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Genèse & Production
Le 3 août 1942, le comité en charge des Panzer, le Waffenamt, décida que le châssis du Panther serait utilisé pour concevoir un nouveau chasseur de char qui puisse allier l'excellente mobilité et le blindage du Panther, au très efficace 88mm PaK 43. Cette arme avait déjà été montée sur le Ferdinand mais ce ne fut guère une réussite, l'engin étant trop lourd, peu mobile et peu fiable. Le Nashorn, sur châssis hybride de Pz.Kpfw. III/IV, fut également équipé du PaK 43 mais sa superstructure ouverte et légère n'offrait que peu de protection à son équipage, le Nashorn étant cependant plus mobile que l'Elefant qui connut la déroute à Koursk (Russie) en juillet 1943 dès son lancement. En octobre 1942, Daimler-Benz fut chargé du développement du nouveau Jägdpanzer avec l'aide de Krupp. En novembre 1942, une maquette en bois fut réalisée et début 1943 Daimler-Benz débuta la mise au point du prototype jusqu'en mai où MIAG (Braunschweig) prit le relai en raison du peu d'espace encore disponible sur les plants de montage de Daimler-Benz. Le 20 octobre 1943, un modèle fut présenté à Hitler à Arys, deux prototypes finalisés seront encore produits avant la fin de l'année. Le prototype fut jugé bon pour la production et on lui donna l'appellation de Jägdpanzer V ou Jägdpanther (Sd.Kfz.173).
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La production du Jägdpanther débuta officiellement en décembre 1943, mais ne commença réellement qu'au début de janvier 1944 sur les plants de montage de MIAG. En novembre 1944, une deuxième unité de production fut implantée chez MNH à Hanovre et par la suite une troisième fut créée chez MBA à Potsdam. Un objectif de 150 exemplaires par mois fut dans un premier temps spécifié mais ne fut jamais atteint. Le pic de production fut réalisé en janvier 1945 avec seulement 72 chars. Il est donc normal que seulement 392 Jägdpanther furent construits entre décembre 1943 et mars 1945. Certaines sources mentionnent que la production se poursuivit jusqu'à la fin de la guerre et qu'un total de 425 exemplaires furent produits mais cela n'est pas vérifié.
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Design
Le Panther Ausf. G fut finalement choisi pour le châssis. On monta sur la caisse supérieur une superstructure recouvrant tout le toit sauf le plateau arrière. La partie frontale de cette superstructure prolongeait simplement le glacis de la caisse. Idem pour les parties latérales. Cet assemblage procura au nouveau char un large espace de combat bien protégé par un blindage conséquent. Le principal armement de ce nouveau chasseur était le 88mm PaK 43/3 L/71 (capable de détruire n'importe quel char ennemi à 3 km) installé dans un masque en groin de cochon (Saukopf). Le premier spécimen avait un fin collier entourant l'ouverture dans le glacis tandis que les plus tardifs possédaient un large collier boulonné et surtout un canon composé d'un tube en 2 pièces (pour faciliter le changement des sections endommagées). Le canon du Jägdpanther avait un champ de tir horizontale limité à 13° sur la gauche comme sur la droite et un champ de tir verticale allant de -8° à +14°. Le Jägdpanther pouvait accueillir jusqu'à 57-60 obus de 88mm. Une MG34 coaxiale montée sur rotule à la droite du canon complétait l'armement ainsi que 4 mitraillettes à l'usage de l'équipage à l'intérieur de la caisse. Pour acquérir un objectif, le tireur disposait d'un périscope binoculaire SflZF5 sur le toit de la superstructure. Pour sa conduite le pilote lui disposait d'un autre périscope dont on voyait les 2 fentes (une seule pour les modèles de fin de production) à la gauche du canon sur le glacis. D'autres appareils de vision étaient disposés sur le toit à l'usage du chargeur et du commandant. L'équipage du Jägdpanther était classique et composé du pilote assis à l'avant gauche de la caisse, du radio-mitrailleur assis à l'avant-droit de la caisse, du tireur assis derrière et au-dessus du pilote dans la superstructure, du chargeur assis derrière et au-dessus du radio-mitrailleur dans la superstructure et du commandant assis dans le coin arrière-gauche dans cette même superstructure. L'accès et la sortie pour l'équipage se faisait généralement par la large trappe montée à l'arrière de la superstructure (servant également au chargement des munitions et à l'évacuation des douilles) même si 2 autres trappes étaient présentes sur le toit.
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À l'intérieur d'un Jägdpanther d'un Bataillon de Panzerjäger. Au-dessus du râtelier gauche de munitions, il y a une boîte avec casque-écouteur de rechange, 1944. -
Trappe arrière de la superstructure. -
Saukopf. -
L'un des 8 premiers exemplaires de production attachés au 1ère Compagnie, 654ème Bataillon de Panzerjäger Lourds et testé à Mailly-le-Camp, en France, août 1944. -
Jägdpanther de la 1ère Compagnie, 654ème Bataillon de Panzerjäger Lourds, Normandie, été 1944. -
1ère Compagnie, 654ème Bataillon de Panzerjäger Lourds, Poche de la Ruhr, Allemagne, mars 1945. -
560ème Bataillon de Panzerjäger Lourds, Ardennes, Belgique, décembre 1944. -
654ème Bataillon de Panzerjäger Lourds, 1ère Compagnie, Centre de formation de Grafenwöhr, Allemagne, octobre 1944. -
Unité inconnue, Front de l'Est, début 1945. -
Conversions
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Jägdpanther II
Les ingénieurs allemands projetèrent de construire un Jägdpanther II armé avec le canon de 128mm, basé sur le Panther II mais son développement n'atteignit jamais le stade du prototype. En effet, le seul prototype de Panther II construit (la caisse seulement) fut capturé par l'Armée Américaine et fut transporté aux Aberdeen U.S Army Proving Grounds (Maryland) pour des tests. Contrairement au Jägdpanther le canon est ici installé dans une casemate blindée placée à l'arrière (avec une trappe d'accès à l'arrière), le bloc moteur étant dès lors placé au centre entre le poste de pilotage et celui de combat.
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Proposition de Jägdpanzer basée sur le Panther II, armé du 128mm PaK 80. -
Structure identique au Jägdpanther II mais montée sur un châssis de Panther standard. -
Bergejägdpanther
Char de dépannage basé sur le Jägdpanther.
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Probablement un projet papier fantaisiste. À défaut d'être authentique ce projet a le mérite d'apparaître réaliste. -
Befehlsjägdpanther
Version de commandement munit de radios supplémentaires.
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654ème Bataillon de Panzerjäger Lourds, Vétéran de Normandie. -
559ème Bataillon de Panzerjäger Lourds de l’État-Major, Belgique, septembre 1944. -
Autres
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Jägdpanther précoce du 654ème Bataillon de Panzerjäger Lourds, France, Normandie, été 1944.
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En Action
Les premiers Jägdpanther furent envoyés au 654ème Bataillon. Ce fut la première unité à utiliser des Jägdpanther dans des batailles sur le front occidental. Au total, il y avait 42 Jägdpanther dans les 3 compagnies du bataillon. Au bout de 2 semaines, 4 autres bataillons de Panzerjäger lourds furent envoyés sur le front occidental, chacun ayant 1 compagnie, composée de Jägdpanther. La première unité à être équipée de Jägdpanther fut le 654ème Bataillon de Panzerjäger Lourds. Il n'y avait pas assez de véhicules pour compléter le bataillon, donc seulement 2 compagnies furent formées dans le bataillon. Le 11 juin, la 2ème Compagnie disposait de 13 véhicules, au QG du bataillon il y avait 2 Befehlsjägdpanther. Le 15 juin, 8 véhicules de la 2ème Compagnie du 654ème Bataillon furent chargés sur les quais et envoyés en Normandie. Là, les véhicules furent inclus dans une panzerdivision d’entrainement. Au 1er juillet, seules les 2 et 3èmes compagnies étaient entièrement équipées. La 1ère Compagnie ne disposait pas encore d'un seul chasseur de chars. Le 17 juillet, tous les véhicules des 2 et 3èmes compagnies au complet se rendent au front, où les véhicules furent inclus dans le 47ème Corps de Panzer.
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Un Jägdpanther de début de production du 654ème Bataillon de Panzerjäger Lourds sur les berges de la rivière Mars, sud-ouest de la France. -
Il convient de noter qu'au départ, les Befehlsjägdpanther du bataillon furent remplacés par les Befehlspanther. Le 30 juillet, le commandant du 47ème Corps de Panzer signala que les véhicules du 654ème Bataillon avaient détruit 25 chars alliés, dont le Churchill Mk. IV de la 6ème Brigade de Chars. Le bataillon lui-même perdit 3 véhicules en juillet (2 Jägdpanther et un Befehlspanther). Fin juillet, le bataillon reçut 16 véhicules. Cela permit au bataillon d'équiper entièrement la 1ère Compagnie et de rattraper les pertes. Le 10 août, les Britanniques réussirent à capturer la quasi-totalité d'un Jägdpanther portant le n°314 (de la 3ème Compagnie). Après les batailles de Falaise, le 654ème Bataillon se replie au-delà de la Seine. Ils réussirent à transporter 23 véhicules de l'autre côté de la rivière. Le 9 septembre, le bataillon est emmené sur le terrain d'entraînement de Grafenwehr. L'usine MIAG recevait régulièrement des réapprovisionnements : 14 octobre - 9 voitures, 23 octobre - 7 voitures. Le 15 novembre, le bataillon reçut 6 autres Jägdpanther. Dans les derniers jours de novembre, le bataillon opère en Alsace au sein du Groupe d'Armées G. 52 unités de véhicules blindés ennemis furent sabordés et les pertes du bataillon s’élevèrent à 18 véhicules. Le 1er décembre 1944, le bataillon comptait 25 Jägdpanther en service. Début 1944, le 559ème Bataillon fut formé sur la base du 525ème Bataillon de Panzerjäger Lourds sur le terrain d'entraînement de Milau. Initialement, le bataillon reçut des Marder III. En mars, les deux premiers Jägdpanther arrivèrent à Milau. En mai, le bataillon reçut 5 autres véhicules. Fin août, le bataillon reçut 11 Jägdpanther et 28 autres canons d'assaut. Le 3 septembre, le bataillon reçut 17 autres Jägdpanther, portant leur nombre à 35. Le bataillon fut devenu une partie du Groupe d'Armées B opérant en Hollande. Le bataillon combattit à Utrecht et sur le canal Albert. Au cours de ces combats, le bataillon perdit la plupart de ses véhicules. Ainsi, le 1er novembre, le 559ème Bataillon n'avait que 6 Jägdpanther en état de marche. À l'été 1944, le 519ème Bataillon de Panzerjäger Lourds, vaincu sur le front de l'Est, fut reconstitué à la Panzerjägerschule de Milau. Deux compagnies du bataillon prévoyaient de s’équiper des StuG IV, et un Jägdpanther. Après avoir terminé la formation et l'entraînement, le bataillon en pleine force se rendit sur le front occidental, où il entra dans le Groupe d'Armées G. Sur le front occidental, deux autres bataillons opéraient avec des Jägdpanther : les bataillons n° 560 et 655. Il était prévu d'équiper chaque bataillon d'une compagnie de Jägdpanther d'ici le début de l'offensive des Ardennes. Cependant, seul le 560ème Bataillon réussit à obtenir de nouveaux véhicules, et le 655ème Bataillon était déjà équipé de Jägdpanther en 1945. Toutes les unités qui combattirent dans les Ardennes perdirent plus de la moitié de leur flotte de véhicules blindés. Par exemple, le 654ème Bataillon perdit 56 % du nombre requis de véhicules.
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Jägdpanther en France, juin 1944. -
L'offensive des Ardennes fut la période d'utilisation la plus intensive du Jägdpanther au front. L'offensive des Ardennes impliqua 3 compagnies de 3 bataillons. De plus, plusieurs Jägdpanther étaient dans d'autres unités, par exemple, dans la brigade « Führer-Grenadier ». Le commandant de la brigade, le colonel Hans-Joachim Kalert, au 16 décembre 1944, comptait 37 Panther dans le 1er Bataillon de Panzer, dont la moitié étaient en fait des Jägdpanther. Dans le cadre de la 6ème Armée, une compagnie du 519ème Bataillon opérait, et la panzerdivision d’entrainement, au lieu du 1er Bataillon du 130ème Régiment de Panzer, comptait le 559ème Bataillon de Panzerjäger Lourds dans sa composition. Au début des combats, le bataillon était en réserve et devint plus tard une partie du groupement tactique von Posinger. Les Allemands perdirent plusieurs Jägdpanther du 559ème Bataillon dans les rues de Jamelle, et jetèrent un char sur la route au sud d'An-sur-Las. Depuis février 1945, 5 bataillons prirent part aux batailles sur le front de l'Est, chacun ayant une compagnie composée de 14 Jägdpanther. Sur le front de l'Est, les Jägdpanther se montrent beaucoup plus modestes. En janvier 1945, seuls 10 véhicules des 563 et 616èmes bataillons opéraient dans l'est. Le 653ème Bataillon fut transféré en toute hâte à l'est de Milau, où il combat dans la région de Grudusk et Tsehanuv, puis défend Olsztyn. Le bataillon vaincu se retira en Prusse orientale, où, au cours de l'hiver 1945, il fut finalement vaincu. La 3ème Compagnie du 616ème Bataillon opérait dans la région de Bygdoszcz et Miroslavets (Merkish-Fridlyand). En 1945, les Jägdpanther commencèrent à entrer non seulement dans des bataillons individuels de Panzerjäger, mais aussi dans d'autres unités de chars, y compris les panzerdivisions de la Wehrmacht (par exemple, la 9ème Panzerdivision à l'ouest et la 4ème à l'Est) et la Waffen SS (9 et 10ème Panzerdivision SS à l'Est). Des bataillons individuels reçurent également des renforts. Par exemple, le 13 mars 1945, le 559ème Bataillon reçut 5 Jägdpanther. Dans certains bataillons de panzer, les Jägdpanther furent utilisés pour remplacer les Panther. Une chose similaire s'est produite dans le 1er Bataillon de Panzer du 29ème Régiment de Panzer et dans le 1er Bataillon du 130ème Régiment de Panzer. Dans ces deux bataillons étaient entièrement équipés de Jägdpanther d'une compagnie chacun.
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Vue arrière d'un Jägdpanther Ausf. G1 n°122 avec bacs de rangements et bac cylindrique pour les tiges de nettoyage, défoncé sur le front Ouest. -
La dispersion des forces au cours des derniers mois de la guerre conduisit au fait que les Jägdpanther opérèrent sur une variété de fronts. Le 560ème Bataillon de Panzerjäger soutenus les opérations de la 12ème Panzerdivision SS « Hitlerjugend » en Hongrie, et les Jägdpanther de la 10ème Panzerdivision SS combattirent dans la région de Nasa Luzhitskaya avec des unités de la 2ème Armée de l'Armée Polonaise. De plus, les Jägdpanther faisaient également partie de la division « Gross Deutschland ». L'utilisation la plus massive du Jägdpanther sur le front de l'Est fut constatée lors de la contre-attaque de Wehrmacht de Dietrich près du lac Balaton, et lors de la défense de Vienne. Vraisemblablement, la plupart des canons automoteurs faisaient partie d'unités de panzer SS constituées à la hâte et étaient utilisés avec des chars. Il est à noter qu'au 1er mars 1945, 202 Jägdpanther étaient en service.
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Matériels de prise rassemblés dans la ville d'Oldenburg dans le nord de l'Allemagne le 10 mai 1945. Ils ne sont pas forcément visibles mais bien présents : 3 Flakpanzer IV Wirbelwind du 655ème Bataillon de Panzerjäger Lourds, plusieurs Jägdpanzer IV/70 (V), des Marder III de la 5ème Compagnie du 20ème Bataillon de Panzerjäger d’Entrainement et de Remplacement et le châssis d'un Panzer III ou StuG III utilisé comme engin de dépannage. Tout à droite : un Sd.Kfz. 9 et un Jägdpanzer IV.
Jägdpanzer V Jägdpanther