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Genèse & Production
Afin de doter les forces blindées soviétiques d'un chasseur de char encore plus puissant que le SU-85, les ingénieurs russes développèrent autour d'un puissant canon de 100mm similaire au B-34 naval, un nouveau chasseur de char. Les plans du nouveau modèle furent envoyés au Ministère de l'Industrie des Blindés (NKTP) et au Département de l'Artillerie Auto-Propulsée en décembre 1943. Le 28 décembre 1943, le NKTP ordonna à Uralmash de monter le canon de 100mm sur le nouveau véhicule. Cependant, il fut vite évident qu'il était impossible de monter le S-34 de 100mm en raison de la largeur du canon limitant trop fortement les mouvements latéraux de celui-ci, et rendant impossible l'installation de la fenêtre du pilote sur la plaque frontale de la superstructure. De nombreuses et coûteuses modifications étaient nécessaires pour installer ce canon mais le TsAKB (Bureau Central d'Étude de l'Artillerie) le voulait absolument.
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Uralmash demanda au bureau d'étude de Petrov (usine n°9) de concevoir un nouveau canon de 100mm, ce qui fut fait vers la moitié de 1944. Le nouveau canon basé sur le B-34 naval fut nommé D-10. La version pour char fut baptisée D-10T et la version canon automoteur fut baptisée D-10S. Ces canons étaient quasi identiques (affûts légèrement différents) et avaient les mêmes performances. En fait, les T et les S furent seulement utilisés qu'à partir de 1950, et les 2 canons pendant la guerre furent simplement appelés D-10 tous les deux. Le D-10 avait l'avantage d'être plus léger que le S-34 et surtout d'être montable sur des caisses existantes sans beaucoup de modifications. Le 3 mars 1944, le premier prototype équipé du D-10S de 100mm fut testé sur les terrains d'Uralmash (150 km de marche et 30 tirs). Il fut ensuite envoyé à des essais gouvernementaux près de Gorokhovets. Entre le 9 et le 7 mars 1944, le prototype y fut testé. Durant ces tests, il effectua 1 040 tirs et roula 864 km. Le nouveau chasseur de char fut finalement nommé SU-100 et recommandé pour la production de masse sous réserve de quelques modifications. Le 14 avril 1944, Uralmash reçu l'ordre de commencer la production mais le TsAKB exigeait toujours l'utilisation du S-34 ! Après de longues discutions, le GKO ordonna au TsAKB de modifier le S-34 afin de réduire sa largeur (un nouveau mécanisme de rotation et quelques modifications furent réalisés). Le nouveau prototype fut nommé SU-100-2. Entre le 24 et le 28 juin 1944, les deux modèles, le SU-100 et le SU-100-2 furent comparés lors de tests. Après 923 tirs et 250 km de marche, le SU-100-2 démontra être inférieur au SU-100 et ne fut pas recommandé pour la production et le SU-100 remporta la compétition.
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SU-100 sortant des lignes de production de l’usine d’Uralmash. -
La production du SU-100 débuta à partir de décembre 1944 et celle-ci continua à Uralmash jusqu'en mars 1946 et continua en Tchécoslovaquie après la guerre. Uralmash réalisa 3 037 exemplaires de ce puissant chasseur de char durant la 2ème Guerre Mondiale. La production de masse du SU-100 fut retardée de nombreuse fois en raison des problèmes liés à la production des AP BR-412B très complexes à réaliser. Le résultat final était souvent de pauvre qualité et l'efficacité des munitions en était gravement altérée. Ce gros problème fut résolu en novembre-décembre 1944. À cette époque, la production du SU-85M fut stoppée et remplacée par celle du SU-100. Le SU-100 fut principalement utilisé par l'Union soviétique et ce jusqu'à la fin des années 70. Il fut cependant également livré à la fin de la guerre aux autres membres du Pacte de Varsovie, en Asie, Afrique et Amérique latine.
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Design
Afin de doter les forces blindées soviétiques d'un chasseur de char encore plus puissant que le SU-85, les ingénieurs russes développèrent autour d'un puissant canon de 100mm similaire au B-34 naval, un nouveau chasseur de char. Les plans du nouveau modèle furent envoyés au Ministère de l'Industrie des Blindés (NKTP) et au Département de l'Artillerie Auto-Propulsée en décembre 1943. Le 28 décembre 1943, le NKTP ordonna à Uralmash de monter le canon de 100mm sur le nouveau véhicule. Cependant, il fut vite évident qu'il était impossible de monter le S-34 de 100mm en raison de la largeur du canon limitant trop fortement les mouvements latéraux de celui-ci, et rendant impossible l'installation de la fenêtre du pilote sur la plaque frontale de la superstructure. De nombreuses et coûteuses modifications étaient nécessaires pour installer ce canon mais le TsAKB (Bureau Central d'Étude de l'Artillerie) le voulait absolument.
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Superstructure du SU-100. -
Le canon de 100mm D-10S avait une provision de 18 APHEBC (BR-412B) et de 15 HE-Frag (OF-412). Le BR-412B avait une vélocité initiale de 895 m/s et pouvait percer 100mm de blindage à 1,5 km. Le D-10S était équipé de 2 lunettes, une périscopique et un panoramique. Le compartiment de combat accueillait aussi les commandes du char, les munitions, la radio et les réservoirs avant du char.
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1. Canon. 2. Tourillon supérieur. 3. Frein de recul. 4. Hertz panorama. 5. Support du canon. 6. Mire/pointage d'élévation. 7. Détente électrique. 8. Protection. 9. Levier de tir. 10. Mécanisme d'élévation. 11. Mécanisme de rotation. 12. Lunette TSh-19. 13. Affût. 14. Encaissage de la caisse. 15. Mantelet. 16. Amortisseur. -
Véhicule de première production, octobre 1944. -
SU-100 de première production, Front Nord, automne 1944. -
Armée Rouge, Pologne, janvier 1945. -
1er Corps Mécanisé de la Garde, Armée Rouge, Hongrie, janvier 1945. -
Armée Rouge, Berlin, Allemagne, mai 1945. -
SU-100 de production tardive, unité inconnue, mai 1945. -
Conversions
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SU-122P (1944)
Durant l'automne 1944, les retards concernant la production de masse du SU-100, permirent au bureau d'étude de cette usine de travailler sur un nouveau chasseur de char basé sur le SU-100. Ce véhicule devait être armé du D-2-5S de 122mm. Les premiers essais furent effectués en octobre 1944, puis le prototype passa des tests gouvernementaux qu'il réussit. Le SU-122P fut recommandé pour le service mais n'entra jamais en production en raison d'une cadence de tir peu élevée. Seulement 10 véhicules de présérie furent construits.
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URSS, 1945. -
SU-100M
SU-100 adapté aux conditions désertiques du Moyen Orient.
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En Action
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En rouge : ancien opérateur ; en bleue : encore d’actualité. -
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Grande Guerre Patriotique (1941-1945)
Les premiers SU-100 furent envoyés pour des essais de première ligne en septembre 1944 et reçurent un avis satisfaisant de la part des troupes pour leurs bonne élévation et maniabilité. Mais depuis que le développement de la production de l’APHEBC BR-412B traîna jusqu'en octobre de la même année, les SU-100 en série n'ont été initialement livrés qu'aux établissements d'enseignement militaire, et ce n'est qu'en novembre que les premiers régiments d'artillerie automoteurs furent livrés, formés et envoyés au front. À la fin de l'année, les premières brigades d'artillerie automotrices armées de SU-100 furent formées : 207ème de Leningrad, 208ème de Dvinskaya et 209ème. Sans tenir compte des essais de première ligne à l'automne 1944, selon la Direction de l'Artillerie Automotrice, les premiers SU-100 furent utilisés au combat en janvier 1945 lors de l'opération de Budapest, et plus précisément lors de la bataille du 5 janvier près de la ville de Bichke. Dans des conditions où les troupes soviétiques menaient une offensive stratégique, le SU-100 était souvent utilisé pour compléter la percée de la défense de l'ennemi dans le rôle de canons d'assaut, comme dans l'opération de Prusse orientale, où les 381 et 1207èmes régiments d'artillerie automoteurs étaient impliqués. Dans le même temps, des unités d'artillerie automotrices passaient à l'attaque soit en mouvement, soit avec une préparation en peu de temps. Les premières brigades d'artillerie automotrice de SU-100 furent envoyées au front début février 1945 : les 207 et 209ème au 2ème front ukrainien, et la 208ème au 3ème front. En général, en raison de l'apparition relativement tardive, l'utilisation du SU-100 dans la plupart des secteurs du front était limitée. Les SU-100 furent utilisés le plus massivement lors de l'opération Balaton, lorsqu'ils furent utilisés pour repousser la contre-attaque de la 6ème Armée SS de Panzer du 6 au 16 mars 1945. Dans ce cas, les 207, 208 et 209èmes brigades d'artillerie automotrices étaient impliquées, ainsi que plusieurs régiments d'artillerie automoteurs distincts SU-100. Au cours de l'opération, les SU-100 jouèrent un rôle important pour repousser les attaques de chars allemands et se révélèrent être un outil très efficace dans la lutte contre les véhicules blindés lourds allemands, y compris les Tiger II. Lors des batailles du 11 au 12 mars, en raison de lourdes pertes de chars soviétiques, des SU-100 furent utilisés dans leur rôle, mais en raison de leur vulnérabilité au combat rapproché, l'ordre fut donné d'équiper chaque canon automoteur d'une mitrailleuse légère pour l'autodéfense de l'infanterie ennemie. À la suite de l'opération, le SU-100 obtint un avis extrêmement élevé de la part du commandement. En mars 1945, la 4ème Armée de Chars du 1er front ukrainien reçut le 1727ème Régiment d'Artillerie Automoteur, qui participa activement à l'opération de Haute-Silésie, en particulier pour repousser la contre-attaque de la division d'élite de chars parachutistes « Hermann Goering » le 18 mars. Au total, pendant la période de l'opération du 15 mars au 22 mars, les pertes s’élevèrent à 15 (dont 4 irrémédiablement) SU-100 sur 21 véhicules disponibles au moment du début de l'opération ; la plupart des pertes étaient dues aux tirs d'artillerie ennemie et 3 canons automoteurs se retrouvèrent bloqués dans le marais. En préparation de l'opération de Berlin, fin mars 1945, la 1ère Armée de Chars reçut 27 SU-100, de plus, le 14 avril, le 11ème Corps, qui disposait de 14 canons automoteurs de ce type, était subordonné à l'armée. La 2ème Armée de Chars reçut 31 SU-100 fin mars et 15 autres véhicules de ce type début avril. Au moment où l'opération de Berlin commença, la 4ème Armée était également réapprovisionnée en équipement et comprenait 28 SU-100 (10 véhicules dans le 6ème Corps Mécanisé et 18 dans le 10ème Corps dans le cadre du 416ème Régiment d'Artillerie Automotrice). Dès le début de l'offensive sur Berlin, les SU-100 y prirent une part active, ce qui entraîna des pertes inévitables - par exemple, le 17 avril, lors d'une percée dans les Hauteurs de Seelow, la 1ère Armée de Chars perdit 2 SU-100 (dont un brulé) le 19 avril - 7 machines de ce type. La 2ème Armée perdit 5 SU-100 du 16 au 21 avril, la 4ème perdit 18 SU-100 du 16 au 22 avril (dont 6 irrémédiablement, et 2 véhicules furent victimes de Panzerfaust). Les SU-100 furent également utilisés directement lors de l'assaut sur Berlin, en particulier, lors de l'entrée dans la bataille pour la ville, la 1ère Armée de Chars disposait de 17 SU-100 prêts au combat. Dans les conditions des batailles urbaines, des canons automoteurs étaient attachés à des unités et sous-unités de fusiliers individuels afin de les renforcer ; Ainsi, à partir du 24 avril, la 95ème Brigade de Chars du 9ème Corps (7 T-34-85 et 5 SU-100) fut rattaché au 7ème Corps de Fusiliers. Au 28 avril, la 3ème Armée prenant d'assaut Berlin comptait 33 SU-100 dans les 1818, 1415 et 1049èmes régiments d'artillerie automoteurs et la 95ème Brigade de Chars. À la suite de l'opération sur Berlin, la 2ème Armée perdit irrévocablement 7 SU-100, dont 5 véhicules directement dans la ville, la 3ème - 4 SU-100, la 4ème - 3 SU-100 (du 23 avril au 2 mai). La principale raison des pertes était le feu de l'artillerie ennemie. En mars-mai 1945, la 4ème Brigade d'Artillerie Automotrice, la 231ème, est formée, mais elle n'eut pas le temps de participer aux hostilités en Europe. En plus des combats sur le front germano-soviétique, les 208 et 231èmes brigades d'artillerie automotrices faisant partie de la 6ème Armée prirent part aux combats contre le Japon en août 1945.
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SU-100 soviétique au 1er front ukrainien, avril 1945. -
Insurrection de Budapest (1956)
Utilisation de la part des soviétiques.
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Le 30 octobre 1956, les chars soviétiques quittent Budapest, pour revenir une semaine plus tard pour écraser le soulèvement hongrois. -
Crise du Canal de Suez (1956)
Selon des données israéliennes, lors de l'opération Kadesh, les Égyptiens perdirent 6 SU-100. Quatre SU-100 affectés à une unité distincte de la 53ème Batterie d'Artillerie, furent utilisés par les troupes égyptiennes comme artillerie mobile dans la défense de Port Saïd, mais furent touchés par les parachutistes britanniques le 5 novembre.
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L’un des SU-100 égyptiens détruit par les parachutistes britanniques. -
Débarquement de la Baie des Cochons (1961)
Des SU-100 furent également livrés à Cuba et, en 1961 et furent utilisés pour repousser le Débarquement.
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Fidel Castro dirige les troupes cubaines depuis un SU-100 à Playa Girón, alors que se déroule le Débarquement de la Baie des Cochons, 17 avril 1961. -
Guerre des Six Jours (1967)
Ils furent utilisés en service égyptien pour repousser l'offensive israélienne sur le front du Sinaï, au cours de laquelle 51 SU-100 furent perdus.
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Trois SU-100 et un T-34-85 égyptiens détruit pendant l’avancée israélienne dans le désert du Sinaï, juin 1967. -
Printemps de Prague (1968)
Utilisation de la part des soviétiques.
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Des praguois entourant un ASU-85 lors de l’invasion. -
Guerre du Kippour (1973)
Cinq divisions d’infanterie égyptienne étaient équipés d’un bataillon de SU-100 pour contrer l’offensive israélienne sur le Sinaï. La Syrie les utilisa également pendant la guerre, dès le début de l'offensive des troupes syriennes dans les hauteurs du Golan, les SU-100 se déplacèrent à l'avant-garde des troupes parmi les formations de combat d'infanterie.
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SU-100 abandonné dans les Hauteurs du Golan, vestige de cette guerre. -
Guerre Civile Angolaise (1975-2002)
Certains furent reçut par l’Angola et utilisés pendant la guerre civile.
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Guerre d’Afghanistan (1979-1989)
Utilisation limitée de la part du Contingent de Limité des Troupes Soviétiques d’Afghanistan.
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Guerre de Yougoslavie (1991-2001)
Une utilisation recensée de la part des différents belligérants locaux.
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SU-100 yougoslave pendant un défilé. -
Guerre d’Irak (2003-2012)
Selon certains rapports, des SU-100 étaient également en service en Irak avant le début de la guerre.
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Guerre Civile Yéménite (2014-Aujourd’hui)
Au début de la guerre civile, une trentaine de affûts SU-100 avaient été conservés. Ils furent impliqués dans des batailles urbaines et dans les montagneuses, où ils furent engagés dans des tirs directs sur des positions ennemies.
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Des rebelles houthis avec un SU-100 capturé près de Sanaa, la capitale du Yémen, avant qu'il ne sombre dans l'anarchie. Le rebelle sort par la trappe de chargement des munitions. Cette photo donne un bon aperçu des dômes jumeaux du système d'extraction des gaz du canon. Ce véhicule particulier était un SD-100 (la version tchécoslovaque) et ne fut jamais utilisé de manière opérationnelle par les Houthis après sa capture en 2014.
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SU-100