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Dès 1939, le Bureau des Armes de la Wehrmacht commanda le développement de divers véhicules pour combattre les fortifications, constitués de bunkers et de coupoles blindées. Ces véhicules devraient pouvoir éliminer des installations, telles que la Ligne Maginot. Le développement du véhicule sous le nom de projet Schwerer Betonknacker fut confié conjointement aux sociétés Rheinmetall-Borsig (arme et caisse) et Henschel (châssis). La tâche consistait à intégrer le nouveau canon Flak 40 de 128mm dans un canon automoteur. Cela nécessita des modifications du châssis et du système du canon en particulier. Le canon L/61 de 12,8 cm fut créé. Deux prototypes du VK 30.01 (H), développé par Henschel comme successeur du Panzer IV, servaient de châssis. En raison de la taille du canon et de son poids de 7 t, il fallut rallonger ces caisses. Les deux prototypes furent construits au tournant de l'année 1941/42 chez Rheinmetall-Borsig à Düsseldorf. Lors de la planification du véhicule, le poids du châssis, de la superstructure et de l'armement était déjà supérieur à celui initialement prévu pour le châssis VK 30.01 à environ 36 t. Le tube du canon s'étendait à 2,7 m au-dessus de la caisse. Par rapport au VK 30.01, la configuration du train de roulement commençait par un rouleau tournant à l'extérieur de la chaîne et était prolongée par un total d'un rouleau. À cela s'ajoutait le fait que la distance entre le dernier rouleau et la roue folle fut considérablement augmentée en allongeant l'auge à 7 m. Chaque rouleau était chargé par un ressort par une barre de torsion, les deux derniers rouleaux des deux côtés étant équipés de barres de torsion plus solides après les tests initiaux, sinon le tir provoquerait un mouvement de tangage si fort que le tireur perdrait l’équilibre. La chenille se composait de 85 maillons de chaîne d'une largeur de 52 cm.
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L'entraînement se composait d'un moteur 6 cylindres Maybach HL 116 de 11,6 L développant 310 ch, d'un embrayage à 3 disques et d'une boîte de vitesses ZF SSG 77 Aphon à 6 rapports et permettait une vitesse de pointe de 25 km/h, même si la vitesse de croisière moyenne était 20 km/h. La capacité de carburant de 450 L offrait au véhicule une autonomie de 170 km sur route et 80 km en tout-terrain. Afin de créer un espace de combat à l'arrière de la caisse, le moteur fut déplacé vers l'avant. Un inconvénient majeur de la conception était que l'ensemble du canon devait être retiré pour tout l'entretien du moteur. Des supports pour 15 obus et 13 étuis fermés étaient montés dans le compartiment de combat. Il y avait aussi des supports pour 2 MP 40 et des munitions, un pistolet lance-fusées, 6 grenades à main, une trousse de premiers soins, des extincteurs, des cantines et des masques à gaz et le pilon. Le sol se composait d'un cadre à lattes, dans lequel la fixation du tube, qui s'accrochait à l'arrière de la culasse de l'arme, pouvait être abaissée dans un renfoncement pendant le combat. Le mitrailleur était assis à gauche et avait un viseur télescopique Sfl.Z.F.1a/1. Le commandant avait un pan-oculaire rotatif pour les deux yeux. Les deux chargeurs étaient dans le compartiment de combat arrière. Le compartiment de combat était normalement entré par une petite porte à l'arrière du véhicule. Le conducteur était assis seul à l'avant dans un petit compartiment qui avait une trappe qui s'ouvrait vers le haut et une issue de secours sur le côté. Pour que le conducteur ne devienne pas immédiatement la cible des tirs ennemis, il y avait une baie factice sur le côté droit du véhicule. Pour se protéger des intempéries, le compartiment de combat, ouvert par le haut, pouvait être fermé par une bâche. Le blindage était de 50mm à l'avant, de 20 à 30mm sur les côtés et de 15mm à l'arrière. L'arme avait une portée de rotation max de 12°. Il était possible de diriger 7° vers la droite et 5° vers la gauche. La plage d'élévation allait de -15 à +10°, ce qui permettait également des positions de tir en hulldown. Après qu'il n'y ait plus eu de besoin d'utilisation contre des installations fortifiées lorsque le char fut achevé, le département de l'organisation de l'armée ordonna le 15 mai 1942 que les deux canons automoteurs Sturer Emil & Dicker Max devrait être combiné en un peloton de Panzerjäger. Ce peloton fut incorporé au 521ème Bataillon Panzerjäger. Sous le commandement du premier lieutenant Kurt Hildebrandt, le bataillon se rendit sur le Front de l'Est à l'été 1942. Entre-temps, les deux véhicules avaient été baptisés Max et Moritz par les équipages du nom des figures bien connues du poète allemand Wilhelm Busch. Semblable au canon automoteur de 10,5 cm, les troupes utilisèrent le nom Sturer Emil pour les véhicules lors de leur utilisation. Un rapport opérationnel décrit comment ces véhicules réussirent à détruire des véhicules ennemis à longue distance, mais le rapport indique qu'une fois repérés, ceux-ci devinrent rapidement la cible des tirs ennemis et les équipages évitèrent soigneusement d'exposer leur flanc. Une photo montre le second véhicule avec 22 marques de destruction. Les deux véhicules furent perdus lors de batailles contre l'Armée Rouge lors de la Bataille de Stalingrad.
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521ème Bataillon de Panzerjäger, Russie, fin 1942.
Panzerselbstfahrlafette V Sturer Emil
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