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Genèse & Production
Alors que le Matilda I était toujours au stade de prototype, le War Office décida qu'il était trop léger niveau blindage et puissance de feu. Un char qui suivait l'infanterie à vitesse d'homme ne pouvait prétendre survivre au feu des canons anti-char ennemis que si son blindage était assez conséquent et qu'il avait du répondant au niveau armement. Dans un premier temps on envisagea de doter le Matilda I d'une tourelle biplace avec canon de 40mm mais l'étroitesse de la caisse de ce char (A11) ne permettait guère cette modification qui imposait en outre le développement d'un moteur plus puissant. Il fallait donc un nouveau char et le projet fut confié au Service de Recherche de l'Arsenal de Woolwich. Le nouveau char inspiré dans une large mesure du prototype A7 (1932) reprenait la suspension (cependant renforcée), le groupe propulseur (2 diesels commerciaux jumelés), de ce dernier. Une tourelle et un capot en acier coulé aurait été l'idéal, mais les moyens de l'industrie britanniques du milieu des années 30 ne le permettaient guère. Pour cette raison, les chars britanniques gardèrent leurs caisses et tourelles en assemblage riveté ou soudé longtemps après que les autres pays soient passés au coulage. Ce fut l'industrie Vulcan de Warrington qui fut nommée maître d'œuvre du projet en novembre 1936 et la maquette en bois du nouveau char d'infanterie fut réalisée en avril 1937. Un an plus tard, fut réalisé un prototype en acier doux. Ce retard était dû aux difficultés de livraison des boîtes de vitesses Wilson. Le prototype fut testé durant l'hiver 1938 alors qu'une première commande de 65 modèles avait déjà été passée. Cette commande fut rapidement suivie d'une autre de 100 nouveaux chars. Les essais furent un succès et seulement quelques modifications mineures furent exigées.
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A12E1. -
En 1938, le réarmement de la Grande-Bretagne démarra pour de bon. Il était temps car la pénurie de chars était criarde et d'autres commandes de Matilda II furent passées. Vulcan n'était cependant plus en mesure d'y répondre et le War Office fit appel à d'autres usines comme Fowler, Ruston et Hornsby, LMS Railway Works, Harland & Wolff et North British Lomotive Works bien que Vulcan restât le producteur principal du Matilda II. La production de masse du Matilda II n'était pas simple en raison des pièces coulées et d'autres éléments posant problème. On comprend mal dès lors que les jupes blindées soient coulées en une seule pièce, vu leur surface. Cependant, leur production fut facilitée quand on fit passer à 5 (à la place de 6) le nombre de déversoirs de boue latéraux. En septembre 1939, seulement 2 Matilda II était en service dans l'Armée Britannique mais au printemps 1940, un bataillon complet avait été constitué. Le Matilda II fut produit jusqu'en 1943 avec un total de 2 987 chars.
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Design
Le Matilda était organisé selon le schéma habituel des chars britanniques, soit en 3 compartiments. Le poste de conduite se situait juste derrière la plaque frontale, au centre. Le levier de changement de vitesse était situé entre les jambes du pilote et les commandes de direction, sur les côtés du siège. Pour accéder au char, le pilote avait une trappe au-dessus de lui qui s'ouvrait par glissement arrière. Une fois fermée, il avait pour sa vision, le choix entre un épiscope, les fentes de vision du blindage frontal ou un hublot. Devant lui se trouvaient la pédale d'embrayage (gauche) et l'accélérateur (droite). Dans les modèles suivants, une trappe de secours fut aménagée sous le poste de pilotage. Il n'y avait pas de mitrailleuse de caisse, une rareté pour l'époque malgré le fait que cette arme était rarement utilisée en opération.
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Train de roulement. -
La lourde tourelle coulée était peu spacieuse et offrait une habitabilité médiocre à son équipage de 3 hommes installé dans le panier de tourelle. Cette étroitesse intérieure était encore pire dans la version CS avec l'obusier de 76,2mm. Le commandant possédait une coupole circulaire qui n'offrait qu'un champ de vision limité. Deux types de coupoles furent produits : le premier d'une hauteur de 30 cm avait des fentes de vision protégées d'un seul côté, l'autre haut de 15 cm ne possédait pas de fentes. Une trappe à 2 volets surmontait les deux trappes de coupole. Un fusil-mitrailleur Bren de 7,7mm pouvait être installé sur la coupole. Le commandant était assis à gauche derrière le tireur. La tourelle du Matilda était l'une des premières à utiliser la commande hydraulique (mise au point par Frazer Nash et adaptée également aux bombardiers). Le Matilda transportait 67 obus pour son canon de 40mm et 4 000 coups pour sa Vickers. Le pointage en site de l'ensemble canon-mitrailleuse était obtenu en pesant du bras droit (celui du tireur) sur la crosse et en actionnant les détentes des 2 armes. Le tir était automatique par renvoi mécanique. Le pointage de direction était obtenu comme précité par une commande hydraulique permettant une rotation complète en 14 s. Sur les modèles dotés de la mitrailleuse Besa, un ventilateur était installé sur le toit de la tourelle pour l'évacuation des gaz de tir. Il fut remplacé sur les Matilda dotés de mitrailleuses Vickers d'une pompe à eau de refroidissement et un tuyau d'échappement des gaz (toujours à travers le toit). Le chargeur assis à droite du canon était également chargé du poste radio et des 2 lance-fumigènes montés sur le côté droit de la tourelle. Le poste radio n°11 était installé à l'arrière de la tourelle (destiné aux liaisons à l'échelle du bataillon). Sur les Matilda IV et V il fut remplacé par un poste radio n°19 qui permettait en plus des liaisons au niveau du peloton et les membres d'équipage du char. Pour compenser une panne de la radio, le commandant disposait d'une lampe de signalisation optique.
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Pont avant du Matilda. -
Avant de caisse du Matilda. -
Avant de caisse du Matilda Mk. III. -
Tourelle de Matilda. -
Tourelle de Matilda Mk. III. -
Les deux diesels jumeaux entraînaient la boîte Wilson à trains épicycloïdaux et les barbotins arrière. Les Matilda III et les autres versions ultérieures étaient dotées de diesels Leyland plus puissant que les AEC initiaux. Les Matilda avec les moteurs Leyland furent fabriqués en plus grand nombre. Le Matilda IV possédait un servo-pneumatique au sommet de la boîte pour améliorer les changements de vitesse. Les deux réservoirs étaient montés sur le flanc externe des moteurs. Le système de refroidissement (à radiateur et ventilateur) était distinct pour chaque moteur. Le circuit d'alimentation était également dédoublé jusqu'au Matilda III, avec tuyauterie d'équilibrage entre les 2 réservoirs. Sur le Matilda IV étaient équipés de tuyaux de raccordement à un réservoir externe. Sur les modèles destinés aux climats froids (Russie), on installa des carburateurs à éther pour faciliter le démarrage des moteurs. Sur les Matilda dotés des moteurs AEC, l'échappement du moteur droit se faisait par le bas à travers de la plaque arrière de la caisse. Un compresseur Reavel de 2 étages (dépendant du système boîte/direction) était situé entre les 2 moteurs pour alimenter un réservoir installé sur le plancher du compartiment de combat pour permettre quand le compresseur était stoppé, 8 changements de vitesse. Les changements de vitesses étaient mécaniques mais toujours avec l'action du pied sur la pédale d'embrayage. Sur le Matilda V un système pneumatique Westinghouse connecté à la boîte de vitesses permettait d'actionner directement la barre de commande, l'embrayage et les freins de direction Rackham toujours commandés toutefois mécaniquement par les leviers de direction.
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Pont arrière du Matilda. -
Pont arrière de Matilda Mk. III. -
Arrière de caisse de Matilda. -
Arrière de caisse de Matilda Mk. III. -
La suspension était dérivée de celle du prototype A7 du type « en ciseaux ». Le train de roulement consistait chaque côté en un galet-guide et 5 bogies à maneton et ressorts à boudin placés entre la caisse et la jupe blindée. Cette configuration compliquée était cependant efficace bien que limitant la vitesse du char. L'accès aux bogies en tandem se faisait via des trappes s'ouvrant sur les garde-boues. La partie supérieure de la chenille était soutenue par 3 rouleaux porteurs. La tension était assurée par la poulie de renvoi située à l'avant du train de roulement. Le blindage du Matilda était composée de parties coulées et boulonnées allant à l'avant jusqu'à 78mm d'épaisseur, ce qui en 1940 était énorme. Pas étonnant que la plupart des canons allemands s'y cassaient les dents.
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Modèles
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Matilda (Mark II)
Premier modèle britannique avec moteurs diesel. Il était armé du canon de 40mm et d'une mitrailleuse Besa de 7,92mm dans une tourelle biplace.
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« Good Luck », 7ème Régiment Royal de Chars, 1ère Brigade Blindée, Corps Expéditionnaire Britannique (BEF), Arras, France, 21 mai 1940. -
Équipé d'un obusier de 76,2mm. -
Matilda Mk. II (Mark IIA)
Idem que le précédent, si ce n'est le remplacement de la mitrailleuse Besa par une Vickers de 7,7mm.
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42ème Régiment Royal de Chars, 1ère Armée de Brigade de Chars, Libye, novembre 1941. -
Matilda Mk. III (Mark IIA*)
Idem au Matilda Mk. II mais avec des moteurs Leyland.
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Version CS. -
4ème Peloton de Chars Indépendant de l'Escadron de Chars de Malte, Régiment Royal de Chars, Malte, 1942. -
Matilda Mk. IV
Modèle identique au Mk. III mais avec des moteurs Leyland améliorés.
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Mk. IV (production tardive) « Defiance » du 4ème Régiment Royal Blindée, 8ème Armée, 2ème Bataille d'El-Alamein, octobre 1942. -
Camouflage avec le camouflage « Malte », Afrique du Nord. -
Matilda Mk. V
Modèle avec une boîte de vitesses améliorée. Servo pneumatique Westinghouse utilisé.
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2/9ème Régiment Blindée Australien, Bataille de Tarakan, Bornéo, mai 1945.
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Conversions
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Anglaises
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Matilda II/IV CDL
La tourelle fut remplacée par une autre cylindrique contenant un projecteur (projeté à travers une fente verticale) et une mitrailleuse BESA. Le projecteur était destiné à désorienter et confondre l'ennemi la nuit. Utilisés durant le franchissement du Rhin en 1945.
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Baron I/II/III/IIIA
Char démineur développé en Grande-Bretagne.
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Matilda Scorpion I
Char démineur développé au Moyen-Orient.
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Matilda Scorpion II
Char démineur notamment utilisé à El Alamein (23 octobre 1942) contre les champs de mines allemands.
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Matilda AMRA Mk. IA
Char démineur doté de rouleaux Fowler utilisé en petits nombres en Afrique du Nord.
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Matilda Carrot
Char de démolition utilisant une charge explosive de 300 kg.
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Matilda Black Prince
Prototype radiocommandé produit en 1941 utilisant l'A12E2 avec transmission Wilson. Les utilisations prévues comprenaient une utilisation comme cible mobile, pour attirer le feu et ainsi révéler des canons antichars cachés, ou pour des missions de démolition. Commande prévue de 60 annulée car elle nécessiterait la conversion de la transmission à embrayage Rackham au type Wilson. Utilisait un canon QF 6-pdr Mk. V de 57mm.
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Australiennes
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Matilda Frog
Un char lance-flammes, il était équipé d'un projecteur de flammes à la place du canon principal, déguisé avec un tube pour le faire ressembler à un char à canon normal. Pour éviter la complication de la conception d'un joint rotatif à haute pression, le carburant du lance-flammes se trouvait dans un réservoir de 360 L à l'intérieur de la tourelle avec le réservoir d'air à haute pression, qui propulsait le carburant. Cela laissait de la place pour un seul membre d'équipage qui utilisait le lance-flammes. Plusieurs autres réservoirs de carburant totalisant 740 L furent installés dans la caisse et utilisés pour remplir le réservoir de la tourelle. Le lance-flamme avait une portée de 82 m et tirait environ 45 L à chaque tir. Un problème avec le système était qu'il fallait un intervalle de 30 s entre les tirs pour augmenter la pression. Les Frog virent l'action à Bornéo et furent considérés comme très efficaces.
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4ème Troupe, Escadron A, 1er Bataillon de Chars, 2ème Force Impériale Australienne, Armée Australienne, Bornéo, Nouvelle-Guinée, juin 1945. -
Matilda Murray
Char lance-flammes. Similaire au Frog mais avec un réservoir de carburant de tourelle plus grand de 590 L. Il utilisait de la cordite au lieu de l'air comprimé comme propulseur de flamme. Il ne vit jamais l'action.
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Matilda Dozer
Char de terrassement australien avec lame de bulldozer.
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Matilda Inglis Bridge
Char poseur de pont, poussant une passerelle sur chenilles devant lui. Utilisé pour l'entraînement seulement.
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Matilda Trench Crossing Device
Char doté d’un équipement de franchissement de tranchées pour l'infanterie ou des véhicules légers.
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Matilda Hedgehog
Officiellement connu sous le nom de « Matilda Projector, Hedgehog, No. 1 Mark I », il équipait un mortier Hedgehog à 7 chambres dans une boîte blindée sur la caisse arrière de plusieurs chars australiens Matilda. Le projecteur était élevé par un système hydraulique adapté du mécanisme de déplacement Logan utilisé dans les tourelles de M3 Lee. Les mortiers étaient tirés électriquement soit individuellement, soit en salve de 6 (à partir de la position 12 h ; le cinquième tube ne pouvait pas être tiré à moins que la tourelle ne soit traversée pour déplacer l'antenne radio hors de la trajectoire de vol de la bombe. Chaque bombe pesait 29 kg et contenait 14 à 16 kg d'explosif puissant. La portée était jusqu'à 400 m. La visée était accomplie en pointant l'ensemble du char ; le montage n'avait pas de traverse indépendante, donc la précision n'était pas spectaculaire, mais suffisante pour la tâche. Essais à Southport, Le Queensland, en mai 1945, fut déclaré un succès complet, et le char aurait été impressionnant contre les bunkers ennemis, mais la guerre se termina avant qu'il ne soit utilisé de manière opérationnelle.
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Soviétiques
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Matilda ZiS-5 (F-96)
Un Matilda Mk. III fourni à l'URSS fut rééquipé du canon ZiS-5 de 76,2mm utilisé sur le KV-1. Cette modification se révéla infructueuse en raison de l'encombrement de la culasse du ZiS-5 dans la tourelle du Matilda, aucune production ne fut lancée.
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Allemandes
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Panzer Mk. II 748(e) mit 5 cm KwK 39 L/42 (5 cm KwK 39 L/42 auf Infanterie Panzer Mk. II 748(e)) (1942)
Conversion originale en 1942, d'un Matilda Mk. II (sûrement capturé au BEF en 1940), perpétrée par le Hochsee-Kommando Terneuzen. Cette unité reçoit en effet un exemplaire du char anglais à des fins d'entraînement. Les photos le montrent avec des éléments de la Kriegsmarine. Il fut vite décidé de remplacer la tourelle initiale par un canon de 50mm (mécanisme de tourelle devenu inutilisable ? Ou manque de munitions de 40mm). Le Panzer Mk. II 748(e) mit 5 cm KwK 39 L/42 était équipé d'un grand bouclier artisanal protégeant le canon KwK 39 L/42 de 50mm (sûrement pris sur un Pz.Kpfw. III) et ses serviteurs. L'armement était complété par 2 mitrailleuses de 7,92mm provenant des stocks de la Luftwaffe, montées sur la partie haute du bouclier. Sur les photos on voit qu'il sert de transport de troupes, avec une belle grappe de soldats entassés sur le plateau arrière. Le char sera aussi photographié en mer à côté d'un LWS (tracteur amphibie) sur un Pionier-Landungsboot 41 (ferry de débarquement). Il est peu fait de cas de sa carrière opérationnelle cependant, elle fut sans doute court et anecdotique (aucune participation à un combat rapportée), en raison du manque de pièces de rechange et cette conversion fut sans doute rapidement retirée des effectifs.
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Hochsee-Lehrkommando Terneuzen, Côte normande, France, 1942.
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En Action
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2ème Guerre Mondiale (1939-1945)
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Bataille de France (1940)
Le Matilda fut utilisé pour la première fois au combat par le 7ème Régiment Royal de Chars en France en 1940. Seuls 23 des chars de l'unité étaient des Matilda II ; le reste des chars d'infanterie britanniques en France étaient les plus petits A11 Matilda I armés de mitrailleuses. Son canon de 40mm était comparable à d'autres canons de char dans la gamme de 37 à 45mm. En raison de l'épaisseur de son blindage, il était largement immunisé, mais pas insensible, aux canons des chars allemands et des canons antichars en France. Les Allemands découvrirent que les canons AA de 88mm étaient la seule contre-mesure efficace. Lors de la contre-attaque d'Arras du 21 mai 1940, 18 Matilda II britanniques (et Matilda I) purent perturber brièvement la progression allemande, mais, n'étant pas soutenus, ils subirent de lourdes pertes (30 chars perdus) après avoir pénétré dans la zone arrière de la 7ème Panzerdivision. Une ligne d'artillerie et plus tard des canons AA de 88mm, personnellement organisés par le général Rommel, étaient nécessaires pour repousser l'attaque. Tous les véhicules ayant survécu aux combats autour de Dunkerque furent abandonnés lors de l'évacuation du BEF.
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Matilda abandonné inspecté par des soldats allemands, Arras, 1940. -
Campagne d’Afrique du Nord (1940-1943)
Jusqu'au début de 1942, lors de la campagne en Afrique du Nord, le Matilda s'avéra très efficace contre les chars italiens et allemands, bien que vulnérable aux canons antichars de gros calibre et de moyen calibre. À la fin de 1940, lors de l'opération Compass, les Matilda de la 7ème Division Blindée Britannique firent des ravages parmi les forces italiennes en Égypte. Les Italiens étaient équipés de tankettes L3 et de M11/39, qui n'avaient aucune chance contre les Matilda. Les artilleurs italiens devaient découvrir que les Matilda étaient imperméables à un large assortiment d'artillerie. Le Matilda continua à confondre les Italiens alors que les Britanniques les poussaient hors d'Égypte et entraient en Libye pour prendre Bardia et Tobrouk. Même en novembre 1941, les rapports de combat de l'infanterie allemande montrèrent l'impuissance de l'infanterie mal équipée contre le Matilda. En fin de compte, dans la guerre de manœuvre rapide souvent pratiquée dans le désert ouvert d'Afrique du Nord, la faible vitesse et le mécanisme de direction peu fiable du Matilda devinrent des problèmes majeurs. Un autre problème était l'absence d'HE (l'obus approprié existait mais ne fut pas émis). Lorsque l'Afrika Korps arriva en Afrique du Nord, le canon AA de 88mm fut de nouveau mis en service contre Matilda, causant de lourdes pertes lors de l'opération Battleaxe, lorsque 64 Matilda furent perdus. L'arrivée des canons antichars plus puissants 5 cm PaK 38 et 7,5 cm PaK 40 permit également à l'infanterie allemande d'engager les Matilda à des distances de combat. Néanmoins, pendant l'opération Crusader, les chars des 1ères et 32èmes brigades de chars jouèrent un rôle déterminant dans l'évasion de Tobrouk et la capture de la forteresse de l'Axe de Bardia. L'opération fut décidée par les chars d'infanterie, après l'échec des Cruiser de la 7ème Division Blindée à vaincre les forces de chars de l'Axe en plein désert.
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Matilda II du 7ème Régiment Royal de Chars dans le désert occidental, 19 décembre 1940. -
Au fur et à mesure que la Wehrmacht recevait de nouveaux chars avec des canons plus puissants, ainsi que des canons antichars et des munitions plus puissants, le Matilda s’avéra de moins en moins efficace. Des tests de tir menés par l'Afrika Korps montrèrent que le Matilda était devenu vulnérable à un certain nombre d'armes allemandes à des distances de combat ordinaires. En raison de la petite taille de la tourelle et de la nécessité d'équilibrer le canon, il n'était pas pratique de tirer sur le Matilda sans développer une tourelle plus grande. Il y avait au moins un exemple de tourelle de la série de Cruiser A24/A27 montée sur un Matilda, avec un canon de 6-pdr. Comme la taille de l'anneau de tourelle du Matilda était de 1,37 contre les 1,45 m de l'A27, il était possible qu'un anneau de tourelle plus grand ait été superposé à la caisse. Le Churchill Mk. III avait également un anneau de tourelle de 1,45 m mais était armé d'un 57mm et cela aurait pu offrir une route alternative. C'était aussi un peu cher à produire. Vickers proposa une alternative, le Valentine, qui avait le même canon et un niveau de blindage similaire mais sur un châssis plus rapide et moins cher dérivé de celui de leur Cruiser Mk. II. Avec l'arrivée du Valentine à l'automne 1941, le Matilda fut éliminé par l'Armée Britannique par attrition, les véhicules perdus n'étant plus remplacés. Au moment de la 2ème Bataille d'El Alamein (octobre 1942), peu de Matilda étaient en service, beaucoup ayant été perdus lors de l'opération Crusader puis des batailles de Gazala au début de l'été 1942. Environ 25 prirent part à la bataille comme char de déminage (Matilda Scorpion).
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Matilda II utilisé comme véhicule capturé du côté allemand près de Tobrouk, 21 juin 1942. -
Au début de 1941, un petit nombre de Matilda furent utilisés pendant la campagne d'Afrique de l'Est à la Bataille de Keren. Cependant, le terrain montagneux de l'Afrique de l'Est ne permettait pas aux chars de l’Escadron B du 4ème Régiment Royal de Chars d'être aussi efficaces que ceux du 7ème Régiment Royal de Chars l'avaient été en Égypte et en Libye. Quelques Matilda du 7ème Régiment Royal de Chars étaient présents lors de la Bataille de Crète et tous furent perdus. Suite à l'opération Battleaxe, une douzaine de Matilda laissés derrière les lignes de l'Axe furent réparés et mis en service par les Allemands. Plusieurs véhicules furent transportés à Kummersdorf où ils furent évalués, y compris des essais par tir réel. La désignation allemande était Infanterie Pz.Kpfw. Mk. II 748(e). Les Matilda étaient bien considérés par leurs utilisateurs allemands, bien que leur utilisation au combat ait semé la confusion des deux côtés, malgré des marques allemandes très proéminentes. L'historien tchèque Ivo Pejčoch écrit que les Roumains avaient également capturé des Matilda soviétiques, mais aucune autre source ne le mentionne, il peut donc s'agir d'une confusion.
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Des soldats néo-zélandais reprennent un Matilda II, précédemment capturé par les Allemands, et font prisonnier son équipage allemand. Il avait été endommagé par un canon antichar après une tentative de percer les lignes alliées, 3 décembre 1941. -
Grande Guerre Patriotique (1941-1945)
L'Armée Rouge reçut 918 des 1 084 Matilda envoyées en URSS. Les Matilda soviétiques entrèrent en action dès la Bataille de Moscou et devinrent assez courants en 1942. Sans surprise, le char s'avéra trop lent et peu fiable. Les équipages se plaignirent souvent que la neige et la saleté s'accumulaient derrière les panneaux de jupe, obstruant la suspension. Le blindage lourd du Matilda était comparable à celui des KV-1 de l'Armée Rouge, mais le Matilda était loin d'avoir la puissance de feu du KV. La plupart des Matilda soviétiques furent dépensés en 1942, mais quelques-uns servirent jusqu'en 1944. Les Soviétiques modifièrent les chars avec l'ajout de sections d'acier soudées aux chenilles pour donner une meilleure adhérence.
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Un Matilda II Mk. III frais de la chaîne de production est préparé pour être expédié en URSS avec un certain nombre de slogans peints par les ouvriers de l'usine, 26 septembre 1941. -
Guerre du Pacifique (1941-1945)
Au total, 409 Matilda II furent fournis par la Grande-Bretagne à l'Armée Australienne entre 1942 et 1944, et 33 autres Matilda d'appui rapproché furent transférés de Nouvelle-Zélande à l'Armée Australienne en 1944, la Nouvelle-Zélande ayant pris la décision de n'utiliser que des appareils de proximité pour soutenir les Valentine dans le théâtre du Pacifique, afin de minimiser les problèmes d'approvisionnement. La 4ème Brigade Blindée Australienne les a utilisés contre les forces japonaises dans la région du Pacifique Sud-Ouest, d'abord dans la campagne de la péninsule de Huon en octobre 1943. Les Matilda II restèrent en action jusqu'au dernier jour de la guerre dans les campagnes de Wewak, Bougainville et Bornéo, qui fit du Matilda le seul char britannique à rester en service tout au long de la guerre. Les chars étaient souvent utilisés dans une jungle dense avec une visibilité limitée et pouvaient être soumis à des tirs à bout portant de pièces d'artillerie lourde japonaises cachées. Le blindage lourd du Matilda (renforcé par les équipages avec des maillons de chenille de rechange) s'avéra être une protection raisonnablement efficace contre cela. Dans ces combats, la version d'appui rapproché du Matilda, armée d'un obusier Ordnance QF de 76,2mm, fut préférée par les Australiens car elle était plus efficace contre les bunkers japonais. Les modifications locales apportées aux chars comprenaient l'amélioration de l'étanchéité et l'ajout d'un téléphone d'infanterie extérieur afin que les troupes de soutien puissent plus facilement communiquer avec l'équipage du char. Des protections furent installées sur la suspension pour l'empêcher d'être emmêlée avec les sous-bois de la jungle, et des panneaux métalliques furent installés pour rendre plus difficile pour les soldats japonais de fixer des charges de démolition adhésives à la caisse.
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Matilda II du 2/9ème Régiment Blindé Australien tirant avec son obusier de 76,2mm sur des positions japonaises pendant la Bataille de Tarakan, 20 mai 1945. -
Le Matilda Frog, une version australienne du char qui remplaça le canon par un lance-flammes, fut utilisé avec succès contre les Japonais à Bornéo. Une autre version australienne, le Matilda Hedgehog, qui pouvait tirer 7 obus de mortier de 29 kg, fut testée avec succès mais développée trop tard pour être utilisée au combat. Les Matilda II restèrent en service dans les Forces Militaires Citoyennes Australiennes jusqu'en 1955 environ.
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Guerre Froide (1946-1991)
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Guerre Israélo-Arabe (1948-1949)
L'Égypte utilisa des Matilda contre Israël pendant cette guerre.
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Matilda II au musée de Latrun, Israël.
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A12 Matilda II