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Genèse & Production
En août 1950, la société française Hotchkiss reçut l'ordre de la commission d'État-Major français de développer 2 véhicules blindés légers à chenilles. L'un était un transporteur de ravitaillement (plus tard CC2), et l'autre un APC pour un demi-peloton (plus tard TT6). Les 2 véhicules partageaient le même châssis et le même moteur. En juin 1953, les 2 premiers prototypes furent livrés, et plus tard 3 autres, largement testés dans les Alpes et en Afrique du Nord. En 1954, il y eut une commande de 50 transporteurs de préproduction, qui furent testés à l'hiver 1955/1956 et améliorés, recevant un compartiment conducteur scellé. Cependant, le déclenchement de la guerre d'Algérie empêcha une production à grande échelle. Les 7 et 8 novembre 1955, une délégation du ministère allemand de la Défense examina le modèle. En mai 1956, un contrat fut obtenu avec Hotchkiss pour 5 maquettes en bois de spécifications allemandes + 2 prototypes d'acier doux et une campagne de test. Le 30 août 1956, la première commande de véhicules de 1955 est arrivée, connue sous le nom de Schützenpanzer 42-1, un véhicule blindé de transport de troupes modifié qui devait être à la tête de toute une famille de véhicules introduits à la fin de 1956, en partie construits en Allemagne.
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Hotchkiss 11-2 lors de tests dans les années 50. -
Pour comparer le rôle tactique du Spz. "Kurz" (court) avec le Hispano-Suiza 30 (HS.30) contemporain, ceux-ci furent souvent référencés respectivement en Sd.Kfz.250 et 251 de la seconde guerre mondiale. En effet, le Kurz devait effectuer des missions de reconnaissance. Au final, il était armé de la même tourelle et d'un canon automatique de 20mm, ce qui en faisait l'un des premiers IFV. Les plaques de blindage et la construction de la caisse de la deuxième série furent développées en coopération avec Klöckner-Humboldt-Deutz (KHD) à Mainz-Mombach. Les premières plaques de blindage furent reçues en 1957 par les aciéries de Bochum (SWB) pour assemblage. Selon les numéros de châssis 1 à 2000, il s'agissait de véhicules de production français (Hotchkiss-Brandt), tandis que les numéros de châssis supérieurs à 2000 étaient allemands (KHD). En comptant tous les produits dérivés, la production totale était d'environ 2 374 véhicules.
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Design
Le Spz 11-2 était constitué d'une caisse entièrement soudée en tôles d'alliage chrome-nickel-molybdène de fabrication allemande de 15 à 18mm inclinées à 62°. La caisse finale était prismatique, avec un front en pente prononcée (élevant artificiellement l'épaisseur du glacis à 28mm), tandis que les flancs et l'arrière n'étaient que légèrement inclinés. Le compartimentage était simple, avec un moteur avant droit (grilles d'échappement à droite) et une transmission, un réservoir de carburant principal, un conducteur côté gauche avec sa propre trappe et 3 périscopes couvrant l'arc frontal. Le compartiment principal de combat et d'équipage était dans la section arrière, avec 3 assis et le commandant dans la tourelle munit d’un canon automatique (Spz 11-2), décalé et placé sur le côté gauche (derrière le conducteur). Cet armement principal était un canon Hispano-Suiza 820/L35 de 20mm équipé d'un viseur périscopique 15x15 et 575 obus en magasin. Il pouvait tirer des AP et était efficace contre les véhicules légèrement blindés (25-30mm) jusqu'à 1,5 km.
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En outre, deux bancs de 3 lances-fumigène étaient installés sur la tourelle pour la dissimulation tactique et d'urgence. Les flancs avaient des raccords pour des outillages supplémentaires, des pieds de biche, une pelle, une hache et des pioches, et un câble en acier de remorquage ou des liens de rechange. Le véhicule était équipé d'un émetteur/récepteur radio installé à l'arrière, avec 2 antennes essuyeuses. La configuration différait sur les autres versions. Le demi-peloton pouvait sortir et accéder au véhicule par les 2 portes arrière indépendantes. Le Spz. Kurz n'était pas amphibie (bien qu'il puisse traverser 1,2 m d'eau) ni résistant au NBC. Le moteur était un 6 cylindres à essence Hotchkiss, de 4 678 cm³, développant 164 ch à 3 900 t/min. La capacité de carburant était de 330 L et l'autonomie de 380 km (route) ou 250 km en tout-terrain. La vitesse maximale était de 58 km/h (route). Les suspensions se composaient de bras de torsion indépendants pour 5 galets légers estampés. Il y avait également 3 rouleaux de retour, des pignons d'entraînement avant et des tendeurs avant et arrière. Les chenilles avaient une largeur de 30,5 cm et le véhicule avait une garde au sol de 35 cm.
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Spz. Kurz à caisse nue (sans outillage), première production par Hotchkiss-Brandt, 1960. -
Schützenpanzer 11-2 Kurz en service dans les années 60. -
Spz. Kurz de construction allemande dans les années 70 lors de manœuvres, avec camouflage. -
Conversions
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Beobachtungspanzer 22-2 (1970)
Ce véhicule d’observation fut également utilisé comme véhicule de commandement (BeobPz. Kurz). Il était armé d'une seule mitrailleuse MG42/57 et la tourelle principale fut remplacée par la coupole du commandant, avec un anneau de mitrailleuse. Il y avait une autre trappe pour un observateur sur le côté droit et un générateur supplémentaire pour un ensemble de radios supplémentaires. Le véhicule avait un équipage de 4 hommes et au total 583 véhicules furent produits.
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Beobachtungspanzer 22-2, char d'observation d'artillerie avancée et de commandement. -
Mörserträger 51-2 (1960)
La porte-mortier standard, reconnaissable à la baie arrière ouverte (2 panneaux) pour le mortier Brandt de 81mm et l'équipage (portée de 150 m à 4,65 km). Cette version fut utilisée entre 1960 et 1969 par les bataillons de Panzergrenadier et Panzeraufklärungs (Reconnaissance Blindée). Ce véhicule était notamment en service auprès de la 5ème Compagnie (Lourde) du Bataillon de Panzergrenadier, remplacé plus tard par les porte-mortiers lourds HS.30 et M113 (120mm). Au total, 152 furent produits.
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Mörserträger 51-2 (mortier) au début des années 80, l'un des rares véhicules camouflés. -
Nachschubpanzer 42-1 (1958)
Le véhicule d'approvisionnement raccourci (4 galets, baie arrière ouverte) dérivé à l'origine de la conception Hotchkiss CC-2-55. 201 furent produits, utilisés de 1958 à 1962.
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Char de ravitaillement Nachschubpanzer 42-1, dérivé du Hotchkiss TT-6. -
Radarpanzer 91-2 (1967)
Un véhicule porte radar, équipé d'un radar de surveillance du champ de bataille AN/TPS-33 qui avait une portée d'environ 18 km. Ce modèle est issu de la conversion d'un châssis inutilisé d'évacuation sanitaire, reconstruit au KHD à Mayence. Le premier fut livré le 12 mars 1967 et 76 au total furent construits. Un groupe électrogène supplémentaire fut installé sur la porte arrière gauche. Ces véhicules servirent jusqu'en 1987, remplacés par le véhicule de reconnaissance Fuchs/RASIT 8x8.
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Sanitätspanzer Kurz 2-2
Véhicule d'évacuation sanitaire standard (KrKw. gep.). La soute arrière fut agrandie pour accueillir jusqu'à 3 blessés assis. Il n'était pas armé et avait un équipage de 2 (chauffeur et ambulancier). 385 véhicules furent construits, finalement remplacés par le M113 dans les années 80, tandis que 77 furent convertis en Radarpanzer 91-2.
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Sänitatspanzer Kurz 2-2 (ambulance blindée). -
Spähpanzer I.C (SP.I.C) (1962)
Seule tentative de création d'un chasseur de chars ou d'un char léger de reconnaissance, ce véhicule expérimental était équipé d'une tourelle biplace à l'arrière, abritant un canon français FL-10 raccourci de 90mm. Les essais furent interrompus avec 2 tourelles et un châssis renforcé en 1962.
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En Service
Le Spz. Kurz n'était en service qu'en Allemagne de l'Ouest, de 1960 à 1974 pour les pelotons de canons des bataillons d'infanterie blindée jusqu'en 1974 (Panzergrenadiers) et jusqu'en 1982 en tant que véhicule de reconnaissance. Il fut remplacé dans ce rôle de reconnaissance par le Spähpanzer Luchs. Aujourd'hui, une dizaine sont exposés dans des collections privées et publiques, certains en fonctionnement.
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Deux Spz. Kurz (une variante d’observation à gauche) au Musée des Chars de Dresde.
Schützenpanzer 11-2 Kurz