-
-
Genèse & Production
Un des gros problèmes du Type 89 était sa lenteur qui le rendait impropre à évoluer au sein des brigades mécanisées transportées par camions. Dès lors, à partir de 1933, l'étude d'un nouveau char rapide fut entreprise. Ce char d'environ 7 t devait posséder un blindage à l'épreuve des tirs d'armes légères. La suspension était inspirée par celle des Type 94 TK qui était composée de 2 paires de galets en bogie de chaque côté installé sur des bras coudés suspendus par des ressorts hélicoïdaux horizontaux en compression ; disposition reprise sur la plupart de futur chars nippons.
-
Prototype. -
Un nouveau moteur diesel était installé à l'arrière du char et actionnait les 2 barbotins avant. Ce char était muni d'une direction standard par embrayage et freinage. L'équipage était composé d'un pilote, d'un mitrailleur de caisse et du commandant-tireur en tourelle. Ce dernier manipulait un canon de 37mm. Le prototype fut finalisé par Mitsubishi en 1934 et envoyé dans des unités de cavalerie et d'infanterie pour être évaluer. Ces dernières unités ne furent guère impressionnées par la qualité de l'armement et du blindage. Cependant après un passage au sein de la brigade mixte autonome en Mandchourie, une commande de ce nouveau char fut passée. Un deuxième prototype fut conçu en 1935 et fut accepté pour la production sous le nom de Type 95 Ha-Go. Notons que les modèles de production disposeront d'un compartiment de combat plus spacieux. Le Type 95 fut produit en très grande quantité selon les standards japonais puisque 1 300 exemplaires furent produits. La plupart (1 164) sortirent de l'Arsenal Mitsubishi (où il gagne sa dénomination courante Ha-Go), le reste de différentes usines de petite taille.
-
Design
-
Compartiment Avant
Le Type 95 accueillait un équipage de 3 hommes dont le pilote et le mitrailleur de caisse (aussi le mécanicien de bord). Le pilote était assis à droite dans le compartiment central, son poste faisait une saillie arrondie sur l'avant de la superstructure. La partie avant de cette saillie était montée sur charnière et pouvait être levée. Elle était munie d'une petite fenêtre de vision montée sur une charnière et d'une fente de vision. Le mitrailleur était de fait assis à gauche du pilote. Son poste faisait également saillie (angulaire cependant) à l'avant du compartiment. La mitrailleuse Type 97 de 7,7mm (à l'origine une Type 91 de 6,5mm) ornait cette saillie.
-
Glacis & nez. -
Avant de caisse avec vu sur le poste de conducteur et du mitrailleur. -
Le nez du char accueillait la transmission manuelle à 5 vitesses (4/1) et les commandes finales qui actionnaient les deux barbotins avant qui faisaient tourner les deux chenilles. Pour virer, il fallait freiner sur une des 2 chenilles, de manière tout à fait classique. Deux trappes montées sur charnières sur le glacis permettaient d'atteindre l'ensemble pour la maintenance. Le glacis était muni de 2 phares et une boucle de remorquage garnissait la plaque frontale du nez.
-
Flanc gauche. -
Compartiment de Combat
Le dernier membre d'équipage, le commandant-tireur-chargeur et mitrailleur (!!!) prenait place dans la petite tourelle montée sur la gauche du compartiment central. L'accès se faisait via la coupole circulaire sur le toit. Cette tourelle disposait de fentes de vision. L'aspect de cette tourelle était assez difforme à l'arrière. L'arrière de la tourelle accueillait une petite trappe montée sur charnière (pour le chargement des munitions et l'évacuation des douilles) et une mitrailleuse Type 97 de 7,7mm.
-
Tourelle monoplace. -
Cependant l'arme principale était un canon Type 94/98 de 37mm. Les premiers modèles possédaient une vélocité initiale de 700 m/s (Type 94) pour 800 m/s sur les derniers modèles (Type 98). Le commandant, le pauvre, était responsable du chargement, du pointage et de la mise à feu du canon en plus de sa mission de chef de char et parfois de mitrailleur. Le Ha-Go mettait à feu des APHE. La rotation de la tourelle était manuelle et cette dernière ne pouvait pivoter que sur un arc avant de 45° (d'où la mitrailleuse arrière).
-
Compartiment Moteur
Le compartiment arrière accueillait le moteur, réservoirs et système de refroidissement (air). Il était accessible via 2 trappes (dont une munie de fentes d'aération) montées sur charnières sur le plateau arrière. Une troisième trappe montée sur charnières était située sur le glacis arrière. Le compartiment était flanqué sur son flanc droit d'un pot d'échappement.
-
Arrière de caisse et pont. -
Le moteur d'origine était un Mitsubishi diesel de 110 ch, à refroidissement par air, qui permettait une vitesse de pointe de 40 km/h sur route. Il sera remplacé par un Mitsubishi NVD 6120 diesel de 120 ch qui permettait une vitesse de pointe de 48 km/h sur route.
-
Suspension
La suspension du Type 95 était composée d'un barbotin double monté à l'avant, d'une poulie de tension double montée à l'arrière, de 2 rouleaux porteurs doubles et 2 paires de galets (cerclés de caoutchouc) en bogie installés sur des bras coudés suspendus par des ressorts hélicoïdaux horizontaux en compression. Cette suspension ne donnait pas satisfaction en tout terrain où le char était difficile à conduire.
-
Train de roulement. -
Les chenilles en acier de 25,1 cm de large possédaient chacune 98 patins avec guide central.
-
Zoom sur la suspension. -
Blindage
Le blindage du Type 95 était assemblé par boulonnage. Il était épais de 9 à 12mm pour le blindage vertical et de 9mm pour le blindage horizontal. Il offrait une protection à l'équipage uniquement contre les armes légères. Seul le commandant était un peu protégé par le bouclier du canon de 57mm d'épaisseur.
-
Schéma de blindage du Ha-Go.
-
-
Modèles
-
Type 95 Ha-Go (early) (Type 95 Ke-Go) (1935)
Une première version de production qui différait du modèle le plus produit en utilisant un armement moins puissant : le canon Type 94 L/36,7 de 37mm avec une vitesse initiale de 575-600 m/s et une pénétration de 45mm à 300 m. L'armement secondaire se composait de 2 mitrailleuses Type 91 de 6,5mm. Produit jusqu'en 1937 avec moins de 100 exemplaires. Utilisé en Mandchourie et en Chine. De cette variante, les tout premiers chars de production utilisaient l'ancien moteur Mitsubishi de 110 ch (tel qu'utilisé dans le Type 89 I-Go) et avaient une vitesse de pointe de 40 km/h.
-
9ème Régiment Blindé, Armée Impériale, Saipan, juin 1944. Ce char a encore une fois le camouflage typique de la Marine Impériale. -
Campagne de Saipan, 1944. -
Type 95 Ha-Go (Hokuman) (Mandchou)
En raison de problèmes en Mandchourie avec de l'herbe de sorgho dans les champs piégés dans les suspensions, les composants de la roue et de la suspension furent inversés avec l'ajout de petits galets montés sur l'axe du levier coudé afin que les chars puissent se déplacer librement dans l'herbe. Cette version modifiée fut utilisée dans la Bataille de Nomohan.
-
Char de commandement, Chine, 1940. -
Régiment de Chars Légers, 79ème Division d'Infanterie, Armée du Kwantung, Chine, août 1945. -
Type 95 Ha-Go (late)
Entre autres améliorations apportées au moteur et au canon principal, l'armement secondaire fut remplacé par 2 mitrailleuses Type 97 de 7,7mm, une dans la partie arrière de la tourelle et une dans la caisse avant.
-
-
Conversions
-
Type 3 Ke-Ri (1943)
Il s'agissait d'un modèle proposé avec un canon Type 97 de 57mm dans une tourelle modifiée. Le châssis était le même que le Type 95 Ha-Go. Le char léger avait un poids de 7,4 t et un équipage de 3 hommes. Il fut déterminé que la tourelle était trop étroite pour les membres d'équipage, une fois le canon principal installé. Un petit nombre de prototypes furent produits, cependant, la conception ne dépassa jamais le stade des essais sur le terrain.Il s'agissait d'un modèle proposé avec un canon Type 97 de 57mm dans une tourelle modifiée. Le châssis était le même que le Type 95 Ha-Go. Le char léger avait un poids de 7,4 t et un équipage de 3 hommes. Il fut déterminé que la tourelle était trop étroite pour les membres d'équipage, une fois le canon principal installé. Un petit nombre de prototypes furent produits, cependant, la conception ne dépassa jamais le stade des essais sur le terrain.
-
Type 4 Ke-Nu (1944)
Il s'agissait d'un modèle proposé avec un canon Type 97 de 57mm dans une tourelle modifiée. Le châssis était le même que le Type 95 Ha-Go. Le char léger avait un poids de 7,4 t et un équipage de 3 hommes. Il fut déterminé que la tourelle était trop étroite pour les membres d'équipage, une fois le canon principal installé. Un petit nombre de prototypes furent produits, cependant, la conception ne dépassa jamais le stade des essais sur le terrain.Il s'agissait d'un modèle proposé avec un canon Type 97 de 57mm dans une tourelle modifiée. Le châssis était le même que le Type 95 Ha-Go. Le char léger avait un poids de 7,4 t et un équipage de 3 hommes. Il fut déterminé que la tourelle était trop étroite pour les membres d'équipage, une fois le canon principal installé. Un petit nombre de prototypes furent produits, cependant, la conception ne dépassa jamais le stade des essais sur le terrain.
-
Unité inconnue, Philippines, février 1945. -
19ème Régiment de Chars, Kyushu, 1945. -
Type 95 Ta-Se (1941)
Char de DCA conçu en novembre 1941. Armé du canon Type 98 ou Type 2 de 20mm. N'entra jamais en production.
-
Type 2 Ka-Mi (1941)
Char amphibien conçu pour la Marine Japonaise. Il était équipé de 2 pontons (avant-arrière) qui pouvaient être détachés une fois sur la terre ferme depuis l'intérieur du char.
-
Type 2 Ka-Mi, avec ses pontons flottants et ses superstructures aménagées. Le Ka-Mi était le char amphibie japonais le plus prolifique et le plus réussi de la guerre. Cependant, avec sa configuration complexe et sa fabrication coûteuse, il fut produit en petit nombre et était relativement rare dans le Pacifique. -
Type 2 Ka-Mi sans ses dispositifs de flottaison, Détachement d’Itoh, Saipan. Ce spécimen vit le combat près de Garapan en 1944. -
Type 95 Ri-Ki
Véhicule d'ingénierie à chenilles. À l'arrière du châssis, il y avait une grue à flèche de 3 t et de 4,5 m.
-
Type 4 Ho-To
Le Ho-To était un canon automoteur sur un châssis Ha-Go modifié. Il embarquait un obusier Type 38 de 120mm dans une casemate ouverte avec blindage frontal et latéral. Un prototype fut achevé.
-
Type 5 Ho-Ru (1945)
Le Ho-Ru était un chasseur de char léger similaire au Hetzer allemand, mais armé du canon principal de 47mm dans une casemate semi-fermée. Le Type 5 Ho-Ru utilisait le châssis du Type 95 Ha-Go, mais sa suspension a été agrandie à 35 cm de largeur de maillon de chenille. Il y avait 2 rangées de goupilles de guidage de roue, tenant un galet entre eux. Le pignon du galet moteur était du type à grille à engrenage avec les goupilles de guidage de galet comme sur le T-34 soviétique. Le développement du Type 5 Ho-Ru commença en février 1945 avec un seul prototype achevé avant la fin de la guerre.
-
Type 95 So-Ki (1935)
Wagon de chemin de fer blindé conçu selon les exigences de l'Armée du Kwantung pour patrouiller et garder les lignes de chemin de fer à voie étroite éloignées. Il était équipé d'un agencement de galets rétractables en dessous pour lui permettre de rouler sur des rails. Entre 121 et 138 unités furent fabriquées entre 1935 et 1943, qui furent utilisés à la fois en Chine et en Birmanie.
-
-
En Action
Le Ha-Go était considéré comme l'un des meilleurs de son type en 1935, étant armé d'un canon de 37mm et propulsé par un moteur diesel, un carburant considéré par certains comme supérieur en raison de sa faible volatilité. Comme pour la plupart des armées dans les années 30, le char, et le char léger en particulier, étaient principalement utilisés pour soutenir l'infanterie ou servir de reconnaissance de cavalerie et, dans une moindre mesure, de véhicules de raid. Sa vitesse était d'environ 30 km/h en tout-terrain, ce qui était comparable aux performances du M3 Stuart près de 6 ans plus tard en 1941. En termes de blindage, de vitesse sur route et d'armement, le Type 95 était bien inférieur au M3 Stuart américain (5 ans plus jeune), mais l'environnement des Philippines (où les routes étaient rares et les combats de chars avaient lieu à bout portant) minimisa largement ces inconvénients et permit au Type 95 d'être compétitif, car sa vitesse hors route et sa rotation de tourelle étaient comparables.
-
Type 95 Ha-Go du 16ème Régiment de Chars, île Minamitori, 1945. -
Le Type 95 s'avéra suffisant contre l'infanterie adverse dans les campagnes en Mandchourie et en Chine, car l'Armée Nationale Révolutionnaire Chinoise n'avait que 3 bataillons de chars composés de chars d'exportation Vickers, de Pz.Kpfw. I allemands et de CV.33 italiennes pour s'opposer à eux. Cependant, le Type 95, comme le M3 Stuart américain, ne fut pas conçu pour combattre d'autres chars, mais pour le soutien de l'infanterie. En raison de la priorité de la Marine Impériale Japonaise à recevoir de nouvelles technologies et de l'acier pour la construction de navires de guerre, les chars de l'Armée Impériale Japonaise et utilisés par les détachements Forces Navales Spéciales de Débarquement de la Marine Impériale Japonaise furent relégués à recevoir ce qui restait. En 1942, les chars japonais restèrent en grande partie les mêmes que dans les années 30, et le développement de nouveaux chars fut « entravé ».
-
-
Bataille de Khalkhin Gol (1939)
Croyant à tort que l'Armée Rouge se retirait de la région de la Rivière Khalkhyn Gol, le commandement de l'Armée Impériale Japonaise en Mandchourie transféra le 1er Corps de Chars, sous le commandement du lieutenant-général Yasuoka Masaomi, au village de Nomonhan pour couper la retraite soviétique à Khalkhyn Gol. Après un voyage de 2 jours en train, le 1er Corps de Chars commença à décharger ses 3 et 4èmes régiments de chars de leurs trains à Arshaan en Mandchourie le 22 juin 1939. Alors que le 3ème Régiment était composé principalement du Type 89 vieux de près de 10 ans, le 4ème Régiment, commandé par le colonel Tamada Yoshio, âgé de 48 ans, se composait de 35 Type 95, de 8 Type 89 et de 3 Type 94 TK. Dès le début de la prise de commandement du général soviétique Joukov à Nomonhan en juin 1939, il avait déployé ses BT-5 et 7 et les avait incorporés dans l'ensemble de son artillerie combinée, des attaques d'infanterie et de blindés. Bien que dans la même catégorie de chars légers que le Type 95, également avec des équipages de 3 hommes et des dimensions similaires, les BT étaient presque 2 fois plus lourds, à 13,8 t, mais étaient très sensibles aux équipes rapprochées (tueurs de chars) utilisant des bombes incendiaires (cocktails Molotov) ; cela était principalement dû à leurs moteurs à essence. En tant que tels, les équipages de chars japonais avaient généralement une mauvaise opinion des chars de l'Armée Rouge, mais le canon de 45mm du BT était une autre affaire. Avec une vélocité de plus de 610 m/s, les chars soviétiques pouvaient pénétrer les chars japonais à une distance de plus de 1 km (le canon principal de 37mm du Type 95 avait une portée efficace max de moins de 700 m) ; comme l'a dit un officier de Type 95 : « ... à peine avons-nous vu le flash du tir, qu'il y avait un trou dans notre char ! Et les Soviétiques étaient de bons tireurs aussi ! ». Le 2 juillet 1939, vers 18h10, le 4ème Régiment de Chars du colonel Tamada, composé de Type 95 plus mobiles, prit la tête devant les chars moyens du 3ème Régiment, alors que le 1er Corps de Chars lançait sa première offensive contre les forces soviétiques à Khalkhin Gol. Alors que le 3ème Régiment traversait les tirs d'artillerie soviétiques, s'engageant de manière décisive vers 20h00 pendant leur mouvement vers l'avant, le 4ème Régiment, tout en évitant les barrages d'artillerie soviétiques, avait avancé dans une direction sud-est au lieu de plein sud, engageant les forces soviétiques au sud-ouest de l'étang d'Uzuru. Observant une batterie d'artillerie soviétique entre lui et son objectif, le colonel Tamada ordonna une attaque dans l'obscurité. Vers 23h00, le 4ème Régiment se dirigea vers son objectif avec environ 6 m entre les chars et 30 m entre les compagnies et les pelotons. Juste après minuit, un orage frappa, exposant commodément les positions soviétiques tout en masquant l'avancée du 4ème Régiment de Chars. À bout portant, l'orage illumina soudainement les Type 95 qui avançaient et la ligne de défense soviétique ouvrit immédiatement le feu avec des mitrailleuses lourdes, de l'artillerie, des BT-7 et des canons antichars. Cependant, comme la portée était si proche, l'artillerie soviétique ne pouvait pas abaisser ses canons suffisamment bas pour toucher les chars, et leurs obus volaient sauvagement au-dessus des chars qui avançaient. Vers 00h20, le colonel Tamada ordonna au 4ème Régiment de Chars de charger et à 02h00, ses chars légers avaient pénétré à plus de 1 km à travers les lignes soviétiques et détruit 12 canons d'artillerie. Les pertes japonaises consistaient en un Type 95, un officier et un homme enrôlé tués et 8 blessés ; le 4ème Régiment avait dépensé environ 1 100 obus de 37mm, 129 de 57 mm et 16 000 cartouches de mitrailleuses. Après l'action, le commandement soviétique reconnut que les chars du 1er Corps avait atteint les canons soviétiques.
-
Type 95 Ha-Go capturé par les soviétiques après la bataille, 1939. -
2ème Guerre Mondiale (1939-1945)
-
Guerre du Pacifique (1941-1945)
L'Armée Américaine opérait aux Philippines depuis la guerre américano-philippine (1899-1902) et le Royaume-Uni avait des bases militaires à Singapour depuis au moins les années 1840 ; ils avaient tous les deux de nombreuses années d'expérience dans la soi-disant « guerre de la jungle », ce qui influença sans aucun doute leur conviction que « les chars ne pouvaient pas opérer dans ces jungles ». D'autre part, l'Armée Impériale Japonaise s'était toujours concentrée sur l'URSS et la Chine et n'avait jamais mené de grandes campagnes militaires dans les régions tropicales (jungle). Confrontés à des jungles épaisses et impénétrables, à deux armées expérimentées et puissantes, et dépourvus eux-mêmes de toute expérience de combat dans la jungle, les Type 95 de l'Armée Impériale Japonaise, ainsi que les Type 97 Chi-Ha, conduisirent les forces d'assaut japonaises à prendre la Malaisie britannique et Singapour le 15 février en 1942 et Corregidor aux Philippines détenues par les États-Unis en avril de la même année. Le Type 95 s'avéra être un char léger extrêmement efficace lors des premières campagnes militaires du Japon jusqu'à la mi-1942. Le terrain accidenté ne s'avéra pas être un obstacle majeur pour les blindés japonais généralement légers. De plus, une mauvaise planification de la part de l'Armée Britannique entraîna le déploiement de très peu ou pratiquement pas de chars par le Royaume-Uni en Malaisie britannique ou dans la colonie britannique de Birmanie en décembre 1941. La première bataille américaine de chars contre chars de la Seconde Guerre Mondiale eut lieu lorsque des Type 95 du 4ème Régiment de Chars de l'Armée Impériale Japonaise engagèrent un peloton de chars de l'Armée Américaine, composé de 5 M3 Stuart de la Compagnie B, 192ème Bataillon de Chars, le 22 décembre 1941, au nord de Damortis lors de la retraite vers la péninsule de Bataan en 1941. Les M3 Stuart et Type 95 étaient armés d'un canon de 37mm, mais le M3 était mieux blindé, avec des flancs de tourelle de 32mm d'épaisseur, par rapport au Type 95 de seulement 12mm ; cependant, comme le découvrit le Laboratoire de Recherche Balistique de l'Armée Américaine après avoir mené la première grande étude sur la guerre char contre char en 1945, le facteur le plus important dans un duel de chars était de savoir quel camp avait repéré l'ennemi en premier, tiré en premier et frappé en premier. Lors de ce premier engagement, l'Armée Impériale Japonaise réagit en premier, détruisant le M3 de tête alors qu'il tentait de quitter la route. Les quatre chars américains restants subirent tous des tirs pendant leur retraite.
-
Type 95 Ha-Go arrêté par des tirs antichars australiens de 40mm lors de la Bataille de Muar, Malaisie, 1942. -
Le 6 juin 1942, la 3ème Force Navale Spéciale de Débarquement Japonaise débarqua sur l'île de Kiska lors de l'invasion japonaise des îles Aléoutiennes, qui font partie de l'état actuel de l'Alaska. Le débarquement de la Force Navale Spéciale de Débarquement Japonaise fut renforcé par des Type 95 du 11ème Régiment de Chars de l'Armée Impériale Japonaise, qui devinrent les seuls chars ennemis à avoir jamais atterri sur le sol américain. Après le débarquement américain/allié de Kiska pour reprendre l'île en août 1943, les États-Unis capturèrent 2 Type 95 et les transportèrent aux Terrains d’Essais d’Aberdeen dans le Maryland pour étude et évaluation. Deux Type 95 furent déployés pour soutenir le débarquement japonais à Milne Bay, en Nouvelle-Guinée, fin août 1942. Au départ, les chars s’avérèrent efficaces contre l'infanterie australienne légèrement armée, dont les « bombes collantes » ne réussirent pas à se coller en raison de l'humidité. Bien que les chars se soient révélés fiables dans les conditions tropicales de la Malaisie, ils ne pouvaient pas gérer le volume de boue causé par des précipitations intenses et presque quotidiennes à Milne Bay. Un char fut détruit par un fusil antichar Boys et un autre s'enlisa et fut abandonné quelques jours après le débarquement.
-
L'un des Type 95 Ha-Go arrêté par les tirs meurtriers des canons antichars australiens, avec son équipage mort à proximité, 28 janvier 1942. -
Le Type 95 commença à montrer sa vulnérabilité lors de batailles ultérieures contre les forces britanniques, où le canon de 37mm ne pouvait pas pénétrer le blindage des chars d'infanterie britanniques Matilda qui étaient déployés contre eux. Le blindage fin du Type 95 le rendait de plus en plus vulnérable, car les forces alliées se rendaient compte que les armes d'infanterie standard étaient capables de pénétrer le blindage minimal autour du bloc moteur, et même son blindage le plus épais était vulnérable aux tirs de mitrailleuses lourdes. En 1944, on savait déjà que la puissance de feu du Type 95, âgé de 10 ans, était insuffisante pour affronter les chars américains les plus récents, tels que le M4 Sherman ou le M5 Stuart, bien que le Type 95 puisse encore rivaliser contre l'ancien M3 Stuart à bout portant. En août 1942, les États-Unis lancèrent leur première contre-offensive contre le Japon, lorsqu'ils débarquèrent des Marines sur Guadalcanal. Le Corps des Marines des États-Unis déploya son 1er Bataillon de Chars, qui était équipé des seuls M2A4 à avoir combattu avec les forces américaines pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le M2A4 était la base du M3 Stuart, et les deux véhicules étaient presque identiques lorsqu'ils étaient vus côte à côte ; la principale différence étant la roue folle arrière abaissée au sol sur le M3. Bien que le M2A4 soit plus récent de 5 ans, construit en 1940, que le Type 95, c'était le char américain le plus proche en armement et blindage du Type 95 ; avec des flancs de tourelle de 25mm d'épaisseur par rapport aux ceux de 12mm du Type 95 ; et les deux chars étaient équipés de canons de 37mm. Plusieurs Type 95 furent détruits ou capturés par l'Armée Américaine lors de la Bataille de Biak en 1944. Alors que le vent de la guerre tournait contre le Japon, les Type 95 furent de plus en plus dépensés en charges de banzai ou creusés comme casemates dans des positions de défense statiques dans les îles occupées par les Japonais. Pendant la Bataille de Tarawa, 7 Type 95 retranchés de la 7ème Force Navale Spéciale de Débarquement Japonaise s’opposèrent au débarquement américain. Ces 7 chars, ainsi que les deux sur l'île voisine de Makin, furent détruits. D'autres furent détruits sur Parry Island et sur Eniwetok. À Saipan, les Type 95 attaquèrent la tête de pont des Marines à l'aube du 16 juin 1944 et furent détruits par des tirs de chars. Les Marines avaient débarqué la veille avec 2 bataillons de chars. Dans la nuit du 16 au 17 juin, les Japonais lancèrent une « contre-attaque totale ». À la tête de l'attaque se trouvaient 44 chars du 9ème Régiment de Chars. Les Type 97 et 95 furent détruits par un peloton de Marines composé de M4A2, de plusieurs semi-chenillés M3 à canon de 75mm, de bazookas et de canons antichars de 37mm. C'était la plus grande attaque blindée japonaise de la guerre.
-
Type 95 à Tarawa, 1943. -
Pendant la Bataille de Guam, 29 Type 97 et 95 du 9ème Régiment de Chars et 9 Type 95 de la 24ème Compagnie de Chars furent perdus par des tirs de bazooka ou des M4. Sept autres furent détruits à Tinian le 24 juillet et 15 autres lors de la Bataille de Peleliu le 15 septembre. De même, aux Philippines, au moins 10 Type 95 furent détruits lors de divers engagements sur Leyte et 20 autres sur Luzon. Lors de la Bataille d'Okinawa, 13 Type 95 et 14 Type 97 Shinhoto du 27ème Régiment de Chars de l’Armée Impériale Japonaise en sous-effectif affrontèrent 800 chars américains de 8 bataillons de chars de l'Armée Américaine et 2 des Marines. En 1942, l’Armée Impériale Japonaise traversa l'Asie du Sud-Est, la Thaïlande et la Birmanie, et se dirigea vers l'Inde. Les Type 95 du 14ème Régiment de Chars ouvrirent la voie. Ils engagèrent les M3 Stuarts des 7èmes Hussards et du 2ème Régiment Royal de Chars, et alors que les Britanniques se retiraient vers l'Inde, l’Armée Impériale Japonaise rééquipa leurs unités blindées, suite à des pertes importantes de Type 95 au combat, avec au moins quelques M3 Stuart saisis aux Britanniques. En 1944, le 14ème Régiment de Chars était effectivement privé de ses fournitures de combat en raison des tactiques de combat en profondeur britanniques consistant à couper les lignes logistiques de l’Armée Impériale Japonaise, et une dernière poussée japonaise fut arrêtée à Imphal dans le nord-est de l'Inde.
-
Un canon antichar de 40mm du 4ème Régiment Antichar, 8ème Division Australienne, Seconde Force Impériale Australienne, dirigé par le sergent Charles James Parsons, de Moonee Ponds, Vic, en action à un barrage routier à Bakri sur la route Muar-Parit Sulong. À l'arrière-plan se trouve un Type 95 Ha-Go détruit. Le Sgt Parsons reçut ensuite la médaille de Conduite Distinguée pour sa part et celle de son équipage dans la destruction de 6 des 9 chars japonais au cours de cet engagement, Johore, région de Muar, Bakri, Malaisie, 18 janvier 1942. -
Lors de la Bataille de la Vallée de Hukawng, les Type 95 de la 18ème Division furent rejoints par les restes de la 14ème Division de Chars. Ils furent accueillis par l'offensive lancée par l'Armée Nationaliste Chinoise basée en Inde, mais les troupes japonaises furent pratiquement anéanties avec le reste de la division car seuls 1 700 des 12 000 hommes de la division Chrysanthemum réussirent à éclater. Lorsque le M4 Sherman devint disponible pour les Britanniques à utiliser dans la Campagne d'Afrique du Nord, ils purent transférer leurs M3 Lee en Inde et en Birmanie, qui étaient alors devenus obsolètes dans les combats en Europe, mais le Type 95 fut surclassé par ces chars. Bien que des brigades de chars équipées du Type 95 aient été présentes lors de l'invasion soviétique de la Mandchourie en 1945, la guerre se termina avant que l'Armée Rouge n'ait engagé ses principales formations. La seule utilisation du Type 95 en nombre contre les forces soviétiques eut lieu à la Bataille de Shumshu lors de l'invasion des îles Kouriles, lorsque peu de temps avant la finalisation de la reddition japonaise, ils faisaient partie d'une force blindée qui attaqua sans succès la tête de pont soviétique, mais fut vaincu par leurs canons antichars.
-
-
Guerre Froide (1945-1991)
-
Guerre Civile Chinoise (1945-1949)
Lorsque la guerre prit fin en 1945 et que le Japon capitula, de nombreux Type 95 furent abandonnés en Chine. Ils furent utilisés à la fois par les nationalistes et les communistes pendant la guerre civile. Après la victoire des communistes en 1949, l'Armée Populaire de Libération continua à les utiliser dans son inventaire.
-
Type 95 Ha Go utilisé par l'Armée de Libération du Peuple de Mao pendant la guerre civile, Shanghai, 1949. -
Guerre d’Indochine (1946-1954)
Les véhicules laissés en Indochine Française furent réquisitionnés par l'Armée Française et utilisés dans une bataille de répression contre les mouvements indépendantistes.
-
-
Type 95 Ha-Go