-
-
Genèse
En raison de la mécanisation massive de l'Armée Rouge, le gouvernement français en juillet 1930, mis au point le plan d'une force de projection destinée à assister ses alliés dans le « Cordon sanitaire ». Cette force devait comprendre 5 divisions d'infanterie motorisée et 5 divisions de cavalerie, devant comprendre chacune 1 brigade motorisée. En 1934, une division de cavalerie (la 4ème) sera transformée en division blindée. Pour équiper ces unités, de nouveaux véhicules (spécialisés) devaient être fabriqués. Ces véhicules, baptisés « Automitrailleuses de Cavalerie de Reconnaissance » (AMR) dont les spécifications furent émises le 16 janvier 1932, devaient être des véhicules de 3 t, armés d'une mitrailleuse légère et devant posséder une autonomie de 200 km. Bien que le nom puisse suggérer autre chose, les AMR étaient bien des chars à part entière avec un train de roulement entièrement chenillé, et une caisse blindée. Ces véhicules destinés à la reconnaissance étaient, étrangement, dépourvus de radio. Dès novembre 1931, Renault avait commencé à travailler à la conception d'un tracteur léger de cavalerie basé sur le Renault UE. Les dessins de ce véhicule furent cependant rejetés car il était trop étroit et les militaires voulaient une caisse plus large. Renault cependant hésitait à faire de nouveaux investissements sans la garantie d'une future commande. Le 21 novembre la Section Technique de Cavalerie commanda à Renault une version chenillette du Renault UE pour tester l'opportunité du concept de l'AMR chenillé, en compétition avec le Citroën Kégresse P28 (half-track). Renault présenta un modèle plus volumineux sous forme d'une maquette en bois en mars 1932. Le 20 avril une commande de 5 prototypes du modèle de Renault fut passée. Ces prototypes devaient être terminés pour participer aux manœuvres de la Cavalerie en Champagne. Renault prendra cependant le risque de modifier la suspension qui au final était la copie quasi conforme (de type Carden-Loyd) du Renault UE. Au mois de juillet, les 5 véhicules furent livrés. En septembre, ils formèrent la première unité mécanisée de cavalerie créée en France, le Détachement Mécanique de Sûreté Expérimental. Les AMR de Renault démontrèrent qu'ils étaient très agiles, mais aussi assez bruyant, pas assez équilibrés et possédaient une autonomie pauvre (100 km).
-
Après ces manœuvres les prototypes de Renault subiront encore 3 types d'évaluations. Début décembre 1932, la Commission de Vincennes décida d'installer des réservoirs plus gros et d'augmenter l'épaisseur du blindage. En avril 1933, Renault proposa 2 modèles : l'un avec une suspension horizontale avec caoutchouc, l'autre avec une suspension verticale qui furent testés en juin 1933. Bien que Renault préférât la suspension horizontale ce fut finalement la suspension verticale qui fut choisie et ce prototype fut accepté pour la production sous le nom d'AMR Renault Mod. 1933 (AMR 33). Entre-temps, la Cavalerie avait passée le 8 mars 1933 une commande de 45 véhicules qui fut complétée d'une nouvelle commande de 20 véhicules le 22 juin 1933. Durant l'automne, la Cavalerie passa une nouvelle commande de 50 véhicules supplémentaires. Les premiers exemplaires ne furent cependant livrés qu'à partir du 1er juin 1934 en raison de difficultés financières. Les derniers exemplaires (sur un total de 115) furent livrés en septembre 1934. La production du concurrent de l'AMR 33, le Citroën Kégresse P28 sera limité à 55 véhicules seulement. Les 5 prototypes furent remis aux normes et 3 autres AMR 33 furent également produits. Ce qui donne un total final de 123 exemplaires. L'AMR 35 et le descendant naturel de l'AMR 33. Vers le milieu de février 1934, Renault proposa un nouveau modèle doté d'un moteur plus puissant. Renault ne recevra pas l'autorisation de remplacer les AMR 33 restant par son nouveau char, mais recevra une commande de 92 exemplaires de cet engin (dénommé AMR 35) à réaliser en plus des AMR 33, le 3 juillet 1934. La suspension de l'AMR 33 ne donnant pas satisfaction, une toute nouvelle suspension fut exigée et ce fut celle du tout nouveau R35 qui fut adaptée sur l'AMR 35. Cependant deux modèles furent étudiés : le premier avec 2 bogies comme le R35 (rejeté par la France mais quelques-uns furent commandés par la Chine et la province de Yunnan en 1936 (livrés en 1940)) ; le second avec seulement un seul bogie (accepté). Les premiers AMR 35 (ou Renault ZT) ne furent livrés qu'en fin avril 1936. Pendant ce temps, Citroën tenta d'imposer son projet d'AMR, le Citroën P103 qui fut cependant refusé.
-
AMR 35 munit d'une mitrailleuse Reibel de 7,5mm. -
AMR 35 munit d’une mitrailleuse de 13,2mm. -
Design & Modèles
-
AMR 33
L'AMR 33 était un char de petite taille, long seulement de 3,50 m, large de 1,64 m et haut de 1,73 m. Son poids était de 5,5 t et les 84 ch de son moteur lui permettait d'atteindre une vitesse max d'environ 60 km/h. Il était équipé d'un différentiel Cleveland doté de 4 vitesses avant et d'une vitesse arrière. Avec les 128 L de son réservoir, il possédait une autonomie d'environ 200 km. Le blindage était constitué de plaques de blindage rivetées épaisses de 13mm sur les parois verticales, de 9mm sur les parois inclinées, de 6mm sur le toit de la tourelle et de la caisse et de 5mm sur le ventre de la caisse. L'équipage était composé de 2 hommes : le pilote assis à la gauche du moteur et le chef de char/mitrailleur installé dans la tourelle. Cette dernière était armée d'une mitrailleuse Reibel de 7,5mm. Une mitrailleuse supplémentaire pouvait être installé sur un piédestal sur le toit de la tourelle pour un usage AA. La tourelle prévue à l'origine devait être un modèle spécial Schneider (cependant assez cher). Or, les prototypes furent équipés d'une tourelle Renault octogonale installée fort en retrait de la caisse. Les modèles de production furent cependant équipés d'une tourelle AVIS-1 (conçue par les Ateliers de Vincennes mais produite par Renault), installé plus en avant pour une meilleure visibilité. Cette tourelle possédait une trappe d'observation sur le toit. L'accès au char se faisait cependant par une double-trappe installée à l'arrière de la caisse.
-
3ème Groupe Automoteur, France, printemps 1936. -
AMR 35
L'AMR 35 était plus costaud que l'AMR 33 : il mesurait 3,84 m de long, 1,76 m de large et 1,88 m de haut, pesait 6,5 t et pouvait comme son prédécesseur atteindre les 60 km/h. Le blindage latéral avait été augmenté de 8 à 10mm. L'armement était toujours composé à l'origine d'une mitrailleuse Reibel de 7,5mm mais fut remplacée plus tard par une mitrailleuse Mle 30 de 13,2mm.
-
4ème Régiment de Dragons - France, 1940. -
1er Régiment de Dragons - France, 1940. -
6ème Escadron d’AMR, 1er Régiment de Dragons, 2ème Division Mécanisée Légère - France, mai 1940. -
Char Léger Aérotransportable de Renault (1936)
Le 18 mai 1936, la firme Renault reçoit la commande d'un char léger basé sur le châssis de l'AMR 35 mais doté d'une superstructure moulée (et non rivetée). Il devait être surmontée d'une tourelle également moulée, similaire à la tourelle Balland du G1R. Le but était de maintenir le poids total du char autour des 5 t pour faciliter son transport par avion pour le compte des troupes aéroportées. L'armement devait être composé d'un canon de 37mm et d'une mitrailleuse de 7,5mm. Le blindage ne devait pas dépasser les 13mm max.
-
Le projet cependant souffrait d'une grave carence : ... l'absence dans l'armada aérienne française d'un avion capable de transporter ce char. Renault ne voulant pas passer à côté de ce contrat proposa de modifier le Bloch MB.300 (avion de transport commercial) en le dotant d'une plate-forme pouvant soulever ou déposer en quelques instants le char léger. Malheureusement pour Renault, le projet ne dépassa jamais le stade de la planche à dessin.
-
-
Conversions
-
France
-
AMR 33
-
Engin P (Type P)
Le 9 janvier 1931, l'Artillerie Française publia officiellement le cahier des charges d'un Type P, qui devait être un véhicule antichar, qui devait servir dans la ligne Maginot comme chasseur de chars. À cette date, Renault, qui avait été informé des plans environ un an plus tôt, avait déjà commencé à développer un prototype. Les premiers plans prévoyaient un très petit véhicule chenillé, une chenillette, ne pesant pas plus de 1,5 t, sur lequel un canon de 25mm devait être monté sur un trépied en position ouverte. L'arme devait être amovible, afin de pouvoir également être posée au sol après avoir été transportée par le véhicule. Cependant, la même année, il fut décidé de laisser le canon de 25mm être remorqué par la chenillette Renault UE, rendant le Type P redondant dans sa portée d'origine. L'Artillerie décida donc de monter, sous blindage, un canon de forteresse Mle 1934 de 37mm beaucoup plus puissant avec une vitesse initiale de 860 m/s, qui devait encore être développé par l'Atelier de Puteaux, l'arsenal d'armement de l'Etat. En 1932, Renault livra un prototype, un châssis spécialement construit (N°81805), qui ressemblait dans l'ensemble à l'AMR 33 standard. La tourelle était cependant absente et le toit de la caisse avait été surélevé. Au milieu de l'avant de la superstructure, il y avait de la place pour un canon ; à sa gauche, le conducteur devait être assis. Presque tout l'espace disponible était alors occupé ; cela fut résolu en laissant le chargeur s'asseoir sur le sol, avec ses jambes tendues sous la culasse du canon. Dans cette position exiguë, il était censé charger l'arme, en prenant avec sa main droite des obus d'un stock de 107, qui étaient positionnés à l'arrière gauche de la caisse, là où dans l'AMR 33 standard se trouvait la trappe de sortie arrière. Le troisième membre d'équipage, le commandant, était assis à droite, coincé entre le toit de la caisse et le moteur ; il n'avait pratiquement aucune marge de manœuvre. L'Atelier de Puteaux n'achèvera le prototype, désormais nommé Engin P, qu'au printemps 1935. Une fois le canon posé, l'Engin P pesait 4,565 t et avait une vitesse maximale de 54,1 km/h. Le 18 avril 1935 la CEMAV (Commission d'Expériences du Matériel Automobile de Vincennes), après essais, émet un avis très négatif : « Un modèle ancien et dépassé [...] incapable de rendre de sérieux services ». Par ailleurs, le 24 juin, le Conseil Consultatif de l'Armement décide qu'à l'avenir tous les canons jusqu'au calibre 47mm devront être remorqués par la Renault UE après modification de ce dernier type (bien que cela ne se soit jamais produit). En conséquence, l'Engin P fut rejeté.
-
AMR 33 TSF (Télégraphie Sans Fil)
En 1934, les trois véhicules de commandement du 4ème Groupe d’Automitrailleuse et du 18ème Régiment de Dragons de la 4ème Division de Cavalerie furent reconstruits en AMR 33 TSF en les équipant d'un poste radio ER29 dont l'antenne fut placée à gauche coin arrière de la caisse. On ne sait pas si d'autres chars de commandement furent ainsi modifiés.
-
Type M
À la fin de 1932 (connu grâce à une lettre de confirmation ultérieure datée du 18 décembre 1932), Renault eut une réunion avec le général Weygand, au cours de laquelle il proposa de développer toute une famille de véhicules blindés de combat légers basés sur le châssis de l’AMR 33. Il s'intéressa particulièrement à la réalisation d'un APC capable de transporter 4 à 5 fantassins et disposant d'un équipage de 2 et d'un moteur de 19 ch. Le budget étant insuffisant pour équiper ne serait-ce qu'une partie limitée de l'infanterie en véhicules entièrement chenillés, ce projet fut abandonné, mais le 20 mars 1933, Renault reçut une commande de la STMAC (Section Technique des Matériels Automobiles de Combat) pour développer un prototype d’une conception différente discutée avec Weygand : un véhicule de commandement correspondant au cahier des charges du 9 janvier 1931 pour un certain « Type M ». En septembre 1933, 2 prototypes furent présentés à Mailly, qui furent reconstruits avec un moteur de 22 ch plus puissant en 1934. En janvier de cette année-là, il avait été décidé d'en commander 10, mais d'utiliser à la place le châssis de l'AMR 35. Le deuxième prototype sera utilisé à l'automne 1936 pour développer le véhicule d'observation d'artillerie Renault YS, dont les véhicules de production seront cependant également basés sur l’AMR 35.
-
Renault YI
Dans les années 1932 et 1933, Renault développa une série de 3 tracteurs à chenilles militaires non blindés. Le plus petit d'entre eux, le tracteur de 2 t avec la désignation d'usine Renault YI, utilisait largement la suspension AMR 33, bien que le pignon ne soit pas à rayons mais se composait d'une seule plaque convexe. Le véhicule avait une salle de chargement ouverte à l'arrière, le moteur à l'avant et la cabine entre les deux. Le Ministère Français de la Guerre commanda 2 Renault YI.
-
Trench-Jumper
Le prototype AMR 33 N°78758 fut utilisé en 1935 par l'ingénieur Nicolas Straussler, ancien citoyen d'Autriche-Hongrie qui vivait alors au Royaume-Uni, pour faire la démonstration de son « Trench-Jumper » hydraulique qu'il avait déjà testé en Angleterre. Il avait proposé le système en 1933 à l'Armée Française et l'Atelier et Chantier de la Loire et en avait obtenu un exemplaire. L'engin se composait de 2 grands bras hydrauliques qui devaient être montés à l'avant et à l'arrière d'un véhicule. Le bras avant se fixerait sur la rive opposée d'une tranchée à traverser, empêchant le char de tomber dedans. Le char roulerait alors au-dessus de la tranchée en repliant le bras avant, tandis que le bras arrière se logerait sur la rive du départ et se dérouler, en poussant le véhicule en toute sécurité. De cette manière, une tranchée de 2 m de large pouvait être franchie. Le système fut testé les 3 avril 1935 et 21 mars, 30 avril et 4 mai 1936 et enfin en mars 1938. Il s'avéra assez efficace mais en 1938, la Commission de Vincennes rejeta le projet car le petit gain de capacité de franchissement de tranchées ne compensait pas le poids plus élevé.
-
AMR 33 d’Enfumage
En 1938, un système d'enfumage fut testé, à l'aide de l'AMR 33. Un appareil AM5 fut installé par l'usine de Chaubeyre. Il ne fut pas mis en production, malgré un rapport favorable de la Section Technique de la Cavalerie.
-
-
AMR 35
-
ZT 2
Modèle armé d'un canon Mle 34 de 25mm raccourci dans une tourelle moulée APX-5.
-
France, mai 1940. -
ZT 3
Version antichar sans tourelle, armé également d'un canon Mle 34 de 25mm raccourci, monté en casemate.
-
5ème Escadron de Mitrailleuses & de Canons, 1er Groupe de Reconnaissance de Division d’Infanterie (GRDI), secteur de Gossoncourt, Belgique, mai 1940. -
ZT 4
Modèles équipés d'une ventilation améliorée. Quelques exemplaires non terminés furent livrés en 1940. Ils devaient être armés d'une mitrailleuse Hotchkiss de 7,92mm.
-
Destiné à l'Indochine avec un système de refroidissement amélioré. Des livraisons tardives au printemps 1940, certaines sans tourelles ni armement, furent toutes utilisées en France métropolitaine. -
ADF-1
Véhicule de commandement d'escadron (13 exemplaires).
-
YS-1
Véhicule blindé de reconnaissance (10 exemplaires).
-
YS-2
Véhicule d'observation d'Artillerie (1 exemplaire).
-
Véhicule d'essai en tôle souple basé sur le prototype YS, équipé d'une tourelle d'observation en bois, avec télémètre et lunette périscopique. Testé au sein du 309ème Régiment d’Artillerie à Tracteur Tout-Terrain (1937) puis du 71ème Régiment d’Artillerie (2ème Division Légère Mécanique, 1939-1940).
-
-
-
Allemagne
-
8 cm schwere Granatwerfer 34 auf Panzerspähwagen AMR 35(f)
Conversion allemande avec superstructure ouverte équipée de mortiers sGrW34 de 8,1 cm.
-
-
-
En Action
-
AMR 33
-
Entre deux guerres (1918-1939)
Les 115 véhicules disponibles en 1934 furent d'abord affectés aux 5 divisions de cavalerie, un escadron de 15 (3 pelotons de 4, 2 chars de réserve et 1 char de commandement) pour le groupe d'automitrailleuses de chacune, sauf la 5ème Division de Cavalerie qui reçut 10 et la 4ème qui, tous prioritaires dès le premier lot de production, en reçu 40 : un escadron pour son 4ème Groupe d’Automitrailleuse et sa 18ème Division de Dragons et encore 10 pour son 4ème Bataillon de Dragons Portés. En 1935, la 5ème Division de Cavalerie reçut les 3 prototypes reconstruits, portant son effectif à 13. Les AMR 33 furent également affectés à 2 régiments de cavalerie indépendants: la 9ème Division de Dragons qui en reçut 8 du premier lot de 65 et la 11ème Division de Chasseurs qui en reçut 12 du deuxième lot de 50. La force organique égala donc la flotte totale d'AMR 33. Le rôle des AMR 33 dans les divisions de cavalerie était en grande partie celui de soutien direct des cavaliers débarqués. En 1934, il fut décidé de transformer la 4ème Division de Cavalerie en une division blindée, la 1ère Division Légère Mécanique. Cette division disposait alors pour ses seuls chars de 6 escadrilles équipées d'AMR 33, le principal véhicule de combat étant des semi-chenillés AMC P16. Sa puissance de combat était donc certes très limitée, mais de nouveaux chars avaient été commandés, comme l'AMC 34, l'AMC 35 et le S35. En 1937, un nouvelle division légère mécanique fut créé à partir de la 5ème Division de Cavalerie, la 2ème Division Légère Mécanique. Les divisions légère mécanique avaient 3 escadrons d'AMR chacun pour accompagner leur infanterie motorisée (parmi de nombreux autres types). À cette époque, cependant, le manque de fiabilité mécanique de l'AMR 33 était devenu évident et il fut décidé de n'utiliser l'AMR 35 que dans les divisions blindées de cavalerie, en concentrant les AMR 33 dans les divisions de cavalerie restantes. En cas de mobilisation, chacun d'eux aurait désormais un régiment d'automitrailleuses plus grand, à créer à partir du groupe d’automitrailleuse en temps de paix, avec 2 escadrons d’AMR, ceux-ci à nouveau élargis à 4 pelotons de 5 + 2 chars de réserve et 1 char de commandement. L'effectif total de la division d’AMR serait donc de 46. Comme il y avait 3 divisions, leur besoin de 138 véhicules ne pouvait pas être satisfait par le nombre existant d'AMR 33. Par conséquent, la 1ère Division de Cavalerie devait utiliser l'AMR 35 et les seules unités déployant l'AMR 33 étaient la 2 et 3ème Division de Cavalerie. Au déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, la France participant à partir du 2 septembre 1939, l'effectif total organique d’AMR 33 était encore de 92 et les 28 AMR 33 restants étaient gardés en réserve.
-
Cependant, pour créer un plus grand nombre d'unités motorisées, du 1er décembre 1939 au 15 février 1940, les trois dernières divisions de cavalerie furent dissoutes et leur personnel et leur matériel, complétés par de nouvelles unités motorisées, furent redistribués entre 5 nouvelles divisions légères de cavalerie. Il fut d'abord décidé que ceux-ci au sein de chacun des 2 bataillons de leur régiment de dragons portés (régiment d'infanterie motorisé) incorporeraient 2 pelotons d’AMR 33 (un demi-escadron), qui, avec 6 chars de réserve, créeraient une demande de 5x26 ou 130 véhicules, légèrement inférieur au total disponible de 112. Ces derniers chiffres incluaient les AMR 35 de la 1ère Division Légère de Cavalerie, hérités de la 1ère Division de Cavalerie.
-
2ème Guerre Mondiale (1939-1945)
-
Bataille de France (1940)
Le 10 mai, jour de l'invasion allemande, cette mesure se révéla encore insuffisante. Seul la 5ème Division Légère de Cavalerie avait son effectif officiel de 26, les 3 autres divisions n'ayant apparemment pas encore commencé à tenter d'augmenter leur effectif : le 2ème Division Légère de Cavalerie alignait 22 AMR 33, le 3, 20 et le 4ème, 23 pour un effectif total de 91. Il y avait donc une réserve de matériel de 22 véhicules. Dans la Bataille de France, le char se comporta très mal. Les divisions légères de cavalerie dans les Ardennes rencontrèrent de manière inattendue la principale force blindée allemande et ne purent mener qu'une bataille tardive pour laquelle l'AMR 33 n'était pas très utile. Il était mal armé et blindé et très peu fiable à cause de son seul point positif : sa vitesse qui épuisait les suspensions. Il était plus rapide que n'importe quel char allemand de l'époque. Vers 10h00, le 10 mai près de Vancé, l'AMR 33 N°83950 de la 3ème Division Légère de Cavalerie était le premier char français à être détruit dans la bataille, touché par des tirs antichars allemands, tuant l'équipage. Au cours de la première semaine des combats, 75% des AMR 33 furent perdus, souvent à cause d'une panne.
-
Un AMR 33 de l'Armée Française, 1940. -
Le 7 juin 1940 fut créée la 7ème Division Légère Mécanisée, unité de secours, dont fit partie le 4ème Régiment d’Automitrailleuse. Ce régiment avait une allocation de 14 AMR ; à ce nombre appartenaient probablement 9 AMR 33 de la réserve de matériel. Tous ces véhicules seront à nouveau perdus avant l'armistice du 25 juin. Certains AMR 33 capturés furent utilisés par les Allemands sous le nom de Spz. VM 701(f), probablement principalement en France même. Un seul véhicule subsiste au Musée des Blindés à Saumur.
-
-
-
AMR 35
-
Entre deux guerres (1918-1939)
Lorsque l'AMR 35 fut introduit pour la première fois, aucune distinction nette ne fut faite entre l'AMR 33 et 35, mais cela changea en 1937. En 1936 et 1937, 2 divisions blindées de cavalerie furent créées, les divisions légères mécanisées. Initialement, il était prévu que chacun d'eux serait équipé de 7 escadrons AMR : 4 d'entre eux dans leur brigade blindée organique, la brigade de combat (2 dans chacun des 2 régiments de reconnaissance et de combat) et 3 dans leur régiment d'infanterie mécanisée (régiment de dragons portés). Comme chaque escadron avait une force de 20 chars : 4 pelotons de 5 chacun, il y avait un besoin de 280 véhicules. Il apparaissait donc clairement la perspective de nouvelles commandes d'AMR 35 et la nécessité d'une utilisation temporaire d'un certain nombre d'AMR 33. En effet certains furent mis en service par les divisions légères mécanisées. Au sein des régiments de reconnaissance et de combat, les AMR 35 devraient former un premier front de choc devant les S35, engageant probablement des chars légers ennemis, tels que le Pz.Kpfw. I. L'utilisation de tant de chars légers dans un rôle de combat avait été imposée à la cavalerie par une pénurie de S35 : les plans d'approvisionnement initiaux pour le char moyen avaient été réduits de moitié par des limitations budgétaires. Cependant, déjà en 1936, il fut décidé de réorienter la production du H35 qui avait été rejeté par l'infanterie au profit du R35, vers la cavalerie qui décida de l'utiliser à la place de l'AMR 35 dans le régiment de reconnaissance et de combat, même si le H35 n'était pas très rapide : son faible blindage pesait très lourd contre l'AMR 35 car l'Armée Française de cette période était de plus en plus convaincue que les véhicules légèrement blindés ne pouvaient pas survivre sur le champ de bataille moderne. La fonction de l'AMR 35 se limitait donc à celle d'appui direct à l'infanterie ; cela se refléta par l'achat ultérieur de véhicules de mitrailleuses de 7,5mm uniquement. L'exigence totale de divisions mécanisées légères fut réduite à 6 escadrons, dont 4 actifs, ou 120 chars. Par conséquent, il fut décidé de reléguer tous les AMR 33 aux anciennes divisions de cavalerie et même d'équiper l'un d'eux, la 1ère Division de Cavalerie, de 2 escadrons d'AMR 35, dans son 1er Groupe d'Automitrailleuses. En dehors de ceux-ci, tous les AMR 35 devraient être concentrés dans les divisions légères mécanisées. Certains avaient déjà trouvé leur place dans d'autres unités : lors de la révision générale de 1937, ils seront réaffectés. Il s'agit de 2 exemplaires tirés du 6ème Groupe d'Automitrailleuses, 4 de la 7ème Division de Chasseurs, 2 du 3ème Groupe d'Automitrailleuses, 2 de la 9ème Division de Dragons et 3 de la 1ère Brigade Légère Mécanique. D'après des preuves photographiques, on sait que d'autres unités antérieures firent un usage temporaire de certains véhicules.
-
AMR 35 armés d'une mitrailleuse Hotchkiss de 13,2mm du 4ème régiment de Dragons, 1940. -
Initialement, il était prévu de réformer la 1ère Division de Cavalerie en 3ème Division Légère Mécanisée ; ses AMR 35 atteindraient alors automatiquement leur destination appropriée dans une division légère mécanisée au lieu d'une division de cavalerie. Cependant, les plans furent modifiés au début de la Seconde Guerre Mondiale en septembre 1939 : lors de la mobilisation, l'escadron de réserve d’AMR de la 1er Division de Cavalerie était équipé de H35 et ses AMR 35 stockés relégués aux 7 autres escadrons : 2 chars de réserve pour chacun et, dans un nombre de 6, à la réserve générale du matériel. Fin 1939, la 1ère Division de Cavalerie fut transformée en 1ère Division Légère de Cavalerie.
-
2ème Guerre Mondiale (1939-1945)
-
Bataille de France (1940)
Lors de la Bataille de France, 120 AMR 33 et 187 ZT étaient disponibles. Les AMR 35 furent utilisés pour équiper 3 escadrons dans les 1ères et 2èmes divisions légères mécanisées, 66 chars dans chaque division ; et 1 escadron de 22 dans la 1ère Division Légère de Cavalerie, pour un effectif organique total de 152 ; chaque peloton de 5 avait généralement 2 véhicules à mitrailleuses de 13,2mm et 3 véhicules à mitrailleuses de 7,5mm. Le groupe de reconnaissance de division d'infanterie des 5 divisions d'infanterie motorisée, avait chacun un peloton antichar avec 2 ZT2 et 2 ZT3. 5 AMR 35 étaient présents à l'auto-école de Saumur ; 8 étaient dans la réserve générale du matériel. Sur les 10 Renault YS, 4 furent utilisées par la Cavalerie, 4 par l'Infanterie et 2 par l'Artillerie. Le prototype Renault YS 2, bien qu'il ne soit pas en acier trempé, fut déployé par le 71ème Régiment d’Artillerie de la 2ème Division Légère Mécanisée. Au cours de la bataille, la mitrailleuse de 13,2mm s'avéra incapable de vaincre même les voitures blindées allemandes à des distances de combat normales, ses balles étant déviées par leur blindage incliné. Cependant, la plupart des AMR furent perdus en raison de problèmes mécaniques. Tous les véhicules affectés le 10 mai furent perdus à la fin du mois. En juin, une unité ad hoc fut créée, la 7ème Division Légère Mécanisée et une partie de celle-ci était le 4ème Régiment de Automitrailleuses qui utilisait des AMR 35 prélevés dans la réserve du matériel.
-
Service Allemand (1940-1945)
Les Allemands utilisèrent des AMR 35 comme Spz. ZT 702(f) ; les Renault YS furent également mises en service. Les ZT4, étant flambant neufs, étaient en partie équipés du schwerer Granatwerfer 34/1 de 8 cm dans une superstructure ouverte pour produire un mortier automoteur de 81mm ; certains reçurent la tourelle AVIS-1. La plupart de ces véhicules furent utilisés par les forces d'occupation en France. En mai 1945, 3 ZT4 furent découverts par les forces soviétiques entrant à Prague ; ils avaient été capturés par la résistance tchèque et retournés contre leurs anciens propriétaires.
-
AMR 35 occupés par des insurgés dans la rue Bartolomějská, 6 mai 1945.
-
-
-
AMR 33 & 35