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Les Français en 1939-1940 possédaient 2 chars armés d'un canon de 75mm : le B1 bis et le FCM 2C. Cependant ces deux monstres avaient de graves défauts : le FCM 2C qui ne fut produit qu'à 10 exemplaires, était trop encombrant, trop lourd, trop lent et trop obsolète mais son arme principale était montée sur une tourelle alors que le B1 bis avait des dimensions et des performances plus acceptables mais son armement principal était monté en casemate ce qui lui procurait un champ de tir en azimut trop limité. Dès lors en 1938, l'Atelier de Construction de Rueil (ARL) se lança dans l'étude d'un nouveau char reprenant le châssis du B1 bis mais doté cette fois-ci d'une nouvelle tourelle équipée d'un canon de 75mm.
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Maquette du prototype de l'ARL 40. -
Cependant, quand les armées françaises furent vaincues par la Blitzkrieg allemand en 1940, le projet de l'ARL 40 était encore au stade des planches à dessins. Toutefois, dans le plus grands secret, le développement de ce nouveau char continua au nez et à la barbe de l'occupant allemand ! En 1944, les Alliés avaient à peine libéré Paris, que le nouveau char rebaptisé ARL 44 ou « Char de transition » fut mis en production. Le premier modèle de production, cependant ne quitta les lignes de montage qu'en 1946. Cela reste un exploit retentissant compte tenu de l'état de l'industrie française à l'époque.
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ARL 40. -
Seulement 60 exemplaires furent finalement fabriqués, bien que 300 exemplaires eussent été envisagés. Ils furent livrés au 503ème Régiment. Avec ce régiment, ils effectuèrent leur seule sortie en public durant le défilé du 14 juillet 1951. Ce fut FAMH (Forges et Aciéries de la Marine et d'Homécourt) qui se chargea de la production, les tourelles étant fournies par Schneider. Les chenilles et la suspension provenaient du B1 bis, mais le reste était de conception totalement neuve. À l'avant étaient assis le pilote et son assistant et les 3 autres membres d'équipage étaient assis dans la tourelle. Le moteur était situé à l'arrière du char. L'arme principale du ARL 44 n'était plus un canon de 75mm mais un canon de 90mm couplé à une mitrailleuse coaxiale de 7,5mm. Une autre mitrailleuse AA du même calibre était montée sur le toit de la tourelle.
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ARL 44. -
Une version plus moderne, l'ARL 50 atteignit le stade du prototype et des essais mais ne fut jamais mis en production, car l'Armée Française pouvait recevoir des USA des M47 en grande quantité. L'ARL 44 resta en service dans l'Armée Française jusqu'à son remplacement par l'AMX 30 durant les années 60.
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Parade d'ARL 44, lors du défilé du 14 juillet 1951. -
Le 26 octobre 1950, le type fut reclassé en chasseur de chars, le « Chasseur de Chars de 48 t ». Les ARL 44 équipent le 503ème Régiment de Chars de Combat stationné à Mourmelon-le-Grand et remplacèrent avant la fin de 1950 17 Panther utilisés auparavant par cette unité. En service, l'ARL 44 était d'abord un véhicule peu fiable : les freins, la boîte de vitesses et la suspension étaient trop fragiles, entraînant plusieurs accidents graves. Un programme spécial d'amélioration remédia à la plupart de ces lacunes. L'ARL 44 ne fit qu'une seule apparition publique, 10 véhicules participant au défilé du 14 juillet 1951. Lorsque le M47 Patton américain devint disponible, dont le type avait également un canon de 90mm, ils furent éliminés en 1953. En novembre 1953, il fut proposé soit de les mettre au rebut, soit de les utiliser dans des positions statiques pour renforcer les fortifications frontalières. Le 20 décembre 1954, il fut décidé de les démolir. Certains servirent de cibles. La rumeur selon laquelle la plupart des ARL 44 furent exportés vers l'Argentine est sans fondement.
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Prototype de l’ARL 44 avec la tourelle provisoire ACL-1 et un canon principal M4A1 de 76mm de fabrication américaine, en essais, mars-avril 1946. Char dont le développement commença en 1940 et se poursuivit en France pendant l'occupation à l'insu des Allemands.
ARL 40 & 44
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