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Genèse
Le Puma (anciennement nommé Igel (hérisson) et Panther) commença comme un projet de suivi au projet allemand de 1996 "NGP" (Neue Gepanzerte Plattformen, "Nouvelles plates-formes blindées"). Son objectif était de recueillir des idées pour un véhicule de base commun qui pourrait être utilisé pour une variété de tâches, y compris celle d'APC, d'IFV, la défense aérienne et le remplacement et l'assistance de MBT dans le rôle de combat de première ligne. Le projet NGP prit fin en 2001. Les leçons apprises furent incorporées dans le nouveau concept tactique nommé neuer Schützenpanzer ("nouvel IFV") en 1998. La planification du Puma en tant que successeur du Marder commença en 2002. Cette même année, l'Armée Allemande (Heer) passa une commande pour la livraison de 5 véhicules de préproduction et leurs services de logistique et de formation à la fin de 2004. Le 8 novembre 2007, un budget de 3 milliards € pour l'acquisition de 405 Puma (excluant les 5 Puma qui avaient déjà été livrés à l'Armée Allemande pour des essais) fut convenu. D'autres pays poursuivent des développements similaires mettant l'accent sur la communauté, la modularité et la capacité de déploiement rapide sur la base d'une doctrine comparable qui fit également l'objet de discussions au sein de l'OTAN. Le véhicule de combat d'infanterie américain GCV, le FRES britannique et le Boxer germano-néerlandais MRAV en sont des exemples. Le 6 décembre 2010, les 2 premiers véhicules de série furent remis au Bundesamt für Wehrtechnik und Beschaffung (Office Fédéral de la Technologie et des Achats de la Défense) allemand. Le Puma effectua avec succès des tests au froid en Norvège en 2012. En août 2013, 2 Puma furent transportés par avion vers les Émirats Arabes Unis pour des tests par temps chaud. Les essais comprenaient l'aptitude aux opérations par temps chaud, les manœuvres de tir et de conduite dans des conditions désertiques, ainsi que des évaluations de la puissance de feu et de la mobilité. Au cours des essais, les profils de température à l'intérieur du véhicule furent mesurés, puis comparés à la température ambiante. Le 13 avril 2015, l'Office Fédéral de l'Équipement, des Technologies de l'Information et du Soutien en Service de la Bundeswehr (BAAINBw) autorisa l'utilisation du Puma. Cela lança un programme de "formation des formateurs" sur les 7 premiers véhicules et les autres jusqu'à la fin de l'année, lorsqu'un centre de formation sera mis en place pour faire suivre aux Panzergrenadier des compagnies d'infanterie mécanisées au cours de 3 mois pour les familiariser avec leurs Puma. Le Puma est officiellement entré en service dans l'Armée Allemande le 24 juin 2015.
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Design
Le Puma, bien qu'extérieurement peu différent des IFV existants, intègre un certain nombre d'avancées et de technologies de pointe. Le plus évident d'entre eux est la capacité intégrée de monter de manière flexible différentes blindages. Une autre caractéristique est la cabine d'équipage compacte et monobloc qui permet une interaction directe avec l'équipage ("face à face"; comme le remplacement du conducteur ou du tireur en cas d'urgence médicale) et minimise le volume protégé. La cabine est climatisée, résistante aux NBC avec des capteurs nucléaires et chimiques internes et dispose d'un système d'extinction d'incendie utilisant des agents non toxiques. Le compartiment moteur possède son propre système d'extinction d'incendie. Le seul compromis de la cabine par ailleurs presque cuboïde est le poste de pilotage, situé dans une saillie devant le tireur, devant la tourelle. Une mesure pour réaliser la cabine monobloc est l'utilisation d'une tourelle double asymétrique sans pilote : alors que les tourelles légèrement décentrées sont courantes dans les IFV, la tourelle du Puma se trouve sur le côté gauche du véhicule, tandis que le canon principal est monté sur le côté droit de la tourelle et donc sur l'axe médian de la caisse lorsque la tourelle est en position avant.
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Compartiment d’infanterie. -
L’extérieure de la caisse (moins la tourelle) est très lisse et basse pour minimiser les pièges à obus et la signature visuelle générale. L'ensemble du véhicule prêt au combat dans sa configuration de base sera transportable par avion dans l’Airbus A400M de transport tactique. Sa capacité d'équipage de 3+6 personnes est comparable à d'autres véhicules de poids comparable, comme le M2 Bradley, le même que dans le Marder, mais plus petit que celui des CV9030 et CV9035 (3+8).
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Armement
L'armement principal est un canon automatique Rheinmetall MK30-2/ABM (Air Burst Munitions) de 30mm, qui a une cadence de tir de 200 coups/min et une portée effective de 3 km. L’obus plus petit de 30×173mm offre des avantages majeurs en termes d'économie de poids, par exemple par rapport au canon Bofors de 40mm monté sur le CV9040 en raison d'une taille et d'un poids de munitions beaucoup plus faibles. Le système d'alimentation par courroie donne également un grand nombre d’obus prêts, tandis que le 40mm ne propose que 24 coups par chargeur. Ce n'est pas un problème dans un CV9040, mais forcerait le Puma à quitter le champ de bataille pour recharger la tourelle sans pilote.
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Canon MK30-2/ABM de 30mm. -
Il existe actuellement 2 types de munitions directement disponibles via la double alimentation du canon automatique. L'un est une APFSDS-T stabilisé par ailettes, avec des capacités de pénétration élevées, principalement pour une utilisation contre des véhicules blindés moyens. La seconde est un KETF (Obus à Énergie Cinétique à Retardement) de plein calibre, polyvalent et à fusible cinétique, conçu avec la capacité de rafale aérienne (en fonction du réglage du fusible) pour éjecter un sabot. Le type de munition peut être choisi au coup par coup, car l'arme tire à partir d'un boulon ouvert, ce qui signifie qu'aucune cartouche n'est insérée tant que la gâchette n'est pas enfoncée. La capacité en munitions est de 400 ; 200 prêts à être tirer et 200 en stock.
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Un Puma du Bataillon 33ème de Panzergrenadier lors d'un exercice de tir réel dans la zone d’entraînement de Bergen-Hohne en 2016. -
Le maintien du poids dans la limite des 35 t conduisit également à un plus petit calibre pour l'armement secondaire, une mitrailleuse HK MG4 de 5,56mm montée coaxialement tirant à 850 coups/min et avec une portée effective de 1 km. La capacité de munitions est de 2 000 cartouches ; 1 000 prêts à tirer et 1 000 en stock. Bien qu'il s'agisse d'une arme plus petite que l'armement secondaire standard occidental (7,62mm), elle offre l'avantage que l'équipage peut utiliser les munitions dans ses armes à feu individuelles. Dans les situations où la portée inférieure et la pénétration des balles de 5,56mm sont un problème, la charge de munitions élevée du canon principal permet à l'équipage du véhicule d'utiliser 1 ou 2 obus principaux à la place. Le boîtier de la mitrailleuse peut également accueillir les balles de 7,62mm de la MG3. Dans les prochaines années, la MG4 sera remplacée par la MG5. Pour combattre les MBT, les hélicoptères et les infrastructures, telles que les bunkers, les Puma seront équipés d'un lance-ATGM EuroSpike Spike LR monté sur tourelle, qui en transporte 2. L’ATGM Spike LR a une portée effective de 4 km et peut être lancé en mode «Fire and Forget» ou «Fire and Observe».
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Frein de bouche du canon MK30-2/ABM avec un composant de mesure et de programmation. L'appareil se compose de bobines pour la mesure inductive de la vitesse initiale de l’obus et pour la programmation de l’ATGM. -
En plus des lances-fumigène habituels à 8 coups, il y a un lanceur de 6 coups de 76mm à l'arrière du véhicule pour une défense rapprochée. La porte arrière principale peut être ouverte à mi-chemin et permet à 2 des passagers de repérer et de tirer avec une protection modérée.
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Protection
Le Puma fut conçu pour accueillir des blindages supplémentaires, prévoyant initialement d'offrir 3 classes de protection qui sont totalement ou partiellement interchangeables. La classe de protection A est le véhicule de base, avec un poids de 31,5 t prêt au combat transportable par avion dans l'A400M. La classe de protection C se compose de 2 grands panneaux latéraux qui couvrent presque tous les flancs du véhicule et agissent comme des jupes pour chenille, un couvercle de tourelle presque complet et des plaques de blindage pour la majeure partie du toit du véhicule. Les panneaux latéraux sont un mélange de blindages composites et espacés. Il ajoute environ 9 t au poids brut. À l'origine, il existait également une classe de protection B conçue pour le transport par chemin de fer. Cependant, il est devenu évident que la classe C se situe dans les limites de poids et de dimensions pour le transport par train/bateau, la classe B fut donc abandonnée. Le Puma est protégé par un blindage composite AMAP, le module AMAP-B est utilisé pour la protection contre les menaces d’obus à énergie cinétique, tandis que l'AMAP-SC offre une protection contre les HEAT. Un groupe de 4 avions A400M pourrait faire voler 3 Puma de classe A dans un théâtre d’opération, le 4ème avion transportant les kits de blindage de classe C et un équipement de levage simple. Les Puma pourraient être construits en classe de blindage C en peu de temps. Le blindage de base peut résister aux coups directs des balles russes de 14,5mm, la cartouche de mitrailleuse la plus puissante couramment utilisée aujourd'hui (et jusqu'à 2 fois plus puissante que la cartouche de 12,7mm standard de facto occidentale). Le blindage frontal offre une protection contre les obus de moyen calibre et HEAT. En classe de protection C, les flancs du Puma sont blindés à peu près au même niveau de protection que l'avant, tandis que le blindage du toit est capable de résister aux bombes d'artillerie ou de mortier. Les Puma de l'Armée Allemande seront équipés d'un système Soft-Kill appelé Multifunktionales Selbstschutz-System (Système d'Autoprotection Multifonction), MUSS, qui est capable de vaincre les ATGM. L'ensemble du véhicule est protégé contre les mines à explosion lourdes (jusqu'à 10 kg) et les charges de projectiles par le bas, tout en conservant une garde au sol de 45 cm. Presque tous les équipements de la cabine, y compris les sièges, n'ont aucun contact direct avec le sol, ce qui ajoute à la sécurité de l'équipage et de la technique. Toutes les trappes de toit de cabine sont des glissières latérales, ce qui facilite leur ouverture manuelle, même lorsqu'elles sont obstruées par des débris. L'échappement est mélangé à de l'air frais et ventilé sur le côté arrière gauche. Associé à une peinture spéciale anti-IR, cela vise à réduire la signature thermique du véhicule.
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Composants du MUSS : brouilleur IR, capteurs UV, lances-fumigène. -
Une autre mesure de sécurité de l'équipage est que les réservoirs de carburant principaux sont placés à l'extérieur de la caisse du véhicule lui-même, montés lourdement blindés dans les supports de train de roulement. Bien que cela puisse présenter un risque de pénétration plus élevé pour les réservoirs, il est peu probable que les 2 réservoirs soient pénétrés en même temps, ce qui permet au véhicule de se replier dans une position plus sûre en cas de brèche. Il y a aussi un réservoir collecteur à l'intérieur du véhicule, qui fait office de réservoir de réserve en cas de double brèche du réservoir. Un grand nombre de demandes de changement et d'exigences bureaucratiques firent grimper les coûts.
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Capteurs & Optiques
Le Puma offre des améliorations des optiques. Le périscope à 360° entièrement stabilisé (PERI) avec 6 niveaux de zoom différents offre un lien optique direct en verre vers le commandant ou le tireur. Comme il s'agit d'une ligne optique, elle dût être placée au centre de la tourelle, l'une des raisons pour lesquelles le canon principal est monté décentré sur la tourelle. Grâce à une caméra CCD supplémentaire, l'image de cette ligne peut également être introduite dans le réseau informatique de bord et affichée sur tous les écrans électroniques du véhicule. En plus de cela, le périscope offre un mode de vision thermique optronique et une caméra grand angle avec 3 niveaux de zoom pour assister le conducteur, ainsi qu'un télémètre laser. L'ensemble de la gamme est de système chasseur-tueur ; le commandant dispose également de 5 blocs de vision.
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Périscope PERI pour le commandant. -
L'optique du tireur, qui peut être complètement protégée par une trappe coulissante, est montée coaxialement au canon principal. Le tireur dispose d'une caméra de vision thermique et d'un télémètre laser (identiques à ceux du PERI) et d'un viseur de jour optronique, complété par une vision et un bloc de verre. Le pilote en a 3, ainsi qu'un intensificateur d'image et un écran pour les flux d'images optroniques. Même la cabine passagère a une trappe et 3 blocs de vision sur le flanc arrière droit du véhicule, l'un d'eux dans un support rotatif. La cabine arrière dispose également de 2 affichages électroniques.
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Viseur du tireur au centre. À droite, le capteur frontal du MUSS. -
Dans l'ensemble, le Puma dispose de 5 caméras externes supplémentaires à l'arrière dans des supports pivotants pour la protection lorsqu'il n'est pas utilisé. Outre la vue du périscope optique en verre directement accessible uniquement par le commandant et le tireur (mais indirectement via la caméra CCD), toutes les images optroniques peuvent être affichées sur chaque écran électronique du véhicule. Les dispositions pour la cabine arrière permettent aux passagers d'être plus actifs qu'auparavant pour assister l'équipage du véhicule soit directement à travers les blocs de vision et les trappes, soit en observant une ou plusieurs alimentations optroniques. L'ensemble de l'équipage a accès à l'interphone embarqué.
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Mobilité
Traditionnellement, les IFV sont censés interagir avec les MBT sur le champ de bataille. En réalité, de nombreux IFV ne sont pas assez mobiles pour suivre le rythme des MBT. Le Puma vise à combler cette lacune avec plusieurs technologies clés. Premièrement, son moteur diesel MTU V10 892 de 11,1 L de cylindrée compact et léger est exceptionnellement puissant avec une puissance nominale de 1 100 ch (à 4 250 tr/min), ce qui peut en faire le moteur le plus puissant utilisé sur un IFV aujourd'hui. Même au poids maximal de 43 t en classe de protection C, il a une puissance massique plus élevée que le Leopard 2 qu'il est censé assister. Les prototypes des véhicules ont un train de roulement découplé à 5 galets et utilisent une suspension hydropneumatique pour améliorer les performances tout-terrain tout en réduisant la détérioration du moral l'équipage et du matériel en limitant les vibrations et le bruit. Les galets sont asymétriques, montées plus près les uns des autres à l'avant. C'est pour contrer l'équipement lourd à l'avant, inévitable en raison du blindage frontal massif ainsi que du moteur et de la transmission qui sont également situés à l'avant. Les chenilles en acier de 50 cm de large fabriquées par Diehl sont de construction nouvelle et plus légères que les conceptions précédentes. Les véhicules de production en série auront un train de roulement à 6 galets symétriques, comme indiqué sur les photos publiées par le fabricant.
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Devenir
Compte tenu de l'âge avancé des Marder actuels et du fait que le marché mondial ne propose aucun véhicule comparable aux spécifications auxquelles le Puma est construit, l'acquisition des nouveaux véhicules fut votée à l'unanimité par la commission du budget du Bundestag. La livraison de 350 Puma, en remplacement des Marder de plus de 40 ans, devrait être achevée d'ici la fin décembre 2020. La pleine disponibilité opérationnelle sera atteinte d'ici 2024. L'Armée Allemande utilisera 500 millions € pour moderniser 40 Puma d'ici 2023 avec des armes plus efficaces ainsi que des technologies de communication capables de fournir rapidement une image de situation et des coordonnées GPS aux avions de combat.
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Schützenpanzer Puma de la Bundeswehr.
Schützenpanzer Puma