-
-
Genèse & Production
Le Tiger II Ausf. B plus connu en tant que Königstiger pour les Allemands, Tigre-Royal pour les Francophones et King Tiger pour les Anglophones (même si ces termes ne sont que des termes Alliées et non allemand !) fut sans conteste le plus puissant char de combat mis en ligne durant la deuxième guerre mondiale. Ce redoutable monstre cuirassé était doté avec son excellent canon de 88mm d'une arme formidable capable de venir à bout de n'importe quel char allié rencontré sur les champs de bataille de la fin du conflit. C'est dès août 1942, à la demande du Waffenamt, qu'une version plus moderne du Tiger est étudiée. En effet, le Tiger original était de conception dépassée à la vue des nouveaux concepts de blindages. La conception et la finition du Tiger eurent lieu avant l'apparition remarquée du T-34 soviétique sur le front oriental. L'utilisation de parois inclinées était une grande amélioration point de vue balistique par rapport aux parois verticales utilisées jusqu'alors par les Allemands, notamment sur le Tiger. Rappelons si nécessaire que les parois inclinées sont bien plus efficaces à épaisseurs égales, en termes de protection que les parois verticales car elles dévient les projectiles plus qu'elles ne les encaissent. Les Allemands utilisèrent cette nouvelle donnée pour réaliser leur Panther destiné à remplacer le Panzer IV. Il fut donc également décidé de mettre au point un char lourd doté de ces parois inclinées pour remplacer le Tiger dans les bataillons de chars lourds. Ce nouvel engin devait pouvoir assurer la suprématie pour un bon bout de temps sur tous les modèles alliés existants et futurs (au point que ce char est rangé dans la catégorie guerre froide par certains historiens !). Porsche et Henschel furent une fois de plus mis en concurrence sur ce projet. Porsche proposa deux versions de son prototype VK 45.02 (P), l'une avec une tourelle avant comme sur le Tiger (P), le Typ. 180, l'autre avec une tourelle arrière, le Typ. 181. La tourelle fut mise au point par Wegmann. Les deux versions conservaient la transmission électrique mise au point par Porsche. Très confiant en lui et en son succès, Porsche entreprit tout de suite la construction d'un lot de 50 tourelles. Ce n'était guère prudent à la vue des dures réalités de la guerre au niveau approvisionnement de matières premières. En effet, l'Allemagne à cette époque était déjà coupée de tout et les pénuries était fréquentes. Le cuivre nécessaire à tout équipement électrique n'échappa point à cette réalité, rendent impossible la production en masse du modèle de Porsche.
-
Prototype VK 45.03 (H) Fgst Nr.V1 (châssis N° V1) de Henschel, avec la tourelle produite pour le VK 45.02 (P2) de Porsche et le canon monobloc (une seule pièce). -
Henschel proposa quant à lui, une version plus allemande avec une tourelle au centre, le VK 45.03 (H). Cette version ressemblait beaucoup, à part la tourelle, à une version agrandie du nouveau développement du Panther, le Panther II. La caisse du VK 45.03 (H) avait en effet la forme de celle d'un Panther et comme le Panther II était dotée des nouveaux galets tout acier. La tourelle fut mise au point par Krupp et était plus anguleuse qu'arrondie contrairement à celle de Porsche, ce qui était préférable pour la production de masse. Ce fut donc le modèle d'Henschel qui fut choisi pour la production en série sous la désignation complète de Panzerkampfwagen VI Ausf. B (Sd.Kfz.182) ou Tiger II.
-
Prototype accepté par le Waffenamt en novembre 1943. Peint en jaune foncé. Le pot d‘échappement visible sur le pont arrière est le couvercle des schnorkels. -
Le Pz.Kpfw. VI Ausf. B Tiger II fut commandé pour juillet 1943, mais le premier exemplaire ne quitta pas les lignes de montage d'Henschel avant la fin de l'année. Ce retard était dû à la collaboration avec la firme MAN, responsable de la production du Panther en vue d'une standardisation maximale du matériel qui devait être interchangeable entre le Tiger II et le Panther II. La production ne débuta vraiment qu'en février 1944 avec les 8 premiers Tiger II (produit avec 95 Tiger I). Le rendement souhaité pour la production avait été estimé à 145 exemplaires par mois. Mais en raison de la dégradation de l'industrie de guerre allemande, des pénuries, des retards et des heures d'usinage nécessaires à la fabrication d'un char si complexe, ce chiffre peu raisonnable ne fut jamais atteint. Si en septembre 1944, la fabrication du Tiger I fut stoppée pour mettre tous les moyens au profit du Tiger II, le rendement maximum ne dépassa jamais les 84 chars (pic atteint en août 44) et tomba fameusement à 25 unités en mars 1945 ! Pas étonnant que seulement 484 exemplaires purent être construits. Henschel fut le seul constructeur responsable de la production du Tiger II. Notons que les 50 premiers exemplaires furent équipés des tourelles pré-produites par Porsche.
-
Bataillon de Tiger II inspecté par son commandant. -
David Willey, conservateur du Tank Museum, présente le Tiger II, son développement, ses composants et son utilisation, Bovington, 2 mars 2018. -
Design
-
Compartiment Avant
Le compartiment frontale du Tiger II avait une disposition assez classique : avec le siège du pilote sur la gauche et celui du radio-mitrailleur sur la droite. Le radio-mitrailleur avait la charge de la MG34 de caisse montée sur rotule sur le glacis avant et disposait d'un épiscope fixe (45° vers la droite) pour sa vision. Le radio-mitrailleur avait également la charge du poste radio situé entre lui et le pilote. En dessous du poste se trouvait la boîte de vitesse reliée au moteur par l'arbre de transmission qui parcourait tout le compartiment central sous le plancher. La boîte de vitesse comportait 8 rapports en marche avant et 4 rapports en marche arrière et grâce à son présélecteur assurait au char une assez bonne agilité.
-
Avant de caisse. -
MG34 sur support en boule. -
Le système de direction monté transversalement dans le nez consistait en une commande par couple conique aboutissant au mécanisme de démultiplication finale situé dans chaque barbotin avant. Pour sa vision le pilote disposait d'un épiscope rotatif. Sur les surplombs des chenilles on trouvait à gauche le tableau de bord et à droite 6 coups de 88 dans des râteliers. Des freins à disques hydrauliques Argus étaient utilisés pour les changements de direction qui se faisaient en freinant sur une chenille. Cependant, on pouvait également utiliser un engrenage épicycloïdal pour changer de direction plus facilement en faisant tourner l'un ou l'autre des barbotins en sens opposé pour des virages courts.
-
Frein et commande finale. -
Trappe d'assistant conducteur. -
Pont avant. -
L'accès au compartiment se faisait via deux trappes montées sur pivot situés sur la plaque boulonnée du plateau avant. Cette plaque pouvait être retiré pour l'entretien de la transmission.
-
Transmission et boîte de vitesses. -
1. Frein de bouche. 2. Canon de 88mm KwK 43 L/71. 3. Trappe de l'opérateur radio. 4. Galet transversale auxiliaire du chargeur. 5. Mantelet. 6. Manivelle de traverse de la tourelle du tireur. 7. Télescope de visée monoculaire TzF9b. 8. Compensateur du canon principal et mécanisme de recul. 9. Périscope du chargeur. 10. Lance-fumigènes Nahverteidigungswaffe S. 11. Trappe du chargeur. 12. Aération. 13. Racks de munitions de 88mm (boîtier en acier). 14. Coupole du commandant. 15. Antenne de 2 m pour FuG 5. 16. Tourelle d’Henschel. 17. Trappe d'évacuation arrière. 18. Port du canon. 19. Armoire pour le rangement des munitions. 20. Rouleaux en bois pour le chargement. 21. Supports pour suspendre les chenilles de rechange. 22. Siège du commandant. 23. Siège du tireur. 24. Cache du ventilateur. 25. Réservoirs de carburant. 26. Levier de commutation du réservoir de carburant. 27. Sept obus de 88mm. 28. Cloison blindée. 29. Chauffage du compartiment de combat. 30. Réservoir d'eau. 31. Bras oscillant. 32. Bouclier du canon. 33. Barres de torsion. 34. Réservoir de carburant inférieur. 35. Engrenage transversal de la tourelle. 36. Boîte à outils. 37. Couvercle de la boîte de vitesses. 38. Siège du conducteur (peut être relevé pour la conduite tête en l'air). 39. Frein à main. 40. Levier de direction de piste d'urgence. 41. Pédale d'embrayage. 42. Frein au pied. 43. Levier de direction de chenille. 44. Unité de direction L801. 45. Changement de vitesse (8 avant, 4 arrières). 46. Boîte de vitesses Olvar. 47. Volant électrique. 48. Anneau de remorquage. 49. Écran anti-poussière. 50. Position de l'opérateur radio. 52. MG34. 53. Radio FuG 5. 54. Poignée d'ouverture - trappe de fermeture. 55. Six obus. 56. Périscope de l'opérateur radio (fixe). 57. Périscope du conducteur (rotatif). -
Tourelle
Le compartiment de combat était composé d'un plancher circulaire mobile solidaire de la tourelle. C'est dans ce compartiment que sont entreposés la grande majorité des munitions. Sur les surplombs des chenilles, dans des râteliers protégés par des portes coulissantes blindés, sont entreposés 2x12 obus de 88. Sur les côtés du bas de caisse sont encore entreposés 2x8 obus dans des casiers. Quatre sont encore stockés contre le mur pare-feu du compartiment moteur.
-
Soldats dans un Tiger II du 503ème Bataillon de Panzer Lourds, opération Panzerfaust, Budapest, Hongrie, octobre 1944. -
L'arme principale du Tiger II était l'excellent canon de 88mm KwK 43 L/71 à grande vitesse initiale (981 m/s). Cette arme pouvait percer 182mm de blindage sous 30° à 450 m. Le bouclier de petite taille était de type Saukopf (groin de cochon). Cette puissance de feu était plus que suffisante pour faire face à son plus redoutable adversaire l'IS-2. La partie arrière de la tourelle avait été conçue pour accueillir 22 obus de 88mm (11 de chaque côté) sur des râteliers pour faciliter la tâche du chargeur. Ce dernier occupait le siège à la droite de la culasse alors que le tireur occupait celui de gauche. Le commandant quant à lui occupait un siège en retrait de celui du tireur sous la coupole de commandant. Une MG34 était montée coaxialement à la droite du canon (actionnée par le tireur via une détente de pied). Pour sa visée le tireur disposait d'une lunette binoculaire TZF9b (sur la Porsche Türm) ou monoculaire TZF9d (sur la Serien Türm) montée de manière coaxiale sur la gauche du canon. Le chargeur disposait d'un épiscope fixe monté sur le toit.
-
Porsche Türm & Serien Türm. -
Une mitrailleuse AA MG34 pouvait être également installée sur la circulaire de la coupole de commandant qui était de même type (dôme) que celles des derniers Tiger et Panther, à 7 épiscopes fixes et une trappe montée sur pivot. Un extracteur de fumée était également monté au centre du toit pour évacuer les fumées générées par l'usage du canon. Le chargeur disposait également d'une trappe sur charnières situées sur la droite du toit de la tourelle. La trappe arrière servait généralement au chargement des munitions ou l'évacuation des douilles et parfois de trappe de secours. La prise de la force motrice par le système hydraulique de rotation de la tourelle montée sur le plancher se faisait à l'arrière de la boîte de vitesse. Le pointage de direction et le pointage en hauteur étaient effectués au moyen de 2 volants situés respectivement à gauche et à droite de la tourelle. Le cas échéant, le commandant pouvait participer à la tâche via son propre volant de direction. Néanmoins, la rotation de la tourelle était lente même si un chiffre de 17 s était possible mais la plupart du temps cela pouvait aller jusqu'à 72 s au moyen de 700 tours de volant pour le tireur ou 680 tours de volant pour le chargeur.
-
Trappe du chargeur. -
Porte munitions arrière de tourelle. -
Compartiment Moteur
Ce compartiment accueillait bien entendu en son centre le moteur Maybach HL 230 P30 (V12) développant 700 ch à 3 000 t/min. Ce moteur à l'origine conçu pour le Panther (45 t) permettait au Tigre II (70 t) d'atteindre en théorie sur route la vitesse de 42 km/h. Un tel usage était cependant fort déconseillé en raison d'une surchauffe inévitable. Comme il n'existait pas de moteur spécifique pour le Tiger II, ce dernier fut équipé de ce moteur pas vraiment adapté et le Tiger II était en vérité sous-motorisé. De plus, le conflit évident entre la puissance du moteur et le poids de l'engin engendrait de nombreux problèmes de fiabilité. Quand on sait que ce moteur suffisait à peine au Panther.
-
Caisse arrière. -
Les flancs du compartiment moteur accueillaient les réservoirs (518 L chacun) et les radiateurs de refroidissement. Pour l'entretien standard, on pouvait accéder au moteur via la trappe du plateau arrière montée sur charnières ou la trappe boulonnée de la plaque arrière de la caisse pour atteindre le bas du moteur. Pour un entretient plus poussé, tout le plateau arrière pouvait être démonté et les éléments du compartiment enlevés.
-
Pont arrière. -
Moteur. -
L'un des deux ventilateurs du moteur. -
Garde-boue arrière. -
1. Filtres à air. 2. Tuyaux de refroidissement. 3. Échappement. 4. Radiateur d'huile. 5. Pompe à eau. -
Suspension
Les trains porteurs munis comme les modèles précédents de barres de torsions étaient également dotés de galets tout acier à haute résilience. Mais contrairement au Tiger I, l'interconnexion (imbrication) fut supprimée en raison des difficultés qu'elle entraînait lors de l'entretien et des nombreux blocages qu'elle provoquait.
-
Disposition des galets. -
Les 9 ensembles de galets doubles se recouvraient seulement partiellement. Comme pour le Tiger I, deux jeux de chenilles furent utilisés : un pour la route et les transports (étroite), l'autre pour le combat (large).
-
Galet en acier. -
Blindage
Le blindage en pente du Tiger II était assemblé par mortaises et soudures et était constitué de plaques de blindages homogènes en acier laminé. L'aspect général de la caisse était similaire à celle du Panther II sauf pour les jupes blindées caractéristiques du Tiger II.
-
Simulation d’une APDS SV Mk. I britannique de 76,2mm sur le glacis du Tiger II. -
Simulation d’une AP M79 américaine de 76mm sur l’avant de tourelle du Tiger II (P). -
Simulation d’une APCBC BR-412D soviétique de 100mm sur l’avant de tourelle du Tiger II (H). -
Simulation d’une APCBC BR-471D soviétique de 122mm sur le glacis du Tiger II. -
Simulation d’une roquette RP-3 (AP) britannique de 76,2mm sur le flanc de tourelle du Tiger II (H). -
Simulation d’une APHE BR-365K soviétique de 85mm sur le flanc avant de tourelle du Tiger II (H). -
Idem que la simulation précédente mais avec un maillon de chenille en guise de protection supplémentaire sur la zone concernée. -
Simulation d’une APDS anglaise de 94mm sur le glacis du Tiger II à 450 m.
-
-
Modèles
-
Tiger II (Porsche Türm) (1943)
Comme précité, Porsche avait préfabriqué 50 tourelles mise au point par Wegmann pour son modèle VK 45.02 (P). Lorsque ce dernier fut abandonné au profit du modèle d'Henschel, les 50 tourelles furent envoyées chez Henschel pour être montées sur les caisses du modèle de ce dernier.
-
Cette tourelle était dotée d'un avant très arrondi créant un piège à obus pouvant être très dangereux pour le compartiment frontal de la caisse accueillant le pilote et son assistant. Autre trait marquant, la saillie produite sur le côté gauche par une coupole de commandant montée très à gauche. A l'arrière la trappe d'accès montée sur charnières étaient encastrées dans un épais châssis boulonné. La plupart des tourelles Porsche étaient équipées d'un canon monobloc. Certains cependant disposèrent d'un canon en 2 parties dont on remplaçait l'une ou l'autre selon l'usure. En définitive, cette tourelle était trop compliquée en raison de ces rondeurs, à produire en masse.
-
3ème Compagnie, 503ème Bataillon de Panzer Lourds, sur la route de la Normandie, via Paris, été 1944. -
Normandie, juillet 1944. -
Normandie, août 1944. -
500ème Bataillon de Panzer de Réserve. -
Tiger II avec ses chenilles fines utilisées pour le transport ferroviaire ou les déplacements routiers. -
Tiger II (Serien Türm) (1943)
Après que le stock de tourelles Porsche fut épuisé, les autres Tiger II seront équipés de la tourelle mise au point par Krupp pour le compte d'Henschel. Cette tourelle ce distinguait par son avant plat aux arêtes bien tranchées qui supprimait le piège à éclats présent sur la tourelle de Porsche.
-
Autre trait marquant, la coupole de commandant était située entièrement sur le toit de la tourelle supprimant la saillie présente sur la Porsche Türm. De plus, la trappe d'accès arrière montée sur charnières s'encastrait directement sur la plaque arrière de la tourelle. Il n'y avait donc pas l'épais châssis boulonné de la tourelle de Wegmann. Le canon était composé d'un tube en 2 parties remplaçables séparément selon l'usure. Le blindage de la tourelle Henschel/Krupp était plus épais que celle de Porsche/Wegmann et donc plus lourde (c'est le seul point négatif). La tourelle de Krupp était en résumé plus simple et donc plus facile à produire en masse que celle de Wegmann. Ce point important couplé à l'impossibilité de produire en masse la transmission électrique (à cause des pénuries de cuivre) de Porsche précipita le choix des décideurs allemands en faveur du modèle d'Henschel.
-
3ème Compagnie, 501ème Bataillon de Panzer Lourds, Pologne, août 1944. -
505ème Bataillon de Panzer Lourds, automne 1944. -
Opération Wacht am Rhein, décembre 1944. -
501ème Bataillon de Panzer Lourds, Ardennes, décembre 1944. -
501ème Bataillon de Panzer Lourds, Ardennes, Opération Wacht am Rhein, décembre 1944. -
503ème Bataillon de Panzer Lourds, Hongrie, hiver 1944-45. -
502ème Bataillon de Panzer Lourds, Ardennes-Eifel, hiver 1944/45. -
502ème Bataillon de Panzer Lourds, Eifel, Allemagne, 1945. -
505ème Bataillon de Panzer Lourds, Prusse orientale, début 1945. -
2ème Peloton, 3ème Compagnie de Panzer, 502ème Bataillon SS de Panzer Lourds, Allemagne, Küstrin an der Oder, mars 1945. -
3ème Compagnie, 503ème Bataillon SS de Panzer Lourds, Berlin, avril 1945. Char du SS-Unterscharführer Georg Diers.
-
-
Conversions
-
Tiger II (10,5 cm KwK 46 L/68) (1944)
Krupp proposa en novembre 1944 de réarmer une partie des véhicules de combat allemands. Pour le Tiger II, il suggéra le canon de 10,5 cm KwK 46 L/68, stabilisé, associé à un télémètre Zeiss. Cependant, cette proposition sera refusée le 20 janvier 1945 car cela aurait nécessité de trop nombreuses modifications de la tourelle... et aurait compliqué la logistique. De plus, la cadence de tir aurait été diminuée ainsi que l'emport en munitions, en raison de la taille et du poids des obus de 105mm.
-
Befehlswagen Tiger II Ausf. B (Sd.Kfz.267/268)
Le Tiger II fut également converti en char de commandement ou Befehlspanzer VI Ausf. B (Sd.Kfz.267/268). Cet engin ne se distinguait des autres chars que par la présence d'antennes supplémentaires. La présence de l'équipement radio supplémentaire (FuG 8 (Sd.Kfz.267) ou FuG 7 (Sd.Kfz.268)) se faisait au détriment des munitions.
-
Pz.BfWg. VI Ausf. B Tiger II (Sd.Kfz.267) avec tourelle de série. -
506ème Bataillon de Panzer Lourds. -
Klein Tiger
En décembre 1944, Henschel proposa le Klein Tiger (Petit Tiger) de 33 t, qui était une version allégée du Tiger II. Cette version devait être propulsée par le Maybach HL 230 P 30 de 630 ch. Son blindage frontal devait être 160mm et son blindage latéral de 80mm. L'arme principale du Klein Tiger devait être le Krupp 100mm PWK (Panzerwurfkanone), capable de percer 200mm de blindage. Le Klein Tiger ne dépassa jamais le stade de planche à dessin.
-
Jägdpanzer VI Ausf. B Jagdtiger (Sd.Kfz.186)
Voir Jagdtiger.
-
Bergetiger II
Char de récupération (18 exemplaires).
-
Grille 17/21/30/42
Voir Grille 17/21 & Grille 30/42.
-
Sturmpanzer VIb Bär
Voir Sturmpanzer VIb Bär.
-
28 cm K5 mit Lastenträger Tiger II
Solution de remplacement au canon de 24 cm K4 monté sur des Tiger I, dont le prototype fut détruit lors d'un raid aérien sur les installations Krupp à Essen, en mars 1943. Un canon de 28 cm Kanone 5 (E) ferroviaire aurait été installé sur 2 châssis sans tourelle de Pz.Kpfw. VI Ausf. B Tiger II. Comme son prédécesseur, il aurait pu bombarder n'importe quelle cible sans craindre un tir de contrebatterie de l'artillerie ennemie, tout en restant difficile à repérer par l'aviation adverse. Le canon pouvant être disposé n'importe où puisqu’il n'était plus tributaire du réseau ferré. Les deux châssis de Tiger II doivent également être capables d'encaisser la puissance de tir du canon... Ils doivent donc arriver seulement au canon à son emplacement de tir et ensuite le déposer au sol. Si elle avait vu le jour, cette arme de représailles, aurait pu expédier un obus de 255 kg à 62 km ou de 247 kg à 86,5 km. Il aurait pu également être équipé d'un tube de 31/28 cm K5 Glatt pouvant expédier un obus de 136 kg à 150 km, menaçant la capitale anglaise, à l'instar des V1 et V2.
-
Tiger II (HL 234) (1945)
Le Maybach HL 234, un moteur né des développements initiés en tentant de convertir le Maybach HL 230 à l'injection de carburant, aurait augmenté la puissance de 700 à au moins 800 ch. En janvier 1945, l'Entwicklungskommission Panzer décida à l'unanimité que le HL 234 soit immédiatement inclus dans le programme de conception et d'approvisionnement des moteurs. La boîte de vitesses ZF AK-7-200 fut également envisagée comme alternative à la boîte de vitesses semi-automatique Maybach Olvar-B, mais le département de recherche et développement Wa Prüf 6 constata qu'elle offrait des caractéristiques de conduite inférieures et la Maybach Olvar-B fut donc retenue.
-
Tiger II (Sla.16) (1945)
Le moteur diesel Sla.16 développé par Simmering-Graz-Pauker de Vienne. Avec une puissance d'environ 750 ch, il était considérablement plus puissant que le moteur Maybach utilisé par les Tiger I, II & Panther qui avaient 690 ch. Le Sla.16 fut également proposé comme unité de puissance pour le tristement célèbre Maus. Selon diverses sources telles que Military Engineer et Amazing Porsche et Volkswagen Story, les moteurs furent testés avec des résultats positifs. La recommandation était que ces moteurs diesel devaient être attachés aux chars lourds et aux chasseurs de chars actuellement en production pour une efficacité accrue des véhicules. Un moteur diesel fut monté sur un Tiger II en tant que prototype construit par Nibelungen Werke et subit des tests, bien que les résultats n'aient pas été trouvés à partir de ce test. D'autres propositions voulaient également que le moteur soit monté dans les Panther & Jagdtiger pour une puissance accrue, mais la contrainte de la guerre sur les approvisionnements et la capitulation de l'Allemagne entraînèrent l'annulation de ces programmes.
-
-
En Action
-
Front de l’Est (1944-1945)
La première utilisation des Tiger II sur le front de l'Est eut lieu le 13 août 1944 dans le secteur de la tête de pont de Sandomierz, près du village d'Oglendów (501ème Bataillon de Panzer Lourds), cependant, comme dans le cas des Tiger I, le début s'avéra infructueux. Dans la bataille d'Oglenduva, 2 T-34-85 détruisirent 3 chars les plus récents lors d'une embuscade, et un autre fut endommagé. Dans cette direction, les chars soviétiques s'attendaient à une attaque des chars lourds ennemis et préparèrent une embuscade combinée chars-artillerie, à laquelle participèrent, entre autres, des canons A-19 de 122mm et des ISU-152. Au cours de la bataille avec la 53ème Brigade de Chars de la Garde, selon les données allemandes, 11 véhicules furent détruits, selon les données soviétiques 13. Pendant 3 jours de combats continuent dans la période du 11 au 13 août 1944, dans la région des cantons de Staszow et Szydluv, les troupes du 6ème Corps de Chars de la Garde capturèrent et détruisirent 24 chars ennemis, dont 12 étaient des Tiger II. De plus, 3 Tiger II (n°102, 502 & 234) furent abandonnés par les équipages et capturés en bon état. Selon un participant soviétique à cette bataille, un groupe de T-34-85 sauta de la forêt dans le champ où se trouvaient les Tiger II, qui s’enfoncèrent dans le sol d'environ 20 cm, perdant leur mobilité. Les T-34-85 s'approchèrent rapidement et commencèrent à tirer sur les Tiger II, dont les tourelles n'eurent le temps de tourner. En conséquence, les équipages des Tiger II furent contraints d'abandonner leurs véhicules immobilisés et de fuir le champ de bataille sans saborder les véhicules abandonnés. Les chars n°102 et 502 furent livrés à Koubinka et soumis à des tests complets, ce dernier est maintenant exposé au musée de Koubinka. Au même moment, la 1ère Brigade Blindée de la Garde du colonel VM Gorelov du 8ème Corps Mécanisé de la Garde atteignit la forêt près de Khmelnik. Un bataillon du major des gardes V.A.Zhukov tomba sur 16 chars la nuit, dont les équipages dormaient dans une hutte à côté. Seuls 3 équipages allemands réussirent à sauter dans les chars. Alors que les chars allemands faisaient demi-tour, leurs chenilles furent détruites par le tir des T-34. Les chars furent capturés remplis de carburant et pleins de munitions. Les véhicules furent transférés au 3ème Bataillon, où il y avait des équipages libres. On pense que le dernier des Tiger II détruits au combat aurait été abattu à Berlin le 2 mai 1945, dans la zone du pont de Spandau.
-
Soldats allemands et hongrois avec leur Tiger II du 503ème Bataillon de Panzer Lourds, Budapest, octobre 1944. -
Front de l’Ouest (1944-1945)
La première unité à recevoir les Tiger II fut la 316ème compagnie de la Panzer-Lehr-Division, qui reçut les 5 premiers chars de production le 14 mars 1944. Ces 5 véhicules ne furent ensuite utilisés qu'à des fins d'entraînement et furent finalement sabordés afin d'empêcher leur capture. La première unité de combat sur le front occidental, armée de nouveaux chars, était le 503ème Bataillon de Panzer Lourds. En raison de retards de production, le bataillon ne reçu que 12 Tiger II, tandis que les 33 chars restants étaient des Tiger I. Le 27 juin, le bataillon fut envoyé au front et le 7 juillet arriva à Dreux. À son arrivée, le bataillon fut affecté au 22ème Régiment de Panzer de la 21ème Panzerdivision, qui combattit les forces britanniques dans la région de Caen. Lors de la toute première bataille, le bataillon réussit à éliminer 12 Sherman. Le lendemain soit le 18 juillet, dans le cadre du déclenchement de l'opération Goodwood, les positions du 503ème Bataillon (ainsi que les positions des autres troupes allemandes concentrées à Caen) furent soumis à un raid aérien massif. Les combats montrèrent les hautes qualités du Tiger II, qui à l’avant s'avéra quasi invulnérable aux armes AT disponibles. Même les plus récents M36 Jackson et leur canon de 90mm et le Firefly munit du canon QF 17-pdr de 76,2mm n'étaient pas très efficaces contre eux. De plus, des tirs massifs de campagne et d'artillerie lourde furent utilisés pour combattre les nouveaux chars. Le bataillon perdit progressivement ses chars, à la fois lors de batailles et à la suite de pannes, et le 6 août, il ne restait plus que 11 véhicules. La 3ème Compagnie du bataillon fut retirée pour réarmement par 14 Tiger II qui arrivèrent les 27-29 juillet. À partir du 12 août, le bataillon combattit dans la région de l'Orne, mais lors des combats et retraites qui s'ensuivent, en août-septembre 1944, 12 des 14 Tiger II furent perdus, principalement en raison de pannes ou de l'impossibilité de traverser les rivières. Seuls 2 chars de la compagnie retournèrent finalement à l'arrière pour armer de nouvelles unités. Le 9 septembre, le bataillon fut retiré à l'arrière pour réarmement, et il était prévu que 2 des compagnies du bataillon seraient armées de Tiger II, tandis que la troisième, de Jagdtiger. Cependant, ces plans furent annulés par un ordre personnel d'Hitler, qui interdisait une telle structure mixte de bataillons de chars lourds. L'arrivée des Tiger II eux-mêmes fut retardée en raison de problèmes de production, mais finalement, entre le 17 octobre et le 3 décembre, le bataillon reçut 34 de ces chars et avec les Tiger I, qui constituaient le reste des véhicules qui partirent le 5 décembre vers le front. Là, le bataillon fut rattaché à la 1ère Division SS "Adolf Hitler", avec elle a participé à l'offensive des Ardennes et avec elle a capitulé le 9 mai 1945. Le premier bataillon de chars lourds, entièrement rééquipé de nouveaux véhicules, était le 506ème, qui reçut 45 Tiger II du 20 août au 12 septembre. Le 22 septembre, le bataillon fut envoyé au front, en Hollande, pour repousser l'offensive britannique. Le bataillon combat dans diverses zones jusqu'au printemps 1945, participant à l'offensive des Ardennes. Au 5 avril, le bataillon disposait encore de 7 chars prêts au combat, mais finalement, les 14 et 15 avril, il se rendirent avec d'autres troupes allemandes encerclées dans la région de la Ruhr. Depuis mars 1945, le 507ème bataillon fut rappelé du front oriental, qui reçut 21 Tiger II le même mois pour des opérations sur le front occidental. Il n'eut pas le temps de prendre part aux hostilités, qu’il reçut l'ordre de se retirer dans la région de Pilsen pour se rendre aux troupes anglo-américaines, mais comme l'avancée des troupes soviétiques coupait le chemin de la retraite, le bataillon se rendit aux troupes soviétiques le 12 mai. 16 autres Tiger II, dont les 13 derniers véhicules de ce type produits, sortis directement de l'usine, furent livrés aux 3 compagnies des 510 et 511ème bataillons. À partir du 1er avril, ils se battirent dans la région de Kassel. En plus de ces unités, dans les derniers mois de la guerre, tous les Tiger II disponibles furent lancés au combat dans le cadre de diverses unités, y compris celles affectées à l'entraînement ou aux tests, et même le prototype du Tiger.
-
Tiger II avec tourelle Porsche du 503ème Bataillon de Panzer Lourds, parc du Château Canteloup, France, juillet 1944.
-
Panzerkampfwagen VI Ausf. B Tiger II