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Genèse & Production
Les séries M3 & M5 Stuart construits aux États-Unis n'étaient ni correctement armées ni blindées pour survivre sur le champ de bataille après 1941. Il y avait un besoin pour un char léger rapide doté d'une protection accrue pour répondre aux besoins d'une unité de reconnaissance blindée. Ces chars devaient devancer la poussée blindée principale pour repérer l'emplacement des unités ennemies, signaler leur emplacement, appeler un barrage d'artillerie ou une attaque aérienne et partir sans engager si possible des chars ennemis lourdement armés. Ils n'étaient pas destinés à participer à des combats de chars contre chars. Ils devaient compter sur leur vitesse et leur maniabilité pour se tirer d'affaire. L'idée d'avoir un char léger plus puissant pour remplacer les modèles M2A4 & M3 avait été envisagée dès l'automne 1940. Quelques mois plus tard, en janvier 1941, ce besoin se traduisit par une exigence précise qui stipulait que le char devait être de 14 t, à silhouette basse, avoir un blindage de 38mm d'épaisseur max et embarquant un canon de 37mm. Deux modèles pilotes furent conçus à l’Arsenal de Rock Island. Le premier, désigné T7, devait avoir une caisse soudée, une tourelle coulée et une suspension à volute verticale modifiée. Le deuxième pilote, le T7E1, serait de construction rivetée, avec une tourelle coulée/soudée et une suspension à volute horizontale. En fait, le T7E1 ne jamais fut achevé car le blindage riveté n'était plus en vogue, mais le châssis était toujours utilisé pour les essais de transmission et de suspension, propulsé par le moteur Continental. Suite à la construction d'une maquette en bois du T7, l’Arsenal de Rock Island fut invité à construire 3 autres prototypes, désignés T7E2, T7E3 & T7E4, pour tester différentes configurations de blindage, de moteur et de transmission. Parmi ceux-ci, le T7E2 montra le plus de potentiel : il avait une caisse, un toit et une tourelle en fonte ainsi qu’un moteur Wright R-975. La conception fut approuvée en décembre 1941, mais pendant la construction du modèle pilote, il fut décidé de l'augmenter le calibre du canon à 57mm.
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T24. -
Ce canon, une adaptation du 6-pdr britannique, devait être monté sur le Ram de construction canadienne. Un anneau de tourelle de Ram fut donc incorporé et le char achevé en juin 1942. Les forces blindées demandèrent plus tard s'il pouvait être modifié pour avoir un canon de 75mm et cela fut également convenu, même si cela signifiait que la tourelle devait être repensée. L'autre changement majeur au cours du développement fut une augmentation de l'épaisseur du blindage à 63mm, ce qui porta le poids du char à 25 t, le retirant ainsi de la classe des chars légers ! Il fut donc reclassé en tant que Medium Tank M7 en août 1942 et standardisé. Une commande de 3 000 véhicules fut passée à l'International Harvester, la production devant commencer en décembre 1942. Pendant ce temps, le modèle pilote avait été testé plus avant au QG de la Force Blindée à Fort Knox, qui constata qu'il était nettement sous-alimenté. Son poids au combat avec équipage et rangement de combat complet était maintenant de 29 t, alors les travaux sur un modèle remotorisé, le M7E1 commencèrent. Pendant que cette saga se déroulait, le M4 était entré en pleine production en tant que moyen standard et l'Ordnance Board demanda à juste titre aux forces blindées si elles avaient également besoin du M7. Les forces blindées en comprirent la sagesse et la production fut interrompue après la production d'une poignée de M7 seulement. Les travaux sur le M7E1 furent également arrêtés et la série T7/M7 déclarée obsolète. Le M7 ne fut donc jamais utilisé par l'Armée Américaine. Malgré ce fiasco, le besoin d'un char léger mieux blindé avec un canon plus puissant était toujours apparent, alors le département de l'Ordnance commença à travailler en collaboration avec Cadillac, les fabricants de la série M5, pour concevoir un tout nouveau char léger qui incorporerait les meilleures caractéristiques de toutes les conceptions précédentes, y compris tout ce qui avait été appris du programme T7/M7. Cadillac alla de l'avant avec un modèle pilote, désigné T24. Il utilisait 2 moteurs refroidis par liquide Cadillac et la suspension hydraulique du M5. Il montait un canon M5 de 75mm qui avait été développé pour être utilisé dans le bombardier B-25 Mitchell. Il avait un recul concentrique qui économisait ainsi de l'espace dans la tourelle et n'était pas aussi lourd que le canon M3 de 75mm standard. Une limite de poids de 18 t fut fixée comme cible idéale pour ce char, ce qui signifiait que l'épaisseur max du blindage ne serait que de 25mm. Le premier modèle pilote, le T24, fut achevé en octobre 1943 et connut un tel succès que l’Ordnance autorisa immédiatement une commande de production de 1 000 chars, qu'ils portèrent ensuite à 5 000. La production commença en mars 1944 dans les usines Cadillac et Massey-Harris, celle du M5 s’arrêtant simultanément. En tout, ils produisirent 4 731 M24, y compris les variantes. Les premières livraisons furent faites à l'Armée Américaine à la fin de 1944 et les premiers M24, ou Chaffee d'après le grand général Adna Chaffee, « père de la force blindée », virent l'action en hiver 1944 en Europe.
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Ligne d’assemblage de M24, 1944. -
Design
La caisse du M24 était divisée en 2 parties, le compartiment moteur à l'arrière et le compartiment de combat à l'avant. Le compartiment de combat accueillait 2 hommes d'équipage, le pilote assis dans le coin avant-gauche et le mitrailleur de caisse dans le coin avant droit. Les deux hommes étaient séparés par la transmission Hydramatic (8 vitesses avant et 4 arrières). Un arbre de transmission parcourant la longueur du plancher du compartiment de combat faisait la jonction entre la boîte de vitesses et le moteur. La commande finale montée perpendiculairement à la transmission (devant les pilotes) transmettait la puissance du moteur aux 2 barbotins avant. Le pilote dirigeait son char via 2 leviers de direction en freinant sur une des 2 chenilles. Le tout était protégé par un nez composé de 2 plaques en pente. La plaque supérieure (glacis) en forme de diamant accueillait une trappe (boulonnée) d'entretien, le matériel d'éclairage et la mitrailleuse de caisse (montée sur rotule) de 7,62mm. La plaque inférieure du nez de forme trapézoïdale accueillait 2 boucles de remorquage et 2 saillies créées par les tambours des freins. L'accès au compartiment de combat se faisait via les 2 trappes situées sur le plateau avant, chacune dotée d'un épiscope rotatif. Le plateau avant accueillait encore la prise d'air d'un ventilateur de caisse (entre les 2 trappes). La caisse était entièrement située entre les 2 trains de roulement. Ceux-ci étaient surmontés par 2 garde-boues où étaient entreposés divers équipements (à l'extérieur du char).
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Avant de caisse. -
Pont avant. -
La tourelle du M24 qui n'avait pas de puits de tourelle, avait vaguement la forme d'un galet de rivière. Les côtés étaient prolongés à l'arrière pour former une saillie qui accueillait le poste radio dont on voit l'antenne sur le côté gauche. On accédait à la tourelle via la coupole de commandant située au centre-gauche du toit : cette dernière étaient dotés de 6 vitres blindées pour épiscopes fixes et d'une trappe circulaire montée sur charnière dotée lui aussi d’un épiscope fixe, ou via une trappe en forme de parallélogramme montée sur charnières située au centre-droit du toit. La tourelle avait encore une ouverture protégée par un clapet blindé sur le côté droit pour l'évacuation des douilles. La tourelle accueillait les 3 derniers membres d'équipage : le commandant, assis dans le coin arrière-gauche, le tireur assis dans le coin avant-gauche et le chargeur assis dans le coin arrière-droit. La tourelle était à commande hydraulique mais pouvait être manœuvrée manuellement. À part les épiscopes de la coupole du commandant, la tourelle était encore équipée d'un épiscope fixe à l'avant-gauche à l'usage du tireur. Le M24 était armé du canon M6 L/39 de 75mm montée sur l'affût M34 avec une mitrailleuse coaxiale de 7,62mm et une lunette de visée monoculaire. Ce canon est une version allégée du M3 monté sur le M4 Sherman destiné à l'origine au bombardier B-25 Mitchell. Le M6 pesait moitié moins que le M3 et possédait les mêmes performances. Le M6 était en plus équipé d'un système de recul concentrique, qui procurait plus d'espace à l'intérieur de la tourelle. Le M24 Chaffee embarquait 48 obus de 75mm stockées dans des armoires humides : parois creuses remplis d'une mixture ignifuge. L'armement du M24 était complété par une mitrailleuse AA de 12,7mm monté sur un affût tripode à l'arrière de la tourelle.
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Tourelle du M24. -
Le M24 était particulièrement bien motorisé. Il possédait un groupe-propulseur composé de 2 moteurs Cadillac Series 44T24 de 16 cylindres développant 2x148 ch (donc 296 ch). Le M24 pouvait atteindre sur route les 56 km/h et ses réservoirs (situés de chaque côté du groupe-propulseur) d'une capacité de 500 L lui permettait de parcourir une distance de 324 km sur son propre carburant. Les deux moteurs Cadillac ainsi que le ventilateur et les radiateurs étaient surmontés d'un plateau arrière doté de 3 plaques rectangulaires qui pouvaient être retirées pour l'entretien du moteur. Les deux plaques externes étaient dotées de grilles d'aération. La partie arrière était composé de 2 plaques de formes trapézoïdales. La plaque supérieure (faisant partie de la superstructure) accueillait les deux phares arrière du M24. Elle surplombait la plaque inférieure du bas de caisse qui accueillait 2 boucles de remorquage et une attache de remorque. Le compartiment moteur était séparé du compartiment de combat par une cloison pare-feu dotée de trappes pour des réparation à partir du char.
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Plaques arrière. -
Pont arrière. -
Moteur Twin Cadillac Série 44T24. -
Le M24 Chaffee était doté d'une suspension à barres de torsion typique des modèles américains de la fin de la guerre. Cette suspension était dotée de 5 gros galets-doubles totalement indépendants et de 3 rouleaux porteurs. Le système à barres de torsion procurait une meilleure répartition du poids, ce qui limitait la pression au sol et procurait au char une meilleure assise. La suspension à barres de torsion américaine contrairement à l'allemande n'utilisait pas l'imbrication des galets (galets externes recouvrant partiellement les galets internes) ce qui en facilitait l'entretien. Autre nouveauté, chaque galet était doté d'un amortisseur sauf celui du milieu, ce qui devait rendre la conduite beaucoup plus confortable. Le M24 fut équipé de 2 types de chenilles : T72E1 : guide central, simple goupille, caoutchouc renforcé d'acier, lames parallèles. Largeur : 41 cm - Pas (espacement) : 14 cm - Patins : 2x75 - Contact au sol : 2,851 m.
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Chenille T72E1. -
T85E1 : idem mais pas de lames parallèles mais en chevrons.
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Chenille T85E1. -
Suspension. -
Pour des raisons de poids évidentes et pour préserver la vélocité du char, le blindage du M24 était très mince. En effet, il ne dépassait pas les 25mm pour la caisse et les 38mm pour la tourelle. Un blindage plus important aurait alourdi considérablement le char et limiter sa vitesse de pointe, or le M24 devait être un char léger rapide destiné à des fonctions de reconnaissance. La vitesse était donc prioritaire. Fait intéressant, le blindage du M24 n'utilisait que faiblement le principe des parois inclinées pourtant largement utilisées sur les chasseurs de chars pour compenser leur manque de blindage. Seul le nez utilise vraiment ce principe. Rappelons qu’une paroi inclinée à l'avantage de dévier plus qu'elle n'encaisse les coups ennemis.
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Modèles
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Etats-Unis
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M24 Chaffee (1943)
Modèles de base.
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18ème Escadron de Cavalerie de Reconnaissance, 740ème Bataillon de Chars, Bataille des Ardennes, hiver 1944-45. -
Armée Américaine, Pays-Bas, hiver 1944-45. -
Compagnie D, 36ème Bataillon de Chars, 8ème Bataillon Blindé, Rheinberg, Allemagne, mars 1945. -
Compagnie D, 1er Bataillon Blindé, Plaine du Pô, Italie, avril 1945. -
42ème Escadron de Cavalerie de Reconnaissance, 2ème Groupe de Cavalerie, 12ème Corps, 3ème Armée, Hostau, Tchécoslovaquie, 28 avril 1945. -
81ème Escadron Blindée de Reconnaissance, 1ère Division Blindée, Secteur de Bologne, Italie, fin avril 1945. -
Armée Américaine, Allemagne, 1945. -
Troupe F, 2ème Escadron de Cavalerie de Reconnaissance, Bavière, Allemagne, 1945. -
23ème Escadron de Cavalerie de Reconnaissance, Pilsen, Tchécoslovaquie, 1945. -
1er Régiment Royal de Chars, Escadron du QG, 22ème Brigade Blindée, 7ème Division Blindée, Allemagne, 1945. -
752ème Bataillon de Chars, février 1946. -
Escadron C, Régiment de Reconnaissance, 5ème Division d'Infanterie, Armée Britannique, Allemagne, 1946. -
Guerre de Corée, 1951. -
1er Régiment de Chasseurs à Cheval, Armée Française, Dien Bien Phu, 1954. -
4ème Régiment de Cavalerie Pavía, Armée Espagnole, 1958. -
Armée Uruguayenne, fin des années 50. -
Armée Taiwanaise, années 60. -
29ème Régiment de Cavalerie, Armée Pakistanaise, Boyra, Bangladesh, 1971. -
Armée de la République du Vietnam, 1971.
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Norvège
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NM-116 Panserjager (1973)
En raison de la faible puissance économique de la Norvège, le financement était limité au début de la Guerre Froide, obligeant le gouvernement à moderniser progressivement son équipement militaire. En tant que tel, plutôt que d'investir des millions de couronnes dans le développement ou l'achat d'un tout nouveau char, le Forsvaret commença à travailler avec l'idée beaucoup moins chère de mettre à niveau la flotte de Chaffee. Thune-Eureka A/S, basée à Oslo, fut choisie pour développer une solution de mise à niveau efficace. Au début, l'entreprise ne reçut qu'un seul des M24 de l’armée à expérimenter. Certaines nouveautés furent priorisées dans le programme, notamment un nouvel armement principal, un nouveau moteur et une nouvelle transmission. Le moteur à essence Twin Cadillac de 220 ch du Chaffee fut remplacé par un moteur diesel à 2 temps Detroit Diesel 6V-53T refroidi par liquide et équipé d'un turbocompresseur. C'était le même moteur que celui utilisé dans les modèles ultérieurs du Strv. 103. Les moteurs diesel fonctionnent mieux par temps froid et sont également un peu plus sûrs car le diesel est moins volatil que l'essence. Le moteur donnait plus de puissance au char, car il produisait 260 ch, mais ralentit le char jusqu'à une vitesse max de 47 km/h. Ce n'était pas un gros problème car le couple accru lui donnait le pouvoir de se mouvoir sur le terrain difficile de la Norvège. Deux réservoirs de carburant de 208 L lui donnèrent également une plus grande autonomie de 300 km par rapport aux 160 km du groupe motopropulseur d'origine. Quatre échangeurs de chaleur furent également installés pour refroidir l'huile moteur. La transmission Hydramatic d'origine fut également remplacée par une boîte de vitesses Allison MT 650/653 présélecteur à 6 rapports (5 avant, 1 arrière). Une boîte de vitesses supplémentaire fut installée pour contrôler la vitesse transférée au différentiel logé à l'avant du char. L'échangeur de chaleur pour la transmission et le différentiel étaient installés dans le compartiment moteur, tandis que l'échangeur de la boîte de vitesses supplémentaire fut intégré dans un radiateur existant. Cette présence d'échangeurs de chaleur supplémentaires dans le compartiment moteur entraîna l'ajout de prises de ventilation plus importantes installées sur le pont moteur, à proximité de l'anneau de la tourelle. L'un des objectifs les plus cruciaux du programme de mise à niveau était d'augmenter la létalité du Chaffee dont l'ancien canon de 75mm était désormais obsolète. L'Armée Norvégienne voulait plus de punch, mais comprenait que le petit châssis du M24 ne résisterait probablement pas à la punition de la force de recul produite par un canon de 90mm ou plus. En tant que tel, l'Armée Norvégienne se tourna vers les Français et opta pour son canon D925 basse pression de 90mm. Ce canon de 90mm était similaire à celui installé sur le Panhard AML 90 français, qui était équipé du D921. Pour accueillir cette nouvelle arme, le gyro-stabilisateur dut être retiré. Le système de recul concentrique d'origine (il s'agissait d'un tube creux autour du canon, une alternative peu encombrante aux cylindres de recul traditionnels) du canon de 75mm fut conservé. La bouche du canon était équipée d'un seul frein de bouche à déflecteur pour réduire davantage la force de recul. Le canon pouvait être élevé de +15 à -10°. Le D925 était capable de tirer 3 types d’obus : HEAT-FS Hulladingsgranat M62, HE-FS, Sprenggranat MF1 et Fumigène stabilisé Røykgranat MF1. La HEAT avait une vitesse de 750 m/s et une portée efficace max d'environ 1,5 km. Il pouvait pénétrer 320mm de blindage vertical ou 120mm de blindage incliné à 65° par rapport à la verticale. Au total, 41 obus de 90mm étaient emportés.
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Des changements furent également apportés à l'armement secondaire du char. La mitrailleuse coaxiale Browning M1919 de 7,62mm fut remplacée par une mitrailleuse Browning AN/M3 de 12,7mm. Ceux-ci auraient été recyclés à partir de chasseur à réaction F-86 Sabre, dont environ 180 étaient exploités par l’Armée de l’Air Royal Norvégienne de 1957 à 1967. Dag Rune Nilsen, un ancien commandant du NM-116, rappela qu'ils étaient « très amusant à utiliser en raison de la cadence de tir extrêmement élevée et [étaient très] précise car elles étaient fixées dans la tourelle. » La mitrailleuse Browning M2HB de 12,7mm montée sur le toit fut conservée pour la défense aérienne, cependant, une position supplémentaire fut installée devant la coupole du commandant. La position de la mitrailleuse de 7,62mm à l'avant fut complètement supprimée, réduisant l'équipage à 4 hommes et laissant de la place pour le rangement d’obus de 90mm. De nombreuses autres améliorations furent incorporées dans le NM-116. Le tir fut encore amélioré avec l'ajout d'un télémètre laser NM128 (autrement connu sous le nom de Simrad LV3) qui fut installé au sommet du canon du 90mm, à l'extrémité du mantelet. Le NM-116 fut le premier char en service norvégien à intégrer un tel dispositif. Des dispositions furent également prises pour l'installation de vision nocturne passive et viseurs IR pour les postes de commandant, de tireur et de conducteur. Huit lance-grenades fumigènes (Røykleggingsanlegg) furent ajoutés sur les côtés gauche et droit de la tourelle en 2 rangées de 4 tubes. Ces appareils de fabrication allemande étaient actionnés électriquement et utilisés pour lancer la grenade Røykboks (fumigène) DM2 HC de 76mm. Au total, 16 grenades fumigènes étaient transportées et, si nécessaire, toutes les grenades chargées pouvaient être tirées en même temps. Une autre amélioration du fonctionnement du char vint avec l'introduction de nouvelles radios. Les NM-116 affectés aux chefs de peloton étaient équipés d'une AN/VRC44, tandis que d'autres chars étaient équipés de l'AN/VRC64. Un nouveau système d'interphone pour l'équipage fut également installé. Le NM-116 reçut également 2 types de nouvelles chenilles, qui pouvaient être commutées entre elles en fonction du terrain. Les chars étaient initialement équipés des chenilles à chevrons en caoutchouc T85E1 américaine d'origine. Dans le programme de mise à niveau, les chars étaient équipés de nouvelles chenilles en caoutchouc fendues fabriquées par la société allemande Diehl. Avec les chenilles T85E1, il y avait 75 maillons par côté, mais avec les chenilles Diehl, il y en avait 73 par côté. Le confort de l'équipage ne fut pas ignoré dans le programme, avec un nouveau système de chauffage interne installé pour les garder au chaud dans le climat froid norvégien. De plus, les 4 amortisseurs d'origine par côté furent remplacés par 2 amortisseurs plus efficaces. Ceux-ci furent fabriqués par la société suédoise Hagglunds. Il semblerait que tout au long de son service, le NM-116 ait subi un certain nombre d’améliorations progressives. Les détails exacts ne sont actuellement pas disponibles, mais certaines fonctionnalités peuvent être discutées. À un moment donné, le frein de bouche carré à chicane unique du canon de 90mm, installé sur les prototypes, fut remplacé par un frein de bouche tubulaire en forme de T, similaire à ceux utilisés sur les chars américains tels que le M48 Patton. Comme la Norvège exploitait une flotte de M48 armés de canons de 90mm, il n'est pas trop scandaleux de dire qu'ils auraient pu être recyclés à partir d'eux. Les M48 de 90mm furent mis à niveau entre 1982 et 1985 au standard M48A5 armé de canon de 105mm, il y aurait donc eu un surplus de pièces de 90mm. Un autre changement vit l'ajout d'un nouveau pignon avec des dents plus petites et moins nombreuses. L'original avait 13 dents tandis que le plus récent en avait 12. Cela fut probablement fait pour améliorer la compatibilité avec les nouveaux types de chenilles. Un autre ajout était un téléphone d'infanterie ou Grunt, installé sur l'aile arrière droite du NM-116. Un cadre de protection fut également construit autour d'elle. Ce téléphone permettrait à l'infanterie à l'extérieur du char de communiquer avec le commandant du véhicule et de lui donner des instructions de tir ou d'autres messages importants. Il est possible que cet équipement ait également été recyclé lors de la mise à niveau de la flotte de M48. D'autres améliorations comprenaient l'installation de racks d'équipement à l'arrière de la tourelle. Un ajout courant sur le terrain était l'installation de boîtes de rangement sur la caisse et les ailes.
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Armée Norvégienne, 1975. -
Armée Norvégienne, années 80.
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Chili
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M24 Cummins (1978)
Lorsque la crainte d'une invasion péruvienne grandit, le Chili lança un appel d'offres qui ne viola pas l'embargo américain pour remplacer les moteurs des Chaffee. La société allemande Mercedes-Benz, la société américaine Cummins Engine et un projet commun des sociétés Detroit Diesel et MACO Pvt. Ltd répondit à l'appel d'offres. Les trois projets furent testés en modifiant 3 M24 différents de l'Armée Chilienne. Ceux-ci subirent de nombreux tests pour évaluer la fiabilité mécanique des moteurs et l'autonomie des réservoirs. Fin 1978, le projet conjoint MACO-Detroit Diesel fut choisi comme vainqueur et les 21 M24 furent remotorisées avec le Detroit Diesel 6V53T, un 6 cylindres turbodiesel délivrant 275 ch à 2 800 tr/min et pesant 770 kg. Le même moteur fut utilisé sur le M113 et le LAV-25 canadien. On peut supposer que l'Armée Chilienne préféra le moteur Detroit car il était déjà utilisé dans les rangs chiliens avec le M113.
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Le compartiment moteur ne fut pas modifié car le moteur de 5 000 cm³ pouvait s'adapter sans problème, permettant de conserver les réservoirs d'origine de 420 L sans modification. La seule partie modifiée était le pont moteur, qui recevait plus de grilles d'aération pour faciliter la circulation de l'air. C'était un expédient très utile, car ces M24 étaient utilisés dans un environnement désertique. Une nouvelle station radio d'un modèle inconnu avec une nouvelle antenne sur un support sur le côté droit de la tourelle fut également ajoutée. La transmission automatique hydraulique à 8 vitesses avant et 4 arrières fut probablement remplacée par une transmission automatique Allison HT 700 à 5 vitesses (5 avant et 1 arrière), proposée plus tard pour des mises à niveau sur d'autres véhicules chiliens. La vitesse de pointe augmenta légèrement à environ 60 km/h, tandis que le poids passa de 18,4 à 19 t. Le nouveau moteur avait un système d'allumage à froid qui préchauffait le carburant diesel, permettant aux nouveaux M24 de fonctionner à des températures de -30 °C, un expédient nécessaire si l'Armée Chilienne avait l'intention d'exploiter les M24 sur le territoire patagonien. Les véhicules reçurent ensuite une nouvelle révision qui les fit passer d'un niveau mécanique médiocre à un niveau plus qu'acceptable. De toute évidence, il était clair que la mise à niveau ne couvrirait pas tous les problèmes du M24 Chaffee. Les canons M6 de 75mm étaient trop usés, ce qui diminuait leur précision et leur efficacité. L'Armée Chilienne avait besoin de quelque chose de plus puissant, mais à cause de l'embargo militaire, elle ne pouvait pas acheter les nouveaux véhicules dont elle avait désespérément besoin et fut contrainte de déployer des chars très anciens et usés aux frontières avec le Pérou et l'Argentine.
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M24 HVMS (1983)
En 1980, les premiers M-51 arrivèrent à Valparaiso. Le premier lot de canons de 60mm pour les M24 de l'Armée Chilienne dut attendre 1983 lorsqu'ils arrivèrent avec 65 M-50, ainsi que d'autres matérielles de divers types. Les véhicules et les canons arrivèrent à Iquique où les M24 furent modifiés, ajoutant le canon HVMS de 60mm aux M-50 et M24. Le nouveau canon fut également essayé sur un MOWAG Piranha. Les Chiliens, suivant les directives israéliennes, remplacèrent les canons M6 par les nouveaux HVMS, avec de nouveaux systèmes de tir et évidemment un nouveau gyro-stabilisateur. Il n'y a pas de données certaines mais on peut supposer que le M24 HVMS reçut, comme le M-50 HVMS, un FCS développé par les sociétés israéliennes Elbit et EL-OP qui garantissait une très grande précision même à longue distance et modérée en déplacement.
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De plus, un verrou de voyage sur la plaque de transmission fut ajouté pour le nouveau canon plus long. Le véhicule augmenta de poids, atteignant plus de 20 t (certaines sources mentionnent 22 t) prêt au combat. Cela entraîna une diminution de la vitesse de pointe, qui revint à 56 km/h, la vitesse max du M24 standard. D'après les sources disponibles, il semble que 21 M24 aient été réarmés. Malheureusement, la quantité exacte de munitions transportées par les véhicules est inconnue. Compte tenu de l'espace réduit à bord, il n'aurait pas fallu plus de 50 obus, comme dans le M24 d'origine. Avant de recevoir la mise à niveau, les M24 subirent un nouveau check-up, éliminant les problèmes mécaniques de ces véhicules, qui avaient maintenant 36 ans de service. On peut supposer qu'Israël fournit au Chili des pièces de rechange pour les M24, car Israël était en bons termes avec l'Italie, qui avait mis hors service les derniers M24 au début des années 70. Ce n'est qu'une supposition sans fondement factuel. Ce qui est certain, c'est que les 21 M24 chiliens restèrent en service pendant plus de 60 ans au total, un temps énorme pour des véhicules qui furent largement utilisés pour l'entraînement (donc usés plus rapidement) et dans des environnements désertiques qui avaient tendance à user les pièces mécaniques. En outre, il convient de noter que l'Italie, comme Israël, ignora l'embargo américain et vendit des armes d'infanterie, telles que les mitraillettes Beretta PM12, et des obus de 60mm au Chili.
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Uruguay
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M24UR (Uruguayano Repotenciado) (1983)
En même temps que l'Uruguay renouait avec la démocratie, les M24 que le pays exploitait depuis une trentaine d'années devenaient de plus en plus obsolètes et leurs moteurs, surtout, usés. Les moteurs jumeaux Cadillac 44T24 d'origine, produisant 220 ch, étaient tout simplement usés par plus de 30 ans de service militaire actif des M24. Par conséquent, il fut décidé de changer le groupe motopropulseur des chars. À cet effet, la société brésilienne Bernardini fut engagée. Certaines sources font référence à cette modernisation comme ayant eu lieu en 1983, tandis que d'autres mentionnent 1987. Les M24 furent rééquipés du moteur Saab-Scania DN11 de 220-230 ch, un moteur de camion industriel suédois fabriqué au Brésil. Une version turbocompressée de la même famille de moteurs, le DS11, équipe notamment la série brésilienne X1. Il s'agissait d'un moteur disponible dans le commerce pour lequel les pièces pouvaient être très facilement trouvées. Il était couplé à une boîte de vitesses automatique GAV 762. D'autres modernisations effectuées à peu près à la même époque, mais pas nécessairement par la société brésilienne, comprenaient le réaménagement du M24 avec un équipement radio moderne, l'installation d'un rack prêt à munitions dans la tourelle et le réalésage des mitrailleuses M1919A4 pour tirer des munitions OTAN de 7,62x51mm. La position de la M2 Browning fut également modifiée, elle est maintenant placée plus en avant sur la tourelle. Désormais, elle pouvait être actionnée par le commandant qui se penchait hors de sa coupole, plutôt que par un homme debout sur le pont moteur.
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M24 équipé d'un bulldozer après avoir été modernisé, équipé d'un nouveau moteur et de la mitrailleuse de 12,7mm maintenant amenée à l'avant de la tourelle afin qu'elle puisse être utilisée par le commandant depuis la trappe ouverte.
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France
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AMX 13 M24 (1957)
La France possédait la plus grande flotte de M24 après les États-Unis, et déjà en 1956 fit la première tentative de modernisation du char, qui commençait à devenir obsolète à cette époque. Son point le plus faible était le canon de 75mm, alors incapable de faire face efficacement même aux chars moyens. En ordre expérimental, un M24 était équipé de la tourelle de l’AMX 13 avec un canon de 75mm L/70. Une telle machine hybride s'avéra peu efficace et les travaux ultérieurs dans ce sens furent interrompus. Paradoxalement, la conversion inverse, qui consistait à monter la tourelle du M24 sur le châssis de l’AMX 13, eut plus de succès. Son apparence était due au fait que le canon long de l’AMX, aux propriétés antichars élevées, se distinguait par une action relativement faible de l’HE-Frag (ce qui est un problème courant avec les canons à haute balistique), tandis qu'un obus similaire du canon M24 était beaucoup plus efficace. Les troupes françaises combattant à Alger à cette époque ne ressentaient pas le besoin de combattre des véhicules blindés modernes et préféraient le canon du M24, plus efficace contre des cibles non blindées. Le premier prototype de l'AMX 13 avec la tourelle M24 fut achevé en mai 1959, et en mars 1960, une commande fut émise pour la production de 150 de ces machines. Par la suite, ces véhicules, sans armes, furent utilisés comme véhicules d'entraînement.
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Armée Française, Guerre d’Algérie, début des années 60.
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Conversions
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Américaines
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T24E1 (1944)
Prototype avec moteur Continental R-975-C4 et transmission à convertisseur de couple Spicer. Un véhicule fut converti à partir du prototype original T24 et testé en octobre 1944. Le véhicule avait des performances supérieures par rapport au M24, mais souffrait de problèmes de fiabilité de transmission.
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M19 GMC (1944)
Char de DCA équipé de 2 canons M2 de 40mm montés dans une superstructure arrière qui fit déplacer le moteur vers le centre de la caisse. Le M19 évolua à partir du projet T65 GMC, qui était basé sur une exigence de la Force Blindée pour un véhicule AA léger basé sur le châssis du M5. Bien que les essais aient été couronnés de succès et qu'une production de 1 000 T65 ait été demandée, le projet fut arrêté par le département de l'Ordnance puisque le châssis du M5A1 était en train d'être retiré de la production. Comme le projet T65 s'estompait, la Force Blindée avait encore besoin d'un véhicule AA léger, alors ils firent un nouveau projet (appelé T65E1) basé sur le nouveau châssis T24. Le T65E1 avait la même disposition générale que le T65 mais avec une tourelle à l'arrière avec les moteurs au milieu du châssis et quelques modifications mineures (y compris un bouclier de canon angulaire au lieu d'un droit). Le T65E1 fut accepté en service sous le nom de M19 GMC en mai 1944 avec une commande de 904 modèles de production, qui fut envoyée à Cadillac. Quelque 300 furent construits par Massey Ferguson (alors Massey-Harris) au Canada. La production ne commença qu'en août de cette année-là et seulement 285 furent produits à la fin de la guerre.
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M19A1
Le M19A1 avait un moteur auxiliaire et un générateur pour faire fonctionner les canons de 40mm lorsque le moteur principal était arrêté, et des accessoires pour transporter 2 canons de rechange.
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T19 (1945)
En 1945-1946, des expériences furent menées pour créer des canons automoteurs sur châssis M24, armés de plusieurs canons sans recul. Pour installer une batterie de 4 canons sans recul T20 de 75mm en 1945, un échantillon des M19 fut converti. Ses essais furent concluants et en avril 1946 il fut rééquipé de nouveaux canons sans recul M27 de 105mm. Malgré cela, les travaux furent arrêtés, car après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l'intérêt de l'armée pour la création de nouveaux types d'armes diminua drastiquement.
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Avec canons T20. -
Avec canons M27.
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M41 HMC Gorilla (1945)
Voir M41 HMC.
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M37 HMC (1945)
Voir M37 HMC.
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T77 Multiple GMC
Char de DCA armé de 6 mitrailleuses de 12,7mm dans une nouvelle tourelle.
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T13
Véhicule utilitaire.
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T22E1, T23E1 & T33
Véhicules de transports de matériel.
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T42 Cargo Tractor
Idem que le T33 mais avec la transmission Torquematic du M18 Hellcat.
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T43 Cargo Tractor
Version allégée du T42.
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T9
M24 doté d'un équipement de bulldozer.
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T6E1 (1944)
Le T6E1 Tank Recovery Vehicle fut développé sur le châssis M24 en 1943-1944. La tourelle fut retirée du char et remplacée par une cabine fixe, et en raison du poids réduit, une grue, un treuil et d'autres équipements d’ARV nécessaires furent installés. Le premier prototype fut achevé le 5 septembre 1944. Tous les travaux sur ce projet prirent fin avec la conclusion de la Seconde Guerre Mondiale.
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T38 MMC (1945)
Mortier automoteur créé expérimentalement en 1945-1948. Initialement, il était prévu de l’utiliser pour le châssis du T13 ou T16, mais finalement, le châssis du M37 fut choisi pour la construction du prototype. L'obusier fut monté et son embrasure soudée avec un bouclier blindé. Un mortier M2 de 106,7mm fut installé dans la caisse. En décembre 1948, le prototype fut achevé et entra pour les tests. Le T38 ne fut jamais accepté en service, car à cette époque, il n'était destiné qu'à déterminer les capacités potentielles d'une machine de ce type.
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M24-Sd.Kfz.8 (1946)
En 1946, les différentes équipes de R&D semblaient chercher des choses à faire. L'une des évaluations d'après-guerre, qui semblait probablement être une bonne idée à l'époque, consistait à évaluer et à comparer différents types de voies et de construction. Des essais comparatifs satisfaisants de chenilles et de suspensions américaines et étrangères n'avaient jamais été menés, des études de sol en laboratoire et des essais de véhicules en conduite défavorable, et de nouvelles théories sur l'action du sol sous les chenilles, telles qu'énoncées dans le Mémorandum Technique Canadien n°6, étaient encore trop théoriques pour avoir une application pratique directe. Donc, la meilleure façon de savoir ce qui se passerait vraiment serait de l'essayer. Eh bien, quelqu'un au début de 1946, avec plus de temps libre qu'il n'en avait probablement besoin, nota que l'empattement du M24 correspondait à peu près à l'empattement des chenilles sous le Sd.Kfz.8. À l'époque, les États-Unis établirent officieusement une distinction entre les véhicules semi-chenillés et les véhicules ¾ à chenilles, les Sd.Kfz.8 ayant une longueur de chenille suffisante pour être classé comme ce dernier. Alors, sous la supervision d'un LTC L. B. Hopkins, ils se lancèrent dans ce test. Le projet commença par une étude de la suspension à chenilles ¾ allemande et du roulement à aiguilles mais fut ensuite élargi pour inclure des chenilles et des suspensions étrangères.
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La suspension allemande entrelacée et la chenille à roulement à aiguilles furent choisies car on pensait qu'elles combinaient en général les deux caractéristiques exceptionnelles des chenilles étrangères, à savoir plus de points de contact avec le sol et une chenille à pas plus grand. D'autres facteurs censés contribuer à de meilleures performances globales étaient l'élimination des rouleaux de support supérieurs, l'utilisation de galets plus grands et ce qui équivaut à une chenille à double usage. Cette chenille est dotée de petits patins en caoutchouc qui permettent un bon contrôle sur les surfaces dures et agissent comme des crampons en terrain souple. Il faut souligner que cette chenille et cette suspension particulières n'étaient pas utilisées sur les chars allemands mais se prêtaient à une adaptation sur une caisse de T24 et faisaient l'objet d'une étude intéressante. Il fut également jugé possible de monter une chenille américaine et une chenille russe sur cette suspension. Il était prévu d'inclure les véhicules suivants dans les tests tel que le Panzer IV, T-34, M4 & M26. On pensait donc que des essais techniques sur le terrain de la suspension entrelacée avec diverses combinaisons de chenilles par rapport à une suspension américaine standard sur le même type de véhicule fourniraient une base immédiate et adéquate pour évaluer les mérites relatifs de ceux-ci. On s'attendait à ce que le retrait des chenilles du semi-chenillé et du M24 prenne environ 4 ou 5 semaines. Le M24 n°594 était équipé des chenilles et de la suspension du Sd.Kfz.8. La tourelle fut retirée pour ramener le poids total à environ 14,7 t, ce qui correspond à peu près à la capacité de la suspension utilisée sur le Sd.Kfz.8. Notez que cela signifie que la photographie faisant le tour du web d'un M24 avec la suspension allemande et avec une tourelle est une fausse photo manipulée. Cela aboutit à un M24 modifié avec une chenille à roulement à aiguilles de 40,6 cm et une suspension entrelacée. La caisse fut surélevée d'environ 18 cm à la suite des modifications. Un M24 standard avec tourelle retirée fut utilisé à des fins de comparaison. Il était en outre prévu d'obtenir des données sur la traction de la barre d'attelage par rapport au glissement de la chenille dans la boue des deux véhicules et de la suspension entrelacée avec le M24 et la chenille du T-34. Grâce à l'utilisation d'un pignon spécial et des entraînements à rouleaux du pignon russe, il est possible d'adapter la chenille russe à la suspension du M24 (n°594) avec la suspension entrelacée allemande. Aucun test ne fut effectué avec cette configuration en raison de difficultés de direction. Il était également prévu d'obtenir des données comparatives sur la traction de la barre d'attelage et le glissement des chenilles dans la boue en utilisant le T-34, le Panzer IV et les chars moyens et lourds américains pour une comparaison globale des diverses suspensions et chenilles dans la boue. Le rapport d'essai nota que, comme une puissance suffisante était disponible dans le M24 pour la propulsion à basse vitesse, il n'y avait aucun avantage à une suspension consommant un peu moins d'énergie à basse vitesse sur une chaussée dure. L'adaptation exclut tout test dans la boue. Enfin, le rapport notait qu'aucun test supplémentaire n'était justifié et recommandait que les tests sur ce projet soient interrompus et que le projet soit annulé.
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M24 Track Grousers (1945)
Le 11 mai 1945, aux Terrains d’Essais d’Aberdeen, un M24 fut équipé de chenilles de 71 cm de large.
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M24 T122 (1947)
M24 avec mini-tourelle T122 munit de 2 M2HB de 12,7mm.
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T78 (1943)
Le T78 GMC est un projet de canon automoteur antichar proposé pour la création en juillet 1943 sur le châssis M24, armé d'un canon 90mm dans une tourelle de M36. Comme le M24 n'avait même pas atteint le stade de prototype à ce moment-là, la conception du T78 fut abandonnée en août de la même année jusqu'à ce que des résultats satisfaisants soient obtenus avec le M24. Cependant, malgré le lancement de ce dernier en production de masse, les travaux sur le T78 ne reprirent jamais.
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Japonaises
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M24 ATM (1965)
L'Institut technique de recherche et de développement (TRDI) du JSDF décida d’équiper à des fins de tests un M24 de lanceur d’ATGM Type 64.
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En Action
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Les anciens opérateurs du M24 Chaffee. -
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2ème Guerre Mondiale (1939-1945)
Bien que le commandement de l'armée prévît d'envoyer de nouveaux chars légers en Europe d'ici août 1944, en pratique, en raison de difficultés techniques, les premiers M24 n'arrivèrent sur le théâtre d'opérations européen qu'au début du mois de décembre. La première unité à passer du M5 désespérément obsolète au nouvel équipement devait être le 744ème Battaison de Chars Légers, auquel les 20 premiers chars arrivés en Europe furent envoyés le 8 décembre. Cependant, avant même que les chars n'arrivent dans cette unité, 2 des véhicules envoyés se retrouvèrent dans le 740ème Bataillon de Chars. Selon diverses sources, cela serait dû à une erreur d'approvisionnement ou des représentants du 740ème Bataillon auraient simplement réquisitionné ces deux véhicules auxquels ils avaient droit en raison de circonstances particulières. Ces deux chars devinrent les premiers M24 utilisés au combat le 20 décembre 1944, près de Remouchamps en Belgique. Les 18 chars restants arrivèrent au 744ème Bataillon de Chars le 24 décembre et le 15 février 1945, le bataillon fut complètement transféré vers le nouvel équipement. Le char s'avéra assez facile à maîtriser car il avait un système de propulsion similaire au M5 et un canon presque identique au M4. En raison de l'apparence inhabituelle du M24, avec sa silhouette trapue, ses grands angles de blindage et sa suspension à barre de torsion individuelle, les soldats américains furent à plusieurs reprises confondus avec le Panther. Pour éviter cela, les troupes lancèrent un programme spécial de familiarisation avec de nouveaux chars, au cours duquel elles reçurent le surnom de « Panther Pups ».
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M24 Chaffee déménage à la périphérie de Salzbourg, mai 1945. -
Pour la première fois en quantité appréciable, des M24 furent utilisés lors de l'opération Grenade en février 1945. En général, le nouveau char reçut des notes positives de la part des troupes. Les rapports des troupes notèrent une bonne vitesse, une maniabilité, une fiabilité et une facilité d'utilisation. Dans le même temps, les qualités de combat du char n'étaient en aucun cas aussi appréciées. Le blindage mince ne protégeait pratiquement pas l'équipage des armes AT allemandes (alors presque tous les autres chars britanniques et américains de l'époque étaient légèrement meilleurs à cet égard), le canon de 75mm ne permettait pas non plus de se battre sur un pied d'égalité même avec les chars allemands moyens. La charge de munitions du M24 s'avéra également insuffisante. Placer une mitrailleuse de 12,7mm sur le toit de la tourelle était également considéré comme un échec, car il n'était pratiquement pas utilisé comme AA et son utilisation contre l'infanterie exposait le tireur à un danger important. Une partie de ces lacunes du 744ème Bataillon de Chars tenta de les éliminer par elles-mêmes. Le fond du char fut renforcé par des plaques de blindage supplémentaires pour protéger l'équipage des mines antichars, et les râteliers à munitions furent également refaits pour augmenter leur capacité. Plus tard, alors que le M24 continuait d'entrer en Europe, la priorité dans le rééquipement avec de nouveaux équipements fut donnée aux unités de reconnaissance faisant partie des escadrons de cavalerie. Ce n'est qu'après leur transition complète vers le nouvel équipement M24 qu'ils commencèrent à être envoyés à d'autres unités. Dans le cadre des unités de reconnaissance, le char reçut également les notes les plus positives. Certains commandants le préférèrent même préféré au M4, car le M24 égalait ou dépassait le M4 avec un canon de 75mm égal, et le blindage plus puissant du char moyen n'offrait également presque aucune protection contre l'artillerie AT allemande. Malgré des livraisons importantes du nouveau char, avant la fin des hostilités en Europe en mai 1945, le M24 n'eut toujours pas le temps de remplacer le M5. Début mai, il n'y avait que 1 163 M24 dans les unités de combat, ce qui représentait 34% de tous les chars légers des troupes américaines sur ce théâtre. Sur d'autres fronts, moins prioritaires pour le rééquipement, la situation était encore pire. Les premiers M24 n’arrivèrent en Italie qu'en janvier 1945 et ne furent utilisés en quantité significative qu'à partir de mars de la même année. Le M24 n'entra dans le théâtre d'opérations du Pacifique qu'à la fin de la guerre.
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M24 Chaffee du 81ème Escadron Reconnaissance, 1ère Division Blindée traverse les ruines de Vergato (Bologne, Italie), 14 avril 1945. -
Les livraisons de M24 à d'autres pays dans le cadre du programme Lend-Lease étaient faibles. La raison en était à la fois le lancement tardif du char en production et le besoin urgent pour les États-Unis de réarmer leurs propres unités. Le seul pays qui en reçut en quantités importantes est la Grande-Bretagne qui reçut, selon diverses sources, de 289 à 302 chars. Bien que les premiers M24 soient arrivés au Royaume-Uni dès 1944, ils n'entrèrent dans les unités de combat qu'en avril 1945 et leur utilisation fut limitée. Pendant la guerre, les M24 ne furent pas livrés à d'autres pays en quantités importantes. Deux chars furent livrés à l'URSS pour évaluation, mais trop tard pour des livraisons massives, un autre char fut remis par les Britanniques aux forces canadiennes pour des tests. La question de la fourniture du M24 aux unités françaises fut également soulevée, mais rejetée en raison de la pénurie de M24.
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Guerre Froide (1946-1991)
Après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le M24 devint le char léger standard des troupes américaines, tandis que tous les véhicules précédents furent retirés du service dans le cadre du processus de démobilisation massive. À la fin des années 40, le nombre de M24 dans l'armée active commença à diminuer progressivement, mais un nombre important d'entre eux restèrent en service jusqu'aux années 50. Ainsi, en 1949, l'Armée Américaine disposait encore de 3 833 M24. Les M24 relativement légers, mobiles et fiables furent utilisés pour armer les unités d'occupation, en particulier au Japon, où 4 compagnies armées avec eux constituaient l'ensemble du contingent de chars, car les routes et les ponts du Japon n'étaient pas conçus pour des équipements plus lourds.
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Guerre d’Indochine (1946-1955)
Les premiers M24 français arrivèrent en Indochine fin 1950, remplaçant les M3/M5 Stuart obsolètes ainsi que les M4. Depuis 1951, les M24 constituent l'ossature des unités blindées françaises dans la région. L'utilisation de véhicules blindés pendant la Guerre d'Indochine fut limitée en raison de l'état extrêmement médiocre du réseau routier, combiné aux tactiques de guérilla vietminh. Les chars n'étaient généralement utilisés que pour la protection des convois ou la défense des garnisons et des colonies. Dans ces conditions, l'émergence de M24 fiables et très mobiles augmenta considérablement la capacité de combat des Forces Blindées Françaises. Le M24 reçut le surnom de Bison dans les troupes françaises. Ils furent utilisés, bien qu'en nombre limité, dans les batailles de la seconde moitié de la guerre, en particulier lors de la bataille décisive de Dien Bien Phu, où la masse relativement faible du M24 permit de les livrer sur la zone de combat, par voie aérienne, sous une forme partiellement démontée. Dix M24 livrés à Dien Bien Phu (un escadron de marche du 1er Régiment de Chasseurs de Cavalerie) furent utilisés jusqu'à la reddition de la garnison, les chars furent endommagés à plusieurs reprises et réparés à nouveau ; finalement hors d'usage, les M24 se transformèrent en points de tir à long terme.
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M24 français en Indochine. -
Guerre de Corée (1950-1953)
Les M24 furent les premiers chars américains utilisés pendant cette guerre. Au début de l'offensive des troupes nord-coréennes, les troupes sud-coréennes étaient insuffisamment armées et équipées. De plus, l'Armée Sud-Coréenne ne disposait pas d'armes AT efficaces et ses forces blindées ne comprenaient que 27 M8 Greyhound. Dans ces conditions, les États-Unis durent transférer à la hâte toutes les forces possibles en Corée afin de ralentir d'une manière ou d'une autre l'avancée de l'Armée Nord-Coréenne. Les seuls chars américains dans cette région étaient les M24, qui étaient en service avec les unités d'occupation stationnées au Japon, qui furent envoyées d'urgence en Corée. Cependant, l'arrivée du M24 ne pouvait pas sérieusement affecter la situation. La toute première bataille de chars de la Guerre de Corée, eut lieu le 10 juillet 1950, au cours de laquelle le groupe de M24 rencontra au combat plusieurs T-34-85, qui formaient la base des forces de chars nord-coréennes, révélant l'incapacité du M24 pour combattre les chars soviétiques sur un pied d'égalité, bien que dans cette bataille, le M24 ait réussi à toucher plusieurs fois un T-34-85 (le char ne fut pas détruit) au prix de la perte de 2 véhicules. Il s'avéra que le canon de 75mm était totalement inefficace contre le blindage frontal du T-34-85, tandis que les canons de 85mm de ce dernier pouvaient pénétrer le blindage fin du M24 à n'importe quelle distance de tir ciblé. De plus, les M24 étaient vulnérables même aux fusils AT de fabrication soviétique de 14,5mm en service dans l'Armée Nord-Coréenne. Tout cela conduisit à la démoralisation des unités de chars armés du M24 et, à l'avenir, leurs actions furent extrêmement prudentes, mais malgré cela, en août de la même année, la plupart des M24 arrivés du Japon furent détruits. Cependant, le M24 continua à être utilisé dans ce rôle jusqu'à l'arrivée des Sherman et Pershing plus performants au début d'août 1950 et leur entrée au combat dans la seconde moitié du même mois.
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Équipage d'un M24 le long du front de la rivière Naktong. Au sol se trouve le Private First Class Rudolph Dotts (Egg Harbor City, New Jersey mitrailleur (centre)) ; le Private Maynard Linaweaver (Lundsburg, Kansas, tireur) ; et en haut est le Private First Class Hugh Goodwin (Decature, Miss., commandant de char). Tous sont membres de la 24ème Reconnaissance, 24ème Division, 17 août 1950. -
Après l'arrivée de chars moyens à part entière, les M24 furent finalement transférés au rôle de chars auxiliaires et de reconnaissance, auxquels ils étaient destinés. Trois M24 se trouvaient dans chaque compagnie de reconnaissance. À ce titre, le M24 continua à être utilisé en Corée jusqu'en 1953. Les Chaffee américains subirent de lourdes pertes, seulement du 1er juillet 1950 au 6 octobre 1951, 195 M24 furent mis hors service. La fin de l'histoire du M24 dans les forces américaines fut mise en service par le M41 Walker Bulldog plus moderne adopté en 1951, qui était essentiellement un M24 agrandi, mais armé d'un canon beaucoup plus puissant. Avec son apparition, le M24, qui n'avait pas acquis la meilleure réputation parmi les troupes de la Guerre de Corée, fut complètement retiré du service en 1953 et commença à être activement exporté.
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Guerre du Vietnam (1955-1975)
Les Français, avant le retrait de leurs troupes d'Indochine, transférèrent un nombre important de M24 aux armées du Sud-Vietnam et du Laos. Ainsi, le Sud-Vietnam reçut 10 de ces chars de France et 50 des États-Unis. Ils étaient en service dans les 1ères, 2, 3 et 4èmes compagnies de chars de l'Armée Sud-Vietnamienne. Plusieurs M24 prêts au combat capturé à Dien Bien Phu se rendirent également dans certaines parties du Viet Minh, mais ils ne furent utilisés qu'à des fins d'entraînement et de propagande. Jusqu'en 1956, les unités sud-vietnamiennes utilisaient des véhicules blindés dans une mesure limitée, à la fois en raison de leur forte usure et du faible niveau d'entraînement de l'équipage. La situation ne s'améliora qu'avec l'apparition de conseillers militaires américains au Sud-Vietnam, cependant, même après cela, le niveau d'entraînement au combat des unités sud-vietnamiennes resta faible. À partir de janvier 1965, les M24 du corps blindé du Sud-Vietnam commencèrent progressivement à être remplacés par les M41 Walker Bulldog fournis par les États-Unis. Ainsi, au début de l'intensification des hostilités, leur nombre était déjà relativement faible. Néanmoins, les M24 continuèrent à être en service dans les unités sud-vietnamiennes jusqu'en 1972 au moins et furent utilisés, notamment, lors de l'offensive du Têt de 1968.
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M24 sud-vietnamien en parade à Saïgon, début des années 60. -
2ème Guerre Indo-Pakistanaise (1965)
Au moins un M24 pakistanais fut capturé et gardé en tant que trophée.
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3ème Guerre Indo-Pakistanaise (1971)
Pour la défense du Pakistan oriental, 66 M24 furent impliqués. Ils faisaient partie de la 3ème Compagnie (4) de la 9ème Division d'Infanterie ; la 8ème Compagnie (1 M24 & 3 PT-76) de la 14ème Division d’Infanterie ; le 29ème Régiment (3 compagnies de M24) de la 16ème Division d’Infanterie ; la 36ème Division d’Infanterie (1 compagnie de M24). La première bataille de M24 eut lieu pendant la Bataille de Gharibpur, au cours de laquelle une compagnie de 14 chars pakistanais fut complètement perdue dans des batailles avec des PT-76 & T-55. Le 9 décembre, dans la région de Kushtia, les M24 pakistanais remportèrent une victoire, éliminant 5 PT-76. À la fin de la guerre, l'une des dernières batailles de chars eut lieu dans la région de Naogaon, une compagnie de M24 attaqua des T-55 indiens, mais perdit 5 Chaffee et fut forcée de battre en retraite. En conséquence, tous les M24 furent détruits et capturés par l'Armée Indienne, pour la plupart à cause des tirs des PT-76 & T-55.
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M24 Chaffee