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Genèse & Production
Les Américains avaient un besoin urgent de chasseurs de char spécifiques disposant de la mobilité et de la protection d'un blindé entièrement chenillé. Jusqu'ici le rôle de chasseur de char était joué par des véhicules sur roues ou semi-chenillés qui ne disposaient pas de la mobilité et de la protection nécessaire voire d'une puissance de feu satisfaisante. Le premier véritable essai de fournir un véritable chasseur de char à l'US Army fut tenté fin 1941, lorsqu'on pensa monter le canon AA de 76mm sur le châssis du M3 Lee. Ce modèle qui fut baptisé T24 ne donna pas satisfaction en raison de sa haute silhouette et d'une portée insuffisante du canon. Une version améliorée de ce prototype fut ensuite mise au point sous le nom de T40. Bien qu'il soit un moment prévu après les essais de produire ce dernier modèle sous la désignation de M9, le projet fut finalement abandonné par la Tank Destroyer Board à la fin de l'été 1942, en raison d'une mobilité et d'une vitesse insuffisantes.
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T24. -
T40 (M9 GMC). -
L'utilisation de châssis de chars moyens n'en était pas moins une idée intéressante. En novembre 1941, on pensa de fait transformer en chasseur de char le M4A1 doté d'un moteur essence. Mais en définitive ce fut le châssis du M4A2 doté d'un moteur diesel qui fut choisi et une maquette en bois du nouveau chasseur de char fut réalisée en janvier 1942. Le design de ce nouveau modèle était identique à celui du M4A2 mais avec un blindage latéral de 25mm seulement et une nouvelle tourelle ouverte (au-dessus et à l'arrière) accueillant un canon de 76mm. Ce modèle fut baptisé T35. Pendant ce temps, des rapports de combat provenant des Philippines mentionnaient tous les avantages d'un blindage incliné par rapport à la seule épaisseur. La Tank Destroyer Board exigea donc un nouveau design doté d'une superstructure dont les parois inclinées moins épaisses (et donc plus légères) offraient tout de même une excellente protection. Sur 3 propositions, une seule fut retenue sous la désignation de T35E1. Le T35E1 gardait la même tourelle que le T35.
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La compagnie Fisher Tank Arsenal (Chrysler) travailla sur les 2 prototypes en janvier 1942. Les essais démontrèrent que le blindage incliné du T35E1 était supérieur à celui du T35. Pour la tourelle, il fut décidé d'utiliser un modèle aux parois soudées à la place d'une tourelle moulée offrant moins de protection balistique. Les modèles de production utiliseront donc une nouvelle tourelle soudée. Au mois de mai, le T35E1 fut en définitive choisi pour la production en série avec quelques modifications. En juin 1942, les modifications avaient été faites et le nouveau véhicule baptisé M10 GMC était prêt pour la production. La nouvelle tourelle était de forme pentagonale (5 côtés) bien qu'à l'origine une tourelle hexagonal (6 côtés) avait été prévue. Le M10 fit son apparition sur les chaînes de montage en septembre 1942 et les quittera en décembre 1943 avec un total de 4 993 exemplaires produits. La Fisher Tank Division de Chrysler fut la seule firme à produire le M10. Le M10A1 fut produit sur les mêmes chaînes de montage de septembre 1942, jusqu'en novembre 1943 avec un total de 675 exemplaires. Le M10A1 fut également produit à 1 038 exemplaires par la firme Ford d'octobre 1942 à septembre 1943, soit un total de 1 713 exemplaires dont 300 furent assemblés sans tourelles (Full Track Prime Mover M35). Le M10 et le M10A1 servirent dans l'US Army au sein des bataillons de chasseurs de chars mais également dans les armées alliées des États-Unis comme la Grande-Bretagne, l'Union soviétique et la France.
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Le M10 présenté en production de masse à l'Arsenal de Chars de General Motors, mars 1943. -
Design
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Compartiment de Combat
L'équipage du M10 est composé de 5 hommes, dont le pilote qui est assis dans le coin avant-gauche de la caisse et son assistant assis dans le coin avant droit. Les deux hommes possédaient leur propre trappe (un seul volet monté sur charnière), sur le toit de la superstructure.
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Intérieur du M10. -
Pour le reste, la disposition interne des équipements du M10 était classique avec la commande finale montée transversalement à l'avant du char, protégée par un nez coulé en une seule pièce (modèles de production), une transmission à 6 rapports (5-1) installée entre les deux pilotes. Les autres équipements : tableau de bord, radio, munitions... étaient disposés sur les surplombs des chenilles ou sur les parois latérales du bas de caisse ou encore devant le mur pare-feu du moteur.
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Glacis et nez du M10. -
Pont avant avec trappes d'accès. -
La grande innovation était la forme de la superstructure, qui était faite de parois inclinées. Le glacis du M10 n'était pas doté de mitrailleuse de 7,62mm comme pour le Sherman. Pour leur vision les deux pilotes disposaient d'un épiscope rotatif monté sur leur trappe d'accès. Le pilote disposait d'un deuxième épiscope rotatif situé dans le coin avant-gauche du toit de la superstructure. Notons encore que l'antenne radio était située sur la pente de droite de la superstructure dans un renfoncement situé vers l'avant. Les côtés servaient encore à entreposer divers équipements, principalement des patins de chenille de rechange. Les patins tout en acier étaient entreposés sur deux grands râteliers situés sur la partie arrière des côtés.
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Tourelle
La tourelle du M10 de forme pentagonale (5 côtés) fut la partie qui subira le plus de modifications tout au long de la production. Les diverses parties de la tourelle en acier coulé, étaient assemblées par soudures formant un tout incliné. Fait important : la tourelle ne possédait pas de paroi frontale, celle-ci était remplacée par un large bouclier. Le toit de la tourelle était ouvert dans sa partie arrière, ce qui mettait l'équipage à la merci des intempéries et des grenades ennemies ou autres projectiles et éclats et surtout aux attaques aériennes. Vers la fin, certains modèles auront leur tourelle chapeautée par une superstructure blindée. Comme précité, la forme de la tourelle évolua durant la production, en effet celle-ci fut dotée très vite de contrepoids sur les parties arrière pour compenser le poids du canon de 76mm. Trois types de contrepoids furent utilisés donnant naissance à 4 types différents de tourelle, le premier en étant démuni. La tourelle se manœuvrait manuellement bien qu'il fut prévu d'installer un système électrique ou hydraulique. Elle accueillait les 3 autres hommes d'équipage, le tireur assis à la gauche du canon, le commandant assis à la droite du canon et le chargeur assis derrière le canon. Notons que la tourelle était dotée d'un puits de tourelle peu profond.
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Tourelle fermée ou ouverte. -
L'armement du M10 était composé du canon M7 de 76,2mm monté sur l'affût M5. L'arme pouvait faire un tour complet de 360° et possédait une élévation de 30° et une dépression de 10°. Sa cadence de tir maximale était de 15 obus/min (6 étaient entreposés à l'arrière de la tourelle). Au total, 54 obus étaient stockés dans le M10. Le canon 76mm pouvait tirer principalement des AP, APCBC, HE, fumigènes. La portée utile (effective) d'une AP était de 914 m. La visée se faisait via une lunette monoculaire M38 dont on voit l'orifice sur le côté gauche du bouclier. Si le toit ouvert du M10 permettait au commandant une visibilité parfaite tous azimuts, pour plus de sécurité, celui-ci pouvait utiliser un télescope monoculaire installé sur la paroi de droite de la tourelle afin d'éviter autant que possible d'être visé par un tireur d'élite. En principe, le M10 ne possédait pas d'armement secondaire pour assurer sa défense locale car en principe il ne devait pas se mêler aux combats rapprochés mais faire feu à distance. Cependant pour plus de sécurité les M10 furent souvent dotés d'une mitrailleuse AA de 12,7mm monté sur un piédestal à l'arrière de la tourelle. Certains équipages montaient également une mitrailleuse de 7,62mm sur un piédestal à l'avant du toit de la tourelle.
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Différents modèles de tourelles et contrepoids. -
Compartiment Moteur
Le M10 était propulsé par un moteur diesel GM 6046 de 12 cylindres (montés par couple en ligne), à refroidissement liquide, de 13,9 L de cylindrée, développant 375 à 410 ch à 2 100 t/min. Les réservoirs du M10 avaient une capacité totale de 750 L, ce qui lui permettait une autonomie maximale de 322 km sur route (consommation 233 L aux 100 km). Le M10 pouvait atteindre les 40-48 km/h sur route ce qui était appréciable. La plaque arrière du bas de caisse ne possédait pas d'ouverture et était occupée pour moitié par un large échappement à 2 pipes (par après remplacé par un grand déflecteur d'échappement). Pour le reste, elle accueillait un crochet de remorquage et 2 boucles de remorquage (comme pour le nez). Le plateau arrière était composé de grandes plaques, dont celle située derrière la tourelle accueillait une petite grille de ventilation, dont les 2 volets étaient montés sur charnières. Une chaise de route fixe située sur le plateau arrière permettait de bloquer le canon (pointé vers l'arrière) lorsque que le char était transporté par rail. La plaque arrière de la superstructure servait à ranger divers outils.
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Disposition des plaques arrière du M10 & M10A1. -
Le M10A1 était quant à lui équipé d'un moteur essence Ford GAA de 8 cylindres (montés en V), de 18 L de cylindrée développant 500 ch à 2 600 t/min. Le M10A1 transportait au maximum 764 L d'essence, ce qui lui permettait une autonomie de 210 km. Le M10A1 pouvait atteindre sur route la vitesse maximum de 42 km/h.
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Disposition du pont arrière des M10 & M10A1. -
La seule différence externe entre le M10A1 et le M10 était que le premier possédait une plus grande grille de ventilation sur le plateau arrière (toujours composée de 2 volets montés sur charnières) et que l'arrangement des trous de ravitaillement des réservoirs était différent. Notons que le M10A1 était basé sur le châssis du M4A3 alors que la M10 l'était sur celui du M4A2.
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Suspension
La suspension du M10 et du M10A1 étaient identiques puisqu'on utilisait les châssis des M4A2 et M4A3. Cette suspension était constituée de chaque côté de 3 boggies (supports de galets) à ressorts verticaux dotés chacun de 2 petits galets de roulement à bandages en acier, de 3 rouleaux porteurs (montés à l'arrière des boggies), d'un barbotin avant et d'une poulie de tension à l'arrière. Cette suspension est dite verticale en raison des ressorts (à ellipses) verticaux (VVSS : Vertical Volute Spring Suspension).
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Deux types de galets différents montés sur la suspension VVSS du M10. -
Les barbotins avant connaîtront 2 modèles, ainsi que les galets de roulement (5 à 6 branches). Chaque chenille était composée de 79 patins en caoutchouc de 42,1 cm de larges joints entre eux par des guides externes (connectés aux goupilles). Le caoutchouc s'usant vite plusieurs styles de protections en acier furent utilisés pour protéger les patins en caoutchouc.
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Différentes chenilles utilisées. -
-T48 : guides externes, double goupille, chevron, caoutchouc. Largeur : 42,06 cm - Pas (espacement) : 15 cm - Patins : 2x79 - Contact au sol : 3,73 m. -T49 : guides externes, double goupille, barres parallèles , caoutchouc. Idem. -T51 : guides externes, double goupille, lisse, caoutchouc. Idem. -T54E1 : guides externes, double goupille, chevron, acier. Idem. En raison du prolongement des côtés de la superstructure pour protéger le dessus des chenilles aucun équipement destiné à compenser la trop grande pression au sol (duckbills) ne put être monté. Mais le poids du char était moins important que celui d'un Sherman standard. Pour compenser la faible traction sur terrain mou, des lames de métal (grousers) étaient parfois encastrées entre chaque patin et faisaient office en quelque sorte de griffes.
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Blindage
Le M10 conserve la caisse du M4A2 Sherman mais avec un blindage plus léger. Par contre sa superstructure est entièrement différente, faite de 4 grandes plaques inclinées soudées entre elles. Le principe des parois inclinées est de dévier au lieu d'essayer de stopper les projectiles adverses et d'empêcher ainsi leur explosion ou la pénétration du blindage. Ce système permet un gain de poids car l'efficacité du blindage dépend plus de l'inclinaison que de l'épaisseur, et c'est l'épaisseur du blindage qui fait le poids du char. La tourelle répond au même principe.
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Modèles
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États-Unis
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M10 GMC Wolverine (Anglais : M10 SPM) (1942)
Le M10 est basé sur le châssis du M4A2 à moteur diesel GM 6046 de 12 cylindres (montés par couple en ligne), à refroidissement liquide, de 13,9 L de cylindrée, développant 375 à 410 ch à 2 100 t/min. Il se distingue du M10A1 grâce à sa grille de ventilation de petit format sur le plateau arrière de la superstructure.
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Formations aux États-Unis, fin 1942. -
École de Chasseurs de Chars, Camp Hood, États-Unis, 1943. -
899ème Bataillon de Chasseurs de Chars, Tunisie, avril 1943. -
Tunisie, avril 1943. Le camouflage est constitué de sable collé au pinceau. -
636ème Bataillon de Chasseurs de Chars, Salerne, Italie, septembre 1943. -
Participation au débarquement de Normandie début juin 1944. Il avait toujours son matériel spécial de débarquement. -
Compagnie A, 612ème Bataillon de Chasseurs de Chars, 1ère Armée, Normandie, France, juillet 1944. -
Unité inconnue, France, été 1944. -
Sicile, automne 1944. -
634ème Bataillon de Chasseurs de Chars, Aix-la-Chapelle, Allemagne, octobre 1944. -
Compagnie C, 644ème Bataillon de Chasseurs de Chars, secteur de Krinkelt, Ardennes, Belgique, décembre 1944. -
Probablement le 691ème Bataillon de Chasseurs de Chars, 6ème Division Blindée, Armée Américaine, Karlsruhe, Allemagne, fin 1944-début 1945. -
813ème Bataillon de Chasseurs de Chars, France, 1945. -
M10A1 GMC (1942)
Le M10A1 est basé sur le châssis du M4A3 à moteur essence Ford GAA de 8 cylindres (montés en V), de 18 L de cylindrée développant 500 ch à 2 600 t/min. Il se distingue du M10 grâce à sa grille de ventilation de grand format sur le plateau arrière de la superstructure.
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Probablement le 612ème Bataillon de Chasseurs de Chars, Normandie, France, été 1944. -
Char n°23, Compagnie A, 701ème Bataillon de Chasseurs de Chars, front occidentale, 1944-1945.
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Royaume-Uni
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M10 SPM Mk. I (1942)
M10 avec le coin à l’arrière de la tourelle.
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20ème Régiment Antichar, Artillerie Royale, 3ème Division d'Infanterie, Sword Beach, 6 juin 1944. -
M10 SPM Mk. II (1943)
M10 avec le « bec de canard » à l’arrière de la tourelle.
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2ème Régiment Antichar, 3ème Division Britannique, secteur d'Hermanville, France, 1944. -
M10 17-pdr Achilles (M10C) (1944)
Comme précité dans l’article, la Grande-Bretagne fut également dotée en M10 et M10A1 qu'elle baptisa Wolverine. Mais les Britanniques trouvaient le canon de 76mm insuffisant et inférieur à leur canon (17-pdr) Mk. V de 76,2mm. Le canon de 76,2mm fut donc installé sur un certain nombre d'exemplaires avec quelques modifications. En effet pour équilibrer le canon britannique (doté d'un plus long tube), un contrepoids fut installé à l'extrémité du tube juste derrière le frein de bouche (à double déflecteur). Le collier du bouclier du canon dut être élargi pour compenser le diamètre moindre du canon de 76,2mm par rapport à celui du 76mm (épaisseur d'acier moindre). La culasse fut dotée également de petites modifications pour être installée dans la tourelle du M10. Le canon de 76,2mm possédait une élévation de 20° et une dépression de 5° seulement. Le 76,2mm britannique était supérieur au 76mm américain. D'autres changements furent portés à l'intérieur pour conformer le char aux usages britanniques. Les modèles ainsi armés furent baptisés Achilles par les Britanniques : Achilles IC pour les modèles basés sur le M10 et dotés des tourelles de début de production (peu furent convertis en raison du déséquilibre causé par le long tube de 76,2mm) ; Achilles IIC pour les modèles basés sur le M10A1 et dotés de tourelles avec contrepoids à l'arrière (majorité des modèles convertis).
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Achilles IC (1944)
Variante du Achilles, adapté à partir du M10 à moteur diesel.
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Troupe J, 24ème Bataillon, 62ème Régiment Antichar, juin 1944. -
21ème Régiment Antichar, Bataillon de Chasseurs de Chars de l’Artillerie Royal de la Garde, Pays-Bas, automne 1944. -
4ème Régiment Antichar, Artillerie Royal Canadienne, Pays-Bas, 1945. Il est maintenant dans l'association Balmoral Green, Versailles (France) en état de marche mais avec une fausse tourelle. -
Armée Israélien, Crise de Suez, 1956. -
Achilles IIC (1944)
Variante du Achilles, adapté à partir du M10A1 à moteur à essence.
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1er Corps, Normandie, été 1944. -
93ème Régiment Antichar, 1ère Division d'Infanterie, Italie, octobre 1944. -
21ème Régiment Antichar, Bataillon de l’Artillerie Royale, Pays-Bas, automne 1944.
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Israël
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M10 (Israël)
Israël convertit des chars en utilisant des canons de 75mm reçus de France. Ce canon équipait un certain nombre de M10.
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Chine
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M10 SPH (Self Propelled Howitzer) (1949)
Des M10 démilitarisés furent transférés en République de Chine en 1949 et réarmés avec des obusiers d'infanterie modifiés de 105mm de l'ancienne Armée Impériale Japonaise. D'autres modifications comprenaient un toit de tourelle permanent avec des trappes d'équipage, un blindage plus léger et plus résistant aux chocs et une mitrailleuse à arc. Un prototype et 16 véhicules furent fabriqués.
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Conversions
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M35 Prime Mover (1944)
Comme précité ultérieurement dans l’article, un total de 300 exemplaires de M10A1 sans tourelles furent produits. Ces exemplaires servirent en partie (ou en totalité ?) à réaliser un tracteur lourd entièrement chenillé d'artillerie pour les canons de 155mm et de 240mm. Ce véhicule baptisé Full Track Prime Mover M35 disposait en plus de son crochet arrière de remorquage, d'un crochet avant. Il était équipé d'un équipage de 6 hommes et pesait dans les 25 t.
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M35 tel que livré à l'été 1944, pas encore équipé. -
M35 entièrement équipé avec la 7ème Armée le long de la vallée du Rhône dans le sud de la France, suite à l'opératon Anvil Dragoon, septembre 1944. -
M35 remorquant une pièce d'artillerie Long Tom de 203,2mm, 1945. -
M35 avec une cabine soudée entièrement fermée. -
M35 avec une cabine partielle, un dos ouvert et une bâche. -
T72 (1943)
En mars 1943, on tenta d'alléger le poids global du M10 en mettant au point une nouvelle tourelle ouverte plus légère doté d'un canon de 76mm plus léger. Le gain espéré était d'environ 3 t. La nouvelle tourelle était basée sur la tourelle T23 qui équipa les Sherman armés du canon de 76mm, mais avec un blindage plus léger. Elle avait un toit ouvert et était dotée d'une petite saillie à l'arrière servant de contrepoids au canon de 76mm. Les munitions utilisées par ce prototype étaient plus petites et il pouvait en stocker 99 dont 27 dans la saillie de la tourelle. Deux modèles pilotes furent commandés, basés sur le châssis-essence du M10A1 et furent délivrés à Aberdeen en avril 1943 pour y subir des essais. Le gain de poids finalement obtenu n'était que de 2 t, ce qui n’était déjà pas si mal. Autre avantage, la tourelle était plus spacieuse et donc les divers équipements de rotation et d'élévation étaient plus facilement utilisables. Le seul véritable point négatif de ce modèle, était que par endroits, le blindage était amoindri, mais de peu. Cependant, le projet fut abandonné début 1944 en faveur du prototype T70 armé du même canon, doté d'une suspension à barres de torsion nettement supérieure à celle du M10. Le T70 donnera naissance au M18 Hellcat.
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M10 Dozer (1944)
M10 équipée d’une lame de bulldozer.
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M10 Sonic (1944)
M10 équipé d’un système de hauts parleurs pour désorienter l’ennemi sur la location des troupes alliées.
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En Action
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Seconde Guerre Mondiale (1939-1945)
Le châssis lourd du M10 n'était pas conforme à la doctrine en évolution rapide des chasseurs de chars consistant à utiliser des véhicules très légers à grande vitesse, et à partir de l'été 1944, il commença à être complété par le véloce M18 Hellcat. La doctrine américaine des chasseurs de chars exigeait que ces derniers soient gardés en réserve et se précipitaient pour contrer les attaques blindées massives de l'ennemi. En réalité, ce n'était pas le cas et les bataillons de M10 étaient attachés, souvent de manière semi-permanente, aux divisions d'infanterie et blindées pour fournir un appui-feu direct et indirect supplémentaire. Les missions typiques comprenaient la fourniture de tirs d'artillerie indirects en augmentant les unités d'artillerie divisionnaires, le suivi et le soutien des éléments de tête d'un assaut d'infanterie, l'attaque d'obstacles tels que les fortifications et les véhicules ennemis (y compris les chars) qui entravaient l'avancée des unités et la mise en place d'une défense antichar une fois l'objectif atteint.
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Des M10 sortant de l'usine Ford, Detroit, 1943. -
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Campagne d’Afrique du Nord (1940-1943)
Les débuts au combat du M10 eurent lieu le 23 mars 1943, lors de la bataille d'El Guettar, dans le cadre de la campagne tunisienne. Le M10 fut d'abord un succès car son canon M7 de 76mm pouvait détruire la plupart des chars allemands alors en service. Pendant la bataille, les M10 du 899ème Bataillon de Chasseurs de Chars et les M3 GMC du 601ème Bataillon de Chasseurs de Chars détruisirent 30 chars allemands, bien que 20 M3 et 7 M10 aient été perdus. Le M10 ne vit pas beaucoup d'action antichar pour le reste de la campagne nord-africaine et fut plutôt utilisé comme appui-feu mobile.
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Une paire de M10 avec des contrepoids en forme de coin allant au front en Tunisie, 1943. -
Grande Guerre Patriotique (1941-1945)
Environ 52 M10 furent fournis à l'URSS par le biais du Prêt-Bail. Ils furent utilisés pour former 2 régiments d'artillerie automoteurs. Le premier était le 1223ème Régiment d'Artillerie Automoteur du 29ème Corps de Chars, qui faisait partie de la 5ème Armée de Chars de la Garde. Cette unité servit sur le 3ème front biélorusse en 1944, participant aux campagnes d'été en Biélorussie, dans la Baltique et en Prusse orientale. Le 1239ème Régiment d'Artillerie Automoteur faisait partie du 16ème Corps de Chars de la 2ème Armée de Chars. Il combattit en Biélorussie et en Pologne en 1944.
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Guerre du Pacifique (1941-1945)
Pendant la guerre du Pacifique, en raison du manque d'opposition sérieuse des chars japonais, les M10 de l'Armée Américaine ne furent pas utilisés comme chasseurs de chars, mais comme artillerie mobile et soutien d'infanterie. Le M10 s'avéra impopulaire dans le Pacifique en raison de sa tourelle ouverte, ce qui le rendait vulnérable aux tactiques antichars japonaises d'assaut rapproché.
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M10 soutenant la 77ème Division d’Infanterie sur Leyte, 1944. -
Campagne d’Italie (1943-1945)
Dans la Campagne d'Italie, comme dans le nord de l'Europe, les M10 étaient normalement attachés à des unités d'infanterie ou blindées en tant que soutien d'infanterie ou artillerie mobile, plus encore cette dernière en raison du manque général de blindés allemands dans ce théâtre. De nombreux commandants de division américains demandèrent que leurs M10 soient remplacés par des chars entièrement blindés.
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Cette photo de l'Armée Américaine fut prise le 3 mars 1945 dans la région de Monte Terminale en Italie pendant la campagne dans les Apennins du Nord. Il montre un M10 du 701ème Bataillon de Chasseurs de Chars (5ème Armée Américaine), alors qu'il avance le long d'une route de montagne en soutien à la 10ème Division de Montagne, qui pousse vers le nord depuis Poretta sur la route 64 vers la vallée du Pô. -
Front de l’Ouest (1944-1945)
Lors des combats de chars dans la Campagne de Normandie, le canon de 76 du M10 s'avéra inefficace contre l'épais blindage frontal du Panther allemand. Le 6 juillet 1944, le QG d'Eisenhower demanda que tous les bataillons de M10 soient convertis au nouveau M36 dès que possible. Le 10 juillet 1944, le 899ème Bataillon de Chasseurs de Chars émoussa une contre-attaque allemande de la Panzer Lehr Division près de Dézert et détruisit 12 Panther, un Panzer IV et un StuG III dans une bataille féroce de 2 jours, la plupart se déroulant à des distances inférieures à 200 m. En raison du choc initial de rencontrer des chars lourds allemands, d'autres changements furent apportés à la force de chasseurs de chars fin septembre 1944. Les responsables américains demandèrent que sur les 52 bataillons alors engagés sur le théâtre européen, 20 soient convertis au M36, 20 conservent le M10 ou M18 à la discrétion de leurs commandants, et les 12 bataillons remorqués seront rééquipés du canon T5 de 90mm remorqué (alors prototype). En octobre 1944, le M36 GMC commença à arriver en Europe et remplaça principalement le M10 à la fin de la guerre. Les plans visant à conserver tous les bataillons remorqués furent annulés après leurs performances généralement médiocres et leurs pertes élevées en 1944, en particulier pendant la Bataille des Ardennes.
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M10 américain tirant près de Saint Lo, juin 1944. -
Au total, 1 648 M10 furent fournis par les États-Unis à l'Armée Britannique via le programme Lend-Lease. 1 017 des véhicules furent équipés du puissant canon de 17-pdr (76,2mm) de mai 1944 à avril 1945. Le 17-pdr SP était utilisé par les armées britanniques, canadiennes et polonaises en Italie et dans le nord-ouest de l'Europe. En plus du service avec les forces britanniques dans le nord-ouest de l'Europe, ils furent retenus après la guerre. Ceux qui n'avaient pas été améliorés furent dépouillés de leurs tourelles et utilisés comme tracteurs d'artillerie. Au service britannique, en tant que canons antichars automoteurs, le M10 était exploité par des régiments de la Royal Artillery. En règle générale, 2 batteries avaient des M10 tandis que les 2 autres batteries avaient le canon remorqué de 17-pdr. Une théorie tactique était que les deux batteries remorquées formeraient une ligne de canon, tandis qu'une batterie de M10 resterait mobile sur chaque flanc pour conduire les chars ennemis vers la ligne de canon statique. Dans la pratique, les batteries britanniques étaient fréquemment séparées en Normandie, les M10 étant détachés auprès des brigades de chars britanniques équipées de Churchill armés du canon polyvalent de 75mm, tout comme les conversions britanniques de 17-pdr.
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Deux M10 américains traversant une rivière en Belgique, 1944-1945. -
Les Français Libres reçurent au moins 227 M10, dont 155 en Prêt-Bail. Ils servirent d'abord en Italie, puis en France et en Allemagne. Lors de la libération de Paris en août 1944, un seul M10 de la 2ème Division Blindée du général Leclerc nommé Siroco neutralisa un Panther place de la Concorde sous l'Arc de Triomphe sur la place de l'Étoile, à 1,8 km. Les M10 français combattirent également à la frontière franco-allemande autour de Strasbourg et dans le sud de l'Allemagne ; la 1ère Armée Française Libre dirigée par le général De Lattre en reçut lorsqu'elle faisait partie du 6ème Groupe d'Armées des États-Unis. Les M10 français étaient exploités de la même manière que les unités de chasseurs de chars américains, bien qu'initialement avec 5 véhicules par peloton au lieu de 4.
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Paire de M10 soutenant la 30ème Division d’Infanterie à Magdebourg, Allemagne, 1945.
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Guerre Froide (1946-1991)
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Guerre Israélo-Arabe (1948-1949)
L'Armée Égyptienne disposait d'un petit nombre d'anciens M10 britanniques, versions 76 et 17-pdr, et les utilisa en 1948 contre Israël. Israël captura certains d'entre eux.
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Crise du Canal de Suez (1956)
Israël acheta des M10 dans des casses et des dépotoirs en Europe après 1948. Le premier lot arriva en 1951, en très mauvais état. Quelques années plus tard, alors que les canons du M10 étaient usés, Israël décida d'installer des canons de 17-pdr ainsi que des canons français à grande vitesse CN 75-50 de 75mm qui venaient d'être achetés. Les M10 furent réparés et entrèrent en service en 1955. Après la guerre de 1956, ils reçurent les moteurs diesel des Sherman égyptiens capturés. On pense qu'Israël acheta également des M10 à la France et en captura peut-être plusieurs à l'Égypte. Il n'y a aucun rapport disant que les M10 modifiés furent utilisés par les Israéliens au combat. Ils furent retirés du service en 1966.
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M10 Wolverine