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Genèse & Production
Juste après la Guerre Civile, la jeune Armée Rouge ne possédait que quelques chars obsolètes de fabrication française ou britanniques. En 1925, la situation était critique car la plupart de ces engins n'étaient même pas armés ! Lors d'une réunion, il fut décidé de mettre toutes les ressources disponibles dans la fabrication de chars légers ou manœuvrables. Un prototype de char léger fut dans un premier temps réalisé, le T-16 qui fut soumis à différents tests et accepté le 6 mai 1927 pour le service dans les forces armées sous le nom de T-18 (MS-1). La conception d'un char manœuvrable fut assignée à l'OAT (avec l'aide de l'usine KhPZ), le 17 novembre 1927. La transmission et la traction furent réalisés à Kharkov, la caisse et la tourelle à Moscou. L'OAT n'était guère enthousiaste pour ce travail, et de nombreuses tâches furent cédées aux ingénieurs de Kharkov.
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T-12. -
Le T-12 fut le résultat des expériences gagnées sur le T-18 et le concept de monter l'armement sur plusieurs niveaux. À l'origine, le T-12 était armé d'un canon long de 45mm ou d'un obusier de 57mm et 3 affûts Federov à mitrailleuses jumelles. L'armement était monté sur la tourelle principale et sur une petite tourelle rotative (montée sur la tourelle principale). Le principal défaut de cette disposition était que la manœuvre de la petite tourelle était fortement affectée par celle de la tourelle principale. De plus, cette disposition donnait au char une haute silhouette de près de 3 m, ce qui rendait le camouflage difficile. Le T-12 pesait 14,28 t et avait un équipage de 4 hommes. Il embarquait 100 obus pour son armement principal et 4 000 balles pour ses mitrailleuses. Le T-12 avait une pression au sol de 0,45 kg/cm². Il fut prévu dans un premier temps de l'équiper d'un moteur d'avion Hispano de 8 cylindres, développant 200 ch à 1 500 t/min, puis plus tard d'installer un moteur conçu spécifiquement, développant 180 ch à 1 500 t/min. Dans la caisse, le pilote était installé à gauche, ce qui était inhabituel à cette époque dans les conceptions russes. Le T-12 pouvait atteindre les 26 km/h sur terrain difficile. Le blindage vertical était de 22mm et l’horizontal était de 12mm. La tourelle principale était manœuvrée mécaniquement alors que la petite tourelle était manœuvrée par un support de dos. Le T-12 possédait une extension à l'arrière, lui permettant de franchir des tranchées de 2,65 m de large. Le 11 juillet 1930, le char passa des tests avec succès. Aux tests de tir, le T-12 réussi 60% de coups au but. Cependant, les chenilles dérapaient facilement ; la vitesse diminuait après 20 changements de vitesse ; après 90 L d'essence consommé, l'essence n'arrivait plus au moteur alors qu'il en restait encore 130 L dans les réservoirs ! Malgré tout, le char se comportait plutôt bien et fut recommandé pour le service dans l'Armée Rouge après la résolution des problèmes. Au même moment, des plaques de blindage de 22 et de 18mm furent suggérés pour constituer le blindage du nouveau char. Après modifications, le T-12 fut rebaptisé T-24.
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Remarquez la tourelle à 8 pans, l'arrière plat et les chenilles qui atteignent le haut de la caisse. -
Le 27 mars 1930, durant une réunion, il fut décidé de produire une présérie de 15 exemplaires. Les 3 premiers furent finalisés à la fin de juillet 1930. L'un d'entre eux fut comparé au T-12 durant des tests. Les performances des deux modèles étaient similaires. Le canon Sokolov de 45mm devait être également testé sur une tourelle empruntée au T-12, mais le moteur du T-24 prit feu malencontreusement. Les réparations nécessaires ajournèrent la suite des essais. Le canon Sokolov de 45mm n'était qu'une mesure transitoire avant l'introduction d'un canon GVUP semi-automatique Mod. 1925 de 45mm. Cependant, ce canon ne put jamais totalement être adapté aux chars. La mise en place de la chaîne de montage de canon OAT de 45mm à l'usine n°8 prit 2 ans.
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T-24. -
Les usines KhPZ et ChTZ furent choisies pour produire le T-24 et une commande de 200 exemplaires fut faite. Peu après, la commande fut augmentée à 300 chars. Cependant, seulement 28 châssis, 25 caisses, 26 tourelles et 24 chars complets furent produits et acceptés pour le service. Bien que les défauts de conception non gommés puissent expliquer ce nombre ridicule, la raison principale fut sans doute la concurrence du T-22 (mis au point par des ingénieurs allemands), mieux armé et moins compliqué à produire, et celle également des modèles développés à partir des réalisations de l'ingénieur américain Walter Christie (BT). Néanmoins le T-24 procura une bonne expérience initiale aux Soviétiques et plusieurs modèles expérimentaux de T-24 servirent à testés différents types d'armement, transmission, suspensions, chenilles ...
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T-24 utilisé pour les tests de tir. -
Design
Le T-24 pesait 24,5 t. Il avait un blindage vertical de 22mm et horizontal de 8,5mm qui ne procurait qu'une protection face aux mitrailleuses lourdes à longues distances. Le blindage était assemblé par rivetage. Le T-24 était équipé d'une tourelle principale cylindrique surmontée par une petite tourelle dotée d'une trappe d'accès. Le T-24 était propulsé par un moteur d'avion M6 développant 300 ch. Le compartiment de transmission était similaire à celui du tracteur d'artillerie Komintern. L'unité de transmission comprenait l'embrayage à friction principal, une boîte de vitesse épi-cyclique (4 vitesses avant et 1 arrière) et un double joint universel.
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Avant et arrière de caisse. -
Pont arrière. -
45mm Mod. 1930. -
L'armement du T-24 devait être constitué d'un canon de 45mm (tourelle principale) et de 4 mitrailleuses DT de 7,62mm (tourelle principale (1)), petite tourelle (2), caisse (1). Le T-24 transportait 86 obus de 45mm et 8 000 munitions de 7,62mm.
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Tourelle. -
La suspension était constituée de 4 chariots avec ressort à boudin, doté chacun de 2 petits galets-doubles à bandages de caoutchouc et d'un double-rouleau porteur. La suspension était complétée par une double-poulie avant et un double-barbotin arrière. Le T-24 était doté de chenilles de 58 cm de large avec guide central, constituées chacune de 73 patins. Le T-24 ne pouvait dépasser les 26 km/h et avait une autonomie limitée à 140 km.
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Train de roulement. -
T-24 lors de manœuvres dans le district de Kharkov, 1933.
T-24