-
-
Genèse & Production
Les chars légers russes remplissaient des missions pour les unités d’infanterie de cavalerie comme la reconnaissance, le combat contre les forces de débarquement et de garde. Leur mobilité compensait un peu leurs faibles blindage et armement, ainsi qu'un équipage très réduit. De plus, leurs faibles dimensions leur donnaient de grandes capacités tout-terrain et de manœuvre. En 1930, l'Armée Rouge disposait des T-37 et T-38 dont la construction très simple et peu coûteuse permettait la production de masse dans des usines non spécialisées. Dès 1931, l'usine n°37 (Moscou) avait commencé à développer des chars légers comme les tankettes T-27 et T-27A et des chars légers amphibies comme les T-37 et T-38, et autres... En 1938, le T-38 fut jugé obsolète et l'Armée Rouge avait besoin d'un nouveau char léger amphibie de reconnaissance. Le blindage de ce nouveau modèle devait être efficace aussi bien contre les AP que contre les éclats d'obus et devait être incliné. A la fin de 1938, le bureau d'étude de l'usine n°37 entreprend le développement du prototype 010. La caisse et le châssis furent développer en premier avant la tourelle. L'équipage était composé de 2 hommes. L'accès au moteur depuis le char était possible. La transmission était installée à l'avant. Deux réservoirs de 100 L étaient installés à l'arrière ainsi que la propulsion et la direction dans l'eau, une hélice et 2 gouvernails protégés contre les éclats d'obus.
-
La production de masse du T-40 débuta en octobre 1940 et à la fin de l'année, 37 exemplaires (+6 chars expérimentaux) de ce char avaient été produits par l'usine n°37, sur une prévision de 100. En 1941 la production fut poussée et avant le 22 juin 1941, 179 autres T-40 furent produits. Afin de compenser son manque de chars légers, l'Armée Rouge décida de simplifier le T-40 pour en augmenter la cadence de production. Les équipements amphibies et les radios furent enlevés et en juillet 1941, 60 chars modifiés furent produits sous la désignation de T-40S (= Sukhoputniy ; Terrestre). L'armement ne fut cependant pas amélioré malgré les demandes.
-
Design
Durant le développement la silhouette fut améliorée pour obtenir de meilleures capacités amphibies. Les trappes étaient bien entendu étanches. Ce char amphibie était capable de traverser des rivières à forts courants et se déplacer sur des mers agitées (force 3 max.). Le nouveau véhicule était mieux armé que le T-38 et était équipé de la mitrailleuse lourde DShK de 12,7mm et d'une mitrailleuse DT de 7,62mm coaxiale. La portée de la mitrailleuse DT était de 1 km alors que celle de la DShK de 4 km. Cette dernière utilisait des balles explosifs, B-30 perforantes et B-32 perforantes-incendiaires. Les B-30 avaient une vélocité initiale de 850 m/s et étaient capables de percer 16mm de blindage vertical à 300 m. Le char pouvait aussi faire feu contre des avions à basse altitude mais c'était une situation très rare. Les deux armes étaient produites par l'usine n°614 Kovrovskiy et par la 622 Izhevskiy (durant la Grande Guerre Patriotique).
-
Tourelle. -
Le commandant disposait pour sa vision de 3 périscopes et le pilote de 2. Afin de naviguer dans l'eau, dans le brouillard et de nuit, le char était équipé d'un compas magnétique. Les chars de commandement étaient équipés d'un poste radio 71-TK-3 (portée 16 km) installé à la droite du commandant. Le 010 était équipé d'une suspension composée de 4 galets indépendants à bandages de caoutchouc montés sur barres de torsion, de 3 rouleaux porteurs, d'une poulie de tension de chenille arrière et d'un barbotin avant. Les chenilles de 26 cm de large étaient dotées de guides externes.
-
Avant et arrière de caisse. -
Flanc gauche de la caisse et suspension. -
Plateau arrière. -
Le développement du prototype 010 fut terminé au printemps 1939. En juillet 1939, quatre modèles pilotes furent fabriqués suivis de 2 un peu plus tard. Ils étaient tous propulsé par des moteurs Dodge et D-5 (76 et 85 ch respectivement) en raison du manque de moteurs russes disponibles. Les premiers T-40 furent assemblés avec ces moteurs. En juillet 1939, 2 T-40 furent testés sur terre et dans l'eau. Après ces tests, la longueur du véhicule fut augmentée de 12 cm et la largeur de 5 cm alors que la hauteur fut rabotée de 2 cm. Un nouveau moteur fut installé, le GAZ-202 (GAZ-11). Le 19 décembre 1939, le T-40 fut accepté pour le service. L'usine n°37 fut ensuite chargé de produire 3 nouveaux chars expérimentaux avant le 1er mars 1940, 15 véhicules de production avant le 1er août 1940 et de débuter la production de masse au plus tard le 1er octobre de la même année.
-
Modèles
-
T-40 (1940)
Modèle de base.
-
Unité de chars inconnue, Armée Rouge, Front occidental, secteur de Mojaïsk, URSS, janvier 1942. Inscription patriotique en cyrillique sur la tourelle signifiant Pour Staline. -
T-40S (T-30 - abandonné) (030) (1941)
Un T-40S fut bien équipé du canon automatique TNSh-20 de 20mm mais il s'agit d'un véhicule expérimental. En juillet 1941, le Ministère de l'Armement ordonna de monter le canon automatique BT-23 (MP-6) de 23mm d'aviation sur le T-40 mais le 4 août 1941, les essais donnèrent des résultats négatifs.
-
À partir de juillet 1941, l'usine n°37 débuta la production du T-40S avec plaque arrière plate (pas de cavité pour l'hélice). Le blindage frontal et latéral de la caisse fut augmenté à 15mm et le blindage frontal et latéral de la tourelle fut augmenté à 20mm. Le blindage était entièrement assemblé par soudure et fait de plaques d'acier homogène. Ces véhicules furent baptisés officieusement 030 ou T-30. A partir de septembre 1941, quelques T-30 seront armés du canon automatique ShVAK de 20mm (750 obus). Au total, 443 véhicules furent produits en 1941 dans 3 versions mais aucun ne fut accepté par l'Armée Rouge. Le nom de T-30 fut finalement abandonné et remplacé simplement par celui de T-40S.
-
Version non amphibie du T-40, avec un blindage plus épais et un meilleur armement. Peu furent produits avant d'être remplacés par les T-60 en 1941.
-
-
En Action
En raison du nombre relativement faible de véhicules produits, les détails de l'utilisation au combat du T-40 ne sont pratiquement pas connus. L'utilisation la plus intensive de chars de ce type se produisit à la fin de l'automne 1941 lors de la bataille de Moscou . Par exemple, au 28 octobre 1941, il y avait 441 chars sur le front occidental, dont 33 KV-1, 175 T-34, 43 BT, 50 T-26, 113 T-40 et 32 T-60. À la mi-1942, les T-40 disparurent pratiquement des unités de première ligne de l'Armée Rouge. Le 1er juillet 1942, il n'y avait que 4 T-40 dans le 478ème Bataillon de Chars sur les fronts sud-ouest et sud, à la fin juillet, ils étaient tous perdus. Les T-40 furent utilisés le plus longtemps dans la direction nord-ouest - à partir du 16 janvier 1944, un T-40 faisait partie du 124ème Régiment de Chars du front Volkhov. Pendant la période d'utilisation active au combat, le T-40 fut tenté d'être utilisé pour résoudre des tâches auxiliaires, par exemple des opérations dans une zone boisée et marécageuse ; mais une pénurie aiguë de chars força son utilisation pour le soutien direct de l'infanterie, malgré leur faible armement et leur blindage à cet effet. À ce titre, ils étaient inférieurs même aux Pz.Kpfw. II allemands, sans parler des Pz.Kpfw. III ou IV. Les canons PaK 35/36 de 37mm allemands n'eurent aucun problème à vaincre le T-40 à n'importe quelle distance et angle de combat. En conséquence, les pertes du T-40 étaient très élevées, mais dans une plus grande mesure au combat : la fiabilité et maniabilité étaient considérés comme tout à fait satisfaisants, ce qui était très inhabituel pour d'autres types de chars soviétiques de cette phase de la guerre. Rien n'est connu d'une quelconque utilisation du T-40 par la Wehrmacht ; un T-40 était dans l'Armée Roumaine le 1er novembre 1942.
-
T-40 détruit à coté d’un BT dans le même état.
T-40