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Genèse & Production
Les Américains étaient au début peu enthousiaste pour les chars moyens/lourds fortement armés et blindés capables de faire face aux meilleurs modèles allemands. Rappelons-nous que la destruction des chars ennemis était le travail des chasseurs de chars. Cependant un premier modèle, le M6, fut développé mais jamais standardisé. C'était un char lourd armé d'un canon de 76mm. Le projet fut abandonné en raison du transport outre-mer problématique d'un tel char et des doutes quant à sa fiabilité et aux effets de sa masse. Plus la guerre avançait, plus il devint évident que l'US Armored Force devait avoir un char capable de concurrencer les meilleurs modèles allemands comme le Panther et le Tiger.
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T20. -
Le T20, comme le T22 et le T23, étaient des modèles de chars moyens développés pour succéder au M4 Sherman. Tous les modèles T20 utilisaient le moteur Ford GAN V8 avec transmission à convertisseur de couple Torqmatic avec pignon d'entraînement arrière. La caisse était entièrement soudée et les tourelles coulées. Le T20 était équipé d'un canon M1 de 76mm et d'une suspension à ressort à volute horizontale. Construit par Fisher et achevé en juin 1943. -
T20E3. -
Pour contre-carrer ces monstres, une nouvelle famille expérimentale de chars moyens (T20) fut étudiée à partir de 1942. Cette famille comprenait également les T22 et T23, et donna finalement naissance aux T25 et T26, armés tous deux de canons de 90mm.
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T22E1. -
Premier prototype de T22 réaménagé avec la tourelle construite par United Shoe Machinery Corporation pour le T20E1 annulé. Canon automatique de 75mm et suspension à ressort à volute horizontale (HVSS). -
T23. -
Le T23 était un prototype de char produit en nombre limité par les États-Unis pendant la Seconde Guerre Mondiale. -
Le T23 ne fut pas adopté pour le service en partie parce que les forces terrestres de l'armée ne voulaient pas perturber la production du M4. Dans l'ensemble, le T23 ne pouvait pas être considéré comme un char moyen réussi, mais il ouvrit la voie au développement du T25, puis du M26 Pershing. -
T23E3. -
T23E4. -
Le T23E4, qui avait une suspension à volute horizontale (HVSS). Il fut annulé avant même que la conception ne soit terminée. -
Le T25 avait un blindage maximum de 87mm contre 102mm pour le T26. Les 2 prototypes furent équipés d'une suspension avec barres de torsion et des convertisseurs hydrauliques de couple avec embrayage de réduction planétaire. Entre janvier et mai 1944, le T25E1 fut construit à 40 exemplaires et le T26E1 à 10 exemplaires.
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T25. -
Le T25 était un prototype développé à partir d'une caisse de T23 modifiée, et avait une nouvelle tourelle sur laquelle était monté un canon AT lourd de 90mm. -
T25E1. -
En juin 1944, le Haut Commandement des Forces Terrestres accorda la priorité au programme T26. Le T26E1 fut équipé d'une tourelle moulée développée à partir de la tourelle T23 qui équipait les Sherman (76). Les derniers Sherman avec le canon de 76mm furent jugés suffisant pour finir la guerre, même si les Américains perdaient en moyenne 3 chars pour seulement 1 chez les Allemands. Mais comme des effectifs n'étaient pas comparables, le projet T26 ne fut pas considéré comme prioritaire mais était destiné pour la période d'après-guerre. Cependant le développement aboutit à la fin de 1944 sur un modèle prêt au combat.
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Le T26 avait un blindage amélioré au mélange, avec un nouveau glacis de 102mm d'épaisseur et une caisse renforcée. Le poids global est passé à 36 t, donc dans la catégorie des chars lourds. Les performances diminuèrent et déclenchèrent des problèmes de fiabilité et de maintenance, car son moteur et sa transmission n'étaient pas conçus pour faire face au poids supplémentaire. -
T26E1. -
Le T26E1 était le prototype sur lequel était basée la version de production améliorée T26E3. Après une petite présérie, celle-ci fut normalisée sous le nom de M26. Version armée d'un grand stabilisateur extérieur T15E1 pour des munitions monoblocs (utilisé en combat). -
Pesant dans les 42 t ce char fut officiellement versé dans les chars lourds et une commande de 250 exemplaires fut effectuée. Ces exemplaires avaient subi des modifications par rapport aux prototypes concernant les stocks de munitions et le frein de bouche du canon. Le T26E1 fut standardisé en mai 1945 sous le nom M26. Rappelons-nous que la première commande de 250 exemplaires fut effectuée à la fin de 1944. En janvier 1945, les 20 premiers modèles traversent l'Atlantique et sont mis en service en mars 1945 sous la désignation officielle de M26 et peu après sous le surnom de Pershing. Le M26 Pershing fut produit à 1 190 exemplaires par Fisher Tank Arsenal entre novembre 1944 et juin 1945 et à 246 exemplaires par Detroit Tank Arsenal entre mars et juin 1945.
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Design
La suspension du M26 Pershing était composée de 6 double-galets indépendants assemblés sur des barres de torsion. Les 2 premiers et les 2 derniers étaient équipés d'amortisseurs. Fait rare pour un modèle américain, les barbotins étaient assemblés à l'arrière. Le M26 était également équipé de convertisseurs hydrauliques de couple avec l'embrayage planétaire de réduction. La transmission était une Cletarc avec 3 vitesses vers l'avant et 1 vitesse arrière. Les chenilles composées de 2 lignes de patins en caoutchouc-acier ou tout en acier, eux-mêmes équipées de guides centraux. Ces chenilles de 58 cm offraient une pression au sol acceptable, de 0,878 kg/cm², moins que pas mal de Sherman.
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Suspension. -
Le compartiment avant accueillait 2 membres d'équipage, le pilote et de son assistant. Le pilote était assis du côté gauche et son assistant du côté droit. Tous les deux disposaient de 2 épiscopes et d'une trappe d'accès sur le plateau avant de la caisse. L'assistant pouvait mettre à feu une mitrailleuse Browning de 7,62mm montée sur rotule sur le glacis du char. Le nez du char est fait de 2 parts moulées, soudés entre elles. Le glacis avait une pente très marquée. Le nez ne protégeait pas comme sur les autres modèles le système de transmission finale, monté sur le M26 à l'arrière, derrière le moteur. Au contraire du Sherman, la superstructure n'occupe pas l'intégralité de la largeur du char mais reste confinée entre les 2 chenilles, ce qui limitait les possibilités de stockage à l'intérieur. D'ailleurs elle était très basse, à peine visible.
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Pont avant et plaque avant. -
Le M26 Pershing avait un équipage de 5 hommes. Le commandant, le tireur et le chargeur étaient assis dans la tourelle. Cette dernière développée à partir de la tourelle T23 et était équipé d'une coupole de commandant et d'une trappe ovale pour le chargeur sur le toit. Il y avait également une petite trappe pour l'éjection des douilles du côté gauche de la tourelle. Sur la coupole, le commandant avait pour sa vision 6 ouvertures avec des carreaux blindés en verre stratifié. Deux épiscopes rotatifs étaient également à la disposition du chargeur et du tireur. Pour le transport ou la marche, la tourelle était tournée vers l'arrière et le canon était maintenu immobile par une chaise de route. Le canon M3 de 90mm monté sur le Pershing fut développé à partir du canon AA de 90mm (comme les 88mm du Tiger). Cette arme extraordinaire lui permettait de détruire n'importe quel char ennemi. Le canon était monté sur un affût M67 équipé d'un large bouclier externe semi-circulaire. Ce bouclier avait la fâcheuse habitude de dévier les coups reçus dans sa partie inférieure vers l'anneau de tourelle (piège à obus). Cependant, les Américains avaient eu connaissance des expériences et des innovations allemandes sur ce point. Le canon de 90mm était couplé à une mitrailleuse Browning de 7,62mm. Sur le toit, une mitrailleuse AA Browning de 12,7mm était assemblée sur un piédestal. Les stocks des munitions incluaient 70 coups de 90mm, 5 000 de 7,62mm et 550 de 12,7mm. Les obus de 90mm étaient stockés dans la caisse et à l'arrière de la tourelle.
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Tourelle. -
Le moteur est un V8 Ford GAF à essence développant 450 à 500 ch à 2 600 t/min. Il permettait une vitesse maximum sur route de 40-48 km/h pour une autonomie maximum, avec ses 832 L, de 161 km. Il était monté à l'arrière avec la transmission finale dans un large compartiment moteur. Le plateau arrière était composée de trappes assemblées sur charnières et munies de grilles pour la ventilation. Au milieu du plateau, se trouvait le couvercle blindé du ventilateur du moteur. La plaque arrière de la caisse accueillait le caisson d'échappement.
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Pont arrière et plaque arrière. -
Transmission. -
Le blindage du Pershing était composé de plaques en acier homogènes, roulées, soudées entre elles. Le blindage était semblable à celui du Tiger mais avec un meilleur design, ce qui augmentait son efficacité.
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Modèles
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M26 (T26E3)
Modèle de base.
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T26E3, nommé Fireball, avec la 3ème Division Blindée. Il combattit dans le secteur de la Ruhr, fut engagé et frappé 3 fois par un Tiger dissimulé le 25 février 1945, à Elsdorf. Le Tiger fut ensuite découvert, tenta de reculer pour s'échapper, mais se heurta à des débris et fut immobilisé. Il fut finalement abandonné par son équipage. Le M26 fut ensuite récupéré, réparé et remis au combat. Un autre de la même compagnie détruisit 1 Tiger et 2 Pz.Kpfw. IV. -
2ème Peloton, Compagnie F, 33ème Régiment blindé, 3ème Division Blindée, Elsdorf, Allemagne, février 1945. -
Char n°10, Compagnie E, 67ème Régiment Blindé, 2ème Division Blindée, Allemagne, avril 1945. -
8ème Division Blindée, Pilsen, Allemagne, juin 1945. -
Compagnie A, 1er Bataillon de l’USMC, Corée 1950. -
Corée, hiver 1950. -
T26E1-1 Super Pershing
Une copie de test basée sur le T26E1 avec un canon T15E1, un chargeur unitaire et un stabilisateur de canon à ressort externe fut testée en Europe, où il reçut un blindage supplémentaire et le surnom de Super Pershing.
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Compagnie I, 33ème Régiment de Chars, 3ème Division Blindée, US Army, Allemagne avril 1945. -
3ème Division Blindée, Allemagne, 1945. -
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T26E4
Le M26 Pershing était déjà une réponse satisfaisante face aux chars lourds allemands par rapport au M4 Sherman. Cependant, son canon M3 L/52 de 90mm était encore inférieur au canon L/71 de 88mm qui équipait les Tiger II. Il fut donc décidé d'expérimenter sur le Pershing le canon T15E2 L/70 de 90mm doté d'un plus long tube et de surcroît d'une meilleure vélocité initiale (1 173 m/s). Le prototype fut nommé T26E4. Les obus devaient être transportés en 2 charges en raison de leur taille. Avec une APCR à pointe en Tungstène, le Super Pershing pouvait transpercer 220mm de blindage incliné à 30° à 900 m et 330mm à 100 m. Pour accueillir ce nouveau canon, le berceau de la pièce et le système d'élévation furent modifiés. La tourelle était dotée d'un contre-poids à l'arrière pour compenser le poids du tube. Deux prototypes furent envoyés en Europe en mars 1945. Lors de leur arrivée en Allemagne, les 2 chars furent dotés d'un sur-blindage composés de plaques de 40mm d'épaisseur sur l'avant de la caisse et de 80mm d'épaisseur sur l'avant de la tourelle. Ces aménagements augmentèrent le poids de 5 t. Sur une prévision de 1 000 chars, seuls 25 verront le jour.
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T26E5
Avec l'augmentation rapide de la puissance de feu antichar ennemie de haute performance sur le champ de bataille pendant la Seconde Guerre Mondiale, le char principal américain, le M4 Sherman, se retrouva dans une situation difficile où il ne pouvait plus protéger les forces mobilisées. Sa conception existante ne pouvait pas être poussée plus loin pour mettre l'accent sur le blindage sans entraver les autres aspects du char, tels que la mobilité. Par conséquent, un nouveau rôle fut créé pour contrer cette menace, le char d'assaut, un véhicule dont le but est de percer les défenses ennemies très concentrées et de résister aux tirs ennemis. Le déploiement réussi du M4A3E2 à la fin de 1944 avait suscité l'intérêt de l'Armée Américaine pour développer un autre type de char d'assaut. Même si le M4A3E2 était considéré comme satisfaisant pour son rôle, il n'offrait pas le même niveau de protection offert par ses contemporains, comme le Tiger II allemand. Heureusement, les dispositions du blindage frontal lourd du M4A3E2 suggéraient la possibilité d'améliorer le blindage du dernier char lourd en production, le M26. Le premier projet fut recommandé par l'Ordnance Committee de l'Ordnance Corps d'augmenter le blindage frontal effectif du Pershing de 203,2mm. Cela impliquait : -Un nouveau moulage de caisse avant d'une épaisseur maximale de 120,65mm à 46°. -Un nouveau moulage de tourelle d'une épaisseur effective de 203,2mm et un contrepoids à l'arrière de la tourelle. -Un nouveau moulage du mantelet d'une épaisseur effective de 203,2mm. -Une capacité accrue de l’équilibreur pour compenser le poids du mantelet. Une estimation approximative indiquait que ces changements augmenteraient le poids du véhicule à 43,9 t, soit 2,2 t de plus que le M26. Cependant, en utilisant la chenille T80E1 avec les maillons d'extrémité allongés Duckbill, il était prévu que la pression au sol pouvait être maintenue à environ 0,80 kg/cm². La largeur hors-tout de la citerne serait de 3,75 m, mais pourrait être réduite à 3,5 m pour le transport ferroviaire. Le char continuerait à être propulsé par le moteur Ford GAF avec transmission Torqmatic Detroit 900-F. La réduction de vitesse dut être abaissée pour maintenir le support du poids accru du char. Daté du 18 janvier 1945, une action de l'Ordnance Committee Minute (OCM) recommandait 10 conversions des M26 et désignait les véhicules modifiés comme T26E5 sous l'OCM 26398. Cette action fut approuvée le 8 février. Afin d'obtenir des informations sur le nouveau char d'assaut, ainsi que sur les performances de la suspension à ressorts à haute volute (HVSS) pour un éventuel nouveau char d'assaut utilisant ce type de suspension, un véhicule d'essai entra sur le terrain d'essai d'Utica au début de 1945. Le véhicule était une caisse de M4A3 HVSS modifiée chargée de poids d'essai et le montage d'une tourelle T26 plus lourde avec le canon M3 de 90mm. Le poids total de ce char d'assaut d'essai était de 46,26 t. Le M4A3(90) HVSS effectua un test de 3 218 km avec cette configuration pour un test d'endurance. Suite aux informations recueillies sur le char d'assaut d'essai, le 29 mars 1945, les exigences de la spécification furent mises à jour. L'OCM 27122 recommandait d'augmenter la limite de poids du T26E5 à 46,26 t ainsi que l'épaisseur effective du blindage frontal à 279,4mm pour dépasser tout blindage ennemi connu le plus lourd. Les changements proposés comprenaient l'utilisation : -Un nouveau moulage de caisse d'une épaisseur de 152,4mm à 46° en pente supérieure et de 101,6 mm à 54° en pente inférieure. -Une nouvelle tourelle moulée d'une épaisseur de 190,5mm à l'avant, 88,9mm sur les flancs (plus tard changé en 95,25mm) et 127mm à l'arrière afin d'équilibrer la tourelle. -Un nouveau masque de canon moulé avec une épaisseur réelle de 279,4mm. -Un contrepoids de 27 kg à la protection anti-recul en plus de la capacité accrue de l'équilibreur pour un équilibre complet du support du canon. -Une augmentation de l'épaisseur et du poids du pare-éclaboussures de l'anneau de la tourelle avant pour protéger la fine surface usinée de la tourelle adjacente à l'anneau. -Une diminution de la largeur dans la partie arrière des portes des trappes de secours de la caisse pour éviter un point faible dans la tourelle et pour laisser un espace entre les portes et la tourelle. -Un rapport de transmission final réduit de 1:3,95 à 1:4,47. Le chef du génie souligna que le poids brut et la largeur du char le placeraient sous la classification de Véhicule d'exception. Le seul pont militaire disponible qui pouvait le transporter en toute sécurité était le pont flottant M4. Avec une largeur de 3,75 m, il ne pouvait offrir qu'un espace libre pour le char s'il n'était pas équipé de maillons d'extrémité allongés. Quoi qu'il en soit, l'OCM 27122 fut approuvé le 19 avril 1945 et le numéro de production du T26E5 fut porté à 27. Au 10 avril, des impressions marquées couvrant les modifications apportées au moulage de la caisse avant, à la tourelle, au mantelet, à la porte du conducteur et au ressort d'équilibrage avaient été réalisées. Les dessins de moulage avaient été livrés à Scullion Steel et à Continental Foundry and Machine pour la production de 27 véhicules, qui devaient être construits par Chrysler. Les dessins de production pour toutes les autres pièces liées au véhicule étaient en cours d'élaboration et on s'attendait à ce que le premier char soit achevé vers le 15 juin 1945. Pendant ce temps, une unité de modification de la suspension était en cours d'élaboration au cas où de tels changements seraient nécessaires pour supporter le poids sans précédent du char. Il s'agissait d'augmenter le diamètre des barres de torsion à 60 cm, ce qui augmenterait leur portée de 15%, des galets intérieurs plus grands pour augmenter la capacité à 80% par rapport à ceux du M26. Des amortisseurs renforcés et un amortisseur supplémentaire ainsi qu'une butée hydraulique devaient être prévus sur l'élément de suspension avant. Mais aucun ne fut réellement installé dans le char, ce qui fera ressortir les problèmes de fiabilité de sa suspension plus tard lors des essais. Le premier T26E5 (n°30150824) arriva aux Terrains d’Essais d’Aberdeen (APG) en juillet 1945. Le poids de combat final du véhicule fut mesuré à 46,40 t, légèrement plus lourd que prévu. Tous les chars restants avaient terminé leur production à la fin de la Seconde Guerre Mondiale et aucune unité supplémentaire ne fut commandée. En tant que char d'assaut, le T26E5 était lourdement blindé, bien au-delà de tous les chars d'assaut précédents développés par les États-Unis. Avec un blindage effectif max de 279,4mm, il surclassait même le T29, l'un des derniers chars lourds américains déjà en production 3 mois auparavant. Contrairement aux autres variantes du T26 qui avaient un blindage efficace inférieur sur la caisse avant, le T26E5 fut conçu pour projeter son blindage max sur tout l'avant, y compris la caisse et la tourelle avant recouverte par le mantelet. Une étude préliminaire visant à intégrer le blindage efficace requis dans la construction du char fut réalisée par mesure en utilisant les normes de l’US Basis Armor Curve. Étant donné que la plupart des modifications apportées à la protection furent affectées à l'avant, les côtés et l'arrière de la caisse restèrent sans aucune modification pertinente. La structure du blindage était relativement similaire à celle du M26, avec un blindage moulé et roulé formant la caisse. L'aspect principal du blindage du T26E5 provenait d'un moulage plus épais de l’avant de caisse, atteignant 152,4mm à 46° sur la pente supérieure, donnant une épaisseur effective substantielle de 279,4mm. Le renflement du ventilateur situé au-dessus de la pente supérieure était incliné à l'obliquité inférieure à 25°, et pour fournir la même protection que la pente supérieure, le blindage doit être coulé plus épais que le reste de la caisse avant supérieure avec une estimation de 242,9mm. La plaque inférieure était également bien blindée avec 101,6mm à 54° au centre de la pente inférieure. La caisse latérale était divisée de 76,2mm à l'avant et 50,8mm à l'arrière. La caisse arrière mesurait 50,8mm tout autour du compartiment moteur. -Avant, supérieur : 152mm CHA à 46° -Avant, inférieur : 102 mm à CHA 54° -Côté, avant : 76mm RHA -Côté, arrière : 51mm RHA -Arrière : 51mm RHA -Toit avant : 38mm RHA -Toit arrière : 23mm RHA -Plancher, avant : 25mm RHA -Plancher arrière : 13mm RHA La tourelle fut moulée tout autour et reçut une refonte importante de sa protection, avec 190,5mm à 10° sur la tourelle avant donnant un blindage effectif de 203,2mm et 249,4mm de blindage effectif sur le mantelet. Les côtés avaient différents degrés d'épaisseur en raison du moulage de 198,12mm à l'avant, qui était en fait plus épais que la face avant de la tourelle, et se rétrécissant jusqu'à 88,9mm à l'arrière. La section arrière de la tourelle fut épaissie à 127mm pour équilibrer le poids du mantelet lourdement blindé à l'avant de la tourelle. La forme du mantelet fut améliorée en coupant un morceau de sa partie inférieure dans le but de former une surface droite au lieu d'être arrondie. Cela offrait 3 avantages : éviter les pièges à obus qui étaient considérés comme un sérieux compromis dans la conception précédente depuis le T26E1 ; permettre aux trappes du conducteur de s'ouvrir puisque le mantelet est devenu plus épais à l'extérieur ; et en laissant suffisamment d'espace pour que le support du canon puisse traverser verticalement sans heurter les écoutilles du conducteur. -Mantelet : 191-279mm CHA -Avant : 191-198mm CHA -Côté : 89-198mm CHA -Arrière : 127mm CHA -Toit : 25mm CHA Le T26E5 utilisait toujours le même armement que le M26, sans différences notables. Le canon principal était le canon M3 L/53 de 90mm, contenant 70 obus tel que : HE M71, APBC T33, APCBC-HE M82, APCR M304 et obus au phosphore blanc/fumigène M313. L'arme secondaire serait une mitrailleuse coaxiale M1919A4 de 7,62mm située sur le côté gauche du canon. Les mitrailleuses supplémentaires comprenaient une autre M1919A4 montée sur boule pour le mitrailleur d'arc et une mitrailleuse lourde M2HB de 12,7mm dans un support AA flexible au sommet de la tourelle. Bien qu'utilisant le même affut M67 que le M26, il fut modifié avec un mantelet nettement plus épais et une capacité d'équilibrage accrue, tirée de l'expérience avec le T26E4 pour maintenir l'équilibre de l'ensemble de la plate-forme avec l'augmentation du poids à l'avant de la tourelle. Malgré la projection d'un si grand mantelet, l’affut était toujours capable de s'élever de 20° et de s'abaisser de -10°. La vitesse de rotation de la tourelle fut réduite à 18 °/s car la tourelle devint plus lourde. Le canon de 90mm du T26E5 était initialement prévu pour utiliser le télescope M71C à grossissement fixe x5 (13°), épaulé par le périscope M10F avec viseur infini x1 (42° 10') et un viseur télescopique x6 (11° 20'). Cependant, en juin 1945, le télescope à puissance variable M83C devint disponible après avoir été standardisé et autorisé pour la production en série. Naturellement, le T26E5 l'adopterait immédiatement quelque part au cours de la production, remplaçant ainsi le M71C en cours. Ce nouveau télescope puissant était capable d’un véritable grossissement x4 (14° 27’) à x8 (7° 36’) et avait une meilleure résolution et qualité optique que tous les télescopes précédents. La monture du télescope sur le mantelet reçut un couvercle cylindrique puisque le télescope s'étendrait jusqu'à 3,8 cm lorsqu'il était grossi à x8.
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Le char lourd était toujours propulsé par le même groupe motopropulseur que le Pershing, soit le moteur à essence Ford GAF produisant 500 ch, qui s'avéra sous-alimenté pour le char de seulement 41 t. Il aurait fallu s'attendre à ce que le T26E5, qui pesait un peu plus de 46 t, souffre encore plus de performances réduites, avec une puissance massique épouvantable de seulement 10,7 ch/t. La transmission Detroit 900-F Torqmatic était également toujours utilisée, avec un changement du rapport de transmission final de 1:3,95 à 1:4,47. La vitesse de pointe était limitée à 48-40 km/h. Le T26E5 utilisait des chenilles à chevrons en acier à support en caoutchouc T80E1 de 58,4 cm de large. 82 maillons étaient utilisés des deux côtés, chacun étant équipé de connecteurs d'extrémité allongés Duckbill pour réduire la pression au sol de 1,01 à 0,83 kg/cm². Il pouvait gravir jusqu'à 30° de terrain en pente, traverser une tranchée jusqu'à 2,4 m de large, franchir des profondeurs jusqu'à 1,2 m, gravir des marches jusqu'à 1,2 m et tourner avec un cercle max de 18,2 m de diamètre. Le T26E5 était exploité par un équipage de 5 hommes, tout comme le Pershing. Le commandant, le mitrailleur et le chargeur étaient stationnés à l'intérieur de la tourelle, tandis que le conducteur et le mitrailleur d'étrave s'installaient sur la caisse avant. Dans le compartiment de la tourelle, le commandant était situé sur le côté droit de la tourelle et avait accès à sa coupole dotée de 6 blocs de vision et d'un périscope rotatif pour une observation dans toutes les directions à l'intérieur du char. Derrière lui, un poste radio était installé à l'intérieur de la tourelle, soit SCR 508 ou SCR 528. Le mitrailleur se trouvait juste devant le commandant, armé du canon de 90mm et de la mitrailleuse coaxiale de 7,62mm à sa disposition. Le périscope M10F et le télescope M83C étaient à sa disposition pour localiser et viser la cible. Le chargeur était assis sur le côté gauche de la tourelle et avait à côté de lui un rack de 10 obus. Les obus restants étaient stockés sur le plancher de la caisse dans un râtelier blindé, toujours accessible via le panier de la tourelle. Le chargeur avait également accès à un port de pistolet, à une trappe de secours et à un périscope rotatif. Le conducteur et le mitrailleur d'arc (en tant qu'assistant du conducteur) dirigeaient le char avec une paire de leviers respectivement à gauche et à droite. Le tableau de bord était situé au milieu. Au-dessus, il y avait un ventilateur pour faire circuler l'air. Le mitrailleur d'arc était armé d'une mitrailleuse de 7,62mm montée sur boule sans dispositif de visée, il devait donc viser l'arme à travers son périscope et diriger la direction de tir en surveillant les balles traçantes. Deux extincteurs à CO2 étaient placés entre leurs sièges. Les périscopes auxiliaires avaient été éliminés du Pershing, ne laissant que des périscopes rotatifs sur les écoutilles. N'étant plus nécessaire au combat pendant la Seconde Guerre Mondiale, le T26E5 fut utilisé pour des essais automobiles et de protection par le Service Board afin d'étudier l'effet de l'augmentation du poids tout en utilisant le même groupe motopropulseur et la même suspension que le M26. La conséquence d’une augmentation de poids allant jusqu’à 5 t serait une nette réduction des performances de mobilité telles qu’estimées. Le véhicule effectua un autre test de 3 218 km comme le M4A3(90) HVSS, pour tester l'endurance du char. Malheureusement, en raison de l'absence de l'unité de modification de suspension censée alléger la capacité de charge du T26E5, le test aboutit à de nombreux dysfonctionnements survenant à chaque distance enregistrée : -1 247 km : Les rondelles de blocage de la transmission finale gauche et droite tombèrent en panne. -1 879 km : Le moyeu du galet avant droit était plié et endommagé. -2 199 km : Une barre de torsion se brise à l'avant droit de la caisse. -2 354 km : Le moteur surchauffa en raison d'un radiateur obstrué par de l'huile et de la saleté. -2 393 km : Les manilles des bras à ressort avant furent pliées et les roulements endommagés. -2 533 km : Une panne de courant complète se produisit, provoquée par le cisaillement des pales du rotor du convertisseur de couple. -2 623 km : Une deuxième barre de torsion cassa à l'avant gauche de la caisse. -2 943 km : La bande de vitesse de la transmission se rompue au point de connexion avec la liaison côté réglage. La surcharge de la barre de torsion légère conçue à l'origine pour le M26 causa des problèmes considérables à la suspension, des cas de barres cassées se produisant à 2 reprises. La barre de torsion légère n'était pas capable de supporter les 5 t de poids supplémentaires accumulées par le T26E5. Le fonctionnement de la tourelle souffrit également de pannes, notamment lors de conduites tout-terrain. Il fut établi que le problème était le résultat direct de l'augmentation du poids de la tourelle due au blindage sur tout le côté, car il n'y avait aucun défaut visible dans l'assemblage de la tourelle ou dans la qualité des matériaux. Comme les essais techniques se révélés un échec en raison des défauts de conception liés à son poids excessif et à l'incapacité du M26 modifié à les surmonter, il fut décidé que le T26E5 serait utile avec son blindage lourd comme cible d'entraînement. Le véhicule cible serait chargé de munitions inertes et d'un équipage en bois dans chacune de leurs positions à l'intérieur du char, ainsi que d'un moteur en marche. Le véhicule serait ensuite abattu par des obus antichars réels pour déterminer les performances de l'arme contre le blindage lourd du T26E5. Les 27 chars furent soit perdus lors d'essais de tir, soit mis au rebut, et aucun ne survécut.
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Prototype avec un blindage plus épais (max : 279mm) basé sur l'expérience du M4A3E2 lourdement blindé. -
M26E1
Deux chars armés d'un canon T54 à canon long avec un chargeur unitaire et un frein de bouche distinctif en forme de poire furent créés pour résoudre le problème survenu sur les T26E1-1 et T26E4, où, en raison de l'installation d'un nouveau canon et nouveaux obus allongés pour eux, le volume interne fut considérablement réduit, ce qui compliquait le travail de l'équipage. Le résultat des travaux fut la libération d'une partie de l'espace en changeant la culasse et le boîtier d'obus, dont la longueur fut réduite en augmentant le diamètre, grâce à quoi les caractéristiques balistiques du canon T54 correspondaient au T15.
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M26A1
Modèle équipé du canon M3A1 de 90mm sur l'affût M67A1 avec un ressort d'équilibre plus léger. Le frein de bouche avait un trou d'évacuation installé juste derrière le déflecteur.
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1er Bataillon de Chars, 1ère Division de Marines. Au cours de la retraite des combats de chars de Choisin, Corée, décembre 1950. -
M26E2
Le nouveau moteur et la boîte de vitesses plus puissants, en raison de problèmes de fiabilité du nouveau moteur, n’entrèrent pas dans la production, mais servirent de base à la création du T40, normalisé plus tard sous le nom de M46 Patton.
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Conversions
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M45 (T26E2)
M26 réarmés avec un obusier M4 de 105mm.
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6ème Bataillon de Chars, Rivière de Naktong, Corée, septembre 1950. -
M26 T121
Modèle équipé d'un affût T121 commandé à distance et de 2 mitrailleuses Browning de 12,7mm.
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M26 T99
Modèle équipé d'une armature de lance-fusée T99 de chaque côté de la tourelle.
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T12
Véhicule blindé de récupération.
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T15E3
T26E1 équipé d'un ventre et d'une suspension renforcés. Sûrement pour une meilleure résistance aux mines.
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T25E1 Rangefinder
Modèle équipé de grandes oreilles cylindrique de télémètre.
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T25E1(105)
Modèle armé avec l'obusier de 105mm et frein de bouche.
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T26E3 Variant 1
Prototype équipé d'un affût expérimental pour mitrailleuses Browning de 12,7mm.
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T84 HMC
Canon automoteur produit à seulement 1 exemplaire sur la base du T26E1. L'arme devait être un obusier de 155mm ou de 203mm.
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T92 HMC
Canon automoteur produit à 5 exemplaires par Chrysler en 1945 sur la base du châssis de la série T26. L'arme est un obusier M1 de 240mm. Cette arme avait une portée maximum de 22,5 km. Le chargement s’effectuait manuellement ce qui expliquait le taux de tir de 1 toutes les 3 min.
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T93 HMC
Canon automoteur produit à seulement 1 exemplaire par Chrysler en 1945 sur la base du T26E3. L'arme était un obusier de 203mm.
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En Action
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2ème Guerre Mondiale (1939-1945)
Le développement du M26 pendant la Seconde Guerre Mondiale fut prolongé par un certain nombre de facteurs, le plus important étant l'opposition au char des forces terrestres de l'armée. Cependant, les pertes de chars subies lors de la bataille des Ardennes contre une force de chars allemande concentrée composée de quelque 400 Panther, ainsi que de Tiger II et d'autres véhicules de combat blindés allemands, révélèrent les lacunes des Sherman et des chasseurs de chars dans les unités américaines. Cette lacune motiva l'armée à expédier les chars en Europe et, le 22 décembre 1944, les T26E3 reçurent l'ordre d'être déployés en Europe. En raison des retards répétés de conception et de production, seuls 20 Pershing furent introduits sur le théâtre d'opérations européen avant que la bataille des Ardennes ne montre le grave décalage entre les blindés alliés et allemands. Cette première cargaison de Pershing arriva à Anvers en janvier 1945. Ils furent confiés à la 1ère Armée, qui les répartit entre les 3 et 9èmes divisions blindées. Un total de 310 T26E3 furent finalement envoyés en Europe avant le jour de la Victoire, dont 200 furent remis aux troupes. Le nombre réel qui s'engagea dans le combat est inconnu. En février 1945, le général de division Gladeon M. Barnes, chef de la Section de Recherche et de Développement des Munitions de l'Armée, dirigea personnellement une équipe spéciale sur le théâtre européen, appelée Zebra Mission. Son but était de soutenir les T26E3, qui avaient encore des problèmes de démarrage, ainsi que de tester d'autres nouvelles armes. En mars, les T26E3 furent renommés M26.
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Campagne d’Allemagne (1945)
La 3ème Division Blindé utilisa d'abord le M26 pour engager l'ennemi le 25 février près de la rivière Roer. Le 26 février, un T26E3 nommé Fireball fut détruit dans une embuscade à Elsdorf alors qu'il surveillait un barrage routier. Silhouetté par un incendie à proximité, le Pershing était dans une position désavantageuse. Un Tiger dissimulé tira 3 coups à environ 90 m. Le premier pénétra dans la tourelle par l'orifice de la mitrailleuse dans le mantelet, tuant à la fois le tireur et le chargeur. Le deuxième coup toucha le canon, provoquant l’explosion de l’obus qui se trouvait dans la chambre, ce qui déforma le canon. Le dernier coup jeta un coup sur le flanc de la tourelle, enlevant la trappe supérieure de la coupole. Alors qu'il reculait pour s'échapper, le Tiger s'empêtra dans des débris et fut abandonné son équipage. Fireball fut rapidement réparé et remis en service le 7 mars. Peu de temps après, également à Elsdorf, un autre T26E3 détruisit un Tiger I et 2 Panzer IV. Le Tiger fut détruit à 820 m avec les APCR T30E16 de 90mm. Les photographies de ce Tiger I détruit dans le livre de Hunnicutt montraient une pénétration à travers le mantelet inférieur du canon.
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Un M26 Pershing de la Compagnie A, 14ème Bataillon de Chars, est transporté à bord d'un ferry sur le Rhin le 12 mars 1945 construit par le 1er Bataillon d’Ingénieur de Pontons Lourds. -
Le 6 mars, juste après l'entrée de la 3ème Division Blindée dans la ville de Cologne, un célèbre duel de chars eut lieu. Un Panther dans la rue devant la cathédrale de Cologne guettait les chars ennemis. Deux Sherman soutenaient l'infanterie et arrivèrent dans la même rue que le Panther. Ils finirent par s'arrêter juste avant la cathédrale à cause des décombres dans la rue et ne virent pas le Panther. Le Sherman de tête fut touché, tuant 3 des 5 membres d'équipage. Un T26E3 se trouvait dans la rue voisine et fut appelé pour engager le Panther. Ce qui se passa ensuite fut décrit par le tireur du T26E3 , le Caporal Clarence Smoyer : « On nous a dit de nous déplacer suffisamment loin dans l'intersection pour tirer sur le flanc du char ennemi, dont le canon faisait face à l'autre rue [où le Sherman avait été détruit]. Cependant, alors que nous entrions dans l'intersection, notre chauffeur avait son périscope tourné vers le Panther et vit leur arme se tourner vers nous. Quand j'ai tourné notre tourelle, je regardais dans le tube du canon du Panther ; donc au lieu de s'arrêter pour tirer, notre chauffeur conduisit au milieu de l'intersection pour que nous ne soyons pas une cible assise. Alors que nous avancions, j'ai tiré une fois. Puis nous nous sommes arrêtés et j'ai tiré 2 autres obus pour m'assurer qu'ils ne tireraient pas à nos côtés. Nos trois obus pénétrèrent, un sous le mantelet du canon et 2 sur le côté. Les deux coups latéraux passèrent complètement de l'autre côté. » Quatre membres de l'équipage du Panther purent renflouer avec succès le char touché avant qu'il ne soit détruit. L'action fut enregistrée par un caméraman du Signal Corps, le Sergent Technique Jim Bates. Le même jour, un autre T26E3 fut détruit dans la ville de Niehl près de Cologne, par un Nashorn de rarement vu, à une distance inférieure à 270 m. Il y eut deux autres combats de chars impliquant le T26E3, avec un Tiger I détruit pendant les combats autour de Cologne et un Panzer IV détruit aussi à Mannheim. Les T26E3 de la 9ème Division Blindée participèrent à des combats autour de la rivière Roer avec un Pershing détruit par 2 coups d'un canon de campagne allemand de 150mm. Un peloton de 5 M26, moins un en cours d'entretien, joua un rôle clé en aidant le Commandement de Combat B de la 9ème Division Blindé à capturer le pont Ludendorff pendant la bataille de Remagen du 7 au 8 mars 1945, fournissant un appui-feu à l'infanterie afin prendre la tête de pont avant que les Allemands ne la fassent sauter. Lors de rencontres avec des Tiger et des Panther, le M26 se comporta bien. Certains des autres chars de la division purent traverser le pont, mais les T26E3 étaient trop gros et trop lourds pour traverser le pont endommagé et durent attendre 5 jours avant de traverser la rivière en barge. Les ponts européens n'étaient en général pas conçus pour les charges lourdes, ce qui avait été l'une des objections initiales à l'envoi d'un char lourd en Europe. Un seul Super Pershing fut expédié en Europe et reçut un blindage supplémentaire sur le mantelet et la caisse avant par l'unité de maintenance avant d'être affecté à l'un des équipages de chars de la 3ème Division Blindée. Le nouveau canon du Super Pershing pouvait percer 330mm de blindage à 100 m. La caisse avant reçut 2 plaques de chaudière en acier de 38mm, portant l'avant à 38 + 38 + 102mm de blindage. Les plaques furent appliquées à une plus grande pente que la plaque de caisse d'origine sous-jacente. La tourelle avait un blindage homogène laminé (RHA) de 80mm d'épaisseur à partir d'un glacis supérieur soudé au mantelet, couvrant l'avant. Cela ajouta environ 5 t au poids du char, nécessitant un blindage supplémentaire ajouté à la tourelle pour l'équilibre.
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La photographie montre le premier M26 Pershing (toujours désigné comme T26E3) à être touché au combat pendant la Seconde Guerre Mondiale, qui se produisit lors de sa deuxième journée d'action. Le trou dans le mantelet marque la pénétration d'un obus de 88mm d'un Tiger I. Deux membres d'équipage furent tués, 26 février 1945. -
Un compte rendu des actions de combat de ce char apparut dans les mémoires de guerre Another River, Another Town de John P. Irwin, qui était le tireur. Zaloga décrit 3 actions dans son livre. Le 4 avril, entre Weser et Nordheim, le Super Pershing engagea et détruit un char allemand, ou quelque chose ressemblant à un char, à une distance de 1,4 km. Selon Zaloga, il est possible que ce véhicule soit un Jägdpanther du 507ème Bataillon de Panzer Lourds. Le 12 avril, le Super Pershing revendiqua un char allemand de type inconnu. Le 21 avril, le Super Pershing fut impliqué dans un duel de chars à courte portée avec un char allemand, qu'il détruit d'un tir dans la caisse. Irwin décrit ce char allemand comme un Tiger, mais Zaloga était sceptique quant à cette affirmation. Le char était probablement un Panzer IV. Après la guerre, le Super Pershing en Europe fut photographié pour la dernière fois dans une décharge de véhicules à Kassel, en Allemagne, et fut probablement mis au rebut.
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Guerre du Pacifique (1941-1945)
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Bataille d’Okinawa (1945)
En mai 1945, alors que les combats acharnés se poursuivaient sur l'île d'Okinawa et que les pertes de M4 augmentaient, des plans furent élaborés pour expédier les M26 Pershing à cette bataille. Le 31 mai 1945, une cargaison de 12 M26 Pershing fut envoyée dans le Pacifique pour être utilisée dans la bataille. En raison de divers retards, les chars ne furent complètement déchargés sur la plage de Naha que le 4 août. À ce moment-là, les combats à Okinawa avaient pris fin et le Jour de la Victoire suivit le 2 septembre 1945.
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M26 Pershing arrivant sur Okinawa, trop tard pour contribuer au combat, 21 juillet 1945.
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Guerre de Corée (1950-1953)
Lorsque la guerre commença en juin 1950, les 4 divisions d'infanterie américaines en service d'occupation au Japon n'avaient pas du tout de chars moyens, n'ayant qu'une seule compagnie de chars active chacune, équipée de M24 Chaffee. Lorsque ces divisions furent envoyées en Corée fin juin 1950, elles constatèrent rapidement que le canon de 75mm du M24 ne pouvait pas pénétrer le blindage des T-34 nord-coréens, qui n'avaient aucune difficulté à pénétrer le blindage fin du M24. Trois M26 Pershing furent retrouvés en mauvais état dans un dépôt de munitions de Tokyo. Ils furent remis en service à la hâte, malgré l'utilisation de courroies de ventilateur improvisées. Ces 3 M26 furent formés en un peloton de chars provisoire commandé par le lieutenant Samuel Fowler et envoyé en Corée à la mi-juillet. Lorsqu'ils furent utilisés pour défendre la ville de Chinju, les chars surchauffèrent rapidement lorsque les courroies de ventilateur de remplacement s’étirèrent et que les ventilateurs de refroidissement cessèrent de fonctionner, et ainsi les 3 seuls chars moyens américains en Corée furent perdus. D'autres chars moyens commencèrent à arriver en Corée à la fin de juillet 1950. Bien qu'aucune division blindée n'ait été envoyée parce que la réponse initiale des commandants du champ de bataille était « La Corée n'est pas un bon pays pour les chars », 6 divisions d'infanterie de l'armée et une division de la marine furent déployées. Chaque division d'infanterie de l'armée aurait dû avoir un bataillon de chars divisionnaire de 69 chars, et chaque régiment d'infanterie de l'armée aurait dû avoir une compagnie de 22 chars ; la division de Marines avait un bataillon de 70 chars d'artillerie et 9 chars combinés lance-flammes-obusiers, et chaque régiment d'infanterie de marine avait un peloton antichar avec 5 chars chacun. Alors que les tableaux d'organisation et d'équipement exigeaient que tous les véhicules du peloton de chars soient des M26 Pershing, avec des chars d'obusier au siège de la compagnie et des chars légers dans les unités de reconnaissance uniquement, certaines unités avaient un manque qui devait être comblé par d'autres chars. Le 70ème bataillon de chars à Fort Knox dans le Kentucky avait retiré les M26 commémoratifs de la 2ème Guerre Mondiale des piédestaux et les avait remis en état pour les utiliser, mais devait remplir 2 compagnies avec des M4A3 ; le 72ème Bataillon de Chars à Fort Lewis Washington et le 73ème Bataillon de Chars à Fort Benning en Géorgie étaient entièrement équipés de M26 ; le 89ème Bataillon de Chars Moyens fut constitué au Japon avec 3 compagnies de M4A3 reconditionnés et un de M26 provenant de diverses bases du Pacifique ; en raison de la pénurie de M26, la plupart des compagnies de chars régimentaires avaient à la place des M4A3. Deux bataillons détachés de la 2ème Division Blindée à Fort Hood au Texas, les 6 et 64èmes bataillons de chars lourds, étaient entièrement équipés de M46 Patton. La 1ère Division de Marines à Camp Pendleton en Californie avait tous des M4A3(105), qui furent remplacés par des M26 quelques jours avant d'embarquer sur des navires pour la Corée. Au total, 309 M26 Pershing furent transportés d'urgence en Corée en 1950.
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Un M26 des Marines suit une ligne de prisonniers de guerre dans une rue de village, 26 septembre 1950. -
Une enquête de 1954 conclut qu'il y avait en tout 119 actions char contre char, pour la plupart à petite échelle, impliquant des unités de l'armée et de la marine américaines pendant la guerre de Corée, avec 97 T-34-85 détruit et 18 autres probables. Le M4A3E8 fut impliqué dans 50% des actions de chars, le M26 dans 32% et le M46 dans 10%. Le M26/M46 s'avéra être un dépassement pour le T-34-85 car son APCR de 90mm pouvait, à bout portant, percer tout le long du T-34 du blindage du glacis avant à l'arrière, alors que le T-34-85 avait du mal à pénétrer le blindage du M26 ou du M46. Le M4A3E8, tirant des APCR de 76mm qui étaient largement disponibles pendant la guerre (contrairement à la 2ème Guerre Mondiale), était plus proche du T-34-85 car les deux chars pouvaient se détruire à des distances de combat normales. Après novembre 1950, les blindés nord-coréens furent rarement rencontrés. La Chine entra dans le conflit en février 1951 avec 4 régiments de chars (un mélange principalement de T-34-85, avec quelques IS-2 et quelques autres AFV). Cependant, comme ces chars chinois étaient dispersés avec l'infanterie, les combats de chars contre chars avec les forces de l'ONU étaient rares.
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Les hommes et l'équipement du 73ème Bataillon de Chars Lourds attendent l'ordre de monter à bord aux quais de Pusan, Corée. -
Avec la diminution marquée des actions de char à char, les carences automobiles du M26 sur le terrain montagneux coréen devinrent plus un handicap, et donc tous les M26 furent retirés de Corée en 1951 et remplacés par des M4A3 et M46 Patton. La variante M45 n'était utilisée que par le peloton de canons d'assaut du 6ème Bataillon de Chars Moyens, et ces 6 véhicules furent retirés en janvier 1951.
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M26 Pershing