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Genèse & Production
Lorsque la guerre débuta en Europe en 1940, il devenait clair que les États-Unis risqueraient d'y participer tôt ou tard. Il fut donc décidé de développer un canon automoteur pour fournir plus de mobilité à l'artillerie de campagne. Le choix des ingénieurs se porta sur le canon de 155mm français de la 1ère Guerre Mondiale. Ce canon devait être installé sur le châssis du M3 Lee.
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T6 GMC. -
Le prototype T6 fut finalisé et testé durant l'été 1941 avec succès et il fut approuvé pour la production en tant que M12 HMC. Le canon de 155mm était installé à l'arrière de la superstructure complètement retravaillée, juste derrière le moteur déplacé vers le centre.
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M12 HMC. -
Un total de 100 exemplaires furent fabriqués en 1942-1943 par Baldwin Locomotive Works. En raison de difficultés mécaniques et de doute quant à la fiabilité et l'utilité de cette arme, cette première série ne fut pas suivie d'autres. En préparation de la campagne en Europe de l'ouest, 75 exemplaires furent modernisés en 1944 pour y être envoyés. Ces exemplaires possédaient des châssis de M4, pas de porte sur le côté droit de la cabine pour le copilote et un petit bouclier pour l'obusier. En raison du manque de place dans le compartiment de combat pour installer tous les servants du canon et une réserve de munitions acceptable. Une version spéciale du M12 fut créée pour remédier à ce problème. Le M30 était identique au M12, sinon que son obusier de 155mm était supprimé. Le poste de combat ainsi libéré pouvait accueillir 40 obus de 155mm ainsi que les 2 servants de l'obusier qui ne pouvaient pas prendre place dans le M12. Le M30 était doté d'un hayon arrière pour aider au chargement des munitions et d'une circulaire pour une mitrailleuse de 12,7mm. Il y avait un M30 pour chaque M12.
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Design
Le M12 était divisé en 3 compartiments : la cabine de pilotage à l'avant, le compartiment moteur au milieu et le compartiment de combat à l'arrière. Bien que le bas de caisse soit celui du M3 Lee, toute la superstructure fut retravaillée. Le poste de pilotage était une véritable cabine et les 2 pilotes étaient complètement séparés du reste de l'équipage. L'accès à la cabine se faisait via 2 trappes montées sur charnières sur le toit de la cabine ou via une porte située du côté du pilote sur le côté gauche. Pour leur vision les deux hommes de la cabine possédaient chacun une fenêtre de vision sur la plaque frontale de la cabine. La disposition interne des éléments de transmission finale était identique à celle du M3. Le dispositif de commande finale était monté perpendiculairement aux deux pilotes et la transmission Synchromesh à 6 rapports (5-1) était installée entre eux. Le tout était protégés par un nez composé de 3 pièces boulonnées entre elles.
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Aperçu du cockpit du M12. -
Pour pouvoir fournir un espace suffisant pour l'imposant canon de 155mm, le compartiment moteur fut déplacé au milieu du char entre le compartiment de combat et la cabine de pilotage. Le plateau recouvrant le moteur était composé de 2 plaques avec grilles de ventilation. Le moteur du M12 était celui du M3, c'est-à-dire, le Continental R975-C1 essence de 9 cylindres, développant 350 à 400 ch à 2 400 t/min. Ce moteur permettait au M12 d'atteindre les 40 km/h sur route. Les 908 L de carburant embarqués donnait au M12 une autonomie de 230 km. L'armement du M12 était constitué du seul obusier M1919 (ou M1917A1 et M1918M1) de 155mm monté sur un affût M4 dans le compartiment de combat. Le 155mm avait une portée maximale de près de 14 km. Le champ de tir latéral était limité à 14° de chaque côté. Pour le pointage en hauteur, l'obusier possédait une dépression de 5° et une élévation de 30°. Les modèles envoyés en Europe furent dotés d'un petit bouclier. Seulement 10 obus de 155mm pouvaient être installés dans le compartiment de combat ainsi que 2 hommes d'équipage. Le reste de l'équipage (2 hommes) et un surplus de munitions étaient transportés dans un transport de munitions, le M30 qui est en fait une version désarmée du M12. Les deux hommes installés à l'arrière étaient assis sur des sièges montés à la gauche du canon au-dessus de la chenille gauche.
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Compartiment moteur. -
Compartiment de combat. -
L'élément que l'on remarque tout de suite, à l'arrière du M12, c'est la large bêche actionnée par un treuil. Cette bêche était abaissée et enfoncée dans le sol lorsque que l'obusier était en action pour compenser la force du recul qui aurait fait sinon reculer le char de plusieurs cm à chaque tir ! La suspension du M12 à l'origine était celle du M3, mais les boogies du M3 furent vite remplacés par ceux du M4. Ces boogies en plus des 2 galets de roulement possédaient chacun un rouleau porteur monté à l'arrière sur une potence et non plus au-dessus du chariot comme sur le M3. De plus ils étaient munis de ressorts plus puissants, ce qui n'était pas un luxe vu le calibre du canon. Sur le M12, les pipes d'échappement étaient installées sur les côtés du bas de caisse entre le 2 et le 3èmes boogies. Les chenilles utilisées sont celles utilisées par le M3. -T48 : guides externes, double goupille, chevron, caoutchouc. Largeur : 40,6 cm - Pas (espacement) : 15 cm - Patins : 2x79 - Contact au sol : 3,73 m. -T49 : guides externes, double goupille, barres parallèles, caoutchouc. Idem pour le reste. -T51 : guides externes, double goupille, lisse, caoutchouc. Idem pour le reste. -T54E1 : guides externes, double goupille, chevron, acier. Idem pour le reste.
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Arrière du M12. -
Suspension. -
Le blindage du M12 n'était guère épais, et la disposition de celui-ci n'offrait de protection qu'aux 2 pilotes, le reste de l'équipage étant assez exposé. Le M12 est un véhicule opérant, après tout, dans les lignes arrière.
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Unité inconnue, Normandie, juin 1944. -
M12 « Adolph's Assassin » en configuration de route, septembre 1944. -
M12 « June Gil/Avant le char de mort ». -
3ème Armée, Belgique, hiver 1944-45. -
M12 « Donald », 1ère Armée Française Libre, Bavière, avril 1945. -
Conversions
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M30
Version de ravitaillement en munitions du M12 pour des M12 avec un emport de 30 obus de 155mm. Le canon de 155mm en fut retiré pour l’occasion.
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En Action
Au cours de l'année 1943, les véhicules furent utilisés pour l'entraînement ou entreposés. De février à mai 1944, avant l'invasion de la France, 74 M12 furent révisés en préparation des opérations de combat outre-mer. Ils furent affectés à 6 bataillons d'artillerie de campagne blindés (les 258, 557, 558, 987, 989 et 991èmes) et employés avec succès tout au long de la campagne en Europe du Nord-Ouest.
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M12 tirant sur la Moselle en France, 1944. -
Bien que conçus principalement pour le tir indirect, lors d'assauts contre de lourdes fortifications, les M12 étaient parfois employés dans un rôle de tir direct, comme lors de l'assaut allié sur la Ligne Siegfried, où le M12 gagna son surnom de Doorknocker grâce au canon de 155mm et sa capacité de tirer des AP à travers 2 m de béton à des distances allant jusqu'à 1 830 m. Le véhicule fut également surnommé King Kong par les opérateurs américains en raison de la puissance brute de son canon. En 1945, le M12 fut complété en Europe par le M40 GMC, conçu sur un châssis de M4A3 de fin de guerre avec le canon M1 de 155 mm le successeur du M1918. Après-guerre, le M12 fut retiré du service et remplacé par le M40.
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M12 débarquant en Normandie, 7 juin 1944.
M12 GMC