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Grosstraktor I (Daimler-Benz) (1928)
En 1925, Rheinmetall-Borsig, Daimler-Benz et Krupp reçurent l'ordre de concevoir des chars moyens/lourds nommés Armeewagen 20 (Voiture Militaire 20). Ces modèles devaient être longs de 6 m, larges de 2,4 m, et armés du canon de 75mm monté dans une tourelle tournante et peser dans les 15 t. Chaque firme devait produire 2 prototypes en acier doux (6-14mm) sous le couvert de véhicules utilitaires. Krupp produisit sa propre tourelle pour son propre design, alors que Rheinmetall concevait une tourelle pour son usage et celui de Daimler-Benz.
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Le travail débuta en 1925 et des essais furent projetés pour 1929-1930. Le Grosstraktor de Daimler-Benz fut dessiné par le Dr. Porsche et était armé du canon de 75mm KwK L/24 monté dans une tourelle centrale et de 3-4 mitrailleuses de 7,92mm montées dans de petites tourelles. Ce char, il faut le noter, possédait des aptitudes amphibies et était propulsé par un 6 cylindres (essence) Daimler M182206 développant 255-260 ch. Sa suspension était plutôt sophistiquée avec des ressorts lame. Seulement deux prototypes en acier doux furent complétés en 1929 et 1930 et testés dans le plus grand secret. Ces prototypes connurent des problèmes de transmission, ce qui annula tout développement ultérieur. L'un des deux fut réarmé avec une version allongée du canon de 75mm.
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Grosstraktor II (Rheinmetall-Borsig) (1930)
Le Grosstraktor II fut développé par Rheinmetall-Borsig et était armé du canon de 75mm KwK L/24 et de 3 mitrailleuses de 7,92mm. De conception plus simple que le Grosstraktor I, il possédait en outre des portes d'accès latérales et aussi des possibilités amphibies. Seulement 2 prototypes furent produits en 1928 puis en 1929. Ils furent par après modifiés en 1930, 1932 et 1933. Le Grosstraktor était propulsé par un 6 cylindres BMW Va développant 250 ch.
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Grosstraktor III (Krupp) (1931)
Le Grosstraktor III conçu par Krupp était très semblable aux autres conceptions mais possédaient beaucoup de différences dans le détail. Deux prototypes seulement furent produits, en 1928 et en 1929 et furent tous deux modifiés en 1931. La suspension était munie de ressorts hélicoïdaux.
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Les Grosstraktor avait un poids d'environ 16 t et une vitesse maximum de 40-44 km/h. Aucun de ces prototypes en raison de nombreux problèmes et défauts n'entra en production. En 1933, après la fin de la coopération germano-soviétique, les prototypes retournèrent en Allemagne. Ceux de Krupp et Rheinmetall-Borsig furent employés pour la formation. Par la suite, ils furent versés dans la 1ère Panzerdivision et participèrent aux manœuvres d'août 1935. Les prototypes de Daimler-Benz finirent comme monuments aux QG du 1er Régiment de Panzer à Erfurt et du 5ème Régiment de Panzer à Wundsdorf. Après 1935, les prototypes furent employés pour la formation. En 1937, un prototype de Krupp ou de Rheinmetall fini comme monument au QG du 5ème Régiment de Panzer à Wundsdorf. Les deux restants furent ferraillés ou employés comme cible lors d'exercices.
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D.W. I & D.W. II (1938)
Fin janvier 1937, Henschel reçut la commande d'un nouveau char de la classe des 30 t, le Durchbruchwagen I (Char de Percée I). Ce char était destiné à percer les lignes fortifiés et bien défendues de l'ennemi. Le D.W. I devait également remplacer à terme le Panzer III et le Panzer IV. Henschel mis au point un prototype doté d'un blindage de 50mm d'épaisseur et d'une suspension avec 5 galets et 3 rouleaux porteurs. Krupp fut chargé de la production de la tourelle et de l'armement. Il décida de produire une tourelle similaire à celle du Panzer IV et armée du comme ce dernier du 75mm KwK 37 L/24. Le D.W. I devait peser 30 t et être propulsé par un moteur Maybach HL 120 développant 280 ch, qui lui permettait d'atteindre les 35 km/h. Cependant, une seule caisse fut produite et aucune tourelle ne le fut. Henschel reçut ensuite la commande d'un nouveau char de la classe des 30 t, le D.W. II. Le D.W. II était en fait une version améliorée du D.W. I, pesant 33 t et doté du même moteur. Un prototype sans tourelle fut produit en 1938 et aucune tourelle fut réalisée (en principe cela devait être la tourelle du Panzer IV Ausf. C). Le programme D.W. fut abandonné à la fin de 1938. Les deux prototypes procurèrent à Henschel une bonne expérience, très utile pour ses futures réalisations.
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Le châssis expérimental pour les tests de conduite. -
Le châssis expérimental n'était pas équipé d'une tourelle. -
VK 36.01 (H) (kleine Tiger) (1941)
En même temps que le développement du VK 30.01 (H), Hitler avait invité des fabricants allemands à concevoir un char plus lourd capable de dominer n'importe quel champ de bataille. Les spécifications de ce char étaient la nécessité d'une arme capable de pénétrer n'importe quel blindage à une distance de 1,5 km, disposer d'un blindage étant assez épais pour arrêter n'importe quel obus AT connu à la même distance et pouvant rouler à la vitesse max d'au moins 40 km/h.
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L'arme principale du véhicule devait être le Gerät 725, un canon avec âme conique tirant des obus coniques au tungstène. Le VK 36.01 (H) avait un blindage excellent avec une épaisseur de 100mm sur toutes les parois frontales et de 60-80mm sur des côtés et l'arrière. Quand il fut commandé, ce char aurait été extrêmement difficile à détruire pour n'importe quelle arme AT en service chez les Alliés. Le VK 36.01 (H) développé du VK 30.01 (H), employait cependant 8 axes avec des galets plus grands et les rouleaux de retour avait été supprimés. Le développement du canon Gerät 725 a dû être abandonné à cause des pénuries de tungstène, ce qui aurait causé des manques de munitions pour les unités sur le front. La seule arme alternative de la même classe disponible était l'excellent canon KwK 36, qui avait été développé des canons AA/AT 18. Henschel consenti ainsi à développer un nouveau véhicule pour monter le KwK 36, sous le nom de VK 45.01 (H).
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Versuchsträger (châssis d'essai) de VK 36.01 (H). Cette mule est utilisée pour tester le train roulement et la motorisation. -
Extrapolation à partir d'un châssis de VK 36.01 (H) avec l’équipement d’un Bergepanzer III. Après l'abandon du programme VK36.01 (H), la firme Henschel fut sommée de fournir 5 châssis de présérie à la firme Famo à Breslau, afin de concevoir des véhicules lourds de dépannage, destinés aux compagnies de Tiger I. Le véhicule était équipé d'un treuil Seilwinde 40t 22/40 et d'un nouveau moteur 12 cylindres Maybach HL 210, développant 650 ch. Peu de détails sont disponibles sur ces conversions. De plus, il n'y a aucune trace dans les rapports des unités, il est donc probable que ces véhicules ne sont que des projets papier tout au plus. -
VK 65.01 (H) (1940)
Après le développement des D.W. I et D.W. II et en même temps que celui du VK 30.01 (H), Henschel travailla sur un char lourd de la classe des 65 t, le Schwere Wagen (Sturmwagen) VK 65.01 (H). Il s'agissait d'une version alourdie du Panzer IV. Comme pour le D.W., Krupp fut chargé de développer la tourelle et d'assurer la production de masse. Trois armements différents furent pris en compte : le 75mm KwK L/24, le 75mm KwK L/40 et le 105mm KwK L/20. En juin 1939, le design fut accepté et en mars 1940, il fut décidé d'utiliser les tourelles du D.W. après modifications. En avril 1940, Krupp réalisa une maquette en bois et reçut l'ordre de produire le modèle pilote. L'armement de la tourelle principale était constitué du 75 mm KwK 37 L/24 et d'une 7,62mm MG34 coaxiale alors qu'une petite tourelle montée sur la caisse à l'avant était équipée d'une 7,62mm MG34 (certaines sources font mention de 2 tourelles auxiliaires). Le VK 65.01 (H) était protégé par un blindage frontal de 80mm alors que les modèles de production devaient être protégés par un blindage frontal de 100mm. La suspension comprenait 10 galets entrelacés et 3 rouleaux porteurs. Les chenilles étaient larges de 80 cm. La mobilité d'un tel mastodonte était plutôt limitée, en effet, il ne pouvait guère dépasser les 25 km/h. Fait surprenant, pour les transports, le VK 65.01 (H) était démontable en 3 parties (compartiment du pilote et de la transmission, compartiment de combat et compartiment moteur). Un camion lourd, le Faun L900D/567 6x4 équipé de grues Demag LK 5S fut spécialement développé pour cette tâche mais ne fut cependant jamais produit. Le 1er septembre 1939, Henschel et Krupp reçurent l'ordre de débuter la production de l'O-Serie (présérie ou série 0). Vers la moitié de 1940, un prototype en acier doux était en construction mais le programme en entier fut supprimé en octobre 1940. Cependant, à la mi 1941, deux prototypes sans tourelles furent finalisés, mais aucune tourelle ne fut jamais montée dessus. En 1942, les deux prototypes furent détruits.
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Équipé d'une tourelle armée d'un canon de 7,5 cm KwK 37 L/24. -
Pz.Kpfw. VII Löwe (1941)
Très vite, dès 1941, les Allemands étudièrent le développement de chars super lourds qui, quoique d'une utilité tactique peu évidente et très difficiles à produire, étaient de parfaits étendards pour la propagande. Krupp fut le premier à s'intéresser à ce genre de char en étudiant les modèles soviétiques. En novembre 1941, il fut spécifié que ce char devait avoir un blindage frontal de 140mm et latéral de 100mm. Ce véhicule devait être dirigé par 5 hommes comme sur la plupart des modèles allemands. Grâce au moteur Daimler-Benz équipant les vedettes lance-torpille de la Kriegsmarine développant 1 000 ch, cet engin devait pouvoir atteindre les 44 km/h sur route malgré un poids de 90 t. Début 1942, Krupp commença le développement de ce nouveau modèle désigné Pz.Kpfw. VII Löwe (VK 72.01). Pour cela Krupp utilisa un design ultérieur, le VK 70.01 qui pouvait être armé du canon de 150mm L/37 (ou L/40) ou encore du canon de 105mm KwK L/70. Il fut spécifié que le Löwe devait dans un but de standardisation utiliser le plus d'éléments commun au Tiger II. Deux variantes furent mises au point, l'une légère (leichte) avec une tourelle montée à l'arrière, pesant 76 t et possédant un blindage frontal de 100mm, l'autre lourde (schwere) avec une tourelle montée au centre, un blindage frontal de 120mm et pesant 90 t. Toutes les deux étaient équipées du canon de 105mm L/70 et d'une MG34 coaxiale. La dernière version ressemblait au Tiger II. La vitesse maximum estimée pour les deux engins était de 23 km/h pour le schwere modell et de 27 km/h pour le leichte modell.
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Hitler préféra bien entendu le Schwere Löwe. Le Lion (Löwe) fut par la suite repensé pour être armé du 150mm L/40 ou du 150mm L/37 (plus sûrement le 150mm KwK 44 L/38) et accueillir un blindage frontal de 140mm. Des chenilles très larges (90-100 cm) devaient être utilisées, permettant ainsi d'atteindre finalement les 30 km/h sur route. Cependant fin 1942, le Löwe qui était en concurrence avec le Maus de Porsche fut abandonné. Les designers avaient également pensé à armer une version redessinée du Löwe du 88mm KwK 43 L/71 du Tiger II avec un blindage frontal de 140mm. Cette version devait être capable d'atteindre les 35 km/h malgré son poids de 90 t grâce à un Maybach HL 230 P 30, V12 de 800 ch. Le Löwe devait mesurer 7,74 m de long (avec le canon), 3,83 m de large et 3,08 m de haut. Ce char devait éventuellement devenir le remplaçant du Tiger II. Cependant aucune de ces versions n'atteignirent l'étape du prototype.
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Pz.Kpfw. VII Löwe (Schwerer modell) VK 70.01 mit 88mm KwK 43 L/71. -
Pz.Kpfw. VII Löwe (Schwerer modell) mit 150mm L/40. -
Avec canon de 15 cm KwK L/40. -
Avec canon de 17 cm KwK. -
Projets de chars super lourds de Porsche (1942)
Le 21 Mars 1942, Adolf Hitler demanda au professeur Porsche de concevoir un char lourd en concurrence au projet de Krupp, le Panzerkampfwagen VII Löwe qui avance bien trop lentement aux yeux du Führer. Le célèbre ingénieur allemand débute dès lors en avril 1942, un programme baptisé Mammut ou VK 100.01 (P), un char de 100 t. Le premier prototype doit être terminé en mai 1943. Afin de cacher la taille du futur char aux services de renseignements alliés, le projet est baptisé trompeusement Mäuschen (souriceaux) le 17 juillet 1942. Un premier dessin est proposé par l'ingénieur Leopold Schmid le 4 juin 1942 sous l'appellation K 3381 (également référencé Porsche Typ. 205). Ce char présente un blindage frontal de 120mm et comme canon principal un 15 cm KwK L/40 (longueur du tube : 6 m), et un poids théorique de 120 t, dont 23 t pour la seule tourelle. Le canon est puissant, mais les obus de 43 kg font craindre une cadence de tir assez faible, et sa vitesse initiale de 518 m/s est jugée insuffisante. Un obus plus léger dont le poids est réduit à 34 kg sera mis au point, permettant en théorie aux 2 chargeurs de soutenir une cadence de tir de 4-5 coups/min. La vitesse initiale est nettement améliorée passant à 845 m/s. Malgré tout, l'arme parait toujours être trop encombrante pour une tourelle de char et un canon de 12,8 cm L/50 (vitesse initiale de 840 m/s) est envisagé en remplacement. Comme sur les projets précédant comme le Tiger (P), la transmission consiste en un système hybride constitué d'électromoteurs, générateurs électriques et un 16 cylindres diesel à refroidissement par air. La pression au sol est estimée à 0,92 kg/cm².
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K 3381. -
En raison de l'emport limité, en raison de leur taille, des obus de 15 cm, il fut décidé d'armer le futur char d'un canon 7,5 cm L/24 (comme celui monté sur les premiers Panzers IV), pour épargner les précieux obus de 15 cm. Ce canon avait des capacités AT réduites mais ses HE étaient suffisants pour venir à bout des points d'appui non bétonnés. L'amélioration du blindage est aussi demandée. Tout ceci aboutira le 17 juin 1942 à la présentation d'un nouveau projet : le K 3382. Ce nouveau monstre possède désormais un blindage frontal de 150mm et la tourelle est maintenant surmontée d'une tourelle secondaire. Bien que le cahier des charges soit respecté, le nouveau design, dans la lignée des chars multi-tourelles en vogue dans les années 30, présente une silhouette beaucoup trop haute et donc un centre de gravité logiquement trop élevé. En plus de son manque de discrétion, comme pour les autres chars multi-tourelles la coordination des 2 tourelles aurait posé problème. Un autre design est donc demandé. Krupp reprend l'idée de la tourelle unique et Porsche étudie plus sérieusement le train de roulement qui jusqu'ici avait fait l'objet de peu d'attention.
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K 3382. -
Pour le nouveau projet, Krupp propose d'intégrer côte à côte sur la même tourelle, le canon de 15 cm et celui de 7,5 cm. Le poids estimé du nouveau char était de 150 t, avec un blindage frontal de 150mm. Porsche quant à lui propose de doter le char de 4 trains de chenilles (2 par côté) pour mieux répartir la masse énorme de ce monstre blindé. Le nouveau projet, K 3384, fut présenté le 28 octobre 1942. La suspension est composée de 4 paires de 2 galets et pour la propulsion, un moteur de 900 ch est envisagé. L'agencement du char est assez classique avec une tourelle centrale, cependant légèrement positionnée vers l'avant pour laisser assez de place au groupe moteur à l'arrière. Des doutes furent cependant formulés en ce qui concerne la stabilité du char en tout terrain. Un autre projet, mieux équilibré, le K 3385, avec la tourelle placée à l'arrière et le groupe moteur placé au centre, fut présentée le 14 novembre 1942.
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K 3384. -
Cependant à ce stade du programme, il y a encore beaucoup de travail à faire sur la mise au point du châssis. Le train de roulement à 4 chenilles qui est loin de faire l'unanimité quant à sa fiabilité présumée. Pendant ce temps le questionnement quant au choix de l'arme principale est toujours d'actualité. En décembre 1942, on proposa un canon naval de 12,7 cm. Puis ensuite des canons Flak de 12,8 cm rallongés à 55 calibres (L/55) sont envisagés. En janvier 1943, Hitler décide que les premiers chars devront être équipé d'un canon de 12,8 cm mais avec la possibilité d'accueillir plus tard un canon de 15 cm KwK 44 L/38 ou encore un 17 cm KwK 44, pour contrer les futurs chars lourds soviétiques. Le 2 février 1943, le choix du 12,8 cm est entériné lors d'une réunion entre Porsche et l'Oberst Haenel du Heereswaffenamt (Service du Matériel des Armées). En ce qui concerne le canon secondaire coaxial, après avoir envisagé un 2 cm à tir rapide, ce fut le 7,5 cm KwK 44 L/36,5 qui fut adopté. Krupp conçoit alors une nouvelle tourelle de 55 t, avec un blindage frontal de 240mm (250mm pour le masque du canon), latéral de 200mm. Le châssis quant à lui a un blindage de 200mm pour le glacis incliné. Il était motorisé par un 12 cylindres MB 509 Daimler-Benz (44,5 L, 1 540 ch à 2 500 t/min), le moteur de 16 cylindres de Porsche n'étant pas finalisé. La transmission utilise 2 moteurs électriques transmettant la puissance aux chenilles via une génératrice, rendant inutile l'emploi d'une boîte de vitesse. En août 1943, Daimler-Benz est sollicité pour la fourniture d'un moteur diesel 12 cylindres de sous-marin modèle MB 517, refroidi par eau, développant 1 200 ch, pour équiper le deuxième char de démonstration. Le train de roulement revenu à 2 chenilles (larges de 1,1 m) comportait 24 galets partiellement imbriqués par côté. Les poulies de tensions étaient situées à l'avant alors que les barbotins étaient situés à l'arrière. Le train de roulement était complété par 12 rouleaux porteurs par côté. Ce projet définitif reçu l'appellation de Porsche Typ. 205/1 ou V1, premier prototype du futur Panzerkampfwagen VIII Maus.
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Les propositions de Porsche de chars lourd de 120 t, équipé d'un canon de 15 cm KwK L/40. -
Pz.Kpfw. VIII Maus (1943)
Les 21-22 mars 1942, Porsche reçu commande (en concurrence avec le Pz.Kpfw. VII Löwe) d'un char de 100 t, le VK 100.01 ou Porsche Typ. 205 pouvant transporter 100 obus. Le VK 100.01 fut développé conjointement par Porsche et le Dr. Muller (Krupp) selon le désir d'Adolf Hitler. Ce dernier voulait un super char lourd « indestructible » lourdement armé (L/60 ou L/72). La production des différentes parties, caisses, tourelles et armement fut cédée à Krupp alors qu'Alkett devait se charger de l'assemblage final. L'armement principale à l'origine devait consister en un canon de 150mm L/40 couplé à une mitrailleuse lourde de 20mm MG151/20 quoique le canon de 128mm L/50 soit envisagé. Le prototype devait être près début 1943. Le 23 juin 1942, Porsche modifia ses dessins pour que le VK 100.01 soit armé du 150mm L/37 ou du 105mm L/70. Le Dr. Ferdinand Porsche promis que le premier prototype serait fin prêt pour mai 1943. Au mois de décembre 1942, de nouveaux armements furent envisagés comprenant un canon de 150mm, un canon naval de 127mm, un canon AA de 128mm et une version allongée du 128mm. La finition du prototype fut reportée le même mois à l'été 1943 et un rendement de production de 5 exemplaires par mois fut décidé. Le premier nom officiel du Porsche Typ. 205 fut Mammut et donné en avril 1942. Ce nom sera suivi par celui de Maeuschen (timide ?) en décembre 1942 et par celui de Maus (Souris) en février 1943. Début 1943, le Führer décida que l'armement final du VK 100.01 devait être constitué du canon de 128mm couplé à un canon de 75mm coaxial, bien que les canons de 150mm KwK 44 L/38 et de 170mm KwK 44 fussent gardés en réserve pour un usage ultérieur.
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Maquette télécommandée à l'échelle 1:5 du Maus, datée du 14 mai 1943, montrant l’intérêt d’Hitler pour se projet. -
Prototype V1 avec tourelle factice en béton. -
V1 lors d'essais tout-terrain. -
Au final le projet de Porsche devait peser 188 t ! Le 1er mai 1943, une maquette en bois du Maus fut présentée à Adolf Hitler, qui passa commande de 150 exemplaires. Cependant le 4 novembre 1943, le développement fut stoppé alors qu'un seul prototype avait été assemblé et fin prêt pour être testé. Un mois plus tôt la commande de 150 exemplaires avait été annulée. Cependant, l'histoire du Maus ne s'achève pas là. En effet, le 24 décembre 1943 plusieurs prototypes sans tourelles complétés par Alkett furent testés. Ce n'est pas une surprise, le poids énorme du Maus était un grave handicap et l'engin n'était guère mobile. Pour propulser ce monstre d'acier on monta tout d'abord un moteur Daimler-Benz MB 509 (développement du moteur d'avion DB 603) développant 1 200 ch couplés à 2 génératrices électriques qui ne procuraient au Maus qu'une vitesse maximale de 20km/h sur route (plus souvent 13km/h). Comme à son habitude, Porsche y installa sa transmission électrique montée ici à l'arrière du char transmettant la force motrice à des barbotins arrière. Cette version fut appelée V1. La suspension dut être modifiée pour supporter le poids de 188 t. Celle-ci étaient composée de 2x24 galets (assez petits, de la taille d'une roue de camion) partiellement imbriqués par groupe de 4, des poulies de tension avant, des barbotins arrière, 12 rouleaux de retour de chenille (1 pour chaque groupe de galets) et des chenilles de 1,1 m de large. La hauteur des trains de chenilles était assez faible pour un tel engin. Les essieux de chaque groupe de galets étaient munis de ressorts et chaque groupe était fixé à une barre de torsion longitudinale. Le plus grave problème rencontré par le Maus, est qu'il n'existait aucun pont à cette époque capable de supporter un tel poids ! On installa donc un schnorkel permettant de s'immerger à une profondeur de 9 m d'eau pour pouvoir franchir les cours d'eau. À cette fin, le Maus était complètement hermétique lorsque toutes les écoutilles étaient fermées et était de ce fait aussi à l'épreuve des gaz. Des réserves d'oxygène étaient disponibles pour l'équipage dans ces conditions. En décembre 1943, une tourelle factice (mais pesant le même poids que la vraie) fut montée sur le V1 pour compléter les tests.
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Prototype V2 avec une vraie tourelle. -
Contrairement à ce dessin, le Maus ne participa à aucun combat. -
En mars 1944, un second prototype appelé V2 ou Maus II fut mis au point. La propulsion cependant ne sera mise au point que vers la mi-1944. En juin 1944, la tourelle fut montée sur le V2. Cette tourelle qui pesait 50 t (entre le poids d'un Panther et celui d'un Tiger !) était armée du canon de 128mm KwK 44 L/55, du 75mm KwK 44 L/36,5 (coaxial) et d'une MG34 de 7,92mm. Cet arrangement procurait au Maus une formidable puissance de feu, en effet le 128mm pouvait percer sans problème le blindage des Sherman, Cromwell, Churchill, T-34-85 et IS-2 à une distance supérieure à 3,5 km sous un angle de 30°. Les munitions de 75mm étaient entreposées sur le pourtour de la tourelle et ceux de 128mm sur les surplombs des chenilles entre les réservoirs et le renflement surplombant les barbotins arrière.
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Maus sabordé, découvert par les Russes. -
Moteur V12 DB 603. -
Suspension. -
Suspension et Moteur. -
Le Maus I ne reçut jamais cette nouvelle tourelle. Le 25 juillet 1944, Krupp avait réalisé 2 tourelles et 2 autres étaient en chantier, cependant 2 jours plus tard, il reçut l'ordre de mettre au rebut les 4 caisses disponibles et le 19 août 1944 Krupp informa Porsche qu'il devait cesser de travailler sur le développement du Maus. Cependant en septembre 1944, le V2 était fin prêt pour être testé. Le moteur du Maus II était le Daimler-Benz MB 517 Diesel qui était couplé à une direction électrique très avancée. Le blindage du Maus qui pouvait atteindre à l'avant 240mm était composé de plaques laminées dont les principales étaient assemblées par mortaises et soudures. L'avant de la tourelle était recourbé et fait d'une seule plaque. La disposition interne du Maus était singulière, en effet les très larges chenilles occupaient quasiment les 2/3 de la largeur du char, ce qui ne laissait qu'un très étroit bas de caisse. Ce bas de caisse était occupé à l'avant par les sièges du pilote et de son assistant (protégés du groupe de propulsion par une cloison pare-feu) et pour le reste par le groupe de propulsion. Le haut de caisse occupait toute la largeur du char (les côtés se prolongeant vers le bas). L'avant composait la partie supérieure du compartiment de pilotage avec sur les surplombs des chenilles le tableau de bord et le poste radio. À l'arrière se trouvait la commande finale précédée par le puits de tourelle. Sur les surplombs des chenilles entre les réservoirs (2 700 L au total) et le renflement surmontant les barbotins arrière se trouvaient les obus de 128mm. Vu la largeur du puits de tourelle et l'étroitesse du bas de caisse, le premier n'atteignait pas le bas du char et restait au-dessus des chenilles. Le plateau de la caisse du Maus comprenait à l'avant une trappe d'accès sur charnières, un épiscope fixe précédant les grilles de ventilation du moteur. D'autres grilles de ventilation étaient disposées à l'arrière pour la transmission. Entre, se trouvait la circulaire de la tourelle. A l'arrière du Maus, un réservoir supplémentaire procurait à ce dernier 1 500 L de carburant supplémentaires.
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Tourelle de Maus. La tourelle au-dessus est bien celle d'un Tiger I ! -
Dessus de la caisse. -
Maus capturé par les Russes (actuellement à Koubinka). -
Des wagons spéciaux (14 essieux) appelés Verladewagon furent produits par Graz-Simmering-Pauker à Vienne. De janvier à octobre 1944, le Maus sera testé en tout-terrain sur les terrains d'essai de Kummersdorf près de Berlin et ceux de Porsche à Boblingen. Les tests furent anormalement longs en raison de nombreux problèmes mécaniques et des bombardements sur les usines attachées au projet. Les tests révélèrent qu'en cas de perte, un Maus ne pouvait être récupéré que grâce à la traction de 2 autres Maus ! Une version AA du Maus fut également envisagée. Cette version devait être équipée d'une tourelle modifiée armée de 2 canons de 88mm Flak 43. Une autre version baptisée Bär (Ours) devait être armée d'un mortier de 305mm à chargement par la culasse.
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L'un des deux exemplaires ci-dessus est encore visible au musée de la guerre de Koubinka près de Moscou. -
1er prototype à Kummersdorf, la tourelle est simulée par une tourelle factice fixe. -
2ème prototype à Kummersdorf. -
Flakzwilling 88mm Flak 43 L/71 auf Pz.Kpfw VIII Maus. -
Nicholas Moran présente le légendaire Maus au musée de Koubinka, Russie, 24 septembre 2013. -
Présentation du Maus, sa conception, ses essais et son devenir, par Simple History -
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Pz.Kpfw. VIII Maus II (1944)
Le 23 mars 1944, Ferdinand Porsche pas vraiment satisfait du système d'extraction des gaz de la tourelle du Maus, demande à Krupp de dessiner une toute nouvelle tourelle, dotée d'un système plus performant, mais également d'une circulaire de tourelle agrandie. En mai 1944, Krupp reçoit commande pour une maquette 1/5ème doté d'une tourelle toujours armée du canon de 128mm KwK 42 L/55 et du canon de 75mm KwK 44, mais dont l'emplacement du dernier est déplacé de la droite au-dessus du canon de 128mm. Notons que le canon de 75mm est plus court et que celui-ci est doté d'une culasse à fermeture horizontale plus pratique dans l'espace exigu de la tourelle. La tourelle de Krupp fut imaginée également pour faciliter la pause future de canons de 150mm KwK 44 L/38 ou de 170mm KwK 44 comme le souhaitait Hitler. La caisse quant à elle restait identique à celle du Maus originel. Si cette tourelle avait dépassé le stade de la planche à dessin, le nouveau char aurait été baptisé Panzerkampfwagen VIII Maus II. Notons que la tourelle de Krupp fut également envisagée pour le concurrent du Maus, l’E 100.
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Pz.Kpfw. IX & Pz.Kpfw. X (1944)
Les Panzers IX et X furent des projets qui ne dépassèrent jamais la table à dessin. Bien que les formes définitives ne soient pas bien définies, ces chars super lourds devaient être plus légers que le Maus et être armés en toute vraisemblance de canons de 88mm ou de 128mm.
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Les Panzer IX et X ne dépassèrent jamais le stade de la planche à dessin. Les dessins de ces chars arrondis ne furent imprimés que dans le magazine allemand « Signal » et aucune construction n'a jamais été prévue. Ils furent publiés à des fins de propagande pour remonter le moral des Allemands ou pour occuper des espions alliés sur des sujets fictifs.
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