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Genèse
Le Gun Carrier Mark I fut le premier exemple d'artillerie blindée automotrice de l'histoire. Ce fut le Major Gregg qui proposa de réaliser un canon automoteur à partir d'éléments du Mark I, pour fournir un appui feu direct et mobile à l'infanterie. La réalisation d'un prototype fut acceptée le 5 juin 1916 et l'étude de ce nouveau blindé débuta en juillet. Le premier prototype participa au Tank Trials à Oldbury le 3 mars 1917 et une commande de 50 exemplaires fut passée avec Kitson & Co. L'Armée Britannique prendra livraison de ses véhicules (nommés désormais Gun Carriers Mark I) à partir de juin 1917, jusqu'en juillet de la même année.
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Design
Bien qu'incluant plusieurs éléments du Mark I, le Gun Carrier ne lui ressemblait guère cependant. Les chenilles n'enveloppaient plus les côtés de l'engin. En effet, les parties supérieures étaient situées beaucoup plus bas. Les éléments du train de roulement (sans suspension) étaient cependant toujours protégés par une imposante paroi blindée, de chaque côté. L'espace situé au-dessus des chenilles accueillaient le poste de pilotage, le poste de combat, et le compartiment moteur. Ce dernier situé à l'arrière était protégé par une imposante superstructure rectangulaire (elle couvrait les chenilles sur sa largeur et sa longueur faisant à peu près la moitié de celle du Gun Carrier) qui couvrait un moteur Daimler de 105 ch et la transmission (le même que pour le Mark I, disposée cependant de façon inverse) et les autres éléments du groupe propulseur. Le compartiment moteur accueillait également le commandant de bord, un mécanicien et 2 machinistes. À l'arrière, l'espèce de gouvernail sur roues du Mark I sensé aider à manœuvrer le véhicule fut conservé.
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Schéma illustrant l'élévation gauche de l'obusier britannique BL 26 cwt de 152mm sur l'affut Mark I. -
Devant le compartiment moteur se trouvait un espace ouvert qui accueillait l'obusier qui constituait le principal armement du char. Il s'agissait d'un obusier BL Mark I de 127 ou de 152mm. L'obusier standard était tout simplement installé sans ses roues dans le compartiment de combat sans autres modifications. Les roues de l'obusier étaient transportées sur les côtés du véhicule, ce qui permettait dans le cas échéant de reconstituer l'arme et de l'utiliser indépendamment du Carrier comme une pièce d'artillerie standard. Une potence située sur le toit du compartiment moteur fut installée à cet effet.
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Élévation gauche et diagrammes en plan du canon britannique BL 60-pdr Mark II sur l’affut Mark IV. -
À l'avant du Gun Carrier, le tube de l'obusier était flanqué de chaque côté de 2 cabines blindées accueillant, pour celle de gauche, le pilote (disposant d'un volant de direction) et pour celle de droite le préposé aux freins (disposant de leviers). Vous vous en doutez que la communication ne devait pas être évidente entre ces 2 hommes. Cela posait un problème important car le pilote, le préposé aux freins, mais aussi les 2 machinistes à l'arrière étaient nécessaires pour manœuvrer le char !
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Conversions
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Gun Carrier ARV
Si 50 exemplaires du Gun Carrier Mark I furent produits, seulement 48 furent utilisés comme canons automoteurs. En effet, 2 véhicules furent convertis en véhicules blindés de récupération. Une imposante grue montée sur une plate-forme et munie d'un puissant treuil remplaçait l'obusier et les cabines blindées étaient supprimées.
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Gun Carrier Mark II
En avril 1917, une maquette en bois d'un hypothétique remplaçant du Mark I, le Gun Carrier Mark II fut réalisé. L'armement était sur cette maquette disposée à l'arrière. La construction d'un prototype fut bien entamée mais ne fut jamais finalisée.
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Gun Carrier Supply
Les Gun Carrier furent convertis en Supply Tank et utilisés comme APC. Au début de juin 1918, les deux compagnies de Gun Carrier furent transformées en compagnies de ravitaillement. Pour l'attaque du 8 août 1918, 1er jour de la bataille d'Amines, 22 Gun Carrier Supply furent affectés au Corps Australien. Malheureusement 16 de ces véhicules furent irrémédiablement endommagés lorsque l'un d'eux transportant des explosifs explosa dans la nuit du 6 au 7 août 1918 près de Villers Bretonneux.
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En Action
Le Gun Carrier arriva en France avant la 3ème Bataille d'Ypres (31 juillet-10 novembre 1917) et fut attaché au 18ème Corps pour des essais sur le terrain. Le Gun Carrier fut utilisé pour la première fois à la bataille de Pilckem Ridge (31 juillet-2 août 1917) et la queue de direction fut rapidement supprimée. Lors des combats en Flandre, le porte-avions fit avancer plusieurs centaines de tonnes de munitions et plusieurs canons de 60-pdr. À au moins une occasion, un obusier de 152 fut tiré d’un Gun Carrier qui changea ensuite de position pour semer la confusion chez les Allemands. La 1ère Compagnie de Gun Carrier fut formée le 6 septembre et facilita grandement la tâche de déplacement des fournitures, chaque transporteur déplaçant des charges de 7 t qui auraient nécessité un groupe de transport de 290 hommes. À la fin de l'année 1917, 44 Gun Carrier se trouvaient en France. En tant que chars d'approvisionnement, les Gun Carrier avaient une capacité beaucoup plus grande que les Mark I et IV convertis et étaient en demande constante. Sept Gun Carrier étaient disponibles pour l'ouverture de la Bataille de Cambrai le 20 novembre 1917. En juin 1918, les 2 compagnies de Gun Carrier furent converties en compagnies de ravitaillement et rattachées aux 3 et 5èmes brigades de chars. Lors de la bataille du Hamel (4 juillet 1918), le capitaine James Smith fit avancer les 4 machines de la 1ère Compagnie de Gun Carrier avec 20 à 25 t de provisions du génie à moins de 370 m de l'objectif final, dans les 30 minutes suivant sa capture. Au retour des véhicules, les équipages récupérèrent 70 soldats blessés et les transportèrent vers un poste de secours. Quatre officiers et 16 hommes transportèrent l'équivalent de 1 200 hommes, soit l'équivalent d'environ 2 bataillons d'infanterie en provisions et équipement. Un Gun Carrier déplaça 133 rouleaux de fil de fer barbelé, 450 piquets à vis, 45 tôles ondulées, 50 bidons d'eau, 150 bombes de mortier, 10 000 cartouches et 20 boîtes de grenades à main. Lorsque les 1ères et 2èmes compagnies de ravitaillement atteignirent la France, elles rejoignirent les 1ères et 4èmes brigades de chars et les 3, 4 et 5èmes compagnies de ravitaillement furent affectées au camp de Blingel, près de Bermicourt qui disposait d'installations de conduite et de maintenance. Fin juillet, les 3 et 5èmes compagnies d'approvisionnement furent rééquipées de Mark IV Supply et de Mark IV avec des équipements pour transporter des traîneaux remplis de fournitures. En août, la 1ère Compagnie de Gun Carrier était rattachée à la 5ème Brigade de Chars et la 2ème Compagnie à la 3ème.
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Soldats britanniques ravitaillant un Gun Carrier Mark I, nommé Kingston, à Miraumont, 26 août 1918. -
Les 22 Gun Carrier de la 1ère Compagnie furent attribués au Corps Australien lors de la Bataille d'Amiens (8-12 août 1918). Dans la nuit du 6 au 7 août, la 1ère Compagnie de Gun Carrier se rendit dans un verger à l'ouest de Villers-Bretonneux en transportant des explosifs. Un obus d'une batterie allemande près de Chipilly enflamma un filet de camouflage sur l'un des Gun Carrier, une épaisse fumée s'éleva et l'artillerie allemande bombarda le verger. Les équipages des véhicules et quelques artilleurs australiens sauvèrent 3 Gun Carrier qui furent chassés du danger mais les autres explosèrent ; Le major W. Partington, commandant de la 1ère Compagnie de Gun Carrier fut blessé. Lorsqu'ils n'étaient pas nécessaires pour le soutien des chars, les Gun Carrier déplaçaient les magasins du génie et les munitions pour l'infanterie, étant d'une grande utilité dans les zones balayées par les tirs de mitrailleuses. La 2ème Compagnie de Gun Carrier avança un obusier de 152 pour mener des tirs harcelants la nuit, se déplaçant pour tromper les Allemands. Plusieurs attaques au gaz furent menées par des Gun Carrier déplaçant des projecteurs Livens et des bombes à gaz sur un terrain trop découpé pour les véhicules à roues. La mobilité à travers le pays des Gun Carrier permit à davantage de bombes d'être tirées dans l'obscurité et aux transporteurs de quitter la zone avant l'aube. Pendant le reste de la guerre, les Gun Carrier étaient très demandés pour transporter des ravitaillements de chars sur un terrain impropre aux véhicules à roues. Le 18 septembre, lors de l'Offensive des Cent Jours, l'infanterie australienne était si sous-équipée lors des opérations contre la ligne d'avant-poste Hindenburg, que 2 Gun Carrier acheminèrent des fournitures vers le premier objectif. Onze jours plus tard, la 5ème Compagnie de Chars de Ravitaillement, avec 17 Gun Carrier, soutint le Corps Australien sur la Ligne Hindenburg.
Gun Carrier