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Durant l'opération Barbarossa, les Russes perdirent des milliers de tonnes de matériel blindé et d'artillerie. Avec l'avancée allemande, beaucoup d'usines durent migrer vers l'Est ce qui perturba énormément les capacités de production des Russes, incapables dès lors de compenser les pertes subies. Il n'est donc pas étonnant que chaque équipement en état de fonctionner ait été utilisé par les Russes qu’ils proviennent de leurs propres arsenaux ou capturé à l'ennemi. Même si les Allemands capturèrent beaucoup plus d'équipement que les Russes qui reculaient, ces derniers réussirent cependant à capturer un certain nombre de véhicules et pièces d'artillerie allemandes. Parmi ce matériel pris à l'ennemi, 20 à 40% était inutilisable en raison du manque de pièces de rechange pour la maintenance surtout au niveau de l'armement. Le 21 décembre 1941, le Narkomat Vooruzhebia ordonna à plusieurs usines de réarmer les chars capturés avec des canons russes pour résoudre ce problème. Les prototypes furent montrés au NKV en février et mars 1942, dont le prototype de l'usine n°592 qui nous intéresse ici.
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Ce nouveau canon automoteur était basé sur le StuG III (lui-même basé sur le Panzer III) dont le compartiment de combat initial avait été remplacé par un compartiment plus spacieux pour accueillir l'obusier M-30 de 122mm. L'obusier de 122mm fut choisi parce qu'il était disponible en grand nombre dans les réserves et en raison de sa grande qualité. Les Russes ne les avaient pas utilisés en raison du manque de tracteurs d'artillerie et d'affûts disponibles. En mai 1942, le véhicule fut testé et renommé SG-122 (Artsturm) ou SG-122(A) (Samokhodnaya Gaubitza = obusier automoteur). Le SG-122(A) était basé sur le châssis du StuG III Ausf. C/D. Le compartiment de combat d'origine fit place à un large caisson blindé épais de 45mm à l'avant, de 20-35mm sur les autres faces. Ce compartiment accueillait l'obusier M-30 de 122mm à la place du StuK de 75mm allemand. La plupart des munitions étaient rangés le long des côtés du compartiment mais quelques obus étaient rangés sur le plancher derrière l'affût. L'équipage était composé de 5 hommes : le pilote (coin avant-gauche), le commandant (derrière le pilote), le premier chargeur-radio (derrière le commandant), le tireur (à droite du commandant), et le second chargeur (derrière le tireur). L'accès au véhicule se faisait via 2 trappes dont la première était située à l'arrière du compartiment de combat et la seconde à l'avant du compartiment en face du poste du tireur. Le SG-122(A) était toujours équipé du poste radio initiale d'origine allemande. Le prototype fut testé sur routes et en tout terrain sur 480 km. Il effectua 66 tirs directs ou indirects. Les essais démontrèrent ses excellentes capacités au combat mais plusieurs défauts furent notés cependant : les performances sur terrain rugueux étaient faibles ; les premiers galets étaient surchargés, la capacité des réservoirs insuffisante, la ventilation aussi... L'usine n°592 reçus donc l'ordre d'améliorer son prototype et d'utiliser cette fois-ci les châssis de Panzer III disponibles en plus grand nombre avec une nouvelle superstructure munit de trappes latérales. L'usine n°592 fabriqua 2 nouveaux prototypes sur base du châssis du StuG III et du Panzer III.
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Superstructure. -
Le compartiment des nouveaux prototypes avait un blindage moins important (35mm à l'avant et 25mm sur les autres côtés) ce qui permit de soulager les premiers galets et améliorer les performances sur terrain rugueux. À présent, le tireur était placé devant le commandant et disposait de sa propre trappe sur le toit du compartiment (celle située à l'avant sur le premier prototype fut supprimée). Le commandant fut équipé d'un périscope de reconnaissance d'artillerie et d'un optique panoramique situé sur sa trappe. Les sabords de tir au pistolet d'origine furent remplacés par un modèle russe permettant l'usage de pistolets TT et de mitraillettes PPSh. L'obusier fut allégé et le chargement fut facilité par l'ajout d'un rail escamotable. Un nouveau ventilateur électrique fut ajouté. Afin d'améliorer l'autonomie du char, des réservoirs externes furent ajoutés (forme rectangulaire). Les outils allemands furent remplacés par un outillage russe. La station radio fut déplacée sur la droite du compartiment. Un nouveau mantelet moulé fut fabriqué par Uralmash spécialement pour le SG-122(A). Il était plus économique et protégeait l'obusier des fragments de projectiles et permit la suppression du large et lourd bouclier original. En septembre 1942, l'usine n°592 fut invitée à produire 10 SG-122(A) modifiés mais cette commande ne fut jamais réalisée en raison du manque de plaques de blindage et de chars allemands capturés disponibles. Fin 1942, 8 canons automoteurs (canons de 122mm et 76mm) avaient été produits sur base du StuG III et 2 autres véhicules furent produits sur base de Panzer III et IV. Le 15 novembre 1942, 3 SG-122(A) expérimentaux furent testés à Sverdlovsk. Le 5 décembre 1942, un SG-122(A) basé sur le Panzer III fut livré à Gorokhovestsij pour des tests comparatifs avec le U-35 (futur SU-122). Après ces tests, le projet fut abandonné. Tous les exemplaires furent utilisés comme véhicule d'instruction.
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Avant et arrière de caisse. -
Pont arrière. -
Suspension. -
Canon automoteur basé sur le châssis allemand du Pz.Kpfw. III, armé de l'obusier M-30 de 122mm. Testé sur les Terrains d’Essais de Sverdlovsk, 15 novembre 1942.
SG-122(A)
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