de 3 t, mais avec une nouvelle suspension à barre de torsion, une superstructure modifiée et une tourelle individuelle avec un canon de 37mm.
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Carro d’Assalto Modello 1936 lors d’essais au CSM de Rome, 12 novembre 1935. -
Après des tests au terrain d'essai d'Ansaldo, le prototype fut envoyé au Centre d'Études sur la Motorisation (CSM) à Rome. Le CSM était le service italien chargé d'examiner les nouveaux véhicules pour l’Armée. Lors de ces tests, le prototype réalisa des résultats mitigés. La nouvelle suspension fonctionna très bien, surprenant les généraux italiens, mais le centre de gravité du véhicule en conduite tout-terrain et en tir posait problème. En raison de ces performances peu satisfaisantes, l’Armée Royale demanda un nouveau design. En avril 1936, les deux mêmes sociétés présentèrent le Carro Cannone Modello 1936, une modification totalement différente du L3/35. Il avait un canon de 37mm sur le côté gauche de la superstructure avec une course limitée et une tourelle rotative armée de quelques mitrailleuses. Ce véhicule n'était pas ce que l'armée avait demandé. Ansaldo & FIAT avaient seulement tenté de développer un véhicule de soutien pour les bataillons L3, mais avec un succès limité. Le véhicule fut également testé sans tourelle, mais ne fut pas accepté en service car il ne répondait pas aux exigences de l’Armée.
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Carro Cannone Modello 1936. -
Après l'échec du dernier prototype, FIAT & Ansaldo décidèrent de lancer un nouveau projet, un tout nouveau char doté de barres de torsion et d'une tourelle rotative. Selon l'ingénieur Vittorio Valletta, qui travailla avec les deux sociétés, le projet fut né à la demande d'un pays étranger non précisé, mais cela ne peut être confirmé. Il fut financé par les fonds propres des deux sociétés. Le développement ne commença qu’à la fin de 1937 en raison de problèmes bureaucratiques. L'autorisation pour le projet avait été demandée le 19 novembre 1937 et ne fut délivrée par le Ministère de la Guerre que le 13 décembre 1937. En effet, il s'agissait d'un projet privé de FIAT & Ansaldo et non d'une demande de l'Armée Italienne. C'est probablement FIAT qui finança la majeure partie du développement. Une partie de la production et tout l'assemblage du véhicule furent centrés dans l'usine SPA, filiale de FIAT à Turin, selon le document n°8 signé par les deux sociétés. Le prototype, armé de 2 mitrailleuses dans la tourelle, fut baptisé M6, puis L6 lorsque la circulaire n°1400 du 13 juin 1940 augmenta la limite de catégorie des chars moyens de 5 à 8 t. Le 1er décembre 1938, l’Armée Royale avait émis une demande (Circulaire n°3446) pour un nouveau char « moyen » appelé M7 d'un poids de 7 t, d'une vitesse max de 35 km/h, d'une autonomie opérationnelle de 12 heures et un armement composé d'un canon automatique de 20mm avec une mitrailleuse coaxiale ou de 2 mitrailleuses dans une tourelle à 360°. FIAT & Ansaldo n’hésitèrent pas et offrirent leur M6 au Haut Commandement de l’Armée Royale. Toutefois, il ne répondit qu’à une partie des demandes du M7. Par exemple, le M6 (puis le L6) avaient une autonomie de seulement 5 heures au lieu de 12. Le prototype de FIAT & Ansaldo fut présenté aux plus hautes autorités de l'État-Major de l'Armée à Villa Glori le 26 octobre 1939. Le Haut Commandement Italien ne fut pas impressionné par le M6. Le même jour, le général Cosma Manera du CSM se montra cependant intéressé par le véhicule, proposant de l'accepter en service à condition que l'armement soit remplacé par un canon automatique de 20mm monté dans la tourelle. Aux yeux du général Manera, cette solution, en plus d’augmenter les performances anti-char, le rendrait également capable d’engager des avions. Peu de temps après, Ansaldo présentait un nouveau prototype du M6. Le nouveau M6 fut proposé avec 2 combinaisons d'armement différentes dans la même tourelle monoplace plus haute : soit un canon 37/26 de 37mm avec une mitrailleuse coaxiale de 8mm, soit un canon automatique Breda 20/65 M.1935 de 20mm accompagné de la même mitrailleuse. Malgré les souhaits du général Manera, la deuxième option n'avait pas une élévation du canon suffisamment élevée pour permettre au canon principal d'engager des cibles aériennes, sans parler du fait qu'avec la mauvaise visibilité du commandant depuis la tourelle, cela était presque impossible pour repérer une cible aérienne qui s'approcherait rapidement. Malgré l'échec de cette exigence, le prototype armé du canon automatique de 20mm fut testé par le CSM entre 1939 & 1940. Au cours d'un de ces essais en terrain accidenté, il prit feu après le renversement du char à San Polo dei Cavalieri, à 50 km de Rome, en raison du centre de gravité élevé causé par une mauvaise disposition des réservoirs d'essence dans le compartiment moteur.
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M6 lors des essais. Derrière lui, un L3/35 de 3 t effectue probablement les mêmes tests à titre de comparaison. -
Après avoir été récupéré et avoir subi les modifications nécessaires, le prototype M6 participa à de nouveaux tests. Le prototype fut accepté en avril 1940 sous le nom de Carro Armato L6/40, abréviation de Carro Armato Leggero da 6 tonnellate Modello 1940. Il fut ensuite rebaptisé Carro Armato L6 et, à partir du 14 août 1942, avec la circulaire n°14350, le nom fut changé en Carro Armato L40. Aujourd'hui, la désignation courante est L6/40. Le premier modèle de série se distinguait du prototype armé du canon automatique de 20mm par l'installation du cric sur l'aile avant droite et d'une barre d'acier et d'un support de pelle sur l'aile avant gauche. La seule boîte à outils, située sur l'aile arrière gauche du prototype, fut remplacée par 2 boîtes à outils plus petites, laissant la place à un support de galet de secours sur l'aile arrière gauche. Les bouchons des réservoirs de carburant furent également déplacés. Ils étaient isolés du compartiment moteur afin de diminuer les risques d'incendie en cas de renversement. Sur les exemplaires de production, le mantelet fut légèrement modifié et le toit de la tourelle légèrement incliné vers l'avant pour accueillir ce nouveau mantelet. Les plaques blindées étaient forgées par les Aciéries de Terni. Les moteurs étaient conçus par FIAT et produits par sa filiale Società Piemontese Automobili (SPA) à Turin. San Giorgio de Sestri Ponente près de Gênes produisit tous les dispositifs optiques des chars. Magneti Marelli de Corbetta, près de Milan, produisait le système radio, les batteries et le démarreur. Breda de Brescia produisait les canons automatiques et les mitrailleuses, tandis que l'assemblage final était réalisé à Turin par l'usine SPA de Corso Ferrucci. Le 26 novembre 1939, le général Alberto Pariani écrit au général Manera pour l'informer que, lors de la visite de Mussolini à l'usine Ansaldo-Fossati de Sestri Ponente, les chaînes de montage de certains véhicules, comme le M13/40 et le L6/40, à l'époque encore appelés M6, étaient prêts et il ne leur restait plus qu'à signer le contrat de production avec les entreprises. Hormis les prototypes, les L6/40 n'étaient produits qu'à Turin, on ne sait donc pas à quoi Pariani faisait référence. Lors de la visite de Mussolini à Sestri Ponente, les techniciens de FIAT informèrent le dictateur et le général italien que la chaîne de montage des L6 était prête et Pariani confondit le lieu où elles seraient produites. Dans la lettre, le général Pariani exhortait à décider quel armement serait choisi, car FIAT-Ansaldo n'avait pas encore reçu de nouvelles du modèle recherché par l’Armée Royale, le canon de 20 ou celui de 37mm. Le 18 mars 1940, l’Armée Royale commanda 583 L6/40, 241 M13/40 & 176 AB. Cet arrêté fut formalisé et signé par la Direction Générale des Véhicules Automobiles. C'était avant même l'approbation du M6 pour le service. Dans le contrat, il était mentionné une production de 480 L6/40 par an. C’était en fait un objectif difficile à atteindre, même avant la guerre. En septembre 1939, une analyse de FIAT-SPA rapportait qu'à capacité maximale, leurs usines pouvaient produire 20 voitures blindées, 20 chars légers (30 max) et 15 chars moyens par mois. Ce n’était qu’une estimation et la production d’Ansaldo ne fut pas prise en compte. Néanmoins, l’objectif de 480 chars/an ne fut jamais atteint, atteignant seulement 83% de la production annuelle prévue, même si SPA convertit l’usine de Corso Ferruccio uniquement pour la production de L6. Les premières livraisons n'eurent lieu que le 22 mai 1941, soit 3 mois plus tard que prévu. Fin juin 1941, l'arrêté fut modifié par l'Inspection Supérieure des Services Techniques. Sur les 583 L6 commandés, 300 châssis deviendraient des canons automoteurs à support léger Semoventi L40 da 47/32 sur le même châssis L6, tandis que le nombre total de L6/40 serait réduit à 283, en maintenant la commande précédente de 583 L6 dérivés. Après d'autres commandes, 414 L40 furent construits par l'usine SPA de Turin.
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L'un des premiers L6/40 produits dans l'usine Ansaldo-Fossati de Sestri Ponente, près de Gênes. Le slogan était « Croire, Obéir & Combattre », l’une des devises fascistes les plus populaires à l’époque. -
Une analyse fut effectuée par le Ministère de la Guerre, qui indiqua que le nombre de L6 nécessaires à l'Armée Royale était d'environ 240 unités. Cependant, le chef d'État-Major de l'Armée Royale Italienne, le général Mario Roatta, totalement peu impressionné par le véhicule, avait adressé à FIAT un contre-ordre le 30 mai 1941 réduisant le total à seulement 100 L6/40. Malgré le contre-ordre du général Roatta, la production se poursuivit et, le 18 mai 1943, une autre commande fut passée pour officialiser la poursuite de la production. Au total, 444 L40 étaient destinés à la production. FIAT et l’Armée décidèrent que la production serait arrêtée le 1er décembre 1943. À la fin de 1942, environ 400 L6/40 avaient été produits, mais tous n'étaient pas livrés, tandis qu'en mai 1943, il restait 42 L6 à produire pour compléter la commande. Avant l'armistice, 416 exemplaires avaient été produits pour l’Armée Royale. 17 autres L6 furent produits sous l'occupation allemande de novembre 1943 à fin 1944, pour un total de 432 L6/40 produits. Les causes de ces retards étaient multiples. L'usine SPA de Turin comptait plus de 5 000 ouvriers employés à la production de camions, de véhicules blindés, de tracteurs et de chars pour l'armée. Les 18 & 20 novembre 1942, l'usine fut la cible des bombardiers alliés qui larguèrent des bombes incendiaires et hautement explosives qui causèrent de lourds dégâts sur l'usine SPA. Cela retarda la livraison des véhicules pour les deux derniers mois de 1942 et pour les premiers mois de 1943. La même situation se produisit lors des bombardements intenses des 13 & 17 août 1943. Parallèlement aux bombardements, l’usine fut paralysée par les grèves ouvrières qui eurent lieu en mars et août 1943 contre les mauvaises conditions de travail et la baisse des salaires. À la fin de 1942 et au début de 1943, l’Armée Royale commença à évaluer les véhicules à privilégier pour la production et ceux auxquels accorder moins d'attention. Le Haut Commandement de l’Armée, bien conscient de l'importance des AB, donna la priorité à la production de l'AB 41 au détriment des L6/40. Cela entraîna une diminution drastique de la production de ce type de char léger, soit seulement 2 véhicules produits en 5 mois. À la sortie des chaînes de montage des L6/40, il n'y avait pas assez d'optiques San Giorgio et de radios Magneti Marelli pour eux, car celles-ci étaient livrées en priorité aux AB 41. Les dépôts de l’usine SPA étaient donc remplis de véhicules en attente d’achèvement. Dans certains cas, des L6/40 furent livrés à des unités pour un entraînement sans armement. Celui-ci fut monté au dernier moment, avant l'embarquement pour l'Afrique du Nord ou un autre front, faute de canons automatiques, également utilisés par les AB 41. Un autre problème du L6/40 était le transport de ces derniers. Ils étaient trop lourds pour être transportés sur des remorques développées par l'Arsenal de Turin de l’Armée Royale (ARET) dans les années 20. Les remorques ARET étaient utilisées pour transporter les L3 et anciens FIAT 3000. Le L6/40 avait un autre problème. Avec un poids prêt au combat de 6,84 t, il était trop lourd pour être chargé sur des camions moyens de l'Armée Italienne, qui avaient généralement une capacité de charge utile de 3 t. Pour les transporter, les soldats devaient utiliser les soutes de camions lourds de 5 à 6 t de charge utile max ou les remorques à 2 essieux Rimorchi Unificati da 15T produites par Breda et Officine. Viberti en petit nombre et affecté en priorité aux unités italiennes équipées de chars moyens. En effet, le 11 mars 1942, le Haut Commandement de l'Armée Royale publia une circulaire dans laquelle il ordonnait à certaines unités équipées de L6/40 de livrer leurs remorques de 15 t de charge utile à d'autres unités équipées de chars moyens.
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Affiche FIAT-SPA montrant un ouvrier de la SPA finissant un L6/40. -
Après une demande pour une nouvelle remorque de 6 t de charge utile, deux entreprises commencèrent à la développer : Officine Viberti de Turin et Adige Rimorchi. Les deux remorques étaient équipées de 4 roues fixées sur un seul essieu. La remorque Viberti, dont les essais commencèrent en mars 1942, possédait 2 vérins et une partie arrière inclinée, permettant le chargement et le déchargement du L6 sans rampes, tandis que la remorque Adige disposait également d'un système similaire. La remorque était équipée de 2 plates-formes inclinables. Lorsque le L6/40 devait être chargé à bord, les plates-formes étaient inclinées et, à l’aide du treuil du camion, les plates-formes étaient repositionnées en position de marche. L'Armée Royale Italienne ne résolut jamais vraiment le problème des remorques L6. Le 16 août 1943, le Haut Commandement de l'Armée Royale, dans un de ses documents, mentionne que le problème des remorques des L6 était toujours en cours de résolution.
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Prototype d'Ansaldo-Fiat avec un canon L/26 de 37mm et une mitrailleuse de 6,5mm dans la tourelle. -
Prototype d'Ansaldo-Fiat avec un canon L/26 de 37mm dans en casemate et une mitrailleuse de 6,5mm dans la tourelle. -
Prototype du L6, tourelle armée d'un canon de 37mm. -
Design
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Tourelle
La tourelle fut développée par Ansaldo et assemblée par SPA pour le L6/40 et également utilisée sur l’AB 41. La tourelle monoplace avait une forme octogonale avec 2 trappes : une pour le commandant/mitrailleur du véhicule sur le toit et la seconde à l'arrière de la tourelle, utilisée pour retirer l'armement principal lors des opérations de maintenance. Sur les flancs, la tourelle avait 2 fentes permettant aux commandants de vérifier le champ de bataille et d'utiliser leurs armes personnelles, même si le faire dans l'espace exigu de la tourelle n'était pas pratique. Sur le toit, à côté de l'écoutille, se trouvait un périscope San Giorgio avec un champ de vision de 30°, qui permettait au commandant une vue partielle du champ de bataille car il était impossible, en raison de l'espace limité, de le faire pivoter à 360°.
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Schéma de la tourelle et du mantelet. Contrairement aux modèles de série, cette tourelle ne disposait pas de support pour l'épiscope. -
Le poste du commandant n’avait pas de panier de tourelle et il était assis sur un siège pliable. Il actionnait le canon et la mitrailleuse à l'aide de pédales. Il n'y avait pas de générateur électrique dans la tourelle, les pédales étaient donc reliées aux poignées du canon au moyen de câbles flexibles. Ces câbles Bowden, les mêmes que ceux des freins de vélo, servaient à transmettre la force de traction de la pédale aux gâchettes.
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Tourelle. -
Intérieur de tourelle du prototype. Bien qu'il manquât des racks, des radios et d'autres équipements, c'était essentiellement le même que sur les versions de production. -
Blindage
Les plaques avant de la superstructure avaient une épaisseur de 30mm, tandis que celles du mantelet et du port du conducteur avaient une épaisseur de 40mm. Les plaques avant du carter de transmission et les plaques latérales avaient une épaisseur de 15mm, tout comme l'arrière. Le pont moteur avait une épaisseur de 6mm et le plancher avait des plaques de blindage de 10mm. Le blindage était produit avec de l'acier de mauvaise qualité en raison de problèmes d'approvisionnement en acier balistique, qui s’exacerbèrent à partir de 1939. L'industrie italienne n'était pas en mesure de fournir de très grandes quantités car l'acier de meilleure qualité était parfois réservé à la Marine Royale Italienne. Cette situation s’aggrava encore en raison des embargos imposés à l'Italie en 1935-1936 suite à l'invasion de l'Éthiopie et de ceux qui commencèrent en 1939, qui ne permirent pas à l'industrie italienne d'accéder à suffisamment de matières premières de haute qualité. Le blindage des L6/40 se fissurait souvent après avoir été touché (mais non pénétré) par des obus ennemis, même de petit calibre, comme les obus du canon QF 2-pdr de 40mm ou encore les fusil antichars Boys de 14mm. Les plaques de blindage étaient toutes boulonnées, une solution qui rendait le véhicule dangereux car, dans certains cas, lorsqu'un obus touchait le blindage, les boulons s'envolaient à très grande vitesse, blessant potentiellement les membres de l'équipage. Les boulons étaient cependant ce que les chaînes de montage italiennes pouvaient offrir de mieux, car le soudage aurait ralenti la cadence de production. Les boulons avaient également l'avantage de rendre le véhicule plus simple à fabriquer qu'un véhicule à blindage soudé et offraient la possibilité de remplacer très rapidement les plaques de blindage endommagées par des neuves, même dans les ateliers de terrain mal équipés.
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Caisse
Sur le côté avant se trouvait le capot de transmission, avec une grande trappe d'inspection qui pouvait être ouverte par le conducteur via un levier interne. Celui-ci était souvent maintenu ouvert pour refroidir les freins pendant les déplacements, notamment en Afrique du Nord. Une pelle et un pied-de-biche étaient placés sur l'aile droite, tandis qu'un support de cric arrondi était sur la gauche. Deux phares réglables étaient montés sur les côtés de la superstructure pour la conduite de nuit. Le conducteur était positionné à droite et disposait d'une trappe qui pouvait être ouverte par un levier monté à droite et, en haut, d'un épiscope de 19x3,6 cm qui avait un champ de vision horizontal de 30º, un champ de vision vertical de 8º et avait une traversée verticale de -1° à +18°. Quelques épiscopes de rechange étaient transportés dans une petite boîte sur la paroi arrière de la superstructure.
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Coupe longitudinale du L6/40 : 1. Barbotin. 2. Freins de direction et d'arrêt. 3. Demi-arbre d'entraînement du barbotin gauche. 4. Barres de torsion des bras de suspension. 5. Changement de vitesse avec réducteur. 6. Démarrage à pédale. 7. Arbre de levier de commande de direction. 8. Gaine d'arbre de transmission. 9. Tige de fixation du dossier du siège. 10. Galets caoutchoutés des bogies suspendus. 11. Chambre d'embrayage. 12. Bouchon d'accès à la vidange d'huile moteur. 13. Filtre à huile à disque. 14. Pompes à carburant. 15. Bouchon d'accès à l'évacuation d'eau du radiateur. 16. Polie de tension. 17. Accouplement pour la manivelle de démarrage du moteur. 18. Silencieux d'échappement. 19. Grille de sortie d'air chaud du compartiment moteur. 20. Ventilateur du radiateur. 21. Éléments de radiateur. 22. Buse d'introduction d'eau. 23. Goulotte de remplissage d'huile. 24. Réservoir d'eau de refroidissement du moteur auxiliaire. 25. Trappe arrière de tourelle. 26. Trappe arrière de tourelle. 27. Trappe supérieure coulissante. 28. Visière. 29. Levier de commande de trappe avant. 30. Mitrailleuse Breda M.1938 de 8mm. 31. Canon automatique Breda 20/35 de 20mm. 32. Trappe d'inspection pour l'ensemble différentiel et frein. 33. Cric hydraulique pour lever le char. 34. Poignée d'ouverture de trappe. 35. Levier du réducteur de vitesse. 36. Levier de changement de vitesse. 37. Pédales de commande de tir du canon et de la mitrailleuse. 38. Boîte de rangement pour obus. 39. Boîte de rangement pour cartouches de mitrailleuse. 40. Siège rabattable du tireur. 41. Commande de rotation de tourelle. 42. Commandes d’élévation du canon et de la mitrailleuse. -
À gauche, le conducteur disposait du levier de vitesses et du frein à main, tandis que le tableau de bord était placé à droite. Sous le siège du conducteur se trouvaient les deux batteries de 12 V produites par Magneti Marelli, qui servaient à démarrer le moteur et à alimenter les systèmes électriques du véhicule. Au milieu du compartiment de combat se trouvait l'arbre de transmission qui reliait le moteur à la transmission. En raison du peu d'espace à l'intérieur, le véhicule n'était pas équipé d'un système d'interphone.
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Glacis. -
Nez. -
Un réservoir rectangulaire contenant l’eau de refroidissement du moteur se trouvait à l’arrière du compartiment de combat. Au milieu se trouvait un extincteur. Sur les côtés, il y avait 2 prises d'air pour permettre l'entrée d'air lorsque toutes les écoutilles étaient fermées. Sur la cloison, au-dessus de l'arbre de transmission, se trouvaient 2 portes d'inspection ouvrantes pour le compartiment moteur.
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Poste du conducteur. -
Les compartiments moteur et équipage étaient séparés par une cloison blindée, ce qui réduisait le risque de propagation du feu au compartiment équipage. Le moteur était situé au milieu du compartiment arrière, avec un réservoir de carburant de 82,5 L de chaque côté. Derrière le moteur se trouvaient le radiateur et le réservoir d'huile de lubrification. Le pont moteur comportait 2 grandes portes avec 2 grilles pour le refroidissement du moteur et, derrière, 2 prises d'air pour le radiateur. Il n'était pas rare que l'équipage voyage avec les deux écoutilles ouvertes lors des opérations nord-africaines afin de mieux aérer le moteur en raison des températures élevées.
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Plaque avant de superstructure. -
Côté gauche de la caisse supérieure. -
Plaque arrière. -
Le silencieux se trouvait sur la partie arrière des garde-boues, à droite. Sur les premiers véhicules produits, celle-ci n'était pas équipée d'une housse en amiante. Le couvercle dissipait la chaleur et était protégé par une plaque de fer pour éviter tout dommage. L'arrière du compartiment moteur avait une plaque amovible de forme ronde fixée avec des boulons et utilisée pour l'entretien du moteur. Un support pour la pioche et la plaque d'immatriculation avec feu stop rouge se trouvaient sur le côté gauche.
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Pont moteur & cloison blindée. -
Groupe Motopropulseur
Le moteur du L6/40 était un essence FIAT-SPA Tipo 18VT, 4 cylindres en ligne, refroidi par liquide, d'une puissance max de 68 ch à 2 500 tr/min. Son volume était de 4 053 cm³. Le même moteur était utilisé sur le Semovente L40 da 47/32, avec lequel il partageait de nombreuses parties du châssis et du groupe motopropulseur.
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Moteur FIAT-SPA Tipo 18VT. -
Le moteur pouvait être démarré électriquement ou manuellement à l'aide d'une poignée qui devait être insérée à l'arrière. Le carburateur Zenith Tipo 42 TTTVP était le même que celui utilisé sur les AB et permettait l'allumage même à froid. Une autre grande particularité de ce carburateur était qu'il assurait un débit de carburant régulé même sur des pentes de 45°. Le moteur utilisait 3 types d'huile différents, en fonction des températures dans lesquelles le véhicule fonctionnait. En Afrique, où la température extérieure dépassait les 30 °C, on utilisait de l’huile ultra-épaisse. En Europe, où les températures oscillaient entre 10 & 30 °C, on utilisait de l’huile épaisse, tandis qu’en hiver, lorsque la température descendait en dessous de 10 °C, on utilisait de l’huile semi-épaisse. Le manuel d'instructions recommandait d'ajouter de l'huile dans le réservoir de 8 L toutes les 100 heures de service ou tous les 2 000 km. Le réservoir d'eau de refroidissement avait une capacité de 18 L.
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Schéma d’alimentation du moteur. 1. Bouchon du réservoir gauche (capacité 90 L, dont 20 en secondaire). 2. Capteur électrique de niveau. 3. Évent avec valve flotteur. 4. Tuyau d’alimentation. 5. Tuyau d'alimentation du secondaire. 6. Faisceaux électriques de la jauge de niveau. 7. Tuyau d'aspiration de la pompe. 8. Pompe à membrane mécanique. 9. Régulateur de vitesse. 10. Tuyau d'alimentation du réservoir droit. 11. Carburateur Zénith 42 TTVP. 12. Bouchon du réservoir droit (capacité 75 L). 13. Sélecteur (robinet) de réservoir. 14. Conduite d'admission du moteur. 15. Accélérateur asservit par le régulateur de vitesse. 16. Levier de commande des gaz. 17. Bouton de commande du dispositif d'enrichissement du mélange carburateur. 18. Cadrans indicateurs lumineux de niveau d'essence. 19. Interrupteurs pour la lumière des cadrans. 20. Pédale d’accélérateur. 21. Tendeur de réglage. 22. Volet d'air froid sur la prise d'air chaud. 23. Filtre à air à huile. 24. Paille métallique. 25. Niveau d'huile (capacité 2 L). 26. Bouchon de vidange. 27. Fixation du plateau au filtre. 28. Flotteur indicateur de niveau. 29. Filtres d'admission de carburant. Capteur électrique de niveau : 30. Couvercle. 31. Alimentation électrique. 32. Balai rotatif. 33. Signal électrique de niveau. 34. Boîte de contact isolante. 35. Faisceau électrique. 36. Chambre d’étanchéité au mercure. 37. Tige à hélice pour flotteur. Pompe mécanique à membrane : 38. Fixation de la coupelle du filtre. 39. Coupelle en métal. 40. Écran filtrant. 41. Valve d’aspiration. 42. Membrane. 43. Soupape de refoulement. 44. Levier manuel pour amorcer la pompe. 45. Levier de commande de la pompe. 46. Embout. 47. Excentrique sur l'arbre à cames du moteur. -
Le moteur du L6/40 souffrait de démarrages à basse température, un phénomène particulièrement remarqué par les équipages déployés en URSS. SPA tenta de résoudre le problème en développant un système de préchauffage connecté à un max de 4 L6 réchauffant le compartiment moteur avant le déplacement du véhicule.
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Pont arrière. -
Les réservoirs de carburant de 165 L garantissaient une autonomie de 200 km sur route et environ 5 heures en tout-terrain, avec une vitesse de pointe sur route de 42 km/h et de 20-25 km/h sur terrain accidenté, selon le terrain sur lequel le char était en opération. Au moins un véhicule, immatriculé Regio Esercito 4029, fut testé avec des supports fabriqués en usine pour les bidons de 20 L. Un max de 5 bidons pour un total de 100 L de carburant pouvait être transportés par le L6, 3 du côté gauche de la superstructure et 1 au-dessus de chaque boîte à outils de garde-boue arrière. Ces bidons prolongeaient l'autonomie max du véhicule à environ 320 km. La transmission avait un seul embrayage à disque sec. La boîte de vitesses avait 4 vitesses avant et 1 arrière avec réducteur de vitesse.
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Les freins et les leviers de conduite reliés à la boîte de vitesses : 1. Volant de réglage du jeu du patin du frein inférieur, celui de direction et d'arrêt. 2. Écrous de réglage du jeu entre la mâchoire supérieure et la poulie. 3. Poulie à pales de ventilation. 4. Mâchoire supérieur. 5. Écrous de réglage de la tension du ressort de rappel de la mâchoire supérieure. 6. Mâchoires de frein à réaction. 7. Volant de réglage du jeu entre la mâchoire supérieure et la poulie. 8. Écrous de réglage du jeu de la mâchoire inférieure. 9. Traverse de support de mâchoire de frein (fixée à la boîte de vitesses). 10. Poulie de frein à réaction. 11. Ressort de fermeture du frein à réaction. 12. Levier de commande du frein directionnel et de stationnement. 13. Levier de commande de frein à réaction. 14. Crochet fixant le levier de débrayage à cliquet. 15. Leviers à main, droite et gauche, pour contrôler la direction et le freinage du char. 16. Tendeurs de réglage de course du levier de direction. 17. Arbres de retour. -
Suspension
Le train de roulement se composait d'un barbotin à 16 dents, de 4 galets jumelées, de 3 rouleaux porteurs et d'une poulie de tension arrière de chaque côté. Les bras oscillants étaient fixés sur les côtés du châssis et fixés à des barres de torsion. Les L6 & L40 furent les premiers véhicules de l'Armée Royale à entrer en service avec des barres de torsion. Le bogie à suspension frontale était probablement équipé d'amortisseurs pneumatiques. Les chenilles étaient dérivées de celles des L3 et étaient composées de 88 maillons de 26 cm de large de chaque côté.
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Train de roulement. -
Radios
La station radio du L6/40 était un émetteur-récepteur Magneti Marelli RF1CA-TR7 avec une plage de fréquences de fonctionnement comprise entre 27 & 33,4 MHz. Elle fonctionnait grâce à un dynamoteur AL-1 fournissant 9 à 10 W monté à l’avant de la superstructure, à gauche du conducteur. Il était connecté aux batteries de 12 V produites par Magneti Marelli. La radio avait 2 portées : Vicino (proche), avec une portée max de 5 km, et Lontano (lointain), avec une portée max de 12 km. La radio pesait 13 kg et était placée sur le côté gauche de la superstructure. Il était exploité par le commandant surchargé. À droite de la radio se trouvait un extincteur produit par Telum et rempli de tétrachlorure de carbone. L'antenne abaissable était placée sur le côté droit du toit et pouvait être abaissée de 90° vers l'arrière à l'aide d'une manivelle actionnée par le conducteur. Une fois abaissé, il réduisait la dépression max du canon jusqu'à -9°.
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Armement
Le L6/40 était armé d'un canon automatique à gaz Breda da 20/65 M.1935 de 20mm refroidi par air développé par le Groupe Ernesto Breda. Celui-ci fut présenté pour la première fois en 1932, après une série de tests comparatifs avec des canons automatiques produits par Lübbe, Madsen et Scotti. Il fut officiellement adopté par l’Armée Royale en 1935 comme canon automatique à double usage. C'était un excellent canon AA et antichar et, en Espagne, pendant la guerre civile, certains Panzer I de fabrication allemande furent modifiés pour accueillir ce canon dans leur petite tourelle afin de combattre les chars légers soviétiques déployés par les Républicains. À partir de 1936, le canon fut produit dans une variante montée sur véhicule et fut installé dans les L6/40 et les AB 41/43. Il était produit dans les usines Breda de Brescia et Rome et par l'usine d'armes de Terni, avec une production mensuelle moyenne max de 160 canons automatiques. Plus de 3 000 furent utilisés par l’Armée sur tous les théâtres de guerre. Des centaines furent capturés et réutilisés en Afrique du Nord par les troupes du Commonwealth, qui apprécièrent grandement leurs caractéristiques. Après l'armistice du 8 septembre 1943, plus de 2 600 canons automatiques Scotti-Isotta-Fraschini et Breda de 20mm furent produits au total pour les Allemands, qui rebaptisèrent ces derniers Breda 2 cm Flak 282(i).
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Canon automatique Breda 20/65 M.1935 lors d'une action AA en Grèce, hiver 1941. -
Le canon automatique avait un poids total de 307 kg avec son affût de campagne, ce qui lui donnait une rotation de 360°, une dépression de -10° et une élévation de +80°. Sa portée max était de 5,5 km. Contre les avions, il avait une portée pratique de 1,5 km et contre des cibles blindées, il avait une portée pratique max comprise entre 0,6 et 1 km. Dans toutes les variantes de canon, à l'exception de celles de char, le Breda était alimenté par des chargeurs de 12 obus chargés par l'équipage sur le côté gauche du canon. Dans la version char, le canon était alimenté par des chargeurs à 8 obus en raison de l'espace exigu à l'intérieur de la tourelle du véhicule. La vitesse initiale était d'environ 830 m/s, tandis que sa cadence de tir théorique était de 500 coups/min, qui tombait à 200-220 coups/min en pratique dans la version de campagne, qui avait 3 chargeurs et des chargeurs de 12 obus. À l'intérieur du char, le commandant/mitrailleur était seul et devait ouvrir le feu et recharger le canon principal, réduisant ainsi la cadence de tir. L'élévation max était de +20°, tandis que la dépression était de -12°.
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Soldat italien chargeant un chargeur de 12 obus pour le canon automatique Breda 20/65 M.1935 ou un Scotti-Isotta-Fraschini 20/70 M.1939, désert libyen, printemps 1941. -
Le canon automatique tirait l’obus B Long Solothurn de 20x138mm, l’obus de 20mm la plus couramment utilisée par les forces de l'Axe en Europe, comme le Lahti finlandais L-39 et le fusil antichar suisse Soleure S-18/1000 et les canons automatiques allemands Flak 38, italiens Breda et Scotti-Isotta-Fraschini. Pendant la guerre, le L6/40 utilisait probablement aussi des obus allemands. L'armement secondaire était composé d'une Breda Modello 1938 de 8mm coaxiale au canon, à gauche. Cette mitrailleuse fut développée à partir de la Breda Modello 1937 selon les spécifications émises par l'Inspection de l’Artillerie en mai 1933. Différentes compagnies d'armes italiennes commencèrent à travailler sur la nouvelle mitrailleuse. Les exigences étaient un poids max de 20 kg, une cadence de tir théorique de 450 coups/min et une durée de vie de 1 000 coups. Les sociétés étaient Metallurgica Bresciana, le Groupe Ernesto Breda, Ottico Meccanica Italiana (OMI) et Scotti. Breda travaillait sur une mitrailleuse de 7,92mm dérivée de la Breda M.1931, qui avait été adoptée par la Marine Italienne, depuis 1932, mais avec une alimentation de chargeur horizontale. Entre 1934 & 1935, les modèles développés par Breda, Scotti et Metallurgica Bresciana furent testés. Le Comité Technique Supérieur pour les Armes & Munitions de Turin rendit son verdict en novembre 1935. Le projet Breda (rechambré en 8mm) l'emporta. Une première commande de 2 500 unités de mitrailleuse moyenne Breda fut passée en 1936. Après une évaluation opérationnelle avec les unités, l'arme fut adoptée en 1937 sous le nom de Mitragliatrice Breda Modello 1937.
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Mitrailleuse Breda M.1938. -
Au cours de la même année, Breda développa une version pour véhicule de la mitrailleuse. Il s'agissait d'un modèle léger, équipé d'un canon raccourci, d'une poignée pistolet et d'un nouveau chargeur de 24 cartouches à courbure supérieure au lieu de clips à bande de 20. L'arme était réputée pour sa robustesse et sa précision, malgré sa fâcheuse tendance à s’enrailler si la lubrification était insuffisante. Son poids était jugé trop important par rapport aux mitrailleuses étrangères de l'époque. Elle pesait 15,4 kg, 19,4 kg dans la variante M.1937, faisant de cette arme la mitrailleuse moyenne la plus lourde de la Seconde Guerre Mondiale. La cadence de tir théorique était de 600 coups/min, tandis que la cadence de tir pratique était d'environ 350 coups/min. Il était équipé d'un sac en tissu pour les douilles usagées. Les cartouches RB pour mitrailleuses de 8x59mm furent développées par Breda exclusivement sa mitrailleuse. La Breda de 8mm avait une vitesse initiale comprise entre 790 & 800 m/s, selon la balle. Les perforantes pénétraient 11mm d'acier non balistique incliné à 90° à 100 m. Au total, 312 obus de 20mm étaient transportés dans le véhicule dans 39 chargeurs de 8 obus. Pour la mitrailleuse, 1 560 cartouches de 8mm étaient transportées dans 65 chargeurs. Les munitions étaient stockées dans des râteliers en bois peints en blanc et avec une bâche en tissu pour fixer les chargeurs. Quinze chargeurs de 8 obus étaient sur la paroi gauche de la superstructure, 13 autres cde étaient placés sur la partie avant du plancher, à gauche du conducteur, et le reste placé sur la partie arrière du plancher, à l'arrière à droite, derrière le conducteur. Les chargeurs de mitrailleuses étaient stockés dans des supports en bois similaires à l'arrière de la superstructure.
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Schéma des racks de munitions du L6/40. -
Équipage
L'équipage du L6/40 était composé de 2 membres. Le conducteur étaient placés à droite du véhicule et le commandant/mitrailleur juste derrière, assis sur un siège fixé à l'anneau de la tourelle. Le commandant était surchargé de tâche dans sa tourelle monoplace. Lors des attaques, les commandants devaient vérifier le champ de bataille, trouver des cibles, ouvrir le feu sur les positions ennemies, donner des ordres au conducteur, faire fonctionner la station radio du char et recharger le canon automatique et la mitrailleuse coaxiale. C’était essentiellement impossible à réaliser par une seule personne. Des véhicules similaires, comme le Panzer II allemand, avaient un équipage de 3 pour faciliter le travail du commandant. Les membres d'équipage provenaient généralement de l'École de Formation de Cavalerie ou de celle des Bersagliers.
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5ème Peloton, 2ème Compagnie, Bataillon de Chars de Bersagliers, Division Rapide, Armir (Chars italiens en Russie), Sud de la Russie, été 1941. -
Front russe. -
5ème Régiment Lancieri di Novara, Afrique du Nord, été 1942. -
Dépôt régimentaire du 19ème Régiment Guida, Parme, Italie, septembre 1943.
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Conversions
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L6/40 Centro Radio (1940)
Cette variante L6/40 avait un émetteur-récepteur radio Magneti Marelli RF 2CA monté sur la gauche du compartiment de combat. La Stazione Ricetrasmittente Magneti Marelli RF 2CA fonctionnait en mode graphique et vocal. Sa production commença en 1940 et avait une portée de communication max de 20 à 25 km. Il était utilisé pour les communications entre les commandants d'escadrons de chars, il est donc logique de supposer que les L6/40 équipés de ce type de radio étaient utilisés par les commandants d'escadrons/compagnies. Une autre différence entre le L6/40 standard et les Centro Radio était la puissance du dynamoteur, qui fut augmentée de 90 W dans le L6 standard à 300 W dans le Centro Radio.
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Centro Radio du 67ème Bataillon Blindée de Bersagliers en URSS. Les hommes d'équipage, qui portent le fez typique des bersagliers, déjeunent avec une bouteille de vin. -
Extérieurement, il n'y avait aucune différence entre les L6/40 & L6/40 Centro Radio, à l'exception des différentes positions des antennes. En interne, le deuxième dynamoteur était placé sur le côté gauche, près de la transmission. Le Centro Radio transportait une quantité réduite de munitions en raison de l'espace occupé par le boîtier émetteur et récepteur. Ce chargement fut réduit de 312 obus (39 chargeurs de 8) à 216 (27 chargeurs de 8), placées uniquement sur le sol du compartiment de combat.
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Le positionnement de l'équipement du L6/40 Centro Radio. Comme visible, le support de chargeurs de 20mm sur le mur de gauche fut réduit pour en contenir seulement 5. -
L6/40 Lanciafiamme (1942)
Ce L6/40 était équipé d'un lance-flammes. Le canon principal fut retiré, tandis qu'un réservoir de liquide inflammable de 200 L fut placé à l'intérieur. La quantité de munitions des mitrailleuses resta inchangée à 1 560 cartouches, tandis que leur poids augmenta à 7 t.
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Le prototype, immatriculé Regio Esercito 3812, fut officiellement mis en service le 1er septembre 1942. Cette variante fut produite en petit nombre, mais le nombre exact reste inconnu. -
Tests d'évaluation au Centre d’Études sur la Motorisation, Rome, 1942. -
L6/40 Cingoletta
Il s'agissait de la version italienne du Bren Carrier britannique remotorisé avec un moteur FIAT-SPA ABM1 (le même moteur que l’AB 40). Essentiellement, il avait la même structure que le transporteur d'armes britannique. Cependant, le véhicule n’avait pas de fonction précise. Il ne pouvait pas transporter de soldats (autres que les deux membres d'équipage et quelques autres soldats), ce n'était donc pas un APC. Il avait une charge utile de seulement 400 kg et ne pouvait rien remorquer au-delà du canon 47/32 M.1939 de 47mm, ce n'était donc pas un tracteur d’artillerie. Malgré cela, il était armé d'une mitrailleuse Breda M.1931 de 13,2mm dans un support sphérique frontal et d'une Breda M.1938 qui pouvait être monté sur l'un des deux supports AA, un à l'avant et un à l'arrière. Il était également équipé d'une station radio Magneti Marelli RF3M, alors peut-être qu'Ansaldo le développa comme poste de commandement.
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L6 Trasporto Munizioni (1942)
Fin 1941, FIAT & Ansaldo commencèrent le développement d'un nouveau chasseur de chars sur le châssis de son char moyen, le M14/41. Après les tests, le prototype fut accepté en service fin mars – début avril 1942 sous le nom de Semovente M41M da 90/53. Ce canon automoteur lourd était armé du puissant canon 90/53 M.1939 de 90mm. Le petit espace à bord ne permettait pas le transport de plus de 8 obus et de 2 membres d'équipage, FIAT & Ansaldo décidèrent donc de modifier le châssis de certains L6/40 pour transporter une quantité suffisante d’obus. Deux autres membres d'équipage, ainsi que 26 obus de 90mm, étaient transportés par chaque véhicule auxiliaire. Le véhicule était également équipé d’une mitrailleuse Breda M.1938 sur support AA et de râteliers pour les armes personnelles de l’équipage. Le véhicule remorquait généralement une remorque blindée avec 40 obus supplémentaires de 90mm, pour un total de 66 obus transportés.
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Groupe d'Artillerie Bedogni, Sicile, septembre 1943. -
Sermovente da 47/32 L40 (1942)
Voir Sermovente da 47/32 L40. (Prochainement)
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En Action
Les véhicules des premiers lots étaient destinés à équiper les écoles de formation italiennes. Lorsque le L6/40 fut mis en service, les unités qui en seraient équipées devaient être structurées comme les unités équipées du L3. Cependant, lors de l'entraînement à l'École de Cavalerie de Pinerolo et lors des essais de 4 L6 avec une compagnie d'essais déployée en Afrique du Nord, il fut jugé préférable de créer de nouvelles formations : des escadrons de L6 après octobre 1941. Dans le même temps, il fut décidé de déployer 2 de ces chars légers dans chaque Regroupement de Chars de Reconnaissance (RECo). Le RECo était l'unité de reconnaissance affectée à chaque division blindée et mécanisée italienne. L’Équipe de Reconnaissance Blindée (NECo), qui furent affectés après 1943 à chaque division d'infanterie, était composé d'un bataillon mixte avec un peloton de commandement, 2 compagnies de véhicules blindés avec 15 AB chacun, et une compagnie de chars de reconnaissance avec 15 L6/40. L'unité était complétée par une compagnie AA avec 8 canons automatiques de 20mm et deux batteries de Semoventi M42 da 75/18, avec un total de 8 canons automoteurs. Les escadrons de L6/40 se composaient d'un peloton de commandement, d'un peloton de chars en réserve et de 4 autres, pour un total de 7 officiers, 26 sous-officiers, 135 soldats, 28 L6/40, 1 voiture d'état-major, 1 camion léger, 22 camions lourds, 2 camions moyens, 1 camion de dépannage, 8 motos, 11 remorques et 6 rampes de chargement. Les nouveaux escadrons de L6 différaient de ceux de L3 par leur structure. Les nouveaux avaient 2 pelotons supplémentaires de chars.
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L6/40 regroupés dans une ferme de la province de Bologne, en Italie, lors d'un entraînement à la fin de 1941. -
Comme les unités d’AB 41, l'Armée Italienne faisait la distinction entre les différentes branches de l'armée, créant des groupes pour les unités de cavalerie et des bataillons pour les unités d'infanterie d'assaut de bersagliers. De nombreuses sources ne prêtent souvent pas attention à ce détail. En juin 1942, les bataillons ou groupes de L6 sont réorganisés en un peloton de commandement composé de 2 L6/40 de commandement et de 2 L6/40 Centro Radio et de 2 ou 3 compagnies (ou escadrons) de chars, chacune équipée de 27 L6 (54 soit 81 chars au total). Si l'unité comptait 2 compagnies (ou escadrons), elle était équipée de : 58 L6/40 (4+54), 20 officiers, 60 sous-officiers, 206 soldats, 3 voitures d'état-major, 21 camions lourds, 2 camions légers, 2 camions de dépannage, 20 motos biplaces, 4 remorques et 4 rampes de chargement. Si l'unité était dotée de 3 compagnies (ou escadrons), elle était équipée de 85 L6/40 (4+81), 27 officiers, 85 sous-officiers, 390 soldats, 4 voitures d'état-major, 28 camions lourds, 3 camions légers, 3 camions de dépannage, 28 motos biplaces, 6 remorques et 6 rampes de chargement. Le 14 décembre 1941, l'Inspection des Troupes Motorisées & Blindées rédigea les règles pour l'entraînement des trois premiers escadrons de L6/40. L'entraînement durait quelques jours et consistait en des essais de tir jusqu'à 700 m. Sont également inclus la conduite sur des terrains variés et une formation pratique et théorique destinée au personnel chargé de conduire des camions lourds. Chaque L6 disposait de 42 obus de 20mm, 250 cartouches de 8mm, 8 t d'essence tandis que pour le camionneur il y avait 1 t de gasoil pour la formation. La formation italienne sur les véhicules blindés était très médiocre. En raison du manque de matériel disponible, les équipages de chars italiens avaient peu d'occasions de s'entraîner au tir, en plus d'une formation mécanique de qualité inférieure. Certaines unités reçurent le L6/40 et ses variantes à des fins de formation ou en petit nombre pour des fonctions de police. Le 32ème Régiment d’Infanterie Blindée de Montorio, près de Vérone, au nord-est de l'Italie, est équipé le 23 décembre 1941 de 6 Centro Radio affectés à ses bataillons. Leur sort n'est pas clair. Le 31 décembre 1941, l'unité fut dissoute et ses soldats et véhicules furent transférés par navires au 12ème Groupe de Véhicule d’Afrique du Nord de Tripoli après le 16 janvier 1942, où ils furent utilisés pour créer le Centre de Formation des Conducteurs de Chars. Cinq autres L6/40 furent affectés à l’École de Cavalerie de Pinerolo et utilisés pour former de nouveaux équipages de chars pour opérer sur les L6. Le 17 août 1941, 4 L6/40 furent affectés à la compagnie mixte du Bataillon d’Entrainement de l'un des Centre de Formation des Conducteurs de Chars sur le continent italien. Le 8ème Régiment de Conducteurs du CSM était également équipé de quelques L6/40. Au total, 3 L6/40 furent affectés au Centre de Formation aux Armes Antichar & Antiaérienne de Riva del Garda, près de Trente, au nord-est de la péninsule italienne. Trois autres L6/40 furent affectés à un centre similaire à Caserta, près de Naples, dans le sud de l'Italie. Les six chars furent affectés aux deux centres le 30 janvier 1943. Les deux derniers L6/40 utilisés par une unité de l’Armée Royale furent affectés fin 1942 ou début 1943 au 4ème Régiment d’Infanterie de Chars à Rome pour former les équipages de chars italiens à faire fonctionner ces chars légers avant leur départ pour l'Afrique. Après la guerre, les 3 L6/40 de la PAI furent repris par le nouveau Corps des Agents de la Sécurité Publique, qui fut ensuite rebaptisé Police d’État. La nouvelle police, créée après la chute du fascisme en Italie, utilisa ces véhicules jusqu'en 1952. En raison de l'usure et du peu de pièces de rechange, les véhicules étaient rarement utilisés à Rome. D'autres exemplaires capturés auprès des Allemands et des fascistes fidèles à Mussolini en avril 1945 furent également réutilisés à Milan, affectés au 3ème Département Rapide Lombardia. Ces véhicules furent modifiés, probablement par l'Arsenal de Turin, après la guerre. L'armement principal fut remplacé et une deuxième mitrailleuse Breda M.1938 fut montée pour remplacer le canon de 20mm. La seule action connue des L6/40 milanais eut lieu le 27 novembre 1947, lorsque le ministre italien de l'Intérieur, Mario Scelba, destitua le préfet de Milan, Ettore Troilo, ancien partisan de l'idéologie socialiste. Cet acte déclencha des protestations dans toute la ville et le gouvernement fut contraint de déployer les services de police, qui à l'époque n'étaient pas bien vus par la population en raison de leurs actions violentes lors des manifestations, même pacifiques.
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Deux L6/40 réarmés avec des mitrailleuses jumelées Breda M.1938 dans les rues de Milan en novembre 1947. À gauche, au-dessus du trottoir, se trouve un Flak 30 recouvert d'une bâche imperméable. Un policier porte un uniforme de tankiste de l'armée. -
Le ministre Scelba était le promoteur d'une approche dure à l'égard des personnes ayant des idéologies de gauche. Après la première ouverture des rangs de la police aux anciens partisans, Scelba changea ses plans. Il essaya d'identifier tous ceux qui, à son avis, étaient de dangereux communistes. Il força d'anciens partisans de gauche et des policiers à démissionner à travers un harcèlement continu et des transferts incessants d'une ville à l'autre. À cette occasion, le Corps des Agents de la Sécurité Publique fut déployé à Milan avec l'armée. Des barbelés furent placés avec des armes lourdes et même des chars moyens dans certaines rues, afin d'empêcher les attaques des manifestants. Pas un seul coup de feu ne fut tiré et il n'y eut aucun blessé lors des manifestations. Grâce à l'intervention politique du Premier Ministre Alcide De Gasperi et du secrétaire du Parti Communiste Italien (PCI) Palmiro Togliatti, la situation revint à la normale en quelques jours.
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Campagne d’Afrique du Nord (1940-1943)
Les premiers L6/40 arrivèrent en Afrique du Nord, alors que la campagne était déjà en cours, en décembre 1941. Ils furent affectés à une unité pour les tester pour la première fois sur le champ de bataille. Les 4 L6 étaient affectés à un peloton de la compagnie mixte du 3ème Groupe Blindé Nizza, affecté au Groupe de Reconnaissance des Manœuvres du Corps d’Armée (RECAM). Le 3ème Groupe Blindé Lancieri di Novara, également connu sous le nom de 3ème Groupe de L6 Lancieri di Novara fut formé pour faire aller les chars légers à Vérone. Elle est composée de 3 escadrons et reçoit, le 27 janvier 1942, ses 52 premiers L6/40. Le 5 février 1942, il fut affecté à la 132ème Division Blindée Ariete, devenant opérationnel le 4 mars 1942. L'unité fut transférée en Afrique du Nord. Certaines sources affirment qu'elle arriva en Afrique avec seulement 52 chars et que le reste fut affecté pendant son séjour en Afrique, tandis que d'autres mentionnent qu'elle arriva en Afrique avec 85 L6/40 (3 escadrons complets). Il fut affecté à la 133ème Division Blindée Littorio en juin 1942. L'unité fut déployée lors des attaques contre la ville de Tobrouk et lors de l'attaque décisive à la suite de laquelle les troupes du Commonwealth présentes dans la ville se rendirent. Le 27 juin, avec les bersagliers du 12ème Régiment, l'unité défendit le poste de commandement de Rommel. Le 3ème Groupe Blindé Lancieri di Novara combattit alors à El-Adem. Les 3 & 4 juillet, elle participa à la Première Bataille d'El Alamein. Le 9 juillet 1942, elle s'engagea derrière la dépression d'El Qattara, protégeant le flanc de la 132ème Division Blindée Ariete. En octobre 1942, l'unité était équipée de 3 AB 41, 1 pour chaque escadron. Cela était fait pour fournir de meilleures communications aux unités de L6, car les véhicules blindés disposaient d'un équipement radio à plus longue portée, et pour remplacer la perte de presque tous les L6 (78 perdus sur 85). En raison de l'usure des L6/40, beaucoup ne purent être réparés à cette époque, les ateliers de campagne étant tous détruits ou réaffectés à d'autres unités. Réduit à seulement 5 chars opérationnels après la Seconde Bataille d'El Alamein, il suivit les autres unités de l'Armée Italo-Allemande dans la retraite, abandonnant quelques chars en état de marche dans un dépôt derrière la ligne de front.
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L6/40 du 3ème Groupe Blindé Lancieri di Novara abandonné après la Seconde Bataille d'El Alamein, inspecté par des soldats australiens, fin novembre 1942. -
Depuis l'Égypte, l'unité entama une retraite, arrivant d'abord en Cyrénaïque puis en Tripolitaine, à pied. Elle continua la guerre en tant que section de mitrailleuses au Regroupement Saharien Mannerini pendant la Campagne de Tunisie. Malgré cela, l'unité continua à fonctionner, d'abord affectée à la 131ème Division Blindée Centauro après le 7 avril 1943, puis au Regroupement Lequio (formé avec les restes du Regroupement Blindé de Reconnaissance Cavalleggeri di Lodi) après le 22 avril 1943. Les survivants participèrent aux opérations du Cap Bon jusqu'à la capitulation du 11 mai 1943. Le 15 février 1942, à l'École de Cavalerie de Pinerolo, fonda le Groupe Blindée de Reconnaissance Cavalleggeri di Lodi sous le commandement du Colonel Tommaso Lequio di Assaba. Le même jour, il était muni du 1er Escadron de L6 et du 2ème de l'école. L'unité était divisée comme suit : un escadron de commandement, le 1er Groupe avec le 1er Escadron de Voiture Blindée, le 2ème Escadron de Motocycliste et le 3ème Escadron de L6/40. Le 2ème Groupe était équipé d'un escadron de motocyclettes, d'un escadron de L6/40, d'un escadron de canons AA de 20mm ainsi que d'un escadron de Semovente 47/32 L40. Le 15 avril, un groupe de Semoventi M41 da 75/18 avec 2 batteries furent affecté au RECo. Au printemps, le Groupe Blindée de Reconnaissance Cavalleggeri di Lodi fut envoyé dans la région de Pordenone, sur ordre de la 8ème Armée Italienne, en attendant de partir pour le front de l'Est. Par ordre de l'État-Major de l'Armée Royale, le 19 septembre, la destination fut changée à l’Afrique du Nord, au 20ème Corps d'Armée de Manœuvre, pour la défense du Sahara libyen. Mais au départ, seul l'équipement de l’Escadron de L6/40 arriva en Afrique, avec du personnel transféré par avion. Ils étaient destinés à l'Oasis de Giofra. Les autres convois furent attaqués pendant la traversée du continent italien vers l'Afrique, provoquant la perte de tout l'équipement de l'Escadron de Semoventi L40 da 47/32 et le reste de l'escadron de chars ne put partir que bien plus tard, après le remplacement des chars par des AB 41. Ils atteignirent le Groupe Blindé de Reconnaissance Cavalleggeri di Lodi à la mi-novembre, tandis qu'un autre navire fut détourné vers Corfou, puis atteignit Tripoli. Le 2ème Escadron de L6, même s'il était affecté au RECo, ne quitta jamais la péninsule italienne, restant à Pinerolo pour s'entraîner. Lorsque les premières unités du RECo atteignirent Tripoli le 21 novembre 1942, le débarquement des troupes anglo-américaines en Afrique du Nord française avait eu lieu. À ce moment-là, au lieu de défendre le Sahara libyen, la tâche du RECo devint l’occupation et la défense de la Tunisie. Une fois rassemblé, le régiment parti pour la Tunisie. Le 24 novembre, après avoir quitté Tripoli, les unités du RECo atteignent Gabès en Tunisie. Le 25 novembre 1942, ils occupèrent Médenine, où le commandement du 1er Groupe fut laissé au 2ème Escadron de Motocyclettes, dont un peloton resta à Tripoli pour se rétablir, et un autre d'armes antichar. Le 1er Escadron de Motocyclettes, un escadron de véhicules blindés et l'escadron de canons AA poursuivirent leur marche vers Gabès, subissant, au cours de cette marche, quelques pertes dues aux attaques aériennes alliées. Le régiment fut ainsi réparti comme suit : des éléments à Gabès, avec le commandant, le Colonel Lequio, puis le gros du 1er Groupe dans le sud tunisien, le tout avec la 131ème Division Blindée Centauro et l'escadron de L6/40 en Libye au sud, avec le Regroupement Saharien Mannerini. Le 9 décembre 1942, Kébili était occupée par un groupe composé d'un peloton de l'escadron blindés, d'un peloton de L6/40, de 2 pelotons AA de 20mm, la Section d’Artillerie Mobile et 2 compagnies de mitrailleuses. Ceux-ci furent suivis 2 jours plus tard par le 2ème Escadron d’Autoblindé afin de renforcer la garnison et d'étendre l'occupation jusqu'à Douz, tenant ainsi sous contrôle tout le territoire du Caidato de Nefzouna. Le commandant de l'avant-garde était le sous-lieutenant Gianni Agnelli du peloton de véhicules blindés. De décembre 1942 à janvier 1943, le 1er Groupe, à 50 km de la principale base italienne, dans une zone hostile et sur un terrain difficile, poursuivit d'intenses opérations dans toute la région du Chott El Djerid et des territoires du sud-ouest. L'escadron de chars, composé de L6/40, était stationné dans la zone de Giofra puis d'Hon. Elle reçut l'ordre du Commandement du Sahara Libyen le 18 décembre 1942 de se déplacer à Sebha, où elle passa sous son commandement, constituant l’Équipe d’Automobile du Sahara Libyen, avec 10 voitures blindées et un nombre inconnu de L6 en état de marche. Le 4 janvier 1943, elle entama la retraite de Sebha, après avoir détruit tous les L6/40 restants, faute de carburant. Elle atteignit El Hamma le 1er février 1943, où l'escadre rejoignit le 1er Groupe. En Afrique du Nord, en raison des pertes subies en 1941, l'Armée Italienne procéda à un certain nombre de changements de réorganisation. Cela comprenait la formation du Regroupement Blindé de Reconnaissance. Le but de ce changement était d'équiper la plupart des formations blindées et motorisées d'un élément de reconnaissance mieux armé. Cette unité se composait d'un escadron de commandement et de 2 groupes blindés de reconnaissance. Les L6 nouvellement développés et leurs cousins antichars automoteurs devaient être fournis à ces unités. Dans le cas des L6, ils furent attribués au 1er Regroupement Blindé de Reconnaissance, divisé en 2 escadrons appuyés par un de voitures blindées. Peu d'unités de ce type furent formées, mais comprenaient le 18ème Régiment de Chars de Bersagliers de Reconnaissance, le Regroupement Blindé de Reconnaissance Cavalleggeri di Lodi et celui dit Lancieri di Montebello. La dernière unité n'avait même pas de L6 dans son inventaire. Ces groupes blindés de reconnaissance n’étaient pas utilisés dans leur ensemble mais leurs éléments étaient rattachés à différentes formations blindées. Par exemple, des éléments du RECo étaient rattachés à la 131ème Division Blindée Centauro et à la 101ème Division Motorisée Trieste, toutes deux stationnées en Afrique du Nord, et 3 celere qui servirent sur le front de l'Est. Quelques unités de cavalerie mécanisées furent également fournies avec les L6. Par exemple, le 3ème Groupe Blindé Nizza, qui soutenait la 132ème Division Blindée Ariete, disposait de L6. Le L6 servit lors de la Seconde Bataille d'El Alamein à la fin de 1942 au sein du 3ème Groupe Blindé Lancieri di Novara. Tous les chars disponibles de cette unité seraient perdus, ce qui entraînerait sa dissolution. En octobre 1942, quelque 42 L6 étaient stationnés en Afrique du Nord. Ceux-ci furent utilisés par le 3ème Groupe Blindé Lancieri di Novara et le Regroupement Blindée de Reconnaissance Cavalleggeri di Lodi. En mai 1943, les unités italiennes disposaient de quelque 77 L6 en service. En septembre, il y en avait environ 70 disponibles pour le service. La Police Africaine Italienne (PAI) fut créée après une réorganisation du corps de police opérant sur le territoire libyen et dans les colonies de l'Afrique Orientale Italienne (AOI). Le nouveau corps était sous le commandement du Ministère de l'Afrique Italienne. Au cours des premières phases de la guerre, le corps opéra aux côtés des troupes de l’Armée Royale comme une branche militaire standard. Il n'était équipé que d’AB 40/41 et, lors de la Campagne d'Afrique du Nord, le commandement du PAI demanda à l'Armée Italienne de mieux équiper le corps de police en chars. Après des retards bureaucratiques, 6 (certaines sources affirment 12) L6/40 furent affectés au 5ème Bataillon Vittorio Bòttego déployé dans l'école de formation de la PAI et son siège à Tivoli, à 33 km de Rome. Au moins 6 numéros d'immatriculation sont connus pour ces chars (c'est pourquoi 6 semble être le nombre correct de véhicules reçus). Les numéros vont de 5454 à 5458 et furent produits en novembre 1942. Les véhicules furent déployés à des fins d'entraînement jusqu'à l'armistice de septembre 1943. La PIA prit une part active à la défense de Rome, bloquant d'abord la route de Tivoli aux Allemands puis combattant avec les unités de l’Armée Italienne dans la ville. On ne sait rien du service des L6/40 du PAI, mais une photo prise le 9 septembre 1943 montre une colonne du L6/40 de la PAI sur la route entre Mentana et Monterotondo, au nord de Tivoli et au nord-est de Rome. Au moins 3 (mais probablement plus) survécurent aux combats contre les Allemands et furent déployés, après la capitulation, par des agents du PAI à Rome pour des missions d'ordre public. Trois d'entre eux survécurent à la guerre.
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Front de l’Est (1941-1945)
Les L6 furent utilisés par les formations blindées italiennes engagées sur le front de l'Est, soutenant les Allemands en 1942. Un important contingent de quelque 62 000 hommes fut dépêché par Mussolini pour assister ses alliés allemands. Initialement appelé Corps Expéditionnaire Italien en Russie (CSIR), il fut ensuite rebaptisé Armée Italienne en Russie (ARMIR). Au début, seuls quelque 61 L3 plus anciens furent utilisés, qui furent pour la plupart perdus en 1941. Afin de soutenir la nouvelle offensive allemande vers Stalingrad et le Caucase riche en pétrole, la force blindée italienne fut renforcée avec des L6 et des automoteurs basés sur celui-ci. Le 57ème Bataillon Blindé de Bersagliers fut créé le 22 février 1942 avec des unités du 5 & 8èmes régiments de bersagliers. Elle était composée de 2 compagnies de L6, avec 58 L6/40 au total. Il fut affecté après le 12 juillet 1942 à la 3ème Division Rapide Principe Amedeo Duca d'Aosta, mais arriva officiellement sur le front de l'Est le 27 août 1942. Il était équipé d'un peloton de commandement de 4 chars, ainsi que de la 2 & 3èmes compagnies. Chaque compagnie était composée d'un peloton de commandement avec 2 chars et de 5 pelotons de 5 chars chacun. Cette division rapide italienne comptait également le 13ème Groupe d’Escadron d’Automoteur Blindé du 14ème Régiment Cavalleggeri di Alessandria, équipé de Semoventi L40 da 47/32. Le 27 août 1942, l'unité entreprend son premier combat en Russie. Deux pelotons de 9 chars contribuèrent aux manœuvres défensives opérées par le Bataillon Valchiese & Vestone du 3ème Régiment Alpin, repoussant une attaque russe dans le secteur de Jagodny. Quelques jours plus tard, cependant, une compagnie du 67ème Bataillon Blindé de Bersagliers, avec 13 L6/40, perdit tous ses véhicules sauf un au cours d'une bataille, assommés par des fusils antichars soviétiques de 14,5mm. Le 16 décembre 1942, l’Armée Rouge lance l’opération Little Saturn. Ce jour-là, le 67ème Bataillon Blindé de Bersagliers comptait dans ses rangs 45 L6/40. Malgré l'acharnée résistance italienne, entre le 16 et le 21 décembre, les Soviétiques percèrent la ligne défensive du Batallion Ravenne, entre Gadjucja et Foronovo, et le 19 décembre 1942, les unités italiennes durent battre en retraite.
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L6/40 en Yougoslavie, août 1943. -
Les Bersagliers et la cavalerie durent couvrir la retraite avec les quelques véhicules blindés qui survécurent aux combats des jours précédents. Une vingtaine de véhicules du 13ème Groupe d’Escadron d’Automoteur Blindé et du 67ème Bataillon Blindé de Bersagliers étaient disponibles. La plupart de ces chars et canons automoteurs furent perdus lors de la retraite qui s'acheva le 28 décembre à Skassirskaja. Les très rares chars restants furent alors dispersés dans la désastreuse retraite de l'ARMIR. La date précise à laquelle les Italiens introduisirent le L6 en Yougoslavie n’est pas tout à fait claire. Le 1er Groupe de Chars Légers San Giusto, qui opéra en Yougoslavie à partir de 1941 avec 61 L3 répartis sur 4 escadrons, aurait reçu ses premiers L6/40 en 1942 ainsi que quelques AB 41. En réalité, ceux-ci arrivèrent probablement au début de 1943. La première preuve de leur utilisation en Yougoslavie remonte à mai 1943, selon les rapports des partisans. Dans ceux-ci, ils qualifiaient le char italien de « grands chars ». Le terme « petits chars », qu’ils utilisaient également à ce stade, faisait probablement référence aux plus petits L3. Étant donné le manque général de connaissances des partisans sur les noms précis des blindés ennemis, ces noms et d’autres ne devraient pas surprendre. L'une des unités italiennes dotées de L6 était le 4ème Groupe Blindé, qui faisait partie du 13ème Régiment Cavalleggeri di Monferrato. Cette unité disposait de 30 L6 qui opéraient depuis leur QG de Berat en Albanie. En Slovénie occupée, en août et septembre 1943, le 13ème Groupe d’Escadron Automoteurs Cavalleggeri di Alessandria disposait de quelques L6. En Albanie, le 2ème Groupe Cavalleggeri Guide disposait de 15 L3/35 & 13 L6/40 dans la campagne de Tirana. Le 4ème Groupe Cavalleggeri di Monferrato résista aux tentatives allemandes de désarmer cette unité, de sorte que les L6 connurent peut-être un service limité contre les Allemands en septembre 1943. En 1942, le 3ème Escadron du 1er Groupe de Chars Légers San Giusto, déjà déployé sur le front de l'Est, fut réorganisé, abandonnant les L3 survivants et fut rééquipé de L6/40 et déployé à Spalato, dans les Balkans, pour combattre les partisans yougoslaves. Formé le 5 avril 1943, le 9ème Peloton Autonome de L40 fut affecté à la 11ème Armée Italienne en Grèce. On ne sait rien de son service. Le 5 mai 1942, le 3ème Groupe de Chars Cavalleggeri di Alessandria déployé à Codroipo, près d'Udine, dans la région Frioul-Vénétie Julienne, et le 4ème Groupe de Chars Cavalleggeri di Alessandria, déployés à Tirana, la capitale albanaise, étaient équipés de 13 L6 et de 9 Semoventi L40 da 47/32. Ils furent déployés dans les Balkans dans le cadre d’opérations anti-partisanes. Le Regroupement de Chars de Reconnaissance Cavalleggeri Guide fut déployé à Tirana, en Albanie. Il comptait dans ses rangs le 1er Groupe de L6 créé en 1942 avec un total de 13 L6/40. L'unité comptait également dans ses rangs 15 anciens L3/35.
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L6/40 allemand détruit à Kočevje, décembre 1943. -
Le 4ème Groupe d’Escadron Blindé Nizza (également parfois mentionné sous le nom de 4ème Groupe Blindée Nizza) se forma avec le 3ème Groupe d’Escadron Blindé Nizza dans le Dépôt Régimentaire du Régiment Nizza Cavalleria de Turin le 1er janvier 1942. Il fut créé 6 mois après le 3ème Groupe et était composé de 2 escadrons mixtes. L'un équipé de 15 L6/40 et l'autre de 21 AB 41. Certaines sources ne mentionnent pas l'utilisation de L6/40, mais mentionnent 36 véhicules blindés qui leur sont affectés. Cela pourrait signifier que l'escadron était théoriquement armé de chars, mais en réalité, il n'était équipé que de véhicules blindés. En Albanie, il fut affecté au Regroupement Rapide. Il était utilisé dans des opérations contre-partisanes et pour escorter les convois de ravitaillement de l'Axe, proies très convoitées par les partisans yougoslaves qui les attaquaient souvent presque sans être dérangés, capturant de nombreuses armes, munitions et autres matériels militaires. Après l'armistice de septembre 1943, le 2ème Escadron d’Autoblindé, sous les ordres du capitaine Medici Tornaquinci, rejoignit la 41ème Division d’Infanterie Firenze à Dibra, réussissant à ouvrir la voie vers la côte à travers de violents combats contre les Allemands au cours de laquelle le colonel Luigi Goytre, le commandant de l'unité, perdit la vie. Les combats les plus sanglants contre les Allemands eurent lieu notamment à Burreli et Kruya. Après les combats, le 4ème Groupe Blindée Nizza se dispersa. De nombreux officiers et soldats retournèrent en Italie, atteignant les Pouilles par des moyens de fortune et se concentrant au Centre de Rassemblement de Cavalerie à Artesano pour rejoindre les forces alliées. Le 4ème Groupe Blindé Cavalleggeri di Monferrato fut créé en mai 1942 et déployé en Yougoslavie. On ne sait pas grand-chose de son service. Il était équipé d'une force théorique de 30 L6/40 opérant depuis la ville de Berat en Albanie. Comme les autres unités de la péninsule balkanique, elle fut déployée dans des missions anti-partisanes et d'escorte de convois jusqu'à l'armistice de septembre 1943. À partir du 9 septembre, les soldats combattirent contre les Allemands, perdant la majorité de leurs chars en état de marche.
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Détachement de chars, dont un L3/40, du QG en route vers Semič, 1944. -
Même si le commandant de l'unité, le colonel Luigi Lanzuolo, fut capturé puis fusillé par les Allemands, les soldats continuèrent à combattre les Allemands dans les montagnes yougoslaves jusqu'au 21 septembre 1943. Après cette date, les soldats et véhicules restants furent capturés par les Allemands ou rejoignirent les partisans. En Yougoslavie occupée, les forces italiennes furent rapidement désarmées en 1943 et leurs armes et véhicules furent saisis par toutes les parties belligérantes. La majorité alla aux Allemands, qui les utilisèrent largement contre les partisans yougoslaves. Les L6 furent utilisés contre les Partisans, où leur faible armement était encore efficace. Le problème pour les Allemands était le manque de pièces de rechange et de munitions. Les partisans yougoslaves et l’État fantoche allemand de Croatie réussirent à capturer et à utiliser des L6. Tous deux les utiliseront jusqu’à la fin de la guerre et, dans le cas des Partisans, même après. Certaines unités de l’Armée Italienne en Yougoslavie rejoignirent les partisans yougoslaves, car il était impossible de rejoindre les forces alliées. Deux L6/40 de la 2ème Compagnie du 1er Bataillon du 31ème Régiment d’Infanterie de Chars rejoignirent la 13ème Brigade Prolétarienne Rade Končar près du village de Jastrebarsko le jour de l'armistice. Ils furent affectés à une unité blindée sous le commandement du 1er Corps de l’Armée Populaire de Libération Yougoslave. On ne sait pas grand-chose de leur service, mis à part le fait qu'ils étaient exploités par leurs précédents équipages italiens. En Albanie également, des divisions italiennes entières qui ne pouvaient pas rentrer en Italie après avoir résisté aux forces allemandes, même pendant des mois entiers, rejoignirent les partisans albanais. Les survivants du Regroupement de Chars de Reconnaissance Cavalleggeri Guide, ainsi que les survivants de certaines divisions d'infanterie italiennes telles que Arezzo, Brennero, Firenze, Perugia et d'autres petites unités, rejoignirent le Bataillon Gramsci affecté à la 1ère Brigade d'Assaut de l'Armée de Libération Nationale Albanaise. Certains L6/40 furent utilisés lors de la libération de l'Albanie et les soldats du RECo Cavalleggeri Guide participèrent à la libération de Tirana à la mi-novembre 1944.
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Équipages de L6/40 lors d'une bénédiction par un pasteur militaire. Les véhicules appartiennent au Regroupement de Chars de Reconnaissance Guide Cavalleggeri, Tirana, Albanie, 1943. -
Campagne d’Italie (1943-1945)
Créé dans un lieu inconnu le 5 août 1942, le 1er Escadron Piemonte Reale fut affecté à la 2ème Division Rapide Emanuele Filiberto Testa di Ferro, récemment réorganisée. Il est déployé après le 13 novembre 1942 dans le sud de la France, avec des missions de police et de défense côtière, d'abord près de Nice puis dans la région Menton-Draguignan, patrouillant le secteur côtier Antibes-Saint Tropez. En décembre, elle remplaça la 58ème Division d’Infanterie Legnano dans la défense de la bande côtière le long du tronçon Menton-Antibes. Jusqu'aux premiers jours de septembre 1943, il fut utilisé pour la défense côtière dans le même secteur. Le 4 septembre commença le mouvement pour le retour à destination de Turin. Lors du transfert, l'unité fut informée de l'armistice et le transfert accéléré. Le 9 septembre 1943, la division installa ses unités autour de la ville de Turin afin d'empêcher le mouvement des troupes allemandes vers la ville et, plus tard, le 10 septembre, elle se dirigea vers la frontière française pour barricader les vallées de la Maira et de la Varaita afin de faciliter le retour des unités italiennes de France vers le continent italien. La division cessa ensuite d’opérer le 12 septembre. La 2ème Division Rapide Emanuele Filiberto Testa di Ferro fut dissoute le 12 septembre 1943 à la suite des événements déterminés par l'armistice, alors qu'elle se trouvait dans la zone située entre Cuneo et la frontière italo-française. Il existe un certain désaccord dans les sources concernant le nom de l’unité. Dans le livre Gli Autoveicoli da Combattimento dell'Esercito Italiano (les véhicules de combat de l'Armée Italienne), écrit par les célèbres écrivains et historiens italiens Nicola Pignato & Filippo Cappellano, l'unité était nommée 1° Squadrone, mais le surnom de Piemonte Reale est incertain.
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Quelques L6/40 passant dans les rues de Nice, France, au printemps 1943. -
Le site regioesercito.it mentionne la 2ème Division Rapide Emanuele Filiberto Testa di Ferro, affirmant que le 1er août 1942, elle fut réorganisée. Dans les jours suivants, le Régiment Piemonte Reale Cavalleria fut rattaché à la division, probablement la même unité équipée de L6 mais avec un nom différent. Cette unité fut constituée le 1er février 1942 dans le dépôt du 5ème Régiment de Bersagliers à Sienne. Il avait dans sa composition le 1er Groupe de Reconnaissance, composé de la 1ère Compagnie d’Autoblindée, de la 2 & 3èmes compagnies de L40, et la 4ème Compagnie de Motocycliste. L'unité avait également le 2ème Groupe de Reconnaissance, avec la 5ème Compagnie de Semoventi da 47/32 et la 6ème Compagnie de Canon Antiaérien de 20mm. Le 3 janvier 1943, l'unité est affectée à la 4ème Armée Italienne déployée en Provence, avec des fonctions de police et de défense côtière dans la région de Toulon. Après la création de l'unité, la 2 & 3èmes compagnies de L40 furent réaffectées au 67ème Régiment de Bersagliers et 2 autres compagnies, portant les mêmes noms, furent recréées le 8 janvier 1943. Après la destitution de Benito Mussolini comme dictateur de l'Italie le 25 juillet 1943, le 18ème Regroupement de Chars de Reconnaissance de Bersagliers fut rappelé sur le continent italien et arriva à Turin. Durant son séjour à Toulon, elle perdit également sa 1ère Compagnie d’Autoblindée, rebaptisée 7ème Compagnie et affectée au 10ème Regroupement Rapide de Bersagliers de Corse. Dans les premiers jours de septembre 1943, l'unité commença son transfert ferroviaire vers la région du Latium, où elle sera affectée au Corps d’Armée Blindé & Motorisé de la 136ème Division Blindée de Légionnaire Centauro affectée à la défense de Rome. Lors de la signature de l'armistice, le 8 septembre 1943, le 18ème Regroupement de Chars de Bersagliers de Reconnaissance se trouvait encore sur des wagons plats en route vers Rome. Un bataillon entier fut bloqué à Florence, ainsi que la moitié de la 3ème Compagnie de L40 et de la 4ème Compagnie Motocycliste. Les autres unités se trouvaient à mi-chemin entre Florence & Rome ou dans la banlieue romaine. Certains d'entre eux rejoignirent la 135ème Division Blindée Ariete II, créée après la destruction de la 132ème Division Blindée Ariete, en Afrique du Nord. Depuis l'un des derniers trains dans lesquels circulaient les véhicules et les soldats du RECo, les bersagliers atterrirent à Bassano à Teverina, près d'Orte. Le train transportait également la compagnie de commandement. Dans l'après-midi du 8 septembre, les unités dispersées près de Rome rejoignirent le corps principal à Settecamini. Lorsque, dans la soirée, arrive la nouvelle de l'armistice avec les Alliés, les unités s'arrêtent à Florence et participent aux premiers affrontements contre les Allemands. Dans l'après-midi du 9 septembre, ils déchargèrent les véhicules des wagons et participent aux combats contre les Allemands près du col du Futa. Les unités qui se trouvaient dans les environs de Rome dans la nuit du 9 septembre bloquèrent l'accès à Rome à Tivoli avec des éléments de la Police de l'Afrique Italienne et affrontèrent les Allemands le lendemain matin. Les unités du 18ème RECo de Bersagliers à Rome furent affectées à la 135ème Division Blindée Ariete II après le matin du 10 septembre, car la division avait subi de nombreuses pertes de son RECo, le Regroupement de Chars de Reconnaissance Montebello. Dans l'après-midi, les éléments du 18ème RECo de Bersagliers attaquèrent les Allemands à Porta San Sebastiano & Porta San Paolo, soutenant les unités italiennes qui s'y trouvent et les civils italiens qui s'étaient joints aux combats pour défendre leur propre ville. Après avoir subi de lourdes pertes, les unités italiennes se replièrent sur Settecamini. Le 18ème RECo de Bersagliers subit une attaque aérienne de Ju 87 Stuka allemand et, le matin du 11 septembre, le commandant étant blessé lors des affrontements, l'unité se dispersa après avoir saboté ses véhicules survivants. Lorsque les Italiens capitulèrent en septembre 1943, ce qui restait de leurs véhicules blindés fut saisi par les Allemands. Cela comprenait plus de 100 L6. Les Allemands réussirent même à produire une quantité limitée de véhicules avec les ressources capturées aux Italiens. Après la fin de 1943, comme ce n'était pas une priorité, quelque 17 L6 furent construits par les Allemands. L'utilisation des L6 en Italie par les Allemands était assez limitée. Cela est principalement dû à l’obsolescence générale du véhicule et à sa faible puissance de feu. En Italie, la majorité des L6 étaient affectés à des rôles secondaires, étant utilisés comme tracteurs de remorquage, voire comme points de défense statiques.
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Conclusion
Le L6/40 fut probablement l'un des véhicules les plus infructueux utilisés par l’Armée Italienne pendant la Seconde Guerre Mondiale. Bien qu'il offrît une grande amélioration en termes d'armement et de blindage par rapport à l'ancien L3, au moment de sa mise en service, il était déjà obsolète à presque tous les égards. Son blindage était trop fin, tandis que son canon de 20mm n'était utile que dans un rôle de reconnaissance et contre des cibles légèrement blindées. Contre les autres chars de l’époque, c’était inutile. De plus, il était conçu pour opérer en haute montagne, mais il finit par combattre dans les vastes déserts d'Afrique du Nord, pour lesquels il était totalement inadapté. Malgré son obsolescence, son utilisation fut relativement large faute de mieux. Étonnamment, des mesures seraient prises sur presque tous les fronts, mais avec un succès minime. Même lorsque les Allemands prirent le contrôle de l'Italie, ils considéraient le L6 comme un modèle obsolète, le reléguant à un rôle secondaire.
L6/40