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Genèse & Production
En septembre 1939, l’État-Major Britannique diffusa les spécifications d'un char d'infanterie ayant les capacités de percer les défenses de la Ligne Siegfried. Ce char devait posséder, entre autres, un blindage frontal de 60mm, une vitesse de 15 km/h et être armé d'un canon de 40mm ou d'un obusier de 94mm à plus faible vélocité. Plusieurs dispositions furent envisagées pour l'armement (casemate, tourelle, nacelles) et ce fut finalement une tourelle de Matilda avec canon de 40mm qui fut choisie, avec une seconde pièce de 76,2mm en casemate et 2 mitrailleuses Besa en nacelles latérales. Quatre prototypes furent commandés sous la dénomination d'Infantry Tank Mk. IV (A20) à Harland and Wolff Ltd. (Belfast). Le premier de ces prototypes fut livré au milieu de 1940.
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A20E1. -
Ce char encore dépourvu de son armement était d'une fiabilité mécanique douteuse surtout au niveau du moteur et de la boîte de vitesses. On demanda à Vauxhall Motors Ltd. un nouveau moteur. Cette firme devint en plus le maître d'œuvre du char en entier. Le nouveau prototype fut finalisé vers la fin de 1940 et 14 premiers exemplaires furent livrés par Vauxhall en juin 1941. La production de masse fut décidée et un groupe de 11 constructeurs britanniques fut assemblé à cette effet. Au total, 5 640 Infantry Tank Mk. IV de tout type furent produits. En juin 1941, il fut baptisé du nom du premier ministre britannique Winston Churchill en raison de sa puissante stature et de sa silhouette trapue.
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Churchill du 9ème Régiment Royal de Chars lors d'un exercice à Tilshead sur la plaine de Salisbury, 31 janvier 1942. Le véhicule de tête, « Indus » de l'Escadron B, est un Mk. I avec un obusier de soutien rapproché de 76,2mm monté en casemate. -
Cette mule est utilisée pour tester le train de roulement et la motorisation. -
Prototype équipé d'une tourelle similaire à celle du Matilda, abritant un canon de 40mm. Le canon principal, un obusier de 76,2mm, était monté à l'avant de la caisse. -
Design
Le train de roulement était inspiré du B1 français dont les chenilles entouraient la caisse afin de faciliter les évolutions sur terrain inégal. Le Churchill était doté de chenilles enveloppantes et une suspension comprenant 11 petits galets de chaque côté, chacun doté d'une suspension indépendante à ressort hélicoïdal. La propulsion était assurée par des barbotins arrière. Le moteur et ses accessoires (les prises de ventilation du moteur se trouvant sur les flancs) étaient installés très en arrière du char pour fournir le plus d'espace possible pour le service des armes. Les premiers exemplaires étaient dotés de prises d'air et de tuyaux d'échappement surélevés pour une utilisation amphibie. Le Churchill était doté d'une tourelle (moulée ou soudée selon les modèles) assez petite pour sa taille, mais bien équipée en appareil d'optique et en fentes de vision. Deux trappes d'accès étaient présentes sur les flancs de la caisse.
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Churchill Mk. VII. -
Le Churchill était équipé du système de direction Merritt-Brown qui permettait au pilote, tout en diminuant sensiblement la perte d'énergie au moment du virage d'en faire varier le rayon en fonction de la vitesse engagée. Plus la vitesse était faible, plus le rayon du virage était court. Au point mort, le Churchill pouvait quasi faire demi-tour sur place. Avec cette boîte de vitesses, le Churchill possédait des commandes hydrauliques qui diminuait sensiblement la fatigue du pilote. La suspension indépendante pour chaque galet qui n'offrait pas un confort excessif en tout-terrain, garantissait la mobilité et la stabilité du char même avec quelques galets endommagés. Le Churchill était particulièrement sous-motorisé : en effet, il était équipé d'un moteur Bedford de 12 cylindres développant à peine 350 ch. Ce moteur ne pouvait au mieux propulser ce char d'environ 40 t à 23 km/h max sur route. Il est vrai cependant que le rôle premier du Churchill était de fournir un appui feu rapproché à l'infanterie et de déambuler à vitesse d'homme.
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Pont avant et avant de caisse du Mk. I. -
Pont avant et avant de caisse du Mk. II CS. -
Pont avant et avant de caisse standard. -
Pont arrière. -
Tourelle avec différents armements pour différents modèles. -
L'armement adopté sur le premier modèle (Mk. I) comprenait un canon en tourelle de 40mm (remplacé ensuite par un canon de 57mm à partir du Mk. III et par un canon de 75mm à frein de bouche à partir du Mk. V) et une pièce de 76,2mm en casemate (supprimée à partir du Mk. II). La tourelle était également armée d'une mitrailleuse Besa de 7,92mm couplée au canon et pour la défense AA d'un fusil-mitrailleur Bren de 7,7mm. Le Mk. II CS avait un armement identique au Mk. I mais inversé. Les modèles d'appui rapproché ou CS avait pour armement principal un obusier de 94mm.
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Arrière de caisse du Mk. I. -
Arrière de caisse standard. -
Les premiers Churchill avaient des chenilles comprenant 70 patins, en fonte et sans garde-boue. À partir du Mk. III (et également les Mk. I et Mk. II (ré-chenillés)), le Churchill fut équipé de chenilles plus légères comprenant 72 patins, en fonte ou en acier au manganèse.
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Gros plan sur les galets et les chenilles du Churchill. -
Train de roulement et évolution de la caisse. -
Le blindage du Churchill était assez épais pour un char britannique. Le blindage frontal pouvait atteindre 101mm sur le Mk. I et même 152mm sur le Mk. VII. Ce blindage important s'explique aisément par la lenteur du char, ce qui en faisait une cible immanquable pour les canons allemands. Cependant, le blindage du Churchill le mettait à l'abri des canons AT allemands du début de la guerre (seul le 88mm Flak était efficace).
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Modèles
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Churchill Mk. I (1941)
303 produits. Équipé d'un canon Ordnance QF 2-pdr de 40mm dans la tourelle avec 150 coups et d'une mitrailleuse Besa coaxiale. Il y avait un obusier Ordnance QF de 76,2mm en casemate, avec 58 obus, à utiliser contre l'infanterie. C'était un char réputé pour sa faible fiabilité mécanique. Il fut utilisé aux côtés des Mk. II et III avec les forces canadiennes lors du raid de Dieppe et en Tunisie ; certains étaient encore utilisés à la fin de la guerre en Italie sur la Ligne Gothique.
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Grande Bretagne, 1941. -
Escadron B, 43ème Bataillon du Régiment Royal de Chars, 33ème Brigade de Chars, 3ème Division, Grande-Bretagne, 1942. -
14ème Régiment Blindé Canadien, Raid de Dieppe, France, 19 août 1942. -
Afrique du Nord, automne 1942. -
Churchill Mk. II (Churchill IA) (1941)
L'obusier de 76,2mm fut remplacé par une mitrailleuse Besa de 7,92mm (1 227 exemplaires, CS y compris).
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Version CS. -
43ème Régiment Royal de Chars, 33ème Brigade Blindée, 3ème Division d'Infanterie. -
Escadron B, 12ème Bataillon de Chars, Régiment « Trois-Rivières », 1ère Brigade de Chars, Armée Canadienne, Grande-Bretagne, 1942. -
Peloton d'entraînement dans la plaine de Salisbury, Angleterre, octobre 1942. -
Churchill vétéran relégué à l'entraînement en Tunisie juste avant le débarquement en Sicile. -
21ème Brigade Blindée de Chars, Régiment North Irish Horse, Compagnie B, Normandie, 1944. Notez que l'équipage avait réussi à installer une coupole de Panzer III capturée au-dessus de l'écoutille principale. -
Churchill Mk. III (A22B) (1942)
675 produits. Il fut la première refonte majeure de l'armement de la série, éliminant l'obusier de caisse et équipant le char d'un canon Ordnance QF 6-pdr de 57mm plus puissant avec 84 obus. Il avait une nouvelle tourelle carrée soudée (de Babcock & Wilcox Ltd) contrairement aux versions précédentes. La disponibilité de plaques de blindage roulées limita le nombre pouvant être construit, ce qui conduisit au Mk. IV. La première marque à avoir des jupes sur les chenilles pour les protéger ; des exemplaires plus tard équipés du canon QF de 75mm sont connus sous le nom de Churchill III*.
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Churchill III*. -
Détachement « King Force », Bataille d'El Alamein, novembre 1942. -
Service russe, front nord, printemps 1943. -
152ème Régiment, Corps Blindée Royal, Tunisie, 1943. -
21ème Brigade de Chars, automne 1943. -
43ème Régiment Royal de Chars, Italie, 1944. -
Churchill Mk. IV (1943)
1 622 produits. Il fut le plus produit et était pratiquement identique au Mk. III. Le changement le plus important étant le retour à la tourelle moulée moins chère, conservant la forme carrée lisse de la tourelle soudée. Un téléphone était installé à l'arrière du char pour communiquer avec l'infanterie. Dans les modèles précédents, les tourelles utilisant le canon Mk. V 6-pdr de 57mm étaient équipées d'un contrepoids.
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1943. -
Escadron A, North Irish Horse, Tunisie, 1943. -
10ème Régiment de Chars Lourds de Percée de la Garde, 23ème Corps Blindé, 1ère Armée de Chars, Armée Rouge, Voronej, 1943. -
Tunisie, automne 1943. -
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Churchill Mk. IV NA75 (1943)
Churchill Mk. IV utilisés en Afrique du Nord (1ère Armée) armés du canon M3 de 75mm américain et de son mantelet (Sherman). Un total de 120 chars furent ainsi convertis. Ils furent aussi utilisés en Sicile et en Italie jusqu'en 1945.
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Régiment North Irish Horse, 25ème Brigade de Chars, Italie, été 1944. -
Churchill Mk. IV (75)
D’autres furent équipés de canons britanniques Ordnance QF de 75mm. Le QF de 75mm avait un frein de bouche contrairement au 6-pdr.
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Churchill Mk. V (1943)
241 produits. Un Churchill équipé d'un obusier Ordnance QF de 94mm pour l’appui rapproché avec 47 obus à la place du canon principal dans une tourelle moulée. Le canon pouvait tirer des obus fumigènes, HE ou HEAT avec une portée max de 6,2 km. Produit à partir de la production de Mark IV à environ 1 sur 10. La tourelle était similaire aux tourelles Mk. IV/VI, avec une ouverture légèrement différente pour le canon dans la face avant de la tourelle.
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6ème Brigade Blindée de la Garde, automne 1944. -
Churchill Mk. VI (1944)
200 produits. Outre plusieurs améliorations mineures, comme un collier supplémentaire à la base de la tourelle protégeant l'anneau de la tourelle, il fut produit avec le canon Mk. V de 75mm. Peu furent construits en raison de la sortie imminente du VII et de la mise à niveau simultanée des Mk. III/IV.
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4ème Brigade Blindée des Gardes, Campagne d'Europe occidentale, 1944-1945. -
4ème Coldstream Guards, 6ème Brigade de Chars de la Garde, Allemagne, février 1945. -
Churchill Mk. VII (A22F) (Heavy Churchill) (A42) (1944)
1 600 produits, avec le Mark VIII. La deuxième grande refonte, le VII utilisait le canon de 75mm, était plus large et était beaucoup plus blindée, 50% plus épais à l'avant qu'un Tiger I, lui donnant la capacité de résister à des quantités massives de tirs. Cette version du Churchill vit le service pour la première fois lors de la Bataille de Normandie et équipa 3 régiments du Corps Blindé Royal en Europe occidentale, un en Italie et avec le 7ème Régiment Royal de Chars en Corée. Le Mk. VII fut conçu pour pouvoir être converti en variante lance-flammes Crocodile sans modification majeure.
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34ème Brigade de Chars, 107ème Régiment Royal du Corps Blindée, 1944. -
Escadron S, 3ème Bataillon Blindé des Gardes Écossais, 6ème Brigade Blindée de la Garde, Armée Britannique, Région de Münster, Allemagne, avril 1945. -
Rive occidentale du Rhin, Allemagne, début 1945. -
Churchill Mk. VIII (1944)
Il consistait en un Churchill VII avec un obusier de 94mm et 47 obus dans une tourelle légèrement différente.
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Churchill Mk. IX
Churchill III/IV amélioré avec un blindage supplémentaire ajouté à la caisse et à la tourelle, ainsi que des modifications de la boîte de vitesses et de la suspension. Si la tourelle d'origine était conservée sans blindage supplémentaire, elle s'appelait LT (Light Turret).
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9ème Régiment Royal de Chars, été 1944. -
Churchill Mk. X
Les mêmes améliorations que pour le IX appliquées à un Mk. VI.
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Churchill Mk. XI
Les mêmes améliorations que pour le IX appliqué à un Mk. V. Ne semble pas avoir été construit.
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Conversions
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Churchill Gun Carrier (A22D) (1942)
Sortant d'une demande d'état-major général en 1941 pour enquêter sur l'installation de canons de gros calibre à grande vitesse sur des chars d'infanterie et de Cruiser spécifiquement pour une utilisation contre les chars allemands. Parmi les chars d'infanterie, ni le Churchill ni le Valentine ne pouvaient monter une tourelle avec un canon à grande vitesse plus grand que le 6-pdr, mais il fut proposé qu'une superstructure fixe puisse transporter un canon plus gros avec une traversée limitée. Le canon AA QF de 76,2mm et 20 cwt avait été remplacé par le canon de 94mm. Ceux-ci furent donc sélectionnés et Vauxhall reçut 100 canons et se vit confier la tâche de produire le véhicule. La conception utilisait une superstructure fixe en plaque épaisse carrée avec le canon dans une monture à billes basse à l'avant à côté du conducteur. L'avant mesurait 88mm, les flancs 76mm avec un poids total de 39 t. Le rangement interne comprenait une provision pour 12 HE ainsi que des AP. En tant que canon antichar, le canon de 94mm avait une portée max de 12 km et était un peu plus efficace que le 6-pdr à 1 km mais moins que le 17-pdr en cours de développement.
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Les véhicules pilotes étaient prêts à être testés au début de 1942 et jugés satisfaisants. Cependant, afin de ne pas entraver la production du Churchill (avec le canon de 6-pdr), la commande fut réduite à 24 véhicules. Vauxhall mis déjà en place la production complète du Gun Carrier avec des pièces et des blindages commandées et se plaignit avec le résultat que la commande complète fut rétablie avant d'être réduite à 50. Les 50 furent construits entre juillet et novembre 1942 au cours desquels ils furent l'objet d'un débat quant à savoir s'il s'agissait d'artillerie ou de chars. La décision fut prise en faveur du char et le Département de Conception des Chars demanda quelques modifications car à ce stade de la production, ceux-ci ne pouvaient pas être incorporés. Le prototype fut construit par Vauxhall et avait comme numéro T, les 49 autres par Beyer, Peacock & Company à Manchester, obtinrent des numéros WD avec un préfixe S, le même que les canons automoteurs. Entre-temps, les exigences et les tactiques avaient à nouveau changé pour se concentrer sur le canon polyvalent de 75mm du Churchill et sur une plus petite proportion de chars de 17-pdr en cours d'utilisation, dont les travaux sur le Challenger progressaient. Aucun n'est connu pour avoir été utilisé au combat car le canon de 17-pdr donna aux Britanniques la puissance de feu nécessaire. Certains se virent retirer le canon et converti en dispositif de déminage Snake et utilisé pour des essais et formations en 1942–43.
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Black Prince (A43) (1945)
En tant que développement du Churchill, le Black Prince était une continuation de la gamme des chars d'infanterie, c'est-à-dire des chars plus lents et plus lourds destinés à opérer en appui rapproché de l'infanterie. Il put également travailler en étroite collaboration avec d'autres chars. Le développement parallèle dans la conception des chars britanniques était les Cruiser, qui étaient destinés à des opérations plus mobiles. A43 était le numéro de spécification de l'état-major général publié en 1943, pour un char provisoire qui serait éventuellement remplacé par un « char universel » qui remplacerait à la fois les chars d'infanterie et Cruiser. La ligne de Cruiser menait au Cromwell (et à la variante Challenger armée du 17-pdr), puis au Comet (qui avait un canon de « 77mm » utilisant les mêmes munitions que le 17-pdr). Ces chars entrèrent en service pendant la guerre. Bien qu'il ne soit pas aussi fortement protégé que le Churchill, le Comet montra la voie du développement des chars britanniques. Cela conduisit au dernier de la gamme de Cruiser et au premier des chars universels (maintenant plus largement connus sous le nom de MBT) : le très réussi Centurion.
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Un canon plus gros que celui porté par un Churchill conventionnel nécessitait une tourelle plus grande sur un anneau de tourelle plus large et par conséquent un élargissement de la caisse. Le Black Prince pesait environ 10 t de plus que le Churchill, la suspension fut donc modifiée et les chenilles élargies de 25,4 cm pour supporter la charge supplémentaire. Cependant, le moteur de 350 ch du Churchill fut conservé, ce qui rendit le char sous-motorisé et lent, avec des vitesses maximales de 16,9 km/h sur route et de 12,1 km/h en tout-terrain. C'était si lent que l'utilité tactique du char aurait été limitée. L'utilisation du moteur Rolls-Royce Meteor fut envisagée ; cela aurait porté la puissance disponible à 600 ch, mais l'idée ne quitta jamais la planche à dessin. De même, les projets d'équiper le Black Prince de la tourelle du Centurion ne furent jamais réalisés. Au moment où les prototypes du Black Prince apparurent en mai 1945, le Sherman Firefly avait fait ses preuves au combat, le Comet était en service et l'introduction du Centurion était imminente. Tous ces chars emportaient le QF 17-pdr ou un dérivé ; tous avaient une meilleure mobilité que le Black Prince et le Centurion avait un blindage frontal d'efficacité comparable. Le Black Prince était devenu superflu et le projet fut abandonné. Le Black Prince marqua la fin du développement du Churchill Mk. VII et la fin du concept de char d'infanterie dans la conception des chars britanniques.
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Terrains d'essai du Centre expérimental d'opérations combinées (COXE), Devon, Angleterre, mai 1945. -
Churchill AVRE (Armoured Vehicle Royal Engineers) (1944)
Deux variantes du Churchill méritent particulièrement d'être mentionnée. La première fut baptisée AVRE qui fut mise au point pour les unités de sapeurs, pour leur permettre grâce à un mortier Petard monté en tourelle, d'effectuer d'importantes destructions. Des Mk. III et IV furent ainsi transformés dans les établissements militaires du REME (Royal Electrical and Mechanical Engineers) et MG. Le mortier Petard avait un calibre de 290mm et pouvait tirer un obus de 18 kg (12 kg d'explosifs) à 80 m max avec une cadence de tir de 3 coups/min. L'aménagement intérieur de la tourelle fut bien entendu modifié en conséquence. La mitrailleuse coaxiale était conservée mais les portes sur charnières du second pilote furent remplacées par une plaque soudée dotée d'un orifice à couvercle coulissant pour le chargement du mortier. Le Churchill AVRE pesait 36 t, et embarquait à son bord un chef de char, un pilote, un tireur, un opérateur radio, un tireur au mortier et son chargeur (également second pilote).
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Churchill AVRE du 79ème Escadron, 5ème Régiment d'Assaut, Royal Engineers, sous le commandement de la 3ème Division d'Infanterie, 29 avril 1944. -
26ème Escadron d’Assaut, 6ème Régiment d’Assaut, 1ère Brigade d’Assaut, 79ème Division Blindée, Royal Engineers, Juno Beach, Normandie, France, 6 juin 1944. -
Churchill Mk. III modifié avec le mortier Ardeer Aggie de 241mm. -
Normandie, 1944. Armement principal : mortier PETARD de 210mm. -
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Churchill CIRD (1943)
AVRE avec rouleau anti-mines produits par les Canadiens en 1943.
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AVRE with Bobbin Mk. I & II
Char poseur de tapis. La bobine était fixée sur des bras escamotables. À partir du Mk. I.
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AVRE with Log Carpet Device
Char poseur de tapis.
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AVRE with Twin Bobbins
Char expérimental poseur de carpette, équipé de 2 bobines.
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Churchill Crocodile (1944)
L'autre version qui fut baptisée Crocodile, fut le seul char lance-flammes vraiment utilisé par les Anglais. Son principe était celui du L35/lance-flammes italien : sur un châssis de Churchill VII, on remplaça la mitrailleuse de caisse par un lance-flammes relié par un tuyau qui passait sous le châssis dans un conduit blindé à une remorque blindée à un seul essieu, qui contenait le liquide inflammable et les bonbonnes d'azote de pressurisation. La remorque était reliée au char par un attelage articulé qui permettait à l'ensemble (char-remorque) de s'adapter au relief du terrain. La densité élevée du liquide inflammable procurait au jet une grande stabilité en direction (sauf vent de travers). Les 1 810 L de la remorque pouvaient être mis à feu soit par rafales, soit en un seul jet à une distance de 110 m. Un dispositif permettait de désolidariser la remorque du char à partir de l'intérieur si elle était touchée par un projectile ou que son contenu soit épuisé.
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141ème Régiment, Corps Royal Blindée, 79ème Division Blindée, Normandie, France, juillet 1944. -
Churchill Oke
Un Churchill II ou III avec un lance-flammes. L’Oke fut nommé d'après son concepteur, le major JM Oke. La conception était essentiellement un Churchill équipé de l'équipement de lance-flammes Ronson. Un réservoir contenant le carburant de flamme fut installé à l'arrière, avec un tuyau menant au montage à angle fixe sur la caisse avant vers la gauche, laissant la mitrailleuse de caisse dégagée. Trois étaient présents dans la première vague à Dieppe ; ils furent rapidement perdus et abandonnés.
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Churchill ARV Mk. I (1942)
Un Mk. I sans tourelle avec une flèche pouvant être montée à l'avant ou à l'arrière. La production commença au début de 1942.
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Churchill BARV
Churchill de récupération pour véhicules immergés, basé sur le ARV Mk. I.
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Churchill ARV Mk. II
Churchill Mk. III ou IV avec une tourelle/superstructure fixe avec un canon factice. Il était équipé pour récupérer d'autres chars sur le champ de bataille. Il montait une flèche avant d'une capacité de 7,5 t, une flèche arrière d'une capacité de 15 t et un treuil pouvant tirer 25 t. Avec seulement un équipage de 3 hommes, il y avait assez de place pour transporter l'équipage du char en cours de récupération. L'armement était une seule mitrailleuse Besa.
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Churchill ARK Mk. I
Le porteur de ponts blindé était un Churchill sans tourelle avec des rampes à chaque extrémité et des voies le long du corps pour former un pont mobile. Cinquante d'entre eux furent construits sur des Churchill II et IV. Le Link Ark ou Twin Ark était 2 ARK utilisés côte à côte pour donner une large traversée. Les rampes de ceux-ci étaient de type pliant donnant une traversée plus longue de 20 m. Le Twin-ARK fut utilisé pour le Conqueror d'après-guerre. Le Lakeman Ark était une conception expérimentale pour attaquer des obstacles très élevés. C'était un Churchill à tourelle avec les voies construites au-dessus de la hauteur de la tourelle et de longues rampes à l'arrière.
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79ème Division Blindée, Normandie, 1944. -
Churchill ARK Mk. II
L'ARK Mk. II avait une voie plus large de 1,2 m au lieu des 0,61 m habituels sur le côté gauche, de sorte que les véhicules plus étroits pouvaient également utiliser l'ARK. Il s'agissait de conversions de l'ARK Mk. I à la mi-1944.
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Churchill ARK Mk. II Italian Pattern (Churchill Octopus)
L’Italian Pattern ARK Mk II fut produit en Italie à l'aide de rampes américaines sur un châssis Churchill III et n'avait pas de voies sur le char lui-même (les véhicules roulaient sur les chenilles du char).
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Churchill Bridgelayer Jumbo
Les Britanniques avaient déjà l'expérience des poseurs de ponts avec le Valentine et le Covenanter, et commencèrent à travailler sur un poseur de pont basé sur le Churchill en 1942. Le pont, qui pouvait supporter un char de 60 t ou être utilisé par le trafic à roues de classe 40, était transporté sur un Mk. III ou VI sans tourelle. Lorsque l'obstacle était atteint, un bras (actionné par l'hydraulique dans le char) pivotait à l'avant du char et mettait le pont en position. Le Churchill VII fut utilisé avec le pont n°3 de 1945 à 1946. Des ponts pouvaient également être déployés par le Churchill. Skid Bailey était un pont formé de pièces de pont Bailey sur des patins qui étaient mis en place par 1 ou 2 Churchill AVRE. L'utilisation habituelle était de combler les routes creusées sous le feu. Le Mobile Bailey Bridge était un pont complet adapté au trafic de classe 40 couvrant un espace de 21 à 24 m. Le pont lui-même mesurait 46 m de long avec des rampes de 3,0 m à chaque extrémité. Celui-ci serait assemblé à une distance de sécurité de la brèche puis poussé vers le site par un Churchill AVRE avec une autre aide par remorquage par l'avant ; le milieu du pont était soutenu par des unités de rouleaux à chenilles non motorisés Orolo. Sur le site, l'AVRE poussait le pont au-dessus de l'espace, puis se désolidarisait.
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Le Mobile Brown Bridge était une amélioration du Mobile Bailey. Nommé d'après un ingénieur canadien en Italie, le pont Bailey fut transporté sur un Churchill dont la tourelle retirée tandis qu'un AVRE portait et poussait l'arrière du pont. Avec le premier Churchill en position, l'AVRE poussait le pont au-dessus de la brèche ; une queue supplémentaire de 6 m sur le pont servait de contrepoids pendant que le pont était mis en place. Le Mobile Dalton Bridge, du nom d'un officier des Royals Ingineers, était un pont Bailey de 43 m de long qui était transporté sur une ARK tandis qu'un second AVRE poussait. Le processus était similaire à celui du pont Brown. Lorsque l'ARK atteignait le côté proche de l'espace, il s'arrêtait et l'AVRE poussait le pont (roulant sur des rouleaux sur le dessus de l'ARK) au-dessus de l'espace. Une fois que l'extrémité du pont était sur un sol solide, l'AVRE se désengageait et l'ARK reculait sous le pont.
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Churchill ARMA Mk. IIE
Char conventionnel équipé d'un matériel anti-mine. Jamais utilisé.
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Churchill with AMRCR (1943)
Char démineur réalisé en 1943 avec un anti-mine reconnaissance castor roller. Cet équipement pouvait être larguer de l'intérieur du char.
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Churchill with Ploughs A-D
Chars expérimentaux équipés de charrues agricoles.
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Churchill with Bullshorn/Jeffries Ploughs
Chars équipés de charrues agricoles, utilisés en Normandie.
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TLC Laying Devices
Cet équipement était posé sur les plages pour éviter l'ensablement et l'embourbement des véhicules.
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Autres
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Churchill Mine-Cleaner (?). -
Churchill Onion. -
Carrier.
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En Action
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2ème Guerre Mondiale (1939-1945)
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Campagne d’Afrique du Nord (1940-1943)
Deux Mark II avaient été envoyés en Afrique du Nord pour des essais et ils furent rejoints par 6 Churchill III pour former l'escadron de chars spéciaux commandé par le major Norris King. Ils participèrent à la 2ème Bataille d'El Alamein en octobre 1942. Ce détachement, appelé King Force, soutint d'abord l'attaque de la 7ème Brigade Motorisée avec 3 chars à Kidney Ridge (où l'un fut touché « à plusieurs reprises » par des tirs de canon antichar (y compris le tir ami d'un canon britannique) et un autre subit « beaucoup de coups »), puis les 5 autres à Tell-el-Aqqaqir. Les Churchill furent touchés à plusieurs reprises par des canons antichars italiens et allemands, mais un seul fut détruit et prit partiellement feu. Un char aurait été touché jusqu'à 80 fois. Le King Force, formé pour tester si les Churchill pouvaient opérer en Afrique, fut considéré comme trop lent pour participer à la chasse après l'Axe en retraite, renvoyé à Alexandrie et dissous après El Alamein. La 25ème Brigade de Chars de 3 régiments fut envoyée en Afrique et entra en action en février 1943 pendant la Campagne de Tunisie. Elle fut suivie par la 21ème Brigade de Chars.
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Churchill III du « King Force », 1ère Division Blindée, 5 novembre 1942. L'unité fut nommée « King Force » en l'honneur de son commandant, le major Norris King MC. -
Les Churchill participèrent à contenir l'offensive allemande de l'opération Ochsenkopf en février-mars 1943. À un endroit appelé Steamroller Farm, 2 Churchill III du 51ème Régiment Royal de Chars devancèrent leur escadron. Ils tombèrent sur une colonne de transport allemande entière, qu'ils prirent en embuscade et abattirent complètement avant de rejoindre. Le résultat final fut la destruction de 2 88mm, 2 75mm et 2 50mm, 4 canons antichars de moindre importance, 25 véhicules à roues, 2 mortiers de 76,2mm, 2 Panzer III et fit près de 200 victimes. Un Churchill en position défensive en hulldown contribua particulièrement au succès des Alliés. Lors d'une rencontre, le 21 avril 1943, au début de la Bataille de Longstop Hill, un Churchill du 48ème Régiment Royal de Chars eut raison d'un Tiger I allemand. Un tir de 57mm du Churchill se logea entre la tourelle et l'anneau de la tourelle du Tiger, bloquant la tourelle et blessant l'équipage allemand. Ils abandonnèrent le Tiger, qui fut ensuite capturé par les Britanniques. Connu sous le nom de Tiger 131, ce fut le premier Tiger capturé par les Alliés occidentaux et fut particulièrement utile pour le renseignement. Le Tiger 131 fut depuis restauré en parfait état de fonctionnement et est maintenant exposé au Tank Museum de Dorset, au Royaume-Uni. Au début de 2021, c'est le seul Tiger I en état de marche au monde.
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Front de l’Est (1941-1945)
Le Churchill était le seul char lourd fourni par les Alliés à l'URSS dans le cadre du programme Prêt-Bail. Les 10 premières unités arrivent à la mi-juillet 1942 (5 Churchill II et 5 Churchill III) avec le convoi PQ-17. En septembre, les 74 derniers chars de 1942 (15 Churchill II et 59 Churchill III) arrivèrent avec le convoi PQ-18. Le 27 janvier 1943, le convoi JW-52 arriva à Mourmansk, avec lequel les 40 chars suivants arrivèrent. Cette livraison fut déjà créditée en février. Parmi les chars qui arrivèrent se trouvaient des Churchill III et IV. La plus grosse livraison d'un montant de 121 chars fut créditée en mars. En fait, ces chars arrivèrent en URSS fin février 1943 avec le convoi JW-53. Les 8 derniers chars arrivèrent en juillet 1943 via Vladivostok. Sur les 54 chars au 1er juin 1945, 3 étaient dans l'armée, 4 dans les districts militaires et 47 dans les usines de réparation. Dès les premières étapes de familiarisation avec le char, un certain nombre de défauts de conception et de fabrication furent découverts. La défaite du convoi PQ-17 eut une influence assez forte sur le processus de formation des unités dans lesquelles les chars d'infanterie lourd britanniques étaient censés entrer. Jusqu'à fin septembre 1942, les Churchill étaient concentrés dans la 194ème Brigade de Chars d'Entraînement. Il fut formé en avril 1942 pour former les équipages de chars britanniques. En plus des équipages des Churchill, les équipages des Valentines et Matilda furent formés ici. À l'avenir, tous ceux qui arrivèrent au centre blindé de Gorky passeraient également par la 194ème Brigade de Chars. En plus de la formation des équipages, des dysfonctionnements furent également détectés ici. La formation de nouvelles unités commença en octobre 1942. Tous les chars britanniques de ce type tombèrent dans des régiments de chars de garde séparés, formés selon le numéro d'état 010/267. Selon le tableau des effectifs, chaque régiment comprenait 21 chars et 3 véhicules blindés. Le premier, le 8 octobre 1942, forma les 47, 48, 49 et 50èmes régiments de chars de garde séparés. Le TP était à l'origine armé exclusivement du Churchill II (sur les 20 Churchill II livrés, 19 furent envoyés au 50ème Régiment de Chars Lourds de la Garde ; un autre char faisait partie de la 194ème Brigade de Chars d’Entrainement), mais plus tard, il fut en sous-effectif avec 2 Churchill III. En général, les statistiques sur le nombre de chars présentant divers défauts semblaient loin d'être roses. Dans le 47ème Régiment de Chars de la Garde, certains dysfonctionnements furent constatés sur 12 chars. Il n'est pas surprenant que l'envoi au front ait été retardé.
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Churchill Mk. IV lors de la 4ème Bataille de Kharkov, août 1943. -
Pendant le fonctionnement, il fut constaté que les chars glissaient sur des pentes glacées, car leurs chenilles n'offraient pas une traction suffisamment fiable avec le sol. En conséquence, de petites pointes métalliques furent rivetées aux chenilles, ce qui permit d'améliorer la perméabilité du char. Le 48ème Régiment de Chars de la Garde fut le premier à être reconnu comme prêt au combat. Le 31 décembre 1942, il entra au commandement du Front du Don. Le 48ème Garde n'était pas le seul régiment des Churchill à avoir combattu à Stalingrad. Le 47ème Garde opéraient à proximité, qui depuis le 9 janvier en utilisait dans le cadre de la 65ème Armée. Il opérait conjointement avec la 91ème Brigade de Chars, la 33ème Division de Fusillés et la 67ème Division de Fusillés de la Garde. Fin janvier, le régiment se battait dans la zone de l'usine de Barrikady, alors que seuls 3 de ses véhicules restaient pleinement opérationnels. Comme dans le cas de la 48ème Garde la plupart de ses chars n'étaient pas perdues, mais nécessitaient des réparations. L'unité suivante de Churchill qui entra dans la bataille était le 50ème Régiment de Chars de la Garde. Le 8 mars, il marcha vers la gare de Gorky, et le 16, un échelon avec du matériel du 50ème Garde arriva à la gare de Voybokalo de la région de Leningrad. Les chars lancèrent leur première attaque le 19 mars. Le 14 mars 1943, ce régiment arriva à la station d'Obukhovo, bien qu'il entrât au combat bien plus tard. Courant 1943, il fut dans la réserve, ses débuts au combat n'eurent lieu que le 15 janvier 1944. Le 49ème Garde participa à la levée définitive du blocus de Leningrad. Une nouvelle vague de régiments armés de Churchill commença à se former au printemps 1943. Cela était dû à la réception par les convois du nord de plus d'une centaine et demie de véhicules. Des chars de ce type au printemps 1943 furent transférés aux 10, 15, 34 et 36èmes régiments de chars de la garde. De plus, en mai 1943, il y eut une rotation du matériel dans les 47 et 48èmes régiments de chars lourds. Deux des régiments (36 et 48èmes) participèrent à la Bataille de Koursk. Par la suite, des chars de ce type furent utilisés lors de la bataille de Koursk et lors de la libération de Kiev en novembre 1943, et participèrent à l'offensive de Vyborg en juin 1944. L'utilisation intensive des Churchill fit son effet : au 1er janvier 1944, les pertes irrémédiables s'élevaient à 160 chars, au 1er juin, 27 autres véhicules avaient été perdus. Sur les 66 chars restants, 31 étaient en unités. Ils étaient principalement concentrés sur le front de Leningrad, où ils étaient le plus activement utilisés dans les opérations. Par exemple, le 16 juin 1944, le 260ème Régiment de Chars Lourds de la Garde reçut 6 Churchill, qu'ils utilisèrent lors des batailles pour Vyborg. En septembre 1944, le 82ème Régiment de Chars, qui comprend 10 Churchill et 11 KV-1, participa à la libération de Tallinn. Au 1er janvier 1945, les troupes disposaient encore de 63 chars de ce type, dont 9 furent perdus pendant les mois restants de la guerre. Au 1er juin, 54 Churchill restaient dans l'Armée Rouge, mais il n'y en avait que 3 dans les unités actives.
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Grenadiers de la Waffen-SS (2ème Panzer Corps SS) dans une voiture légèrement camouflée, à gauche le Churchill soviétique de production anglaise avec chenilles endommagées, Front de l’Est, 1943. -
Parmi les caractéristiques positives de ce char lorsqu'il était utilisé dans l'Armée Rouge, il convient de noter, tout d'abord, son blindage robuste et sa bonne maniabilité. Parmi les lacunes, les difficultés de fonctionnement en hiver et la perméabilité insuffisante en conditions tout-terrain, un défaut de construction du char fut également noté, principalement la faiblesse de la suspension. Comme les autres chars britanniques, le Churchill était initialement incapable de tirer des HE-Frag. Les Churchill III et IV fournis à l'URSS étaient équipés de canons de 57mm, ce qui était nettement insuffisant pour leur utilisation comme chars lourds de percée, sans parler des 20 Churchill II avec un canon de 40mm. Au total, en 1942-43, 344 Churchill furent livrés à l'URSS, dont seulement 253 unités arrivèrent ; 84 (20 Churchill II et 64 Mk. III) en 1942 et 169 (64 Churchill III et 105 Mk. IV) en 1943.
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Raid de Dieppe (1942)
Le Churchill vit le combat pour la première fois le 19 août 1942, lors du Raid de Dieppe en France. Le Raid de Dieppe était prévu pour prendre temporairement le contrôle du port français de Dieppe en utilisant une force forte d'environ 6 000 soldats, principalement issus d'unités canadiennes inexpérimentées. L'opération, baptisée Jubilee, testerait la faisabilité d'atterrissages opposés. Près de 60 Churchill du 14ème Régiment de Chars furent affectés pour soutenir l'infanterie et les commandos ; ils seraient mis à terre par des navires-citernes de débarquement, avec les ingénieurs de soutien. Certains problèmes furent anticipés et pris en compte : étanchéité des caisses, tapis de toile (Bobbin) pour aider les chars à traverser le court tronçon de plage de galets, équipes d'ingénieurs pour démolir les barrages routiers et quelques-uns des chars furent équipés de lance-flammes. Les chars, un mélange de Mk. I, II (3 avec lance-flammes) et III (certains avec Bobbin), devaient entrer dans la ville et atteindre un aérodrome voisin avant de se retirer sur la plage pour être enlevés par les Landing Craft Tank. La moitié de la force des chars serait tenue en réserve au large.
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Un LCT (Landing Craft, Tank) TLC5 n° 121 en feu près de la plage après le raid des forces aériennes, navales et terrestres alliées (principalement canadiennes) sur les défenses allemandes. Des Churchill et des corps de militaires alliés sont représentés sur la plage. Le char à gauche est celui de la 9ème Troupe du 14ème Bataillon de Chars qui fut transporté par le TLC5, 19 août 1942. -
En l'occurrence, les défenses allemandes étaient plus importantes que prévu. La plage était en chert qui comprenait des pierres plus grosses que les galets prévus : selon le professeur d'histoire Hugh Henry, les défenseurs allemands l'avaient auparavant considérée comme infranchissable par les chars. Seuls les 30 Churchill des 2 premières vagues de 10 Landing Craft Tank furent débarqués sur la plage sous un feu nourri : les deux dernières vagues furent refoulées. Un Churchill fut piégé dans son Landing Craft Tank par des tirs d'obus. Sur les 29 restants (8 Mk. I/II, 3 Oke et 18 Mk. III), 2 coulèrent en route vers le rivage et 11 furent immobilisés sur la plage en raison d'une combinaison de galets de chert et de tir indirect. Seulement 15 sortiraient de la plage et franchiraient la digue jusqu'à la promenade de Dieppe. Bien que ces chars aient été efficaces pour engager les défenseurs dans les bâtiments de la ville, leur progression ultérieure fut bloquée par des défenses en béton ; les équipes de démolition du génie, tuées ou clouées sur la plage, n'avaient pas pu accompagner les chars. Dix de ces Churchill purent regagner la plage une fois le retrait signalé mais ils ne purent pas être évacués. Selon Henry, aucun Churchill ne fut percé par le feu antichar allemand alors qu'il était encore habité. Ces équipages de chars survivants se battirent pour couvrir le retrait de l'infanterie de la plage, et presque tous furent capturés avec leurs véhicules, après avoir épuisé leurs munitions principales. Le commandant du régiment de chars, le lieutenant-colonel Johnny Andrews, fit partie des personnes tuées au combat. Près de 70% des Canadiens furent tués, blessés ou capturés et aucun des objectifs du raid ne fut atteint autre que le raid secret sur la station radar sur un promontoire.
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Campagne de Birmanie (1942-1945)
Un seul Churchill, peut-être un Mk. V, fut testé en Birmanie en 1945. Il fut exploité par les 3ème Dragoon Guards (Carabiniers) à partir de fin avril 1945 pendant environ un mois. Bien qu'il se soit avéré impossible de mettre le Churchill en action, lors des marches d'approche, le char s'avéra au moins égal au M3 Lee alors en service.
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Campagne d’Italie (1943-1945)
Les Churchill ne furent pas initialement utilisés sur le continent italien en 1943. Il y avait 6 régiments avec des Churchill en Tunisie, ceux-ci furent peut-être tenus à l'écart parce que Montgomery préférait le Sherman ou parce que leurs canons de 57mm n'étaient pas considérés comme adaptés aux combats en Italie. Les Churchill atterrirent en Italie en avril/mai 1944 avec des Churchill armés de canons de 75mm arrivant plus tard. En tant que pilier des brigades de chars, qui opéraient à l'appui de l'infanterie, les unités de Churchill étaient en opération plus souvent que les autres unités de chars.
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Churchill du North Irish Horse lors de l'avancée vers Florence, 23 juillet 1944. -
Les conversions NA75 des Churchill III pour transporter le canon américain de 75mm furent utilisées en Italie. Comme le Churchill s'avéra être une meilleure plate-forme de canon que le Sherman, la portée effective du 75mm fut augmentée.
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Front de l’Ouest (1944-1945)
Les Churchill connurent une action généralisée en Normandie lors de la bataille de la Côte 112 et de l'opération Bluecoat, ainsi que des opérations ultérieures aux Pays-Bas et en Allemagne, telles que les combats dans le Reichswald lors de l'opération Veritable.
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Churchill roulant le long d'une rue gravement endommagée à Clèves, Allemagne, 12 février 1945. -
Le Churchill put traverser le sol boueux et forcer les forêts du Reichswald ; un rapport contemporain exprimait la conviction qu'aucun autre char n'aurait pu gérer les mêmes conditions.
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Guerre Froide (1946-1991)
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Guerre de Corée (1950-1953)
Fin 1950, un escadron de Churchill Crocodile (Escadron C, 7ème Régiment Royal de Chars) fut envoyé en Corée. En action contre les Chinois, ils combattirent surtout en tant que chars d'assaut, par exemple lors de la 3ème Bataille de Séoul. Pour rétablir la position du 1er Bataillon, Royal Northumberland Fusiliers pendant la défense de Séoul, le brigadier Thomas Brodie de la 29ème Brigade d'Infanterie envoya 4 Churchill en renfort ; leurs contributions à la bataille furent largement saluées par les historiens britanniques et américains. Ce furent les dernières utilisations du Churchill en action par les Britanniques. Le char resta en service dans l'Armée Britannique jusqu'en 1952, l'un d'entre eux, un poseur de pont, restant en service jusque dans les années 70.
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Churchill bombardant les positions nord-coréennes de l'autre côté du fleuve Han, Yeongdeungpo, Corée du Sud, 11 février 1951.
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A22 Churchill