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Genèse
L'Allemagne débuta le développement de la série du Marder (Martre) vers la fin de 1941 pour augmenter la mobilité des canons AT (PaK) en les montant sur une variété de châssis disponibles. Il s'agissait d'une solution d'intérim en attendant que des conceptions plus perfectionnées puissent être développées. Ces véhicules utilisèrent les châssis de chars devenus obsolètes ou capturés. Ils furent armés avec les canons PaK 40 de 75mm (Rheinmetall-Borsig) et L/22 1936(r) de 76,2mm. Le canon allemand de 75mm pouvait pénétrer 116mm de blindage à 1 km avec des AP. Les canons soviétiques capturés étaient modifiés par Rheinmetall-Borsig et rechambrés afin de pouvoir tirer les munitions allemandes de 75mm. Ce canon pouvait pénétrer 108mm de blindage à une distance de 1 km avec des AP. Les deux canons étaient équipés des lunettes télescopique ZF3x8. Tous ces véhicules étaient dotés d'un champ de tir latéral limité, forçant le pilote à changer la position du char pour que le canon soit face à l'ennemi. Énormément d'engins de ce type seront construits, 2 812 véhicules d'avril 1942 à mai 1944, furent convertis à partir de divers châssis. Les Marder étaient vulnérables en raison de leur haute silhouette et du fait que leurs équipages n'étaient pas efficacement protégés par le faible blindage de leurs superstructures ouvertes. Cependant, ils offrirent aux divisions de Panzer, de panzergrenadiers et d'infanterie (au sein des Bataillon de Panzerjäger) un appui feu très appréciable. Petit à petit, les Marder furent remplacés par des Panzerjäger plus puissants et mieux protégés, mais bon nombre restèrent en service jusqu'à la fin de la guerre. Dans l'offensive ? Les Panzerjäger, étaient généralement, lors d'un assaut, utilisés pour contrecarrer les contre-attaques ennemies et nettoyer le terrain, ils ne formaient pas le fer de lance de l'attaque. Lors de la défensive, les Panzerjäger occupaient une position fixe, bien dissimulés, attendant qu'un véhicule ennemi passe à leur portée. C'est le principe de l'embuscade. Au fur et à mesure que la guerre progressa, ces engins ne furent plus guère utilisés en terrain découvert en raison de leur superstructure ouverte qui les rendait vulnérables aux mitraillages aériens.
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Design
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Marder I
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7,5 cm PaK 40/1 auf G.W. Lr.S(f)
La suspension du Marder I se composait de 6 galets placés de chaque côté, suspendues par paires et placés sur 3 bogies. Au-dessus de chaque bogie, une unité de ressort à lames était placée. Il y avait également 4 rouleaux de renvoi, des pignons d'entraînement avant et un tendeur placé de chaque côté à l'arrière. La transmission était placée dans l’avant de caisse du véhicule. La suspension du Lorraine 37L était d'une conception très robuste et simple. C'était plutôt rare parmi les conceptions de chars français d'avant-guerre, qui avaient généralement des systèmes de suspension trop compliqués. Dans son rôle initial de tracteur blindé, le Lorraine 37L avait peu de mal à suivre les chars français sur terrain bon ou boueux. La version allemande avait un poids accru allant jusqu'à 8,5 t (7,5 ou 8 t selon la source), par rapport aux 6 t d'origine. Alors que le système de suspension Lorraine 37L était considéré comme adéquat dans son rôle d'origine, le poids supplémentaire s'avéra problématique, en particulier sur le Front de l'Est, principalement en raison des basses températures et des routes boueuses. De plus, les vibrations causées par le tir du canon principal exerçaient une pression énorme sur la suspension, ce qui augmentait les risques de dysfonctionnements ou de dommages. Le type de moteur du Marder I et sa position ne furent pas modifiés par rapport au Lorraine 37L d'origine. Le moteur Delahaye Type 135 de 6 cylindres, refroidi par eau, de 70 ch à 2800 tr/min était situé au centre de la caisse du véhicule. Alors que la vitesse max avec ce moteur était de 35 km/h, en tout-terrain elle n'était que de 8 km/h. La portée opérationnelle était également assez limitée, avec 120 km sur de bonnes routes et 75 km en tout-terrain. La faible vitesse sur les mauvaises routes et le petit rayon opérationnel sont peut-être la principale raison pour laquelle le Marder I était principalement affecté aux divisions d'infanterie. Le tuyau d'échappement était situé sur le côté gauche de la caisse et était protégé par une fine plaque blindée incurvée. La capacité de carburant du Marder I était de 111 L. Le Marder I fut construit à l'aide du châssis Lorraine 37L pour la plupart non modifiés, en remplaçant simplement le compartiment de transport d'origine positionné à l'arrière par une nouvelle superstructure blindée. La nouvelle superstructure blindée avait une conception relativement simple, qui consistait en des plaques blindées rectangulaires soudées ensemble. Ces plaques blindées étaient inclinées afin de fournir une protection supplémentaire, car l'épaisseur du blindage était assez faible. L'avant de cette superstructure blindée était protégé par le bouclier élargi du canon principal. Le Marder I était un véhicule à toit ouvert et, pour cette raison, une bâche était prévue pour protéger l'équipage des intempéries. Bien sûr, cela n'offrait aucune protection réelle pendant le combat. La superstructure ajoutée servait de compartiment de combat à l'équipage pour faire fonctionner le canon principal. En raison de la petite taille du Marder I, le compartiment de l'équipage offrait un petit espace de travail. Le Lorraine 37L, étant conçu pour remplir le rôle de véhicule de ravitaillement, n'était que légèrement blindé. Le blindage avant avait une épaisseur de 12mm, tandis que le haut et le bas n'avaient que 6mm d'épaisseur. L'épaisseur du blindage de la superstructure, selon la source, est généralement d'environ 10 à 11mm d'épaisseur tout autour. En réalité, la plaque de blindage roulée utilisée par les Allemands n'était pas d'une épaisseur précise. Elle variait sur la longueur de la plaque dans une certaine plage de tolérance. Il convient de rappeler que ces mesures comprenaient l'épaisseur de la couche de base de l'apprêt et de la couche finale de peinture.
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La superstructure du Marder I avait une conception très simple mais n'offrait aux équipages qu'une protection limitée. Le grand bouclier de canon est également évident ici. -
Le canon principal choisi pour le Marder I était le PaK 40/1 L/46 de 75mm. Ce canon, avec son affût légèrement modifié, était placé au-dessus du compartiment moteur. Son bouclier blindé original en 2 parties fut remplacé par un seul bouclier élargi couvrant l'avant de la superstructure. L'élévation du canon principal était de -8 à +10° (ou -5 à +22° selon les sources) et la traverse : -20 à +20° (-16 à +16° selon les sources). La charge totale d’obus diffère également selon la source. Selon les auteurs H. Doyle, G. Parada, W. Styrna & S. Jablonski, le Marder I pouvait emporter 40 obus. T.L. Jentz & H.L. Doyle mentionnent un nombre de 48 obus. Afin de soulager le stress sur les mécanismes d'élévation et de translation pendant les longs trajets, un verrou de déplacement fut ajouté. L'armement secondaire se composait d'une MG34 de 7,92mm et éventuellement des armes personnelles de l'équipage. Fait intéressant, il y a une photographie d'un Marder I armé du PaK 38 de 50mm. Plus d'informations sur les circonstances dans lesquelles cette modification fut produite font malheureusement défaut. Il aurait pu s'agir soit d'une modification sur le terrain, ce qui est très probable, soit d'un simple véhicule d'entraînement. Il pourrait également s'agir d'une modification d'après-guerre, éventuellement effectuée par les Français. Ce qui est intéressant, c'est que le bouclier avant avait une plaque de blindage supplémentaire autour du canon. Selon T.L. Jentz & H.L. Doyle, le Marder I avait un équipage de 4 personnes composé du commandant, du mitrailleur, du chargeur et du chauffeur. D'autres sources, par exemple, G. Parada, W. Styrna & S. Jablonski, donnent 5 membres d'équipage. La raison pour laquelle les auteurs donnent des informations différentes concernant le nombre de membres d'équipage n'est pas claire. Pour compliquer encore les choses, il y a de vieilles photographies du Marder I avec 3 ou 4 membres d'équipage dans le compartiment de combat arrière (en plus du conducteur, qui était dans son propre compartiment à l'avant). Le conducteur était positionné à l'intérieur de la caisse du Marder I et était le seul membre d'équipage à disposer d'une protection blindée complète. Pour atteindre sa propre position à l'intérieur du véhicule, une trappe de forme rectangulaire en 2 parties positionnée horizontalement était utilisée. Pour l'observation, il y avait 2 fentes de vision simples à l'avant et 1 de chaque côté. Alors que ceux-ci avaient une conception simple, les Allemands ne les remplacèrent jamais, probablement pour gagner du temps ou simplement parce qu'ils n'avaient rien de mieux à portée de main. Les autres membres d'équipage étaient placés dans le compartiment blindé de la superstructure. Le mitrailleur serait positionné à gauche du canon. Sur le devant du bouclier, il y avait une petite glissière blindée qui pouvait être ouverte pour utiliser le viseur du canon. À droite du canon se trouvait probablement la position occupée par le commandant et derrière lui se trouvait le chargeur. S'il y avait un cinquième membre d'équipage, il aurait probablement été opérateur radio pour la radio FuG 5 ou assistant chargeur. S'il n'y avait que 4 membres d'équipage, un autre membre d'équipage aurait servi d'opérateur radio.
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Marder II
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Ausf. A/B/C/F
La suspension du Marder II était visuellement la même que sur le Panzer II. Il se composait de 5 grands galets (55x9,8x45,5 cm) (de chaque côté) qui avaient des jantes en caoutchouc. Au-dessus de chaque galet, sur un culbuteur, une unité de ressort à lame quart elliptique avec un rouleau mobile était placée. L'ajout d'armes à feu, de munitions, de blindage et d'autres modifications entraîna une augmentation du poids de 9,5 à 11 t. Pour faire face avec succès à ce poids supplémentaire, la suspension du Panzer II fut également renforcée en élargissant les ressorts à lames au-dessus des galets. De plus, des amortisseurs à volute verticale furent ajoutés sur les première, deuxième et dernier galet de chaque côté. Il y avait aussi un pignon d'entraînement avant (d'un diamètre de 75,5 cm), un tendeur positionné à l'arrière (65 cm de diamètre) et 4 rouleaux de renvoi (22x10,5 cm) de chaque côté. La chenille avait une largeur de 30 cm avec une longueur de 2,4 m. Le poids total des chenilles était de 400 kg. Le moteur du Marder II et son positionnement étaient les mêmes que sur le Panzer II Ausf. F. Le Maybach HL62 TR de 6 cylindres, refroidi par eau, développant 140 ch à 3 000 tr/min, était situé à l'arrière de la caisse du véhicule. L'arbre de transmission passait du moteur par le côté droit du compartiment de l'équipage et était relié au système de transmission monté à l'avant. La vitesse max avec ce moteur était de 40 km/h et celle tout-terrain était de 20 km/h. La portée opérationnelle était de 190 km sur route et de 125 km en tout-terrain. La capacité totale de carburant était de 170 L stockés dans 2 réservoirs de carburant (102 + 68 L). Le compartiment de l'équipage était séparé du moteur par un pare-feu de protection de 12mm d'épaisseur. Le Marder II fut construit à l'aide d'un châssis de Panzer II Ausf. F (avec un plus petit nombre de versions plus anciennes) en retirant simplement la tourelle et la majeure partie de la superstructure, à l'exception du compartiment du conducteur. Au-dessus du compartiment du conducteur, un support spécialement conçu pour le canon principal fut soudé à la caisse. Autour du canon, une superstructure blindée de conception relativement simple fut ajoutée pour la protection de l'équipage. Ces plaques blindées étaient légèrement inclinées, mais l'épaisseur du blindage était assez faible. Le Marder II était un véhicule à toit ouvert et, pour cette raison, une bâche était prévue pour protéger l'équipage des intempéries. En raison de la taille relativement petite du Panzer II, le compartiment de l'équipage était exigu. Pour éviter d'être touchés par les tirs ennemis, les équipages étaient parfois équipés de périscopes mobiles pour l'observation. Des équipements supplémentaires tels que des pelles, des câbles et des maillons de chenilles étaient généralement stockés à l'extérieur de la superstructure. Des caisses en bois de stockage étaient souvent ajoutées par l'équipage pour du matériel supplémentaire. L'épaisseur du blindage de la caisse du Marder II était relativement mince par rapport aux normes de 1942. Le blindage de caisse avant était de 35mm, les flancs et l'arrière n'étaient que de 15mm et le fond avait une épaisseur de 10mm. La plaque de blindage avant du conducteur avait une épaisseur de 35mm. La nouvelle superstructure n'était également que peu protégée, avec un blindage avant et latéral de 10mm d'épaisseur. Le canon était protégé par un bouclier blindé standard composé de 2 plaques blindées séparées de 4mm d'épaisseur. Le canon principal choisi pour le Marder II était le standard PaK 40/2 L/46 de 75mm. Ce canon, avec son affût modifié, était placé directement sur le côté gauche de la caisse du Panzer II. Cela était fait afin de fournir au chargeur plus d'espace de travail. L'élévation du canon principal était de -8 à +10° et la traverse de 32° à gauche et de 25° à droite. La charge totale de munitions se composait de 37 obus placés dans 3 racks situés au-dessus du compartiment moteur. Le plus grand, avec 24 obus, était placé sur le côté gauche. Au milieu, il y avait de la place pour 7 et les 6 derniers étaient dans un rack. Afin de soulager les contraintes sur les mécanismes d'élévation et de translation lors de longs trajets, 2 verrous de voyage furent ajoutés, un à l'avant pour soutenir le canon et un dans le compartiment de l'équipage. L'armement secondaire se composait d'une MG34 de 7,92mm avec 600 cartouches et d'une mitraillette MP38 ou 40 de 9mm.
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Le Marder II avait un équipage de 3 hommes, composé du commandant/mitrailleur, du chargeur et du chauffeur/opérateur radio, selon T.L. Jentz & H.L. Doyle. D'autres sources, par exemple W.J.K. Davies, donne 4 membres d'équipage. W. Oswald nota également que le nombre d'équipages était de 4. L'auteur R. Hutchins mentionne que le Marder II pouvait avoir 3 ou 4 membres d'équipage. La raison pour laquelle les auteurs indiquent un nombre différent de membres d'équipage n'est pas claire. Pour compliquer encore les choses, des photographies du Marder II avec 2 et 3 membres d'équipage dans le compartiment de combat arrière existent (en plus du conducteur, qui était dans son propre compartiment à l'avant). La position du conducteur était inchangée par rapport au Panzer II d'origine. Il était le seul membre d'équipage qui était entièrement protégé. Le conducteur était positionné sur le côté gauche de la caisse du véhicule. Pour observer les environs, il disposait d'un hublot de vision frontale standard avec 2 autres plus petits de chaque côté. Le conducteur pourrait fermer la visière dans des situations de combat. Dans ce cas, il pourrait utiliser le petit périscope jumeau (K.F.F.2) pour l'observation. Ce périscope était complètement démonté à partir de janvier 1943. Certains véhicules étaient équipés d'une fausse visière avant qui était ajoutée à droite du conducteur. Son but était de tromper les tireurs ennemis. Le conducteur pouvait entrer dans sa position depuis le compartiment de l'équipage ou par une petite porte d'écoutille rectangulaire devant lui. Le conducteur était également opérateur radio mais, selon les auteurs Z. Borawski & J. Ledwoch, cette tâche fut réaffectée au tireur pendant la guerre. Le Marder II était équipé d'un poste radio émetteur et récepteur et, en plus, d'un poste d'interphonie. La dernière tâche du conducteur, mais peut-être la plus importante, consistait à déverrouiller manuellement le verrou de déplacement vers l'avant. Dans une situation de combat inattendue, cela signifierait qu'il devait s'exposer à des tirs ennemis potentiels. Pour la conduite de nuit, initialement, 2 phares avant étaient utilisés. Plus tard dans la production, un seul fut conservé. Le commandant, qui était aussi le mitrailleur si l'équipage n'était composé que de 3 hommes, était positionné à gauche du canon principal. À sa droite se trouvait le chargeur. Le chargeur utilisait également la MG34 contre l'infanterie ennemie et les cibles non blindées. Le commandant et le chauffeur communiquaient en utilisant un interphone.
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Ausf. D/E
La suspension du Marder II était la même que sur les Panzer II Ausf. D & E. Cette version utilisait une suspension à barre de torsion contrairement à la suspension à ressort à lames utilisée sur la majorité des Panzer II. Dans certaines sources (comme Z. Borawski & J. Ledwoch), il fut noté que le Marder II utilisait le système de suspension Christie. C'est faux. La suspension Christie utilisait de grands ressorts hélicoïdaux placés verticalement ou en diagonale sur le côté de la caisse, et non des barres de torsion. Les plus galets avaient un diamètre de 69 cm. Il y avait aussi un pignon d'entraînement avant et un tendeur positionné à l'arrière de chaque côté, mais pas de rouleaux de retour. Le Marder II était propulsé par un moteur 6 cylindres, refroidi par liquide, Maybach HL62 TRM placé à l'arrière. Cela produisait 140 ch à 2 600 tr/min. La vitesse max avec ce moteur était de 55 km/h et celle tout-terrain était de 20 km/h. La portée opérationnelle était de 200 à 220 km sur de bonnes routes et de 130 à 140 km en tout-terrain. La capacité totale de carburant de ce véhicule était de 200 L. Le compartiment de l'équipage du Marder II était séparé du moteur par un pare-feu de protection de 12mm d'épaisseur. Le Marder II fut construit à l'aide du châssis du Panzer II Flamm en retirant simplement la tourelle et la majeure partie de la superstructure, à l'exception de la plaque avant du conducteur. Un blindage étendu fut ajouté au-dessus du compartiment du conducteur et sur les flancs. Ces plaques blindées étaient légèrement inclinées, pour une protection supplémentaire. À l'arrière, initialement, un cadre en treillis métallique fut ajouté, peut-être pour faciliter la construction et réduire le poids. Son objectif principal était de servir de zone de stockage pour l'équipement et accueillir les cartouches d’obus usagées. Au cours de la production, cela fut remplacé par des plaques de blindage. Un bouclier blindé étendu fut ajouté autour du canon, dont la conception serait légèrement modifiée au cours de la production. Le Marder II était un véhicule à toit ouvert et, pour cette raison, une bâche était prévue pour protéger l'équipage des intempéries. Il semble que certains véhicules avaient un cadre métallique ajouté au compartiment de combat, peut être utilisé pour aider à maintenir la couverture en toile. Une autre possibilité était que cela servait de mesure de sécurité supplémentaire pour les équipages, de peur qu'ils ne tombent accidentellement du véhicule. En raison de la taille relativement petite du Panzer II, le compartiment de l'équipage était exigu et des boîtes de rangement en bois étaient souvent ajoutées par l'équipage pour du matériel supplémentaire. L'épaisseur du blindage de la caisse du Marder II était relativement mince par rapport aux normes de 1942. Le blindage max de la caisse avant était de 35mm, tandis que les flancs et l'arrière n'avaient que 14,5mm d'épaisseur et le fond, 5mm. La plaque de blindage avant du conducteur avait une épaisseur de 35mm. La nouvelle superstructure n'était également que légèrement protégée, avec un blindage avant et latéral de 14,5mm d'épaisseur, et plus tard un blindage arrière également. Le canon était protégé par un bouclier blindé standard qui était étendu pour couvrir les flancs. Des maillons de chenille pouvaient être ajoutés sur la plaque de blindage avant pour servir de protection supplémentaire, mais en réalité, cela n'offrait qu'une amélioration limitée. Le canon principal choisi pour le Marder II était le canon PaK 36(r) de 76,2mm. Ce canon, avec sa monture en T modifiée, était placé directement au-dessus du compartiment moteur. L'élévation du canon principal était de -5 à +16° et la traverse de 25° à gauche et à droite. La charge totale de munitions se composait de seulement 30 obus, placés dans des racks situés juste en dessous du canon, à l'intérieur de la caisse du Marder II. Afin de soulager les contraintes sur les mécanismes d'élévation et de translation lors de longs trajets, 2 verrous de déplacement furent ajoutés, un à l'avant et un à l'arrière. L'armement secondaire se composait d'une MG34 de 7,92mm avec 900 cartouches et d'une mitraillette MP38 ou 40 de 9mm. Alors que la plupart des canons PaK 36(r) de 76,2mm étaient équipés d'un frein de bouche standard, il y avait un certain nombre de véhicules qui n'en avaient pas. Ils furent peut-être abandonnés par leurs équipages, endommagés ou plus probablement jamais montés en raison du besoin urgent de tels véhicules. Le Marder II avait un équipage de 4 hommes qui, selon T.L. Jentz & HL Doyle, se composaient du commandant, du mitrailleur, du chargeur et du conducteur. Z. Borawski & J. Ledwoch, dans leur livre Marder II, mentionnent que l'équipage était composé du commandant, de l'opérateur radio, du chargeur et du conducteur. Si l’on prend T.L. Jentz & H.L. Doyle comme source principale, cela signifierait que le commandant était situé dans la caisse du véhicule, à côté du conducteur, et qu'il servirait également d'opérateur radio. En revanche, selon Z. Borawski & J. Ledwoch, le positionnement de l'équipage serait différent, le commandant servant de tireur et placé à gauche du canon principal. Alors que les sources ne citent que 4 membres d'équipage, il est intéressant de noter que les photographies de Marder II montrent souvent un autre membre d'équipage présent. Cette pratique fut initiée par des unités de terrain imitant leurs cousins Panzer, car le membre d'équipage supplémentaire aiderait à augmenter les performances globales du véhicule en libérant le commandant de toute autre tâche. La position du conducteur était inchangée par rapport au Panzer II d'origine. Il était positionné sur le côté gauche de la caisse du véhicule. À sa droite se trouvait l'opérateur radio. L'équipement radio utilisé était l'émetteur et le récepteur FuG Spr d. Pour observer les environs, l'équipage positionné dans la caisse disposait de 2 hublots de vision avant standard. L'un de ces deux hommes aurait également pour tâche de déverrouiller le verrou de marche avant. De plus, l'équipage positionné dans la caisse pouvait également fournir aux opérateurs des canons les obus qui étaient stockés à l'intérieur. Dans le compartiment arrière du canon se trouvaient les positions du mitrailleur et du chargeur. Le mitrailleur était positionné à gauche et le chargeur à droite. Le chargeur utilisait également la MG34 contre l'infanterie ennemie et les cibles non blindées. Pour éviter d'être touché par le feu ennemi, l'équipage du compartiment de combat était parfois équipé de périscopes mobiles pour l'observation. Pour la communication de l'équipage, un interphone était utilisé.
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Marder III
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Panzerjäger 38(t) mit 7,62 cm PaK 36(r)
Le châssis et le train de roulement du Panzer 38(t) restèrent pratiquement inchangés. La suspension était également la même que celle d'origine, composée de 4 galets (reliées par paires à un ressort central horizontal). Il y avait 2 pignons d'entraînement avant, 2 tendeurs arrière et 4 rouleaux de retour au total (2 de chaque côté). La conception du compartiment moteur était également inchangée. La première série du Marder III construite était basée sur le châssis de Panzer 38(t) Ausf. G et était équipée du moteur 6 cylindres Praga EPA (125 ch), mais les modèles ultérieurs (construits à l'aide du châssis Ausf. H) avaient un Praga AC plus puissant (150 ch) moteur 6 cylindres. Les deux moteurs étaient reliés à une transmission qui avait 5 vitesses avant et 1 arrière. Deux démarreurs étaient installés, l'un était électrique et le second était un inertiel situé à l'arrière du véhicule. La vitesse de pointe était d'environ 42 à 47 km/h et d'environ 20 km/h en tout-terrain. Deux réservoirs de carburant d'environ 200 L au total étaient montés des deux côtés du moteur. La portée opérationnelle était d'environ 185 km sur de bonnes routes. La caisse du char était quelque peu différente de celle d'origine utilisée sur le Panzer 38(t). Afin d'installer le nouveau support d'arme, il était nécessaire de retirer la tourelle, la partie supérieure du blindage de la caisse et le stockage des munitions pour l'ancien canon. Le blindage de caisse avant et latérale avec les trois trappes d'observation (2 à l'avant et 1 sur le côté droit) et la mitrailleuse de caisse restèrent inchangées. Le blindage de caisse avant avait une épaisseur de 50mm, tandis que les flancs et l'arrière avaient une épaisseur de 15mm. Au-dessus de la caisse, la nouvelle superstructure blindée (ouverte du haut et de l'arrière) avec le canon principal était installée. Sur la partie supérieure de la caisse, à peu près à l'endroit où se trouvait l'anneau de la tourelle, un support de canon en forme de T était boulonné. Le canon principal et l'équipage le servant étaient protégés par un bouclier blindé élargi composé de 6 plaques blindées boulonnées ensemble sur le bouclier d'arme d'origine. Ce bouclier blindé offrait à l'équipage du canon une certaine protection de l'avant et des flancs, tandis que le haut et l'arrière étaient ouverts. L'épaisseur du nouveau bouclier de canon modifié était d'environ 14,5mm + le bouclier du canon d'origine et de 10mm sur les flancs. Le reste du véhicule était recouvert de plaques blindées de formes et d'angles différents, sur le dessus et sur la caisse (environ 15mm d'épaisseur). Le compartiment moteur était également protégé sur les côtés par 2 plaques blindées. En raison d'être un véhicule à toit ouvert avec un blindage de faible épaisseur et une silhouette haute, la protection de l'équipage était à un niveau très bas. Le camouflage et une position de terrain bien choisie étaient essentiels à la survie. En tant que véhicule à toit ouvert, l'équipage était également exposé aux conditions météorologiques. Une couverture en toile pouvait être placée sur le véhicule, mais elle limitait la vue de l'équipage sur les environs.
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Vue de l’habitacle, 2 janvier 1943. -
Le canon principal, comme indiqué précédemment, était le PaK 36(r) de 76,2mm, avec une trentaine d’obus. La plupart des obus étaient placées sous le support du canon, avec 3 montés sur les côtés gauche et droit sous le bouclier du canon. En pratique, les équipages stockeraient beaucoup plus d’obus dans n'importe quel espace libre disponible à l'intérieur ou à l'extérieur du véhicule. En raison du poids du canon, l'installation d'un verrou de déplacement lourd était nécessaire, afin d'éviter d'endommager le canon lors de ses déplacements. Au début, un simple verrou de voyage en forme de tube d'acier était utilisé, mais pendant la guerre, il fut remplacé par un triangle renforcé rempli de tôle d'acier. L'élévation du PaK 36 était de -7 à +16° avec une traverse de 50°. La cadence de tir max était de 10 à 12 coups/min. La pénétration du blindage avec l’APCBC PzGr.39 rot à partir de la plage de 1 km (avec un blindage incliné à 0°) était d'environ 112mm. En utilisant l’APCR PzGr.40 bien meilleure (mais rare), la pénétration du blindage augmentait jusqu'à 140mm à la même distance. L'arme secondaire était la ZB-53 tchèque original de 7,92mm (MG37(t) en usage allemand) avec quelque 1 200 cartouches. L'équipage porterait également ses armes personnelles pour se défendre. L'équipage du Marder III était composé du commandant/mitrailleur, du chargeur, du chauffeur et de l'opérateur radio. Le conducteur et l'opérateur radio étaient positionnés à l'intérieur du véhicule, comme sur le Panzer 38(t). Deux portes de trappe avant (modifiées) étaient situées en haut à l'avant de la nouvelle superstructure blindée, juste sous le canon principal. Ces portes étaient utilisées par le conducteur et l'opérateur radio pour entrer ou sortir de leurs positions. Le conducteur était situé sur le côté droit et disposait de 2 trappes d'observation (à l'avant et sur le côté droit). L'opérateur radio (ainsi que l'opérateur de la mitrailleuse) était situé à gauche avec ses instruments radio (FuG 5 SE 10 U). Le commandant/mitrailleur et le chargeur étaient situés derrière le nouveau bouclier de canon dans la partie supérieure du véhicule. Sur le côté gauche se trouvait l'opérateur du canon et le chargeur était sur le côté droit. Ils n'avaient qu'un espace limité derrière le bouclier du canon. Les cartouches usagées et autres équipements, pièces de rechange ou fournitures étaient généralement transportés dans le panier arrière en treillis métallique. Le poids total était d'environ 10,67 t. La longueur était de 5,85 m, la largeur de 2,16 m et la hauteur de 2,5 m.
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Modèles & Production
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Marder I
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7,5 cm PaK 40/1 auf Geschützwagen Lorraine Schlepper(f) (Sd.Kfz.135) (1942)
Après la Campagne de France en 1940, les Allemands purent disposer de nombreux véhicules français qu'ils n'hésitèrent pas à utiliser pour compléter leurs effectifs ou pour fournir des châssis pour diverses conversions. En mai 1942, les Allemands décidèrent de convertir le tracteur blindé d'artillerie 37L (Lorraine) en canon AT automoteur. Ce tracteur était en fait un transport de munitions ou de personnel très stable. Sa surface plane de chargement se prêtait parfaitement à une telle conversion. Ce nouveau Panzerjäger devait être armé du PaK 40/1 L/46 de 75mm. Cet engin était doté d'une superstructure arrière légèrement blindée offrant peu de protection à un équipage de 5 hommes. Le PaK 40/1 disposait d'un champ de tir horizontal limité à 32° de chaque côté. Une MG34 était également embarquée à l'intérieur du compartiment de combat. Ce dernier pouvait accueillir 40 obus.
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170 Lorraine 37L furent convertis par Alfred Becker à Paris et à Krefeld (en coopération avec Alkett à Berlin) en juillet et août 1942. Les exemplaires produits seront versés tout d'abord dans les unités de Panzerjäger des divisions d'infanterie sur le front russe mais furent par la suite retournés en France pour servir dans les forces d'occupation. Ils participeront aux combats en Normandie, avec un certain succès. Il est vrai que les bocages normands sont parfaits pour des armes d'embuscade comme l'étaient les Marder. Si au début 1944, ils en restaient quelques 131 en service, vers la mi-mars 1945, ils n'étaient plus que 6.
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7,5 cm PaK 40 (Sf) auf Geschützwagen 39H(f) (1942)
Les Allemands disposèrent d'environ 600 H39 après la défaite de l'Armée Française. En 1942, 24 (60 ?) d'entre eux furent convertis en panzerjäger. Ce nouveau Panzerjäger était armé du PaK 40 L/46 de 75mm. L'arme était montée dans le compartiment de combat arrière ouvert au-dessus. Le champ de tir horizontal était limité à 30° de chaque côté. L'armement était complété par une mitrailleuse de 7,92mm embarquée dans le compartiment de combat. Ce Marder accueillait un équipage de 4 hommes. Le blindage variait entre 10 et 34mm. Cette conversion fut produite par le Baukommando du capitaine Alfred Becker à Paris et à Krefeld (en coopération avec Alkett à Berlin). Ces chasseurs de chars furent versés dans les unités postées en France. Notons que certains postes de combat avec leur canon furent utilisés comme poste de tir fixes dans certaines fortifications.
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Ce petit chasseur de chars équipait principalement les divisions d’infanterie et seules la 1ère (9 véhicules brièvement) et la 21ème Panzerdivision (17 véhicules max) étaient équipées. -
7,5 cm PaK 40 (Sf) auf Geschützwagen FCM(f) (1943)
Les Allemands disposaient d'environ 50 FCM 36 après la chute de la France. En 1943, 10 furent convertis en panzerjäger armés du PaK 40 L/46 de 75mm. Comme les autres Marder I, le canon était monté dans un compartiment de combat arrière ouvert. L'équipage était également composé de 4 hommes, seulement protégés par un blindage variant entre 10 et 40mm. Ce Marder I fut également produit par le Baukommando d'Alfred Becker à Paris et à Krefeld (en coopération avec Alkett à Berlin). Les conversions produites servirent en France dès 1943.
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2ème Compagnie, 200ème Bataillon de StuG, Brigade Rapide Westen, France, automne 1943.
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Marder II
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Ausf. A/B/C/F (7,5 cm PaK 40/2 auf Fahrgestell Pz.Kpfw. II (Sf)) (Sd.Kfz.131) (1942)
Le retrait du Panzer II dès 1942 des unités de combat des panzerdivisions représenta une excellente opportunité pour fournir à toutes sortes d'armes AT ou autres pièces d'artillerie une mobilité qui leur faisait défaut. De plus, le châssis du Panzer II fut produit en très grand nombre, plus que le nombre réel de chars complétés. Le Marder II basé sur le châssis du Panzer II entre dans cette catégorie d'armes, plus précisément dans celle du panzerjäger. Le Marder II fut réalisé à partir des châssis disponibles de Pz.Kpfw. II Ausf. A/B/C/F équipés du canon de PaK 40/2 L/46 de 75mm dans une superstructure ouverte. Le Marder II utilisait le châssis et la superstructure standard du Panzer II avec un compartiment de combat central entièrement réaménagé. Le Marder II était dirigé par un équipage de 3 hommes : le pilote dans le poste de pilotage, le commandant-tireur et le chargeur dans le poste de combat. Le canon de 75mm disposait d'une réserve de 37 obus. Le compartiment de combat était légèrement protégé et était ouvert au-dessus et à l'arrière.
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Le PaK 40/2 L/46 possédait un champ de tir horizontal limité à 32° sur la gauche et 25° sur la droite et un champ de tir vertical variant entre -8 et +10°. Pour sa défense rapprochée, le Marder II disposait d'une MG34 mise à feu à partir du compartiment de combat. Le Marder II fut produit dans les usines FAMO, MAN et Daimler-Benz entre juin 1942 et juin 1943 à 576 exemplaires. Notons que 75 Marder II supplémentaires seront convertis entre juillet 1943 et mars 1944. Comme tout Panzerjäger, le Marder II fut versé dans les bataillons de Panzerjäger des panzerdivisions. Le Marder II fut utilisé à partir de 1942 sur tous les principaux théâtres d'opération jusqu'à la fin de la guerre bien qu'il ne représentait qu'une solution intérimaire en attendant la mise au point de la 2ème génération de chasseurs de chars : les Jägdpanzer. Le Marder II avec son 75mm PaK 40/2 était une redoutable arme AT, très efficaces lors des engagements à longue distance et dans les embuscades, mais en raison de son faible blindage était complètement inadapté pour des combats rapprochés.
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49ème Bataillon de Panzerjäger, 4ème Panzerdivision, Wehrmacht, URSS, automne 1943. -
Marder II du Caporal Helmut Kohlke, 3ème Compagnie, 561ème Bataillon de Panzerjäger, Russie, février 1943. -
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5 cm PaK auf Marder II (1944)
Fait intéressant, à côté du Marder II armé du puissant canon antichar PaK 40 de 75mm, il y avait aussi une version armée du canon PaK 38 de 50mm pourtant plus faible. Les sources ne sont pas d'accord sur le point de savoir s'il s'agissait d'une simple conversion sur le terrain, d'une série de production limitée ou d'un prototype de véhicule. Selon les auteurs Z. Borawski & J. Ledwoch, une petite série de 30 à 50 véhicules de ce type fut construite en 1944. Ces véhicules furent utilisés sur le Front de l'Est. Selon des sources Internet, un seul véhicule construit sur le terrain fut fabriqué et utilisé par le 128ème Bataillon de Panzerjäger de la 23ème Panzerdivision. Les auteurs G. Parada, W. Styrna & S. Jablonski notent que la version armée du 50mm fut construite en petit nombre en raison du manque de canons de 75mm.
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Marder II IR (1943)
En 1943, au moins un Marder II fut utilisé pour tester l'équipement de vision nocturne Zielgeraet 1221. Cette conversion et ces tests furent effectués à l'école militaire de Fallingbostel. L'équipement de vision nocturne consistait en un réflecteur IR de 500 W qui éclairait les cibles possibles avec un faisceau de rayonnement IR. Les cibles éclairées seraient alors observées par un convertisseur électro-optique ZG 1221. Ce système avait une portée effective d'environ 600 m. Pour la puissance supplémentaire nécessaire, un générateur électrique GC 400 avec un bloc d'alimentation HS5F fut ajouté. On ne sait pas si cet équipement fut utilisé au combat sur un Marder II.
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Ausf. D/E (Panzer Sfl. I für 7,62 cm PaK 36(r) auf Fahrgestell Pz.Kpfw. II Ausf. D1 und D2) (LaS 762) (Sd.Kfz.132) (1941)
Le châssis du Pz.Kpfw. II servit également d'affût mobile pour le canon PaK 36(r) de 76,2mm pris aux Soviétiques. C'est le châssis du Pz.Kpfw. II Ausf. D/E qui fut utilisé pour réaliser cette conversion. Le D1 désignait les engins basés sur le Pz.Kpfw. II Ausf. D/E et le D2 ceux basés sur le Flammpanzer II. Le Marder II Ausf. D/E fut développé à partir de décembre 1941.
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L'arme principale de ce Marder II était le F-22 Mod. 1936 soviétique de 76,2mm appelé 7,62cm PaK 36(r) L/51 par les Allemands. Cette arme capturée fut modifiée pour pouvoir mettre à feu des obus allemands de 75mm en raison de la difficulté évidente d'approvisionnement d’obus de 76,2mm russes. Ce canon était monté avec ou sans frein de bouche dans un compartiment de combat créé en augmentant la hauteur des côtés de la superstructure ce qui lui donnait une haute silhouette. Le blindage était de 5 à 30mm. Le canon était muni d'un large bouclier qui n'offrait cependant que peu de protection aux opérateurs du canon. Celui-ci disposait d'une réserve de 30 obus de 75mm et pouvait pivoter de 50° de chaque côté. Pour la défense rapprochée, ce Marder II disposait d'une MG34 mise à feu depuis le compartiment de combat. Le Marder II Ausf. D/E fut produit en 3 versions dépendantes du châssis usé et des modifications durant la production (différents boucliers et superstructures). Les firmes Alkett et Wegmann convertiront 201 exemplaires entre avril 1942 et juin 1943 qui seront versés dans les bataillons de Panzerjäger, principalement sur le front oriental d'avril 1942 au début 1944.
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49ème Bataillon de Panzerjäger, 4ème Panzerdivision, Wehrmacht, URSS, 1942. Le chariot est un Sd.Ah.31/1 destiné au transport de munitions. -
525ème Bataillon de Panzerjäger (Slf.), URSS, 1942. -
Bataillon de Panzerjäger Großdeutschland, Ukraine, 1942. -
Russie, automne 1942.
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Marder III
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Ausf. H (7,5 cm PaK 40/3 auf Pz.Kpfw. 38(t) Ausf. H) (Panzerjäger 38(t) mit 7,5 cm PaK 40/3 Ausf. H) (Sd.Kfz.138) (1942)
Le Marder III Ausf. H était basé sur le châssis du Pz.Kpfw. 38(t) Ausf. H. Il était armé du canon PaK 40/3 L/46 de 75mm. L'équipage ce Marder III était de 4 hommes : le pilote dans le poste de pilotage à l'avant, le commandant, et 2 tireurs dans le poste de combat au centre. Le moteur du Marder III était toujours installé dans un compartiment arrière. Le compartiment de combat était ouvert au-dessus et à l'arrière, et accueillait le canon de 75mm doté d'un vaste bouclier protégeant l'avant et les flancs. Le Marder III Ausf. H transportait 38 obus de 75mm seulement. Le PaK 40/3 possédait un champ de tir latéral limité et pouvait pivoter de 30° des 2 côtés. L'armement était complété par une MG37(t) de 7,92mm montée à l'avant de la caisse et d'une MG34/42 mise à feu depuis le compartiment de combat. Le blindage du Marder III Ausf. H variait entre 8 et 50mm.
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BMM fabriqua 243 exemplaires du Marder III Ausf. H entre novembre 1942 et avril 1943, suivis de 175 Pz.Kpfw. 38(t) convertis en 1943. Le Marder III Ausf. H fut versé dans les bataillons de Panzerjäger dès la fin de 1942. On en retrouvera également dans des unités des Waffen SS comme la Leibstandarte SS Adolf Hitler ou de la Luftwaffe comme la Division Hermann Göring. Notons encore que 18 exemplaires furent exportés en Slovaquie en 1944. Le Marder III Ausf. H fut également utilisé pour être convertis en obusier automoteur armé du 150mm sIG, connu sous le nom de Grille/Bison Ausf. H.
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50ème Bataillon de Panzerjäger, 9ème Panzerdivision, Opération Citadelle, URSS, Koursk, juillet 1943. -
Ausf. M (1943)
Basée sur le châssis du Pz.Kpfw. 38(t) Ausf. M spécialement conçu pour une telle conversion. Le Marder III Ausf. M était armé du canon de PaK 40/3 L/46 de 75mm et actionné par un équipage de 4 hommes. Le compartiment de combat de l'Ausf. M était installé à l'arrière précédé par le compartiment moteur. Le compartiment de combat de l'Ausf. M était ouvert au-dessus. L'Ausf. M transportait 27 obus. L'armement principal avait un pointage horizontal limité à 21° de chaque côté. Pour sa défense rapprochée, l'Ausf M disposait d'une MG34 embarquée dans le compartiment de combat.
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Le blindage variait entre 8 et 15mm. Le Marder III Ausf. M était la version ultime de la série des Marder et était supérieure aux modèles antérieurs, avec sa silhouette basse et son compartiment de combat beaucoup plus fonctionnel. D'avril 1943 à mai 1944, BMM produisit 975 Marder III Ausf. M. Le Marder III Ausf. M entra en service dans les bataillons Panzerjäger en mai 1943 et fut opérationnel sur tous les fronts. Environ 350 étaient encore en service début 1945. Le Marder III Ausf. M servit également comme base au Grille/Bison Ausf. M armé de l'obusier de 105mm sIG. On pensa également armer le Panzerjäger 38(t) Ausf. M avec le canon de PaK L/60 de 75mm, mais cela ne fut jamais réalisé.
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353ème Bataillon de Panzerjäger, 353ème Division d’Infanterie, Normandie, juillet 1944. -
561ème Bataillon de Panzerjäger, Front de l'Est, été 1944. -
Panzerjäger 38(t) mit 7,62 cm PaK 36(r) (Sd.Kfz.139) (1942)
Le Panzerjäger 38(t) était armé du canon PaK 36(r) L/51 soviétique de 76,2mm, dont un grand nombre avait été capturé durant les premiers mois de l'invasion de la Russie. Ce canon fut recalibré pour pouvoir utiliser les mêmes munitions que le PaK 40 allemand. Certains exemplaires avaient un frein de bouche.
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Ce Panzerjäger était doté d'une superstructure ouverte recouvrant celle d'origine du Pz.Kpfw. 38(t). Elle recouvrait le poste de pilotage, l'ancien poste de combat et le compartiment moteur. Le nouveau poste de combat occupait les deux tiers arrières de cette superstructure et environ la moitié du véhicule. Le canon de 76,2mm était doté d'un vaste bouclier protégé avant et les côtés, au sinon le compartiment de combat était entièrement ouvert à l'arrière et au-dessus et n'offrait quasi aucune protection aux tireurs. L'équipage était composé de 4 hommes : le pilote (qui accédait au poste de pilotage par l'avant de la superstructure), le commandant et les 2 tireurs installés dans le compartiment de combat. Un total de 30 obus de 75mm était embarqué. Le canon disposait d'un champ de tir latéral limité et ne pouvait pivoter que de 21° des 2 côtés. L'armement était complété par une MG37(t) de 7,92mm monté sur la caisse. Le blindage variait entre 10 et 50mm. La firme BMM en fabriqua 344 exemplaires entre avril et novembre 1942 (177 à partir du Pz.Kpfw. 38(t) Ausf. G et 167 à partir du Pz.Kpfw. 38(t) Ausf. H), suivis encore de 19 exemplaires en 1943. Ce Marder III fut versé dans les bataillons de Panzerjäger et fut surtout utilisé sur le front oriental même si 66 exemplaires furent envoyés en Afrique du Nord à partir de juillet 1942. Ces exemplaires furent incorporés dans le 33ème Bataillon de Panzerjäger de la 15ème Panzerdivision dans le 39ème Bataillon de Panzerjäger. En raison du dédoublage de la superstructure et de la hauteur du bouclier, ce Marder III avait une silhouette très élevée ce qui en faisait une cible de choix et les servants du canon étaient très exposés.
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42ème Bataillon de Panzerjäger, 7ème Panzerdivision, Russie, 1944. -
37ème Bataillon de Panzerjäger, 1ère Panzerdivision, Russie, 1942.
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En Action
La majorité des Marder I nouvellement construits seraient utilisés par des unités stationnées en France. Il était de pratique courante que l'unité équipée du Marder I conserve ses véhicules jusqu'à ce qu'elle soit déplacée sur un autre front. Lorsque cela se produisait, ils étaient équipés d'un autre véhicule antichar automoteur ou de canons remorqués PaK 40 de 75mm. Cela était fait principalement pour faciliter la maintenance et l'approvisionnement en pièces de rechange. Fin juin 1942, le Haut Commandement Allemand (OKH) prédit qu'au moins 20 Marder I seraient prêts pour des essais opérationnels sur le terrain d'ici la fin juillet 1942. Deux panzerdivisions, les 14 et 16èmes, furent initialement choisies dans ce but. En juillet, l'OKH décida que le premier Marder I devait plutôt être donné aux 15, 17, 106 et 167èmes divisions d'infanterie et à la 26ème Panzerdivision une fois qu'ils seraient disponibles en nombre suffisant. La 15ème Division d'Infanterie reçut ses 9 Marder I fin juillet 1942. Le 21 janvier 1943, la 15ème Division d'Infanterie reçut 12 Panzerjäger 38(t). Ses Marder I furent alors donnés à la 158ème Division de Réserve. La 17ème Division d’Infanterie reçut 9 Marder I fin juillet 1942. Leur utilisation par cette unité fut problématique dès le départ en raison d'un manque d'opérateurs radio et de mécaniciens. Des problèmes supplémentaires furent créés par l'inexpérience du conducteur avec de tels véhicules entièrement chenillés. La hauteur de certains de ces pilotes était également problématique, car ils avaient des problèmes pour entrer dans leurs positions à l'intérieur de la caisse du Marder I. Ce qui était intéressant, c'était le fait que le conducteur sortait du véhicule pendant le tir du canon. La capacité des batteries internes était trop faible. Par exemple, ils seraient généralement déchargés après seulement une heure d'utilisation de la radio avec le moteur éteint. Il en résulterait que les batteries n'auraient pas de puissance pour démarrer le moteur. Ensuite, il devait être démarré manuellement par 2 membres d'équipage à l'aide d'une manivelle, ce qui s'avéra difficile à faire en pratique. Un autre gros défaut fut noté lors de longues marches tout-terrain, avec l'accumulation de boue et de terre qui pouvait entraîner la perte des tendeurs arrière. Au moins 2 véhicules auraient perdu leur tendeur arrière.
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Ravitaillement par voie ferrée avec Marder I (7,5 cm PaK 40/1 auf G.W. LrS(f)) après déchargement, Belgique ou France, 1943. -
La 106ème Division d'Infanterie exploita une compagnie antichar avec 9 Marder I après la fin juillet 1942. Un véhicule de commandement basé sur le Panzer I et 6 Sd.Kfz.111 étaient également disponibles. Fin février 1943, la 106ème Division d’Infanterie fut repositionnée sur le Front de l'Est et les Marder I de la compagnie antichar furent remplacés par 9 canons PaK 40 de 75mm remorqués. La 167ème Division d’Infanterie disposait de 9 Marder I jusqu'à fin janvier 1943. Lorsqu'elle fut envoyée sur le Front de l'Est fin février 1943, tous les Marder I furent remplacés par 9 canons PaK 40 tractés de 75mm. La 26ème Panzerdivision exploita 1 compagnie de Marder I pendant une courte période du 1er janvier au 1er mai 1943. À la fin de 1942, la 1ère Panzerdivision fut repositionnée en France pour être récupérée et réaménagée avec de nouvelles armes et équipements. À cette époque, elle était renforcée par 1 compagnie de Marder I. Ces véhicules seront remplacés par des Marder III fin février 1943. En 1943, de nombreuses autres unités stationnées en France seront également renforcées par des Marder I avant d'être relocalisées sur d'autres fronts. Le nombre de Marder I fournis variait entre chaque division. Par exemple, la 94ème Division d’Infanterie en reçut 14, tandis que la 348ème n'en reçut que 5. À la fin de 1943, il y avait 94 Marder I avec 83 opérationnels en Europe occidentale. Au total, début 1944, il y avait 131 Marder I disponibles. La dernière unité connue qui reçut une compagnie de 10 Marder I fut la 245ème Division d’Infanterie le 13 mai 1944.
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Colonne de Marder III Ausf. M dans un village français ou belge, 1943/44. -
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Campagne d’Afrique du Nord (1940-1943)
Alors que la majorité des Marder I seraient utilisés sur les fronts Ouest & Est, peu se trouveraient également en Afrique du Nord. La 334ème Division d’Infanterie devait être réapprovisionnée avec une compagnie de Marder I et, pour cette raison, les membres d'équipage nécessaires à l'exploitation de ces véhicules devaient être envoyés au centre d'entraînement de Spremberg début décembre 1942. Après l'achèvement de la formation de l'équipage, qui dura 2 semaines, cette compagnie avec 9 Marder I et 6 véhicules de transport de munitions devait être transportée de Naples en Tunisie en utilisant les avions de transport Me 323. Au 1er mars 1943, il y avait 8 véhicules opérationnels dont 4 en réparation. En raison de pertes, cette compagnie fut renforcée par des Panzerjäger 38(t) début avril 1943. Deux Marder I ainsi qu'un groupe de Marder III participent à la défense de la Ligne Kairouan contre les chars alliés. Lors de l'engagement suivant, 7 chars ennemis furent détruits avec la perte d'un Marder I et de 5 Marder III. Après l'échec de l'attaque italienne contre les positions britanniques en Égypte, Mussolini cherchait désespérément à convaincre Hitler d'envoyer une aide militaire à ses forces anéanties en Afrique. Initialement, Hitler ne s'intéressait pas à la Méditerranée. Il décida à contrecœur d'aider son allié et envoya une force blindée sous la direction d'Erwin Rommel. Les Allemands découvrirent rapidement qu'à côté du fameux Flak de 88mm, les armes antichars standard de 37mm et courtes de 50mm étaient inutile contre le Matilda britannique bien blindé. Un certain nombre de canons PaK 36(r) de 76,2mm capturés et modifiés furent également envoyés sur le front nord-africain. Un grand problème avec ces armes était la faible mobilité sur un front où la vitesse était essentielle au succès. Plusieurs solutions à ce problème furent testées, comme le Sd.Kfz.6 armé du PaK 36(r) dans une casemate en forme de caisson et les half-tracks expérimentaux armés du canon de 7,5 cm L/41. Avant d'envoyer les nouveaux Marder III en Afrique, il fallut les adapter pour le service dans le désert africain. En mars 1942, un Marder III fut équipé et testé de filtres à sable. Les tests furent réussis et les véhicules envoyés plus tard en Afrique auraient ces filtres. Le nombre de véhicules envoyés varie de 66 à 117 (selon les sources). Les premiers Marder III (6) arrivèrent en Afrique du Nord en mai 1942, le dernier arrivant en novembre 1942. Les Marder III fraîchement arrivés furent utilisés pour renforcer et équiper les bataillons antichars des 15 et 21èmes panzerdivisions. Fin octobre 1942, la 15ème Panzerdivision avait à sa disposition quelque 16 Marder III. Tous furent affectés au 33ème Bataillon de Panzerjäger, ainsi qu'un certain nombre de canons PaK 38 de 50mm remorqués. Après l'attaque britannique à El Alamein fin octobre 1942, le 33ème Bataillon de Panzerjäger subit une lourde attaque. Il réussit à infliger de lourds dégâts aux unités avancées britanniques, mais il subit également des pertes. Presque tous les Marder III furent perdus, sauf un.
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Panzerjäger 38(t) abandonné derrière une fourgonnette Chevrolet Panel exploitée par l'unité photographique australienne, Afrique du Nord, 9 février 1943. -
En septembre 1942, le 39ème Bataillon de Panzerjäger de la 21ème Panzerdivision comptait environ 17 canons PaK 38 et 18 Marder III répartis entre 2 compagnies (la 1ère et la 2ème). Il existe peu d'informations sur la participation de cette unité à la Bataille d'Alam Halfa (octobre-septembre 1942). Fin octobre 1942, lors de la contre-attaque britannique à El Alamein, les 18 Marder III seraient toujours opérationnels. Le 25 octobre, cette unité fut retirée en réserve. Le lendemain, la 2ème Compagnie fut envoyée au nord pour aider à arrêter une attaque britannique tandis que la 1ère était située au sud. Fin octobre, le 39ème Bataillon de Panzerjäger était fortement impliqué dans les combats, essayant de libérer certaines unités encerclées de la 164ème Division Légère. Le 4 novembre, les forces allemandes survivantes furent contraintes de battre en retraite. Le 39ème Bataillon de Panzerjäger perdit tous ses Marder III et n'avait plus que quelques PaK de 50mm. En décembre, la 21ème Panzerdivision n'avait que 2 Marder III, qui n'étaient même pas aptes à l'action. En mars 1943, après un temps de repos, le 39ème Bataillon de Panzerjäger fut reformé. La 1ère Compagnie reçut 9 Marder III et la 2ème reçut le Marder III Ausf. H (version armée du 7,5 cm PaK 40). Ils combattirent en Tunisie jusqu'à la reddition de l'Axe en mai. La 10ème Panzerdivision fut retirée du Front de l'Est et après un certain temps de repos, elle fut renforcée par 9 Marder III en juillet 1942 (90ème Bataillon de Panzerjäger). La 10ème Panzerdivision fut envoyée sur le front nord-africain en novembre 1942. En Afrique, cette unité fut engagée dans de nombreux combats contre les forces britanniques et américaines nouvellement arrivées et les pertes furent lourdes. Le dernier Marder III fut déclaré perdu en mars 1943. Les 190 et 605èmes bataillons de panzerjäger étaient censés être équipés de Marder III, mais il y a peu de preuves que cela ne se soit jamais produit. Les équipages de chars britanniques apprirent à craindre la puissance de feu du Marder à longue distance. Lorsque les Britanniques entendirent parler pour la première fois de ce nouveau chasseur de chars allemand, ils supposèrent qu'il était armé du fameux canon de 88mm.
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Front de l’Est (1941-1945)
Comme indiqué précédemment, les plans de l'OKH pour le Marder I prévoyaient qu'il devait être utilisé pour équiper des unités stationnées en France afin de faciliter la maintenance et l'approvisionnement en pièces de rechange. Mais, comme la demande pour de tels véhicules sur le Front de l'Est était grande, les plans initiaux durent être modifiés. Par ordre direct de l'OKH (daté du 9 août 1942), 6 divisions du Groupe d’Armée du Milieu devaient être avoirs des compagnies de Marder I. La 31ème Division d'Infanterie fut renforcée par une compagnie de Marder I le 27 août 1942. En raison des conditions difficiles et de la forte résistance soviétique, fin juin 1943, cette unité n'avait plus que 4 Marder I. Fin octobre, les trois derniers Marder I furent donnés au 743ème Bataillon de Panzerjäger. Au début de 1944, aucun d'entre eux n'était encore opérationnel, 2 nécessitant des réparations importantes, tandis que le troisième ne pouvait pas être réparé. La 35ème Division d'Infanterie reçut ses Marder I au début de septembre 1942. À la fin de 1943, seuls deux véhicules non opérationnels étaient disponibles. La 36ème Division d’Infanterie Motorisée devait être renforcée par une compagnie de Marder I initialement rattachée à la 2ème Panzerdivision. Début décembre 1942, les 9 véhicules étaient opérationnels. Le dernier Marder I fut perdu en juillet 1943. La 72ème Division d’Infanterie reçut 9 Marder I ainsi que 6 Muni-Anhaenger (remorques de munitions et de roues d'alimentation) le 3 septembre 1942. Lorsque les véhicules arrivèrent, il fut noté qu'il y avait des problèmes avec le mécanisme de bloc de culasse qui devait être réparé. Des problèmes supplémentaires avec des pannes de transmission furent également notés. Ce qui est intéressant, c'est que la compagnie de Marder I possédait également un Panzer 38(t) qui faisait probablement office de véhicule de commandement. Fin juin 1943, il y avait 7 Marder I opérationnels, le dernier véhicule étant perdu à la fin de l'année. Une compagnie Marder I devait être affectée à la 206ème Division d'Infanterie, mais cette compagnie fut plutôt confiée à la 72ème. Cela entraîna un retard dans la livraison des 5 premiers Marder I jusqu'à la fin de 1942, les autres arrivant en janvier de l'année suivante. Fin juin, il y avait 8 véhicules dont 5 opérationnels. À la fin de 1943, il y avait encore 7 véhicules avec seulement 5 opérationnels.
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Marder II du caporal Helmut Kohlke, 3ème Compagnie, 561ème Bataillon de Panzerjäger, Groupe d’Armée Centre, Russie, 21 mars 1943. -
La dernière unité sur le Front de l'Est qui reçut le Marder I était la 256ème Division d'Infanterie. Initialement, il avait 8 Marder I dans son inventaire, daté du 3 novembre 1942. Début 1943, il y avait 9 Marder I dont 8 opérationnels. À la fin de l'année, le nombre de véhicules fut réduit à 7, avec seulement 3 opérationnels. La 256ème sera renforcée avec 3 Marder I supplémentaires au début de 1944. Alors que le Marder I disposait d'une puissance de feu suffisante pour détruire n'importe quel char ennemi en 1942/43, la météo soviétique s'avéra tout simplement trop hostile pour le châssis du Lorraine 37L. Cela peut être vu dans un rapport de combat fait par le 72ème Bataillon de Panzerjäger (appartenant à la 72ème Division d’Infanterie), qui déclara : « comme l'expérience le montra, ces Marder I n'ont pas de valeur de combat significative en raison de leur employabilité limitée en raison de la météo ». Dans un autre rapport rédigé par le 256ème Bataillon de Panzerjäger, il fut indiqué que : « à l'exception du Marder I, les autres armes et véhicules s’avérèrent utiles ». En raison du mauvais temps, du faible nombre, de problèmes de pièces de rechange et autres, peu de Marder I seraient utilisés sur le Front de l'Est et ils seraient remplacés par des Marder II & III qui étaient construits sur des châssis plus fiables. Le Marder II verrait l'action principalement sur le Front de l'Est, avec un plus petit nombre positionné à l'ouest. La majorité des Marder II produits seraient utilisés dans l'avancée allemande vers le Caucase riche en pétrole et Stalingrad. En raison des pertes allemandes désastreuses subies à la fin de 1942, la majorité des Marder II seraient perdus, soit sous le feu de l'ennemi, soit simplement abandonnés en raison d'un manque de carburant ou de pièces de rechange. En raison des pertes importantes subies l'année précédente, il n'y avait qu'un petit nombre disponible lors de la Bataille de Koursk (opération Citadelle) en juin 1943. Les unités qui possédaient encore des Marder II opérationnels étaient la 31ème Division d'Infanterie (4) avec les 4 et 6èmes panzerdivisions (1 chacun), le 525ème Bataillon de Panzerjäger (4), le 150ème Bataillon de Panzerjäger (3 et 1 en réparation), la 16ème Division de Panzergrenadier (7) et la Division SS Leibstandarte SS Adolf Hitler et la Panzerdivision SS Wiking (1 véhicule chacun). Au total, il ne restait plus que 23 véhicules sur le Front de l'Est. En août 1944, il n'y avait que 2 unités équipées du Marder II. Il s'agissait du 1er Bataillon de Panzerjäger (10) et du 8ème (5). En mars 1945, le nombre de Marder II était tombé à seulement 6 véhicules. Tout en ayant un blindage faible, grâce à son canon, le Marder II pouvait détruire n'importe quel char soviétique en 1942/43 sans problème. L'efficacité du canon de 7,62 cm du Marder II fut démontrée par le 661ème Bataillon de Panzerjäger qui, à la mi-juillet 1942, affirmait avoir détruit 17 chars soviétiques (4 KV-1, 11 T-34 et 2 Valentine Mk. II). Le 559ème Bataillon de Panzerjäger rapporta des succès similaires (jusqu'à la mi-juillet 1942), avec 17 T-34, 4 KV-1 et 1 marqué comme un « T 8 » (peut-être une faute d'impression) pour la perte de seulement un Marder II. Cette unité fournit également des rapports sur les distances à partir desquelles les chars soviétiques furent détruits. Les T-34 étaient principalement engagés à des distances de 600 à 1 000 m, le canon de 76,2mm n'ayant aucun problème à pénétrer le blindage de ce char. Deux T-34 furent détruits par des coups latéraux à des distances de 1,3 à 1,4 km. Un KV-1 aurait été détruit lorsqu'il fut touché par le flanc à une distance de 1,3 km. Il est important de noter qu'en raison du faible stockage d’obus du Marder II, les équipages évitaient généralement de tirer sur les chars ennemis à des distances supérieures à 1 km. La 1ère Panzerdivision était fortement engagée en Russie au cours de la première année de l'invasion allemande. En mai 1942, elle fut renforcée de 6 Marder III qui servirent à équiper le 37ème Bataillon de Panzerjäger. La première action de cette unité eut lieu lors de l'attaque allemande (juillet 1942) contre les positions soviétiques autour de Belyj et Szytschewka au sud de la ville de Rjev (à environ 230 km à l'ouest de Moscou). En septembre 1942, cette unité était créditée d'avoir détruit quelque 99 chars soviétiques. Fin novembre et début décembre, elle était engagée dans des opérations défensives dans la région du sud-ouest de Bjeloj (Oblast de Tver près de Moscou). En raison des combats longs et difficiles, cette unité était épuisée, elle fut donc envoyée en France (fin décembre) pour se reposer. Les Marder survivants furent laissés pour compte, mais il n'y a aucune information sur les unités qui les reçurent.
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Deux SS de la Division SS Wiking devant un Marder II sur l'avancée vers le Caucase, Sud de l’URSS, août 1942. -
La prochaine unité à recevoir le Marder III était le 38ème Bataillon de Panzerjäger de la 2ème Panzerdivision. En mai 1942, le 38ème Bataillon de Panzerjäger fut renforcé de 9 Marder III, d'un Panzer II Ausf. B Befehlspanzer et de quelques Panzer I Ausf. B modifiés en transporteurs de munitions. Cette unité ne fut pas immédiatement envoyée au front, mais passa plutôt les mois suivants à s'entraîner. Il était prêt pour le service actif en juillet 1942 et fut immédiatement impliqué dans de violents combats autour de Bjeloj. Comme c'était la seule unité à avoir suffisamment de puissance de feu pour détruire les chars lourds soviétiques à longue portée (les premiers nouveaux Panzer IV avec les canons plus longs arriveraient dans cette division en août 1942), elle réussit à revendiquer 14 T-34 sans pertes. Le 11 août, la 2ème Panzerdivision parvient à détruire 20 chars ennemis, mais la plupart furent détruits par les Marder. En décembre 1942, le 38ème Bataillon de Panzerjäger reçoit quelques Marder III Ausf. H. D'août 1942 à mars 1943, le 38ème Bataillon de Panzerjäger fut fortement engagé dans de nombreuses opérations de combat sur le Front de l'Est. Peu furent perdus à cause des tirs ennemis, mais beaucoup à cause de pannes mécaniques. De mars à avril 1943, cette unité fut envoyée à l'arrière pour se reposer. En mars, elle fut à nouveau renforcée avec 9 nouveaux Marder III Ausf. H. Cette unité ne revit pas l'action jusqu'en juillet 1943. En raison de la standardisation des armes au sein des bataillons de panzerjäger à la fin de 1943, le 38ème Bataillon de Panzerjäger fut contraint d'abandonner tous ses Marder III restants au 616ème Bataillon de Panzerjäger fin juin 1943.
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Hommes du 1er Régiment de Panzer de la Division SS Leibstandarte SS Adolf Hitler avec un Marder III Ausf. H et de l'infanterie en combinaison de camouflage de neige, Troisième Bataille de Kharkov, février 1943. -
Les unités SS reçurent également un certain nombre de Marder III car elles étaient considérées comme des forces de combat d'élite et ne méritaient que le meilleur équipement disponible. Le 2ème Bataillon SS de Panzerjäger de la Panzerdivision SS Das Reich reçut 9 Marder III en mai ou juin 1942. La première action de combat de cette unité eut lieu en février 1943 sur le Front de l'Est près de Kharkov (en Ukraine). Au début, peu de véhicules étaient opérationnels en raison de la basse température qui provoquait des problèmes d'accumulation d'eau condensée gelée au fond des deux réservoirs de carburant. Fin février, le 2ème Bataillon SS de Panzerjäger fut renforcé avec des Marder II. Au cours de l'opération Citadelle, le 2ème Bataillon SS de Panzerjäger connut d’importantes actions. À la fin de l'été 1943, ce bataillon était tellement épuisé que cette unité fut dissoute et les soldats qui survécurent furent envoyés en remplacement à d'autres bataillons SS de StuG. Un fait intéressant à propos du 2ème Bataillon SS de Panzerjäger est qu'il captura et réutilisé plusieurs T-34 sans tourelle comme transporteurs de munitions. Les Marder III combattirent jusqu'à la fin de la guerre et, le 22 janvier 1945, une douzaine ou plus étaient signalés présents (une soixantaine de véhicules dans diverses conditions) dans plusieurs panzerdivisions et divisions d’infanterie. Outre ces panzerdivisions, de nombreuses autres unités reçurent des Marder III : les 5 (12), 6 (9), 7 (47), 8 (12), 17 (6), 18 (6), 19 (16), 20 (24) et 22èmes (6) panzerdivisions. Au fur et à mesure que des chasseurs de chars plus avancés furent construits, le Marder III fut utilisé pour équiper plusieurs divisions motorisées d'infanterie et d'infanterie. La 18ème Division d’Infanterie Motorisée en reçu 6, la 20ème, 15, la 29ème, 6, et la 35ème ne reçut que 2 véhicules. Il est important de noter qu'en plus de ces divisions, beaucoup d'autres reçurent le Marder III, mais il est difficile de trouver les chiffres exacts. De plus, certains véhicules furent utilisés comme véhicules d'entraînement, ce qui complique également le décompte total.
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Marder III Ausf. H durant l’opération Citadelle, URSS, 21 juin 1943. -
Front de l’Ouest (1944-1945)
Le Marder I virent une action intensive lors du débarquement allié en Normandie en juin 1944. Bien qu'ils aient réussi à obtenir un certain succès, presque tous furent perdus avec la défaite allemande en France. La 719ème Division d’Infanterie fut la dernière unité à posséder encore 7 Marder I (dont 3 opérationnels) le 27 janvier 1945. Fait intéressant, à la fin de la guerre, la résistance belge réussit à capturer un Marder I. Dans l'Ouest, il y avait 7 Marder II dont 1 en réparation, exploités par le Régiment d’Entrainement et de Remplacement de la Division Hermann Göring, qui était positionnée en Hollande.
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Erwin Rommel, lors d'une visite du Mur de l'Atlantique, inspectant des unités de la 21ème Panzerdivision, avec des soldats devant un Marder I (7,5 cm PaK 40 (Sf) auf G.W. 39H(f)), Rouen, France, mai 1944.
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Marder