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Genèse & Production
Le T-28 avec son grand frère, le T-35, fut le char emblématique de l'Armée Rouge d'avant la Grande Guerre Patriotique. Il participa à de nombreuses parades sur la Place Rouge. En 1931, des ingénieurs russes (Bureau de développement OKMO) débutèrent le travail sur un char à 3 tourelles à Leningrad. À la fin de 1931, le premier prototype fut testé sur le terrain. Le nouveau char avait été conçu comme char de rupture (soutient d'infanterie à grande distance). Son architecture devait beaucoup aux conceptions étrangères contemporaines. La disposition à tourelles multiples comprenait une tourelle principale et 2 tourelles secondaires. La tourelle principale de ce nouveau char était armée d'un canon de 45mm et d’une mitrailleuse DT de 7,62mm. Les deux autres tourelles (plus petites) étaient armées de mitrailleuses similaire. La tourelle principale pivotait grâce à un moteur électrique (une innovation pour l'époque). Les tests sur le terrain révélèrent de nombreux défauts au niveau du châssis et de la transmission. En 1932, la section de production de chars de l'usine Bolshevik fut séparée de cette dernière et réorganisée en unité indépendante, l'usine n°174. La 174 fut réservée à la production du T-26 et la production du T-28 fut donc confié au plan industriel Krasniji Putilovetz à partir de novembre 1932.
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Prototype du T-28, 1932. -
Pour assurer la production du T-28 un bureau spécial de développement fut créé (SKB-2), dirigé par O.M. Ivanov. Le 25 février 1933, les 8 premières caisses furent produites et l'assemblage des 4 premiers chars débuta. Le 1er mai, 12 T-28 étaient complétés dont 10 prirent part à une parade militaire à Moscou et 2 à une autre à Leningrad. Le 11 août 1933, le nouveau char fut accepté pour le service sous la désignation T-28.
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T-28 à l'usine. -
La première commande, stipulait une production de 90 exemplaires mais à la fin de 1933, seulement 41 véhicules purent être complété. Au total, 503 exemplaires furent produits jusqu'à la fin de la production en 1938.
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Variante de production précoce, dans des manœuvres de 1935. -
Design
L'équipage du T-28 était composé de 6 hommes : le pilote - 2 mitrailleurs dans les tourelles secondaires frontales - le tireur, le chargeur-mitrailleur et le commandant dans la tourelle principal. Le poste du pilote était situé entre les deux tourelles secondaires, à l'avant. Pour sa vision, il disposait d'une fenêtre de conduite, protégée par un volet blindé monté sur charnière et disposant d'une fente de vision. Logiquement, le volet était abaissé en condition de combat. Des crochets de remorquage étaient disposés par paires à l'avant et à l'arrière du bas de caisse du T-28. À l'origine, seuls les chars de commandement disposaient d'un poste radio mais par la suite tous les véhicules en furent équipés.
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Parties frontales et arrière de la caisse. -
La disposition des racks de munitions dans le T-28. -
Le T-28 fut à l'origine équipé du canon court KT-28 de 76,2mm. Cependant, les derniers exemplaires furent réarmés avec le canon L-10 du même calibre, plus puissant et plus long (L/26). Le L-10 avait une vélocité initiale de 555 m/s. Cependant, peu de canon L-10 étaient disponibles et beaucoup de T-28 de fin de production gardèrent le KT-28. Les deux tourelles secondaires frontales, étaient toutes les deux armées d'une mitrailleuse DT de 7,62mm. Chacune pouvait pivoter sur 165°. Les derniers exemplaires de T-28 furent équipé d'un affût circulaire P-40 pour mitrailleuse DT de 7,62mm AA. Certains exemplaires du modèle T-28 Mod. 1934 perdirent une mitrailleuse au profit d'un canon de 45mm sur l'une des tourelles avant. Ce canon de 45mm avait une vitesse initiale de 717 m/s avait un pouvoir perforant plus important que le canon principal. L'adoption du canon L-10 de 76,2mm sur le T-28 Mod. 1938 rendit inutile le montage d'un canon de 45mm.
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Emplacement des tourelles. -
Les premiers T-28 furent équipés d'un moteur arrière Hispano-Suiza de 375 ch. Cependant, la majorité des T-28 furent équipés d'un moteur essence M17 (V12) développant 450 ch à 1 750 t/min (version améliorée du Liberty d'aviation). Il était équipé d'une boîte de vitesse à 5 rapports en marche avant et 1 marche arrière. Le T-28 embarquait 650 L de carburant. Au niveau performance, le T-28 pouvait atteindre les 37 km/h et parcourir 220 km sur route et 160 km en tout-terrain sur son propre carburant. Or, l'ensemble moteur-transmission connaissait de nombreux problèmes en majorité dus à des procédés technologiques de fabrication peu développés et à l'inexpérience des équipages au niveau maintenance.
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Pont arrière. -
La suspension du T-28 inspirée de celle des 15 Vickers Medium achetés en 1930, était composée de 6 chariots, équipés chacun de 2 petits double-galets à bandages de caoutchouc suspendus chacun à un ressort à boudin, de 4 double-rouleaux porteurs, d'une double-poulie de tension avant et d'un double-barbotin arrière. Les chariots étaient protégés par une large plaque de blindage. Les chenilles du T-28 étaient composées chacune de 76 patins en acier avec guide central. Les patins avaient une largeur de 39 cm, ce qui assurait au char une pression au sol de 0,67 kg/cm².
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Train de roulement. -
Zoom sur la suspension. -
Le blindage du T-28 était assemblé par soudure et était peu épais. En effet, le blindage frontal ne dépassait pas les 30mm (seulement pour la caisse) et en moyenne n'était que 20mm pour toutes autres parties verticales. Pour compenser la faiblesse du blindage face aux armes AT modernes, des plaques de blindage supplémentaires furent montées sur plusieurs exemplaires (T-28e), portant l'épaisseur de la tourelle et de l'avant de la caisse à 80mm et celle des flancs à 50mm. Ces T-28 avec blindage extra furent utilisés avec succès dans les opérations finales qui amenèrent la percée de la ligne Mannerheim en février 1940, lors de la guerre russo-finlandaise.
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Schéma du blindage du T-28. -
Durant les années 30, le T-28 fut le char moyen le plus puissant de la planète. Cependant avec l'augmentation de la puissance des armes AT qui nécessitait comme réponse un blindage plus épais et une plus grande vitesse, le T-28 était devenu un char obsolète à l'aube de la 2ème Guerre Mondiale.
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Modèles
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T-28 Mod. 1934 (T-28A) (1934)
Principal modèle produit. Ce modèle se distinguait du prototype au niveau de l'assemblage qui était obtenu désormais par soudure (rivetage pour le prototype) et de l'armement principal qui consistait désormais en un canon court KT-28 de 76,2mm (à la place du canon de 45mm du prototype). Le châssis et la transmission furent également améliorés (T-35A).
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Unité inconnue, Armée Rouge, URSS, opération Barbarossa, été 1941. -
10ème Division de Chars, 15ème Corps Mécanisé, Front sud-ouest, Ukraine, juin 1941. -
150ème Brigade de Chars, 3ème Armée, URSS, janvier 1942. -
T-28 Mod. 1938 (T-28B) (1938)
En 1938, le T-28 fut réarmé avec le canon L-10 de 76,2mm.
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Unité blindée inconnue, Front Est, août 1941. -
Armée finlandaise, mars 1940. -
3ème Division de Chars, Lituanie, été 1941. -
T-28e (T-28C) (1939)
À partir de décembre 1939, la protection fut améliorée par le montage de plaques de blindage supplémentaire. Le blindage était de 80mm à l'avant et de 40mm sur les côtés et le poids était désormais de 32 t. Ce modèle fut baptisé T-28e (ekranirovannij = surblindé).
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220ème Brigade de Chars, 55ème Armée, Front de Leningrad, septembre 1942. -
T-28 Mod. 1940 (1940)
En 1940, le T-28 fut équipé d'une tourelle conique comme sur les derniers T-35.
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1ère Division Blindée, Armée Rouge, Front Nord, URSS, août 1941. -
Le dernier modèle malgré des améliorations et un blindage renforcé était devenu complètement obsolète à la fin de 1941. Il ne sera guère plus utilisé que comme véhicule de soutien d'infanterie.
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Conversions
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IT-28 (1938)
Poseur de pont, basé sur le T-28e et sans tourelle principale. Il gardait cependant les deux tourelles à mitrailleuse et avait un équipage de 5 hommes. Il fit son apparition en 1938-1939. Le pont en acier faisait 13 m de long et pouvait supporter un véhicule de 50 t. Le pont pouvait être opérationnel en 3 min. Cette conversion fut utilisée durant la Guerre d'Hiver contre la Finlande en 1939-1940.
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SU-8 (1934)
Prototype de canon automoteur armé soit du canon côtier de 152,4mm ou du canon AA Mod. 1931 de 76,2mm. Il pesait environ 17,6 t et pouvait atteindre les 37 km/h.
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T-29 (1934)
En 1934, une version expérimentale du T-28 développée à l'usine de Kirov, fut testée avec une suspension Christie à l'instar des BT. Comme ces derniers, le T-29 pouvait rouler soit sur ses chenilles soit sur ses roues. Le projet fut abandonné quand le T-34 fut accepté pour la production.
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Version expérimentale du T-28 avec adaptation de la suspension américaine Christie. -
Obyekt 112 (1938)
Projet de char moyen, qui était un T-28 avec une suspension similaire au T-35. Développé par le KB de l'usine de Kirov sous la houlette de Kotin en 1938.
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Autres
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T-28 expérimental avec canon F-34 de 76,2mm.
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En Action
Les premiers T-28 commencèrent à arriver dans le 2ème Régiment de Chars à Strelna à l'automne 1933. En mars 1934, sur la base des unités qui lui étaient attribuées, un régiment de chars d'entraînement commença à se former, après quoi, en novembre 1934, il fut transféré à Slutsk (aujourd'hui Pavlovsk). Selon l'état 10/484, il était censé avoir 30 T-28. En avril 1934, les effectifs furent modifiés, après quoi le régiment aurait dû être composé de 50 T-28, 3 T-37 et 3 BA. En 1934, un autre régiment de chars d'entraînement est formé à Kharkov. Initialement, il était prévu de l'équiper du T-35, mais en raison du manque de véhicules, le T-28 y était également inclus. En septembre 1935, pour participer aux manœuvres de Kiev, en tant qu'unité temporaire, le 4ème Bataillon de Chars du RGK fut formé avec 20 T-28. Le 12 décembre 1935, sur ordre du Commissaire du Peuple à la Défense, des régiments de chars furent déployés dans des brigades de chars lourds distinctes. Conformément à cet ordre, le TTBR se composait de 3 bataillons de chars, d'un bataillon d'entraînement, d'un bataillon d'appui au combat et d'autres unités. Le TBR comprenait 54 T-28, 16 BT, 11 T-26, 7 T-26 équipés de radio et 3 BKhM-3, ainsi que de nombreux véhicules. Le personnel de la brigade était de 1 400. Les deux régiments de chars existants du RGK furent transférés au T-28 : le 1er à Smolensk et le 4ème à Kiev. Dans le même temps, tous les régiments furent réorganisés en brigades de chars lourds du RGK. C'est ainsi qu'apparurent les 1er et 4ème TTBR RGK (les brigades avec T-26 et BT étaient dites « mécanisées »). Le régiment de chars d'entraînement à Kharkov devint le 5ème et à Slutsk - le 6ème TTBR RGK. Le processus de réforme traîna en longueur jusqu'au printemps 1936. En mai, les 2 et 3èmes régiments de chars séparés du RGK (Strelna et Ryazan, respectivement) furent réorganisés en TTBR. En 1937, faute de matériel, les brigades furent transférées dans la réserve. En 1938, ils furent réorganisés en régiments de chars légers.
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Les T-28 produits en 1936 défilent sur la Place Rouge de Moscou, 7 novembre 1939. -
Par ordre du Commissaire du Peuple à la Défense du 21 mai 1936, des brigades de chars lourds furent affectées à la Réserve du Haut Commandement (RGK). Le but principal de ces unités fut défini comme « le renforcement qualitatif des formations de fusiliers et de chars lors de la percée des positions fortifiées de l'ennemi ». Conformément à cette mission, un programme fut élaboré selon lequel le personnel de la TTBR fut formé. La formation des tankistes sur le T-28 était effectuée dans la 2ème Brigade de Chars de Réserve (Slutsk), l'École de Blindée d'Oryol, ainsi qu'aux cours d'amélioration du Commandement de Blindé de Leningrad. Conformément à la Charte de l'Armée Rouge, le calcul de l'équipage de combat du T-28 à partir de janvier 1936 était le suivant (l'orthographe et la ponctuation de l'original ont été conservées) : « Commandant de char (lieutenant) - placé dans la tourelle principale n°1 à droite du canon près du périscope. Il tire à partir d'un moteur diesel, charge une arme à feu avec l'aide d'un opérateur radio et commande le char. Technicien de char junior (technicien militaire de 2ème rang) - placé devant le char dans le compartiment de contrôle. Contrôle directement le mouvement du char, est responsable de son état technique. En dehors des combats, il supervise la formation des chauffeurs-mécaniciens et des gardiens. Le conducteur (contremaître) - situé dans la tourelle n°2 (mitrailleuse gauche), tire avec une mitrailleuse, s'occupe du moteur. Commandant de tourelle d'artillerie (commandant de peloton junior) - situé dans la tourelle n°1 à gauche, tire avec un canon de 76mm. Responsable de l'état d'armement du char. En dehors des combats, il supervise la formation des mitrailleurs. Commandant de la tourelle de mitrailleuse n°3 (commandant séparé) - placé dans la tourelle n°3 (mitrailleuse droite), tire à partir d'une mitrailleuse. S’occupe de l’entretien des chenilles du chars. Opérateur radio (commandant séparé) - situé dans la tourelle n°1, dessert la station de radio, aide à charger l'arme au combat. Conducteur junior (commandant de peloton junior) - situé à l'extérieur du char. Fournit un entretien, un nettoyage et une lubrification constants de la transmission et du châssis avant le combat et après la bataille. Ingénieur (personnel technique junior) - situé à l'extérieur du char. Fournit un soin constant du moteur, son nettoyage et sa lubrification. » Jusqu'en 1939, les T-28 n'étaient pas utilisés au combat, mais ils participaient à plusieurs reprises à des manœuvres et exercices militaires (pour la première fois - en janvier 1934). Dans le même temps, il y avait souvent des critiques positives sur les caractéristiques de performance des chars, mais il y avait des plaintes concernant la qualité et la fiabilité des véhicules. De plus, de 1933 jusqu'au début de la 2ème Guerre Mondiale, les T-28 participèrent régulièrement à des défilés militaires les 1er mai et 7 novembre à Moscou (Place Rouge, environ 20 chars), Leningrad (Place du Palais, 10-12 chars) et Kiev (Khreshchatyk, 10-12 chars). En septembre 1939, les 10 et 21èmes brigades de chars (respectivement 98 et 105 T-28) participèrent à la « campagne de libération » de l'ouest de l'Ukraine. Le 10ème TB opérait dans le cadre du front ukrainien, le 21ème TB - dans le cadre du front biélorusse. Malgré le fait qu'il n'y a pratiquement pas eu d'affrontements avec l'ennemi pendant la campagne, les T-28 se montrèrent très bien, parcourant 350 à 400 km et démontrant une fiabilité très satisfaisante. Les schémas de camouflage sophistiqués aux couleurs des T-28 qui se trouvaient dans le TBR n'étaient pratiquement pas utilisés. En règle générale, les chars étaient peints avec de la peinture olive 4BO, standard pour les véhicules blindés de l'Armée Rouge. En hiver, un camouflage temporaire fut appliqué avec de la peinture blanche lavable.
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T-28 à Leningrad, 1940. -
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Guerre d’Hiver (1939-1940)
La 20ème Brigade de Chars Lourds du nom de SM Kirov, armée de T-28, prit part aux combats sur l'Isthme de Carélie pendant la guerre soviéto-finlandaise (les données sur la participation aux combats en Carélie de la 10ème Brigade de Chars ne correspond pas à la réalité). La brigade était composée de 105 T-28, dont la plupart étaient armés de canons L-10, ainsi que de BT-5 (8), BT-7 (21), de BKhM-3 (11), 20 véhicules blindés, de nombreux camions et 2 926 soldats. Pendant les batailles sur la Ligne Mannerheim, les T-28 furent utilisés aux fins prévues - pour soutenir l'infanterie lors de la percée de positions ennemies fortifiées. Dans le même temps, malgré le fait que le T-28 ait été créé selon les exigences du début des années 30, leur utilisation fut généralement très réussie, notamment par rapport aux T-26 et BT. En particulier, les T-28 se déplaçaient facilement dans la neige de 80 à 90 cm de profondeur, surmontaient bien les fossés, les escarpements et autres obstacles AT, la puissance de feu des canons était tout à fait suffisante pour faire face efficacement aux bunkers et même aux petits bunkers, et beaucoup de mitrailleuses permettaient de créer une véritable pluie de plomb. Cependant, dans le même temps, le blindage des chars ne leur permettait pas de résister efficacement au feu de l'artillerie AT. en particulier des canons Bofors de 37mm. Le rôle de la 20ème Brigade de Chars dans la percée de la Ligne Mannerheim ne peut guère être surestimé. Grâce à la direction habile et énergique, la brigade combattit beaucoup plus efficacement que les autres unités. Dans le même temps, il fut possible d'organiser une bonne coordination des actions de la brigade de chars avec d'autres branches des forces armées (bien qu'il y eût des problèmes dans sa mise en œuvre technique, ce qui causa parfois de lourdes pertes). Le Commandement de l'Armée Rouge apprécia hautement les actions de la 20ème Brigade de Chars pendant la Guerre d'Hiver - en avril 1940, par décret du Présidium du Soviet Suprême de l'URSS, la brigade reçut l'Ordre de la Bannière Rouge de Guerre, désormais appelée Bannière Rouge. 21 tankistes reçurent le titre de Héros de l'Union Soviétique, 613 soldats reçurent des ordres et des médailles.
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Une colonne de T-28 de la 20ème Brigade de Chars « S.M.Kirov » se dirige vers l'isthme carélien. Un camouflage hivernal temporaire fut appliqué sur les chars avec de la peinture à base d'eau, décembre 1939. -
Au total, pour la période du 30 novembre 1939 au 13 mars 1940, les pertes de la 20ème Brigade de Chars s'élevèrent à : Personnel : 564 victimes, dont 169 morts ; Matérielle : 482 chars, dont 155 furent touchés par des tirs d'artillerie, 77 détruits par des mines, 30 incendiés, 21 se noyèrent dans des marécages ou des lacs, 2 furent capturés par les Finlandais et 197 pour raisons techniques. Cependant, sur 482 T-28 perdus lors des combats, 386 chars furent restaurés et remis en service, soit plus de 80%. Un pourcentage aussi élevé de véhicules restaurés dût au bon travail du Service de Réparation et de Récupération de la brigade, à un bon approvisionnement en pièces de rechange et à la proximité de l'usine de Kirov - le fabricant du T-28. Dans le même temps, un total de 172 T-28 participèrent aux batailles en Carélie dans le cadre de la 20ème Brigade de Chars au début de la guerre, et 67 autres nouveaux chars furent reçus par la brigade au cours des hostilités. Autrement dit, en moyenne, chaque T-28 participant à la guerre tomba en panne, fut restauré et remis en service au moins 2 fois. Les pertes irrécupérables des T-28 à la fin de la guerre s'élevaient à 32 véhicules (30 incendiés et 2 capturés). Cependant, seuls 18 furent mis hors service. Cependant, si l'on considère que 37 véhicules endommagés ne purent être restaurés (les 2 tiers en raison du manque de pièces de rechange), alors 55 T-28 peuvent être considérés comme des victimes de la guerre. Ainsi, l'utilisation du T-28 pendant la Guerre d'Hiver montra que, sous réserve d'une bonne utilisation et d'un bon approvisionnement en pièces de rechange, ces chars sont des véhicules puissants, fiables et maintenables, malgré des conditions climatiques difficiles, des bombardements et des champs de mines. Il fut également conclu que les T-28 n'étaient pas suffisamment protégés, ce qui conduisit au développement de blindages plus performant.
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T-28, abattu lors de l'attaque sur la hauteur de 65.5 dans la région de Vyborg, janvier 1940. -
Grande Guerre Patriotique (1941-1945)
À l'été 1941, le T-28 était déjà obsolète du point de vue de la conception (en particulier par rapport au nouveau T-34), cependant, en termes d'armement, le char était supérieur à tous les véhicules disponibles à l'époque à la disposition de la Wehrmacht, et en termes de protection blindée, il était insignifiant juste derrière le Pz.Kpfw. IV (les T-28e étaient supérieurs en blindage à tous les véhicules blindés disponibles dans la Wehrmacht). Cependant, tous les chars disponibles n'étaient pas prêts au combat - l'usure de la plupart des véhicules et la pénurie chronique de pièces de rechange pour eux, que l'usine de Kirov produisait de moins en moins en raison du passage à la production d'autres véhicules, fit son effet.
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Photo d'un T-28 soviétique, abandonné par l'équipage. Le sur-blindage du char est clairement visible, en particulier la tourelle principale. La photo fut prise par un journaliste allemand, Ukraine, juillet 1941. -
De plus, deux chars se trouvaient à l'usine n°92 et 2 autres, dont des IT-28 au NIABT Polygon à Koubinka. Ainsi, au début de la 2ème Guerre mondiale, l'Armée Rouge disposait de 484 T-28. Sur les 39 chars impersonnels, 2 étaient en réparation (envoyés à Pskov le 1er juillet 1941), 15 étaient en attente de réparation (dont 4 n'étaient pas aptes à la restauration) et 22 étaient des caisses blindées vides. Environ 250 véhicules étaient entièrement prêts au combat (cependant, les problèmes croissants de pièces détachées permettent de revoir ce chiffre à la baisse à environ 200 véhicules). La plupart d'entre eux se trouvaient dans les districts militaires de l'ouest. Sur les 442 chars de l'armée, seuls 200 environ étaient armés de canons L-10. La dotation en personnel et la structure organisationnelle des unités qui possédaient le T-28, au début de la Grande Guerre Patriotique, subirent également des changements importants. À partir de l'été 1940, il y eut une transition progressive des forces blindées vers un nouveau schéma d'organisation - les brigades de chars lourds furent progressivement dissoutes et des divisions de chars furent formées à partir de leur personnel et de leur matériel dans le cadre de corps mécanisés. Par exemple, la 20ème Brigade de Chars, qui participa à la Guerre d'Hiver, fut transformée en 1ère Division de Chars du 1er Corps Mécanisé, et certains des chars de sa composition furent transférés à la 3ème Division de Chars du même. Les T-28 furent activement utilisés au début de la guerre, mais presque tous furent perdus au cours des premiers mois des hostilités. Outre l'utilisation analphabète, le manque de carburant et de munitions et la désorganisation générale des unités de l'Armée Rouge, la principale raison des pertes était la détérioration technique de la plupart des chars et le manque presque total de pièces de rechange pour eux. Par exemple, le « Rapport sur les activités de combat de la 10ème Division de Chars sur le front de la lutte contre le fascisme allemand pour la période du 22 juin au 1er août 1941 » contient les données suivantes sur les T-28 qui faisaient partie de la division : « Selon leur état technique, les T-28 avaient une réserve de marche moyenne allant jusqu'à 75h. Pour la plupart, ils nécessitaient le remplacement des moteurs et, en raison de leur état technique, ne pouvaient pas être utilisés dans une longue opération. Au 22 juin, il y avait 51 T-28, dont 44 furent retirés sous le feu. Le manque presque total de pièces de rechange eut immédiatement un effet néfaste pendant la période des hostilités. Les machines tombaient souvent en panne en raison de moindres dysfonctionnements techniques. » Conformément à ce document, sur 51 T-28 perdus par le 10ème TD du 15ème Corps Mécanisé au cours de la période indiquée, seuls 4 véhicules furent touchés au combat, 4 autres échouèrent lors de l'exécution d'une mission de combat, 4 restèrent utilisable ; en raison du manque de carburant et de lubrifiants, 3 disparurent et 2 restèrent bloqués sur des obstacles. Les 32 chars restants tombèrent en panne pour des raisons techniques et furent abandonnés. Quant au district militaire spécial de l'Ouest, 58 de ses T-28 étaient entreposés dans le camp militaire de la 4ème Panzerdivision. Les tentatives d'extraction des chars échouèrent - tous les véhicules restèrent sur le territoire ennemi.
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T-28 de la 3ème Division de Chars, abattu par l'artillerie AT allemande. Apparemment, la chenille droite fut endommagée par un tir, front nord-ouest, août 1941. -
Dans le même temps, la pratique montra qu'avec une utilisation appropriée du T-28 (en particulier du T-28e), ils sont capables de faire face efficacement à tous les types de véhicules blindés ennemis et de résister au feu de l'artillerie AT de petit calibre. Les T-28 furent également marqués par des actes d'héroïsme de la part des tankistes soviétiques. Par exemple, le 3 juillet 1941, le T-28 (un char qui subit une révision majeure au dépôt de réparation n°7 ; fut expédié dans l'un des entrepôts de Minsk), sous le commandement du major Vasechkin des forces de chars, avec un équipage composé du chauffeur Dmitry Malko et 3 cadets, fit un raid sur les Allemands qui avaient déjà capturés Minsk, percutant des camions ennemis, abattant l'infanterie, détruisant l'ennemi avec des tirs de canon et de mitrailleuse. Un groupe de soldats et un camion dans la rue furent vaincu. Après avoir épuisé ses munitions, le char commença à quitter la ville et ne fut arrêté qu'à la périphérie est par le feu d'une batterie AT. Le major Vasechkin décéda après être sorti du char en feu. Le chauffeur, le sergent principal Dmitry Malko, réussit à quitter le char et à traverser la ligne de front. Le commandant de la tourelle de mitrailleuse n°3, le cadet Nikolai Pedan, fut capturé et libéré en 1945. Le cadet de chargement Fyodor Naumov fut caché dans le métro par des femmes locales, après quoi il se dirigea vers les partisans. Le sort ultérieur du dernier cadet, Alexander Rachitsky, est inconnu. À l'automne et à l'hiver 1941, les T-28 survivants continuèrent à se rencontrer occasionnellement sur les fronts. Le général Lelyushenko rappela qu'il avait obtenu « 16 T-28 sans moteurs, mais avec des canons utilisables » sur un terrain d'entraînement abandonné et les avait utilisés comme points de tir fixes en direction de Borodino. Au moins un de ces chars détruit au moins 4 ennemis. Un petit nombre de ces machines participa à la bataille de Moscou. Au printemps 1942, les T-28 n'étaient disponibles que dans le district militaire de Leningrad (environ 20 véhicules). La longévité relative du T-28 dans le LVO s'explique, d'une part, par la proximité de l'usine de Kirov, qui disposait encore d'un stock de pièces détachées pour eux, et, d'autre part, par le fait que les pièces des LVO étaient principalement ceux des T-28e, ce qui représentait un sérieux problème pour les chars et les canons AT allemands. Les T-28 furent activement utilisés dans la défense de Leningrad (y compris comme points de tir fixes). Leur dernière utilisation au combat dans l'Armée Rouge fut enregistrée à l'hiver 1944, lors de l'opération de levée du blocus de Leningrad. Les T-28 capturés furent utilisés par l'Armée Finlandaise. Pendant la Guerre d'Hiver, les Finlandais capturèrent 2 véhicules pratiquement utilisables (de la 20ème Brigade de Chars) et en août 1941, 10 autres (de la 107ème brigade). Parmi ces machines, 7 furent réparées et mises en service. L'un des véhicules avait un blindage soviétique, les autres étaient protégés par les Finlandais, tandis que le schéma de blindage finlandais par endroits différait considérablement de celui des Soviétiques. En particulier, la protection blindée du mantelet du canon fut renforcée (en outre, il y eut des tentatives de réarmement du T-28 avec des canons F-22 soviétiques capturés, mais en vain). Sept T-28 étaient en service dans la seule brigade de chars finlandaise, qui participa aux combats en Carélie de 1941 à 1944, notamment lors de la défense de Vyborg par les Finlandais. Déjà après le retrait de la Finlande de la guerre, en 1945, un T-28 fut converti en véhicule de réparation et de récupération. Les T-28 étaient en service dans l'Armée Finlandaise jusqu'en 1951.
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T-28 capturé par les Finlandais à Varkaus, 1940. -
Les données sur l'utilisation des T-28 capturés par la Wehrmacht sont pratiquement absentes. Seules quelques photographies du T-28 avec des marques d'identification allemande survécurent et, très probablement, elles représentent la même machine. Dans le même temps, dans la Wehrmacht, le char réussit à recevoir une désignation officielle : Pz.Kpfw. 746(r). Cela suggère que si ces chars étaient utilisés par l'Armée Allemande au combat, alors leur utilisation était épisodique, et les chars ne dépassaient pas 10 exemplaires (très probablement 3-4 véhicules). De plus, on sait de manière fiable qu'un T-28 capturé techniquement utilisable fut livré par les Allemands au terrain d'entraînement de chars de Kummersdorf et soigneusement étudié. Le sort ultérieur de cette machine n'a pu être établi. Un T-28 fut capturé par les troupes hongroises à l'été 1941, mais ne fut apparemment pas utilisé au combat, et existe depuis 1941. De plus, on sait que 2 des T-28 capturés furent retrouvés dans l'Armée Roumaine. Ces véhicules furent également capturés à l'été 1941 et installés sur l'une des places de Bucarest pour une exposition publique.
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T-28 capturé et utilisé par la Wehrmacht. Les marques d'identification sont clairement visibles. La photo fut prise à l'automne 1941 sur le territoire de l'ouest de l'Ukraine.
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T-28